Lu le recueil de
Sébastien Asselin,
La Nuit en Plein Jour, publié dans la collection Texte des éditions de la Trace :
Voilà un auteur qui semble doté d'un certain génie, celui de tout faire rater à ses personnages. On suit leurs pérégrinations infortunées avec une réelle empathie, et en lisant, je ne pouvais m'empêcher de me sentir un peu comme dans la peau d'un aficionado du Tour de France, brandissant désespérément ma gourde ou mon sandwich jambon-fromage à mon malheureux champion en pleine ascension du Mont Ventoux. À chaque fois, j'étais pris de l'espoir que « ça marche », que mon poulain réussisse, et bien non, c'était toujours « caramba encore raté ! » Il y a dans les textes de
Sébastien Asselin une sorte de géométrie (chorégraphie ?) de l'échec, très cinématographique, qui m'évoque irrésistiblement
Buster Keaton et, dans une moindre mesure, Harold Lloyd, par cette volonté d'amener les protagonistes à réussir « parfaitement » et même « exactement » leurs fiascos. On pense aussi à Kafka ou Devos, surtout au second dans cet art qu'à l'auteur de repérer la bouffonnerie de nos ambitions humaines. Malheureusement ou heureusement pour lui, contrairement à ses personnages, il a parfaitement réussi son coup ! N'est-ce pas discourtois à leurs égards?
À lire absolument, mais avec une bonne assurance tout risque !