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Citations sur Le dernier des Camondo (47)

Dans la chapelle couronnant le caveau de famille, une plaque fut gravée en mémoire des quatre déportés. « Morts pour la France en 1943 et 1944. » Comme Nissim, le grand frère, en 1917.

Au moins lui le savait-il. Mais avait-on vraiment conscience de mourir pour la France quand on franchissait le seuil d'une chambre à gaz, dans un camp en Pologne, pour avoir commis le seul crime d'être né juif ?

Malgré tout, et en dépit de l’œcuménisme de ces inscriptions, Béatrice et les siens n’avaient pas eu le même destin que Nissim. S’il était mort pour la France, ils étaient morts par la France. Moïse de Camondo était parti à temps pour ne pas vivre cette trahison.
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Famille Cahen d'Anvers - pages 155/156

Mais c'est à Renoir, rencontré à une réception chez les Charles Ephrussi, qu'il échut d'exécuter (les portraits) ceux de leurs filles.

Après avoir peint la vénérable Mme Eugène Fould et le petit Fernand Halphen, il se rendit donc chez les Cahen d'Anvers qui vivaient alors avenue Montaigne, en attendant que soit achevée la construction de leur hôtel de la rue Bassano. (cet Hôtel particulier dit "Bassano" fut saisi par les nazis dont ils firent l'un des camps parisiens avec "Lévitan, et Austerlitz).

D'abord Élisabeth et Alice, "Rose et Bleue" représentait les deux adolescentes, debout de face, dans leurs plus beaux atours mais sans grâce et sans mystère. Elles avaient l'air d'être posées là. Puis "Mademoiselle Irène Cahen d'Anvers", autre huile sur toile de 64 x 54 cm. En deux séances de pose, le peintre avait su restituer toute la délicatesse de son modèle. Saisie en buste de demi-profil, robe à jabot et volants de dentelle, les mains sereinement posées sur les genoux, sa belle chevelure rousse sagement étalée de dos, un petit nez retroussé dans le prolongement d'une lèvre supérieure joliment ourlée, cette petite fille qui n'avait pas dix ans était déjà entièrement contenue dans ses grands yeux clairs. Son regard, perdu dans le vague, hésitait entre l'ennui et la mélancolie. ON voudrait y déchiffrer son secret. Peu d'œuvres ont réussi comme celle-ci à capter tout ce qui nous demeure inaccessible du monde intérieur d'un enfant.
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1890 débutait à peine. Le compte à rebours qui séparait le monde d'un 1900 déjà mythique avait commencé. Les cousins Camondo, uniques survivants de leur dynastie, encore dans l’année de leur deuil, se débattaient dans d'autres dilemmes. De ceux qui ne surgissent qu'à la faveur de crises intérieures, de remises en question, de bouleversements existentiels. La perte qu'ils venaient d'éprouver les rapprochait dans le doute. Il leur fallait affronter le plus juif des paradoxes : comment le peuple du souvenir peut-il à ce point n'avoir pas conscience de l'histoire ?

Leurs pères leur avaient donné en héritage ce que leur propre père leur avait transmis. Cette idée, confuse mais bien ancrée, selon laquelle les juifs n’avaient peut-être pas la connaissance de leur passé, mais un fort sentiment de la continuité de ce passé. On appelait cela la chaîne de la tradition. La rompre était pire qu'un crime contre l’esprit. Cela revenait à assassiner rétrospectivement des générations de Camondo.
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(Pour Moïse de Camondo) le respect de la tradition remportait sur toute autre considération. Son père, le père de son père et leurs pères encore s'étaient transmis au fil des siècles des récits témoignant de ce qu'un juif pouvait endurer pour conserver son identité, la part immortelle de lui-même.

Pendant l’inquisition, des marranes avaient été brûlés vifs, d'autres avaient vu leurs bras disloqués et leurs jambes désarticulées pour avoir été désignés par leur prénom et n'y avoir pas renoncé sous la torture. C'était un signe aussi lourd de conséquences que le refus de manger du porc. Ou le fait de porter du linge propre le samedi.

C'était se présenter devant la mort la tête haute.
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" Les légendes ne sont pas faites pour être crues, mais pour être racontées. "

(page 72).
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Le petit monde évoluant dans la Cosmopolis chère à Paul Bourget ne cessait de se surveiller. Le moindre frémissement était enregistré. Un infime détail était de nature à bouleverser l'ordre des choses. Une attitude gênante, une parole blessante, un geste superflu étaient aussitôt répercutés et déformés de la plaine Monceau au faubourg Saint-Germain, et retour. Le mot de Saint-Simon avait rarement été aussi vrai :

« On ne juge jamais des choses par ce qu'elles sont, mais par les personnes qu'elles regardent. » Leur société était la vraie patrie de ces gens-là.

Ils tiraient de vastes conclusions de la remarque d’un chroniqueur sur ce qui distinguait les Pereire demeurés fidèles à leurs origines de ceux qui s'étaient faits catholiques ou protestants. A savoir que les premiers avaient élu domicile autour du parc Monceau, tandis que les seconds lui préféraient les parages immédiats du palais de l'ÉIysée. La profession de foi n'était pas là où on l'aurait imaginée.
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On a tellement dit des juifs qu'ils avaient eu trop d'histoire et pas assez de géographie qu''on n' en n'imagine pas sans passé.
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Le 11 Janvier 1924, il rédigea son testament. Ce n'était pas celui d'un homme de soixante quatre ans miné par la maladie, mais celui d'un survivant sans âge guetté par une mélancolie millénaire
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Mais avec les juifs, le temps prend vite une dimension proustienne. " Un peu d'éternité, ou tout au moins de durable, était entré dans la composition de cet éphémère..."
Ils se croient dans l'immortalité, mais se retrouvent vite dans le fugace. L'histoire est impitoyable. Seuls ne seront jamais désenchantés, ceux qui ont le sentiment du précaire. Ils savent d'expérience qu'ils ne font que passer., que c'est leur destin, même si chaque fois qu'ils s'installent quelque part, c'est pour toujours, Que sont vingt siècles d'errance pour le seul peuple qui ait survécu à l'Antiquité ?
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Rater plusieurs rendez-vous avec Marcel Proust pour finalement ne jamais le voir parce que l'un ne recevait que le matin et l'autre ne visitait que le soir...
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