AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Le dernier des Camondo (47)

A bien des égards, la saga des Fould était passionnante à observer. Son patriarche avait eu le génie d'asseoir la cohésion familiale autour de sa personne en répartissant les tâches: à Benoît les affaires, à Achille la politique, à Louis l'art. Or, le déclin de leur maison de banque alla de pair avec la réussite sociale de la famille. Plus ils s'anoblissaient, se déjudaïsaient et s'assimilaient, moins ils s'imposaient par le succès de leurs affaires. En abandonnant progressivement leur qualité de juif, ils perdaient leur ciment. Il n'y avait plus que la philanthropie pour les relier encore à la chaîne de la tradition. La famille volait en éclats, et avec elle ses solidarités, pour laisser la place à des individus. Balzac, qui avait été fasciné par le destion des Fould, était mort trop tôt pour constater ce qu'il était advenu de la lignée.
Commenter  J’apprécie          202
(…) les juifs de France n'avaient pas eu à souffrir d'un antisémitisme violent, ou même véhément. Il n'y eut ni crise, ni persécution, ni ostracisme comme à la même époque dans des pays où des mots tels que « pogrom » et « ghetto » recouvraient une réalité permanente.

Au contraire... Des gouvernements français ne s'étaient-ils pas donné des ministres tels que Isaac Adolphe Crémieux, Michel Goudchaux et Achille Fould ?

Quelque cent mille Parisiens n'avaient-ils pas formé cortège pour accompagner la grande tragédienne Rachel à sa dernière demeure ?

La presse, l'édition, le théâtre, les arts, pour ne rien dire du monde des affaires, ne brillaient-ils pas aussi grâce à des juifs ?

Pour ceux qui voulaient bien les apercevoir, c’étaient plus que des signes, des symboles qui portaient à l'optimisme.
Commenter  J’apprécie          181
On ne sait jamais rien du destin d'une maison. Qu'on l'acquière ou qu'on la reçoive, son avenir nous échappe à l'instant même où il donne l'illusion d'être scellé par des actes notariés.
Commenter  J’apprécie          180
Le duc de Morny certes lancé Deauville, mais il était frappant de constater que plusieurs stations thermales, hivernales et balnéaires devaient leur essor à de grands capitalistes juifs. Ils y avaient cru en mettant d'énormes moyens quand d'autres doutaient encore du retour sur investissement.

C'était le cas des Pereire à Arcachon, de Bischoffsheim à Bordighera tout près de la frontière, de Salomon Alphen à Vittel, de Cornelius Herz à Bussang, d’lsidore Bloch à Dieppe, des Rothschild à Megève (…)
Commenter  J’apprécie          160
La chasse était dans le prolongement naturel de l'univers équestre, lequel était indissociable du monde des hôtels et châteaux. Mais il ne suffisait pas d'en exprimer les velléités, encore fallait-il être admis dans l'un des quelques deux cents équipages dénombrés à la fin du siècle. Certains se seraient damnés pour jouir d'un tel privilège. Il avait une portée symbolique qui dépassait les limites traditionnelles de l'influence. Considérée comme la plus aristocratique des activités, la chasse à courre était une éthique. La partager impliquait plus de devoirs que de droits.
Le milieu de la vénerie était une caste, indifférente au temps et à la durée tels qu'ils avaient cours chez leurs contemporains. Il s'agissait de se retrouver entre semblables pour un cérémonial, et de sacrifier à des rituels que d'aucuns tenaient volontiers pour sacrés. Ceux qui n'imaginaient qu'une promenade mondaine repartaient déçus. Il fallait avoir de la tenue, ne pas paraître vantard, observer les valeurs de la chevalerie au premier rang desquelles la loyauté, le courage, la persévérance et la courtoisie.
Commenter  J’apprécie          150
C'est ainsi qu'en 1516, à Venise naquit le premier quartier réservé, entouré de murailles, et le soir, fermé par des grilles. Comme il était situé à l'emplacement de ce qui était la nouvelle fonderie (" ghetto nuovo" en italien, on continua à l'appeler le ghetto.
Les juifs étaient donc tolérés à condition qu'ils vivent en vase clos. Dans l'esprit des autorités, il s'agissait de les protéger des bouffées de fanatisme.
Commenter  J’apprécie          150
Le faubourg n'était pas seulement le monde, c'était un monde. Il avait l'intime conviction d'être la France éternelle. Outre l'indéniable prestige dont il jouissait, la magie du patronyme dont il usait et abusait, il se caractérisait par sa discrétion, sa distinction, sa pudibonderie, son austérité et une insondable médiocrité intellectuelle. Toutes choses qui, additionnées, produisaient une simplicité ostentatoire.
Une race de gens vivait là que Proust, dans une lettre, évoquait comme étant "silencieusement contents de se croire à peine revenus de la deuxième croisade, tout en Pierre l'Hermite et Saint Bernard, épouvantés du moindre bruit qui n'est pas cent fois motivé..."
Commenter  J’apprécie          121
Il y eut un moment dans leur histoire où les Camondo n'étaient rien. Ce n'est pas si ancien. Que sont quelques siècles à l'aune d'une civilisation ? Pour un peuple obsédé par sa mémoire, la nuit des temps est un cauchemar récent. Dans cet univers-là, n'avoir pas de nom, ne pas laisser de traces, ne rien savoir de ses aïeux est une malédiction.
Commenter  J’apprécie          90
Rien n'est plus fragile qu'une exception qui dure.
Commenter  J’apprécie          80
Le faubourg Saint-Germain était le cœur parisien de l'aristocratie française. Depuis 1830, on l'appelait "le noble faubourg" ou "le grand faubourg" ou encore "le faubourg" comme s'il n'y en eût jamais qu'un.
Commenter  J’apprécie          70






    Lecteurs (424) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Quelle guerre ?

    Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

    la guerre hispano américaine
    la guerre d'indépendance américaine
    la guerre de sécession
    la guerre des pâtissiers

    12 questions
    3229 lecteurs ont répondu
    Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

    {* *}