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EAN : 9782070410514
338 pages
Gallimard (19/10/1999)
3.7/5   174 notes
Résumé :
Issu d'une illustre et richissime famille de banquiers levantins installés en France à la fin du Second Empire, le comte Moïse de Camondo (1860-1935) était l'homme d'un milieu, celui de l'aristocratie juive parisienne, où se cotoyaient les Rothschild et les Pereire, les Fould et les Cahen d'Anvers, toute une société échappée des pages de Proust qui se retrouvait dans les chasses à courre, les clubs et les conseils d'administration, rivalisant dans la magnificence de... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (29) Voir plus Ajouter une critique
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En lisant la biographie de Robert de Bonnières et les pages consacrées à son roman « Les Monach » (1884) où il observe l'aristocratie redorant son blason en s'alliant aux fortunes israélites, je me suis souvenu que ces unions sont détaillées dans « Le dernier des Camondo » que je viens de relire.

Pierre Assouline compose sa tragédie en cinq actes :
1) Dans la plaine Monceau, au printemps de 1914
2) On les appelait les Rothschild de l'Orient
3) Des Levantins dans la France de l'Affaire
4) Un aristocrate juif dans son monde
5) Splendeurs et misères des Camondo

Expulsé d'Espagne en 1492, les Camondo s'installent à Constantinople et constituent en quelques siècles une immense fortune en négociant, en finançant de grands projets ferroviaires, en contribuant à l'unité italienne. Ils s'installent en France au XIX siècle et Moise bâtit un hotel particulier en bordure du Parc Monceau et le meuble en reconstituant une demeure du XVIII siècle.

Le comte Moïse de Camondo arrive à Paris en 1869, à la fin du Second Empire, et se retrouve rapidement dans un pays vaincu par la Prusse et dans une capitale en proie aux troubles de la Commune. La III République s'instaure progressivement et trois aristocraties cohabitent alors : celle du Faubourg Saint Germain dont les familles revendiquent souvent des ancêtres ayant participé aux croisades, celle du Faubourg Saint-Honoré (à proximité de l'Elysée) datant de l'Empire, de la Restauration et de l'industrialisation, celle du Parc Monceau que les frères Pereyre aménagent et que l'aristocratie israélite investit.

Ce grand monde, ou ce petit milieu familier de Marcel Proust et de Robert de Bonnières, cohabite tant bien que mal et conclut des alliances matrimoniales, dont Pierre Assouline énumère la liste dans son quatrième acte, à une époque ou l'Affaire Dreyfus divise l'opinion. Un contexte qui incite certains couples à se convertir pour mieux s'intégrer, ce que Moïse de Camondo, qui n'était guère pratiquant, refuse catégoriquement.

Les tragédies du XX siècle achèvent la famille devenue française par le sang versé : le lieutenant Nissim de Camondo est abattu en combat aérien le 5 septembre 1917 ; sa soeur Béatrice disparait à Auschwitz en 1945 avec son mari Léon Reinach et leurs enfants Bertrand et Fanny.

Pierre Assouline écrit donc, en 1997, un essai qui, en l'absence de sources documentaires sur la famille Camondo, élargit le point de vue en racontant l'histoire et l'influence de la communauté juive de 1840 à 1940 et en disséquant l'antisémitisme sous ses divers visages. Une oeuvre assez différente de la biographie « Le Portrait » consacrée aux Rothschild en 2007, mais très complémentaire.

« Le dernier des Camondo » est, à mes yeux, le chef d'oeuvre de Pierre Assouline et il donne des codes d'accès aux romans de Proust en dévoilant les modèles de ses héros dont Nissim Bertrand. Quel dommage qu'un index des noms cités manque à cette étude !

PS : Robert de Bonnières : Vie et tourments d'un homme de lettres 'fin de siècle'
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Je remercie mon amie Joëlle de Laplanche, "Jolap" sur Babelio, pour avoir attiré mon attention sur la dynastie des Camondo avec un tel enthousiasme. La prochaine fois que je vais à Paris je compte certainement visiter le Musée Camondo et j'espère que Joëlle sera mon guide éclairé.

Présenter cette famille de Juifs séfarades en moins de 300 pages avec une si riche multitude des données, relève de l'exploit. Si Pierre Assouline ajoute une dizaine de pages de sources, il n'a pas prévu de registre des noms, qui aurait pris le double sinon le triple du nombre des pages. La variété et la qualité des références sont tout bonnement impressionnant et cependant ne gênent nullement la lecture de cette oeuvre ambitieuse.

En 1492 les Camondo avec quelque 50.000 (estimation moyenne, en l'absence de chiffres exacts) autres Juifs furent expulsés d'Espagne. Après un bref séjour à Venise comme négociants et à Trieste (une escale), ils s'installèrent à Constantinople, où Abraham Salomon (1781-1873) devenait pour ainsi dire le patriarche des Camondo. Leur nom de famille vient de "Ca'Mondo", soit "maison du monde" en Vénitien. Un dialecte italien qui est aussi à l'origine du terme lugubre de "ghetto".

Dans l'Empire ottoman les Camondo sont devenus les banquiers des sultans et leurs affaires, commerce international et investissements immobiliers, ont pris une telle ampleur qu'au milieu du XIXe ils étaient déjà les plus riches des à peu près 200.000 Juifs qui résidaient dans cet empire, d'où leur surnom les "Rothschild de l'Orient".

Si l'on prend comme point de repère ce qui sera, un jour de décembre 1936, le Musée Nissim de Camondo, situé au 63, rue de Monceau, Paris XVIII, il faut commencer par l'arrivée en France d'Abraham de Camondo, en 1872, et l'achat par son neveu, Moïse de Camondo (1860-1935) de l'hôtel Violet en 1910. Celles et ceux qui ont lu le tome 2 des Rougon-Macquart, "La Curée" se souviendront de cet hôtel qu'Émile Zola avait baptisé l'hôtel Saccard.

À part la façade sur rue, ce bâtiment pas très vieux pourtant, car seulement de 1864, fût totalement reconstruit par l'architecte René Sergent, selon les voeux du 2e baron de Camondo de 1911 à 1914. Un bâtiment certes impressionnant mais pas tap à l'oeil comme celui de James de Rothschild que le grand Heinrich Heine avait poétiquement qualifié comme "le Versailles de la ploutocratie parisienne".

Moïse de Camondo a été avant tout un collectionneur rare au goût précis et judicieux qui avait coutume d'enrichir sa collection par des acquisitions lors des ventes ou chez les antiquaires réputés. Elle comportait des meubles, éléments de décoration et oeuvres d'art particulièrement recherchés et exclusifs. Sa bibliothèque recelait des rarissimes exemplaires De Voltaire, Cervantes, Lamartine, Molière, Rousseau etc. Sans oublier les 35 volumes reliés somptueusement de l'Encyclopédie d'Alembert et de Diderot.

Si sa collection allait bon train, sa vie personnelle, au contraire, n'avait rien de resplendissant. Moïse avait épousé la fille d'une autre famille juive richissime, Irène Cahen d'Anvers (1872-1963), qui après lui avoir donné 2 enfants, Nissim et Béatrice, a fui le domicile conjugal avec son amant. le divorce fut prononcé en 1901, le grand argentier avait 41 ans et était un homme seul.
Cette Irène avait été peint, enfant, par le grand peintre Auguste Renoir et le tableau "La petite fille au ruban bleu" se trouve actuellement à la Fondation Bührle à Zurich.

Moïse adorait son fils et en était particulièrement fier, malheureusement, Nissim fût abattu dans son avion à Remoncourt dans les Vosges en septembre 1917, à l'âge de 25 ans. le jeune homme était un casse-cou, qui photographiait pour l'armée les champs de bataille, tels Verdun et la Marne. Un héros récompensé par 5 citations, la croix de guerre et la Légion d'honneur à titre posthume.

La mort de son fils était pour Moïse une tragédie, car il n'y avait plus de successeur mâle pour continuer le nom. Après le mariage de sa fille avec Léon Reinach, Il se retirait petit à petit des affaires, pour s'occuper désormais quasi uniquement de l'enrichissement de sa collection. Comme, en plus, sa surdité s'empirait, il passa le plus clair de son temps dans sa magnifique bibliothèque.

C'est dans cet état d'esprit que le baron de Camondo, en janvier 1924, faisait un testament par lequel il offrait sa demeure et sa fabuleuse collection à la République française, à certaines conditions bien précises afin de la sauvegarder dans l'état qu'elle était, c-à-d de ne rien enlever, ajouter où prêter pour des expositions. Une certaine somme fût prévue pour couvrir les frais d'entretien.
Moïse de Camondo mourut le 14 novembre 1935, à l'âge de 75 ans.

La 2e guerre mondiale a signifié l'extermination des Camondo à Auschwitz, après un passage à Drancy. Y sont décédés la fille de Moïse. Béatrice, 50 ans, ainsi que son mari, Léon Reinach, tout comme ses petits-enfants Fanny, 23 ans, et Bertrand, 20 ans.

Le Musée avec sa superbe collection fût miraculeusement sauvé de la fureur nazie. L'auteur conclu par ce remarquable paragraphe : "Le dernier des Camondo avait échoué à perpétuer la dynastie. Mais en inventant sa maison... et en s'inscrivant avec force dans le patrimoine artistique de la France, il avait réussi à immortaliser le nom de tous les siens. " (page 263).

Avec ce "dernier des Camondo" Pierre Assouline a signé une oeuvre qui m'a émerveillé du début jusqu'au dernier alinéa et il a, en passant, parfaitement rappelé le monde de Marcel Proust, un voisin et relation de Moïse de Camondo.
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Pierre Assouline, avec ce roman historique, rend un très bel hommage à la famille : les Camondo.
Son livre est passionnant car il nous permet de connaître ou découvrir l'histoire des juifs à travers les Camondo.
Ces juifs d'Orient , prenant comme terre d'asile toute une succession de lieux comme Venise qui nous permet de connaître comment le ghetto est né, d'autres villes comme TRIESTE, Vienne et Istambul. C'est un voyage passionnant qui s'accomplit à travers la lecture de ce roman.
Beaucoup d' informations nous sont données comme l'intéressante naissance des noms de famille. A l'instar du nom des Rotschill, " une vieille maison de famille dans la Judengasse de Francfort, bâtisse à l'enseigne rouge("rot" pour " rouge" et " schild" pour " enseigne".
Pierre Assouline est littéralement passionnant dans la reconstitution de l'histoire de la famille des Camondo qu'il mène comme une enquête
Toujours balisée par la grande Histoire, nous expliquant les différences et les dissensions au sein du monde juif.
Les allusions et les emprunts à la Recherche du temps perdu nous montre à quel point Proust avait perçu tout ce Golgotha vivant entre le faubourg Saint-Germain, le quartier St-Honoré et la plaine Monceau.
La plaine Monceau, c'est précisément au 63 de la rue Monceau que Moïse de Camondo va faire construire un hôtel particulier, consacré par une collection d'objets, de mobilier du XVIII siècle qui était sa passion.
Cet homme va connaître une vie tragique malgré sa richesse, ses collections. Il se marie et aura deux enfants : Nissim et Béatrice.
Sa femme l'abandonne, son unique fils meurt pour la France en 1917, sa fille Béatrice et ses enfants, à peine vingt ans plus tard sont emportés dans la tourmente de l'Histoire seront déportés , et gazés à Auschwitz.
De cette famille, il ne reste plus qu'une maison au coeur de la plaine Monceau, dans le VIII arrondissement de Paris. C'est un musée qui a été décidé et offert par Moïse de Camondo.
Je ne peux que vous conseiller sa visite où le temps est suspendu, un temps retrouvé...
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La biographie du comte de Camondo est riche en histoire. L'itinérance de Juifs d'Espagne au cours depuis le XVème siècle, puis l'histoire de Paris et de France à partir de Napoleon III . Beaucoup de dates de noms, d'alliances sont cités, mais le livre n'est pas un catalogue, car Pierre Assouline a su par son écriture créer les liens.
La construction du livre est aussi très intéressantes à partir du Musée du 63 rue de Monceau , Pierre Assouline s'est intéressé à la famille Camondo, depuis l'origine, pour nous faire comprendre l'origine de la collection de Moïse Camondo.
C'est une biographie triste, car Pierre Assouline ne cache pas son affliction pour le destin de Moïse Camando.
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Il y a quelques années, j'ai moi aussi poussé la porte du musée Camondo, au 63 de la rue de Monceau. J'ai été fascinée par la splendeur de ce (faux) hôtel du XVIIIème conçu comme un écrin particulier pour y abriter une prestigieuse collection de (vrais) chefs d'oeuvres.

Mais surtout j'ai été bouleversée de savoir que cet hôtel particulier avait été légué à l'état français en 1934, un an avant sa mort, par le vieux comte Moïse de Camondo à condition qu'on ne changeât rien à la disposition ni aux objets présents, qu'on ne fît jamais de prêt à d'autres musées ou galeries et que tout y restât en l'état comme une maison que ses maîtres viendraient juste de quitter.

La France ne s'est pas contentée de ce don: elle a aussi reçu le sacrifice courageux de Nissim ,le fils, mort aux commandes de son avion en 1917.

Puis, l'état français de Laval et Pétain a aussi pris la fille, le gendre, les deux petits-enfants du généreux donateur du musée Camondo: ils étaient citoyens français, furent arrêtés en France comme Juifs et moururent à Auschwitz.

Issus de la diaspora espagnole, naturalisés italiens, célébrés comme des dignitaires du cru par les Turcs, français par amour des Lumières, les frères Camondo, Moïse et Isaac, ont donné aux pays qui les ont accueillis leur bien le plus précieux: leurs collections (Isaac a légué au Louvre une collection inestimable de toiles impressionnistes).

David Assouline retrace la vie de ces séfarades levantins, aussi cultivés et passionnés d'art que généreux et désireux de s'intégrer sans jamais renier leurs origines.

Le livre est passionnant, très renseigné, très bien écrit. Mais je l'ai refermé avec le même sentiment de honte qu'en quittant le musée Camondo: de quelle cruelle ingratitude l'Etat français n' a-t-il pas fait preuve à l' égard de ses bienfaiteurs!!...
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critiques presse (1)
LeFigaro
08 janvier 2022
L’auteur livre un récit superbe, passionnant de bout en bout.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (47) Voir plus Ajouter une citation
Famille Cahen d'Anvers - pages 155/156

Mais c'est à Renoir, rencontré à une réception chez les Charles Ephrussi, qu'il échut d'exécuter (les portraits) ceux de leurs filles.

Après avoir peint la vénérable Mme Eugène Fould et le petit Fernand Halphen, il se rendit donc chez les Cahen d'Anvers qui vivaient alors avenue Montaigne, en attendant que soit achevée la construction de leur hôtel de la rue Bassano. (cet Hôtel particulier dit "Bassano" fut saisi par les nazis dont ils firent l'un des camps parisiens avec "Lévitan, et Austerlitz).

D'abord Élisabeth et Alice, "Rose et Bleue" représentait les deux adolescentes, debout de face, dans leurs plus beaux atours mais sans grâce et sans mystère. Elles avaient l'air d'être posées là. Puis "Mademoiselle Irène Cahen d'Anvers", autre huile sur toile de 64 x 54 cm. En deux séances de pose, le peintre avait su restituer toute la délicatesse de son modèle. Saisie en buste de demi-profil, robe à jabot et volants de dentelle, les mains sereinement posées sur les genoux, sa belle chevelure rousse sagement étalée de dos, un petit nez retroussé dans le prolongement d'une lèvre supérieure joliment ourlée, cette petite fille qui n'avait pas dix ans était déjà entièrement contenue dans ses grands yeux clairs. Son regard, perdu dans le vague, hésitait entre l'ennui et la mélancolie. ON voudrait y déchiffrer son secret. Peu d'œuvres ont réussi comme celle-ci à capter tout ce qui nous demeure inaccessible du monde intérieur d'un enfant.
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1890 débutait à peine. Le compte à rebours qui séparait le monde d'un 1900 déjà mythique avait commencé. Les cousins Camondo, uniques survivants de leur dynastie, encore dans l’année de leur deuil, se débattaient dans d'autres dilemmes. De ceux qui ne surgissent qu'à la faveur de crises intérieures, de remises en question, de bouleversements existentiels. La perte qu'ils venaient d'éprouver les rapprochait dans le doute. Il leur fallait affronter le plus juif des paradoxes : comment le peuple du souvenir peut-il à ce point n'avoir pas conscience de l'histoire ?

Leurs pères leur avaient donné en héritage ce que leur propre père leur avait transmis. Cette idée, confuse mais bien ancrée, selon laquelle les juifs n’avaient peut-être pas la connaissance de leur passé, mais un fort sentiment de la continuité de ce passé. On appelait cela la chaîne de la tradition. La rompre était pire qu'un crime contre l’esprit. Cela revenait à assassiner rétrospectivement des générations de Camondo.
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Dès la mobilisation générale, Abraham Bloch, un rabbin de cinquante-cinq ans, s'était porté volontaire pour être aumônier du 14e corps d'armée. Dans les tranchées, il souriait quand on lui donnait naïvement du « M'sieur le curé ».

Le 29 août 1914, pendant la contre-offensive française sur Taintrux et Anozel, alors qu'il s'activait avec des brancardiers, il fut atteint par un obus à la cuisse et par une balle à la poitrine. Il succomba à ses blessures. C'était un samedi.

Le père Jamin, aumônier et brancardier dans la même section, rapporta cet épisode tragique dans une lettre à un autre prêtre, lequel était en relation avec la famille Bloch à Lyon. Il y précisait qu'en fait le rabbin avait été atteint alors qu'il apportait un cruciftx à un gisant qui le lui réclamait. Bien que son ambulance fût prise sous le tir nourri du feu ennemi, il n'hésita pas. Malgré le danger, il se précipita pour faire baiser la croix au mourant.

On ne sut jamais si cette histoire était rigoureusèment authentique. Elle n'en fut pas moins aussitôt répercutée par la presse. Le peintre Lévy-Dhurmer en fit un tableau, promis à une large diffusion sous forme de carte postale. Tous les milieux la diffusèrent. L'union sacrée avait trouvé son image d'Épinal. Qu'importe si elle était plus vraisemblable que véridique. Au chevet d'un martyr, elle scellait la reconciliation de Français qui, il y a peu encore, ne s'aimaient pas.
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Les convertis étaient souvent tenus pour des traîtres, cheval de Troie sinon cinquième colonne d'Israël.

Cette réaction viscéralement hostile plongeait ses racines dans l'affaire Deutz. Converti au catholicisme, Simon Deutz, le propre fils du grand rabbin de France, était entré dans les bonnes grâces de Marie-Caroline de Bourbon-Sicile, duchesse de Berry. On le savait dans son intimité. On le présentait même comme son homme de confiance, une expression à laquelle la suite des événements donna un goût amer. A la chute des Bourbons, après avoir suivi Charles X dans son exil, elle était rentrée en France. Avec les légitimistes, elle voulut soulever la Provence puis la Vendée contre Louis-Philippe.

Or en 1832, alors qu'elle se cachait, Deutz la livra à la police. Traître et vénal. Car il eut beau exciper de son patriotisme, et prétendre qu'il voulait éviter l'invasion de la France par les alliés russes de la duchesse, il avait tout de même touché 500 000 francs de Louis-Adolphe Thiers, le ministre de l'Intérieur, pour commettre son forfait.

Le scandale eut un fort retentissement. Le grand rabbin resta sourd à ceux de son entourage, les plus politiques, qui l’imploraient de désavouer son fils. Tout au contraire, il le fit revenir au judaïsme.
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Le petit monde évoluant dans la Cosmopolis chère à Paul Bourget ne cessait de se surveiller. Le moindre frémissement était enregistré. Un infime détail était de nature à bouleverser l'ordre des choses. Une attitude gênante, une parole blessante, un geste superflu étaient aussitôt répercutés et déformés de la plaine Monceau au faubourg Saint-Germain, et retour. Le mot de Saint-Simon avait rarement été aussi vrai :

« On ne juge jamais des choses par ce qu'elles sont, mais par les personnes qu'elles regardent. » Leur société était la vraie patrie de ces gens-là.

Ils tiraient de vastes conclusions de la remarque d’un chroniqueur sur ce qui distinguait les Pereire demeurés fidèles à leurs origines de ceux qui s'étaient faits catholiques ou protestants. A savoir que les premiers avaient élu domicile autour du parc Monceau, tandis que les seconds lui préféraient les parages immédiats du palais de l'ÉIysée. La profession de foi n'était pas là où on l'aurait imaginée.
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Vidéo de Pierre Assouline
Une rencontre avec L Ecole Biblique de Jérusalem au présent et au futur
- Accueil par Alain Rémy, président de l'Association des Amis de l'École - Introduction par le nouveau directeur de l'Ecole, fr. Olivier Poquillon suivie d'une conférence à trois voix par des enseignants-chercheurs de l'École, « Les Écritures à l'École biblique et archéologique française de Jérusalem en 2023 » : les Écritures au pays de la lettre même (fr. ukasz Popko), au pays d'un renouveau juif polymorphe (fr. Olivier Catel), au pays d'une réception interconfessionnelle et interculturelle (fr. Olivier-Thomas Venard ).
- Échanges avec le public
- Capsules - « La Bible en ses Traditions aux Bernardins », témoignage sur l'usage de la base de données par le P. Jacques Ollier, enseignant-chercheur au Collège des Bernardins. - À la découverte de Bibleart, application culturelle de la Bible en ses Traditions, avec l'équipe de Prixm
- Pause : possibilité de visiter le stand de l'Association des Amis pour y découvrir ses activités, les propositions de l'École et ses dernières publications ainsi que le stand École biblique des éditions Peeters.
- Table Ronde "Sous l'invocation de saint Jérôme : traduire les Écritures en 2023, entre Jérusalem et Paris". Échange entre Pierre Assouline, de l'Académie Goncourt, pour la littérature, le professeur Olivier Munnich (professeur émérite à l'Université Paris – Sorbonne) pour la philologie et l'histoire et Olivier-Thomas Venard pour l'exégèse et la théologie.
- Collation
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