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EAN : 9782070410514
338 pages
Gallimard (19/10/1999)
3.67/5   162 notes
Résumé :
Issu d'une illustre et richissime famille de banquiers levantins installés en France à la fin du Second Empire, le comte Moïse de Camondo (1860-1935) était l'homme d'un milieu, celui de l'aristocratie juive parisienne, où se cotoyaient les Rothschild et les Pereire, les Fould et les Cahen d'Anvers, toute une société échappée des pages de Proust qui se retrouvait dans les chasses à courre, les clubs et les conseils d'administration, rivalisant dans la magnificence de... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (27) Voir plus Ajouter une critique
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Je remercie mon amie Joëlle de Laplanche, "Jolap" sur Babelio, pour avoir attiré mon attention sur la dynastie des Camondo avec un tel enthousiasme. La prochaine fois que je vais à Paris je compte certainement visiter le Musée Camondo et j'espère que Joëlle sera mon guide éclairé.

Présenter cette famille de Juifs séfarades en moins de 300 pages avec une si riche multitude des données, relève de l'exploit. Si Pierre Assouline ajoute une dizaine de pages de sources, il n'a pas prévu de registre des noms, qui aurait pris le double sinon le triple du nombre des pages. La variété et la qualité des références sont tout bonnement impressionnant et cependant ne gênent nullement la lecture de cette oeuvre ambitieuse.

En 1492 les Camondo avec quelque 50.000 (estimation moyenne, en l'absence de chiffres exacts) autres Juifs furent expulsés d'Espagne. Après un bref séjour à Venise comme négociants et à Trieste (une escale), ils s'installèrent à Constantinople, où Abraham Salomon (1781-1873) devenait pour ainsi dire le patriarche des Camondo. Leur nom de famille vient de "Ca'Mondo", soit "maison du monde" en Vénitien. Un dialecte italien qui est aussi à l'origine du terme lugubre de "ghetto".

Dans l'Empire ottoman les Camondo sont devenus les banquiers des sultans et leurs affaires, commerce international et investissements immobiliers, ont pris une telle ampleur qu'au milieu du XIXe ils étaient déjà les plus riches des à peu près 200.000 Juifs qui résidaient dans cet empire, d'où leur surnom les "Rothschild de l'Orient".

Si l'on prend comme point de repère ce qui sera, un jour de décembre 1936, le Musée Nissim de Camondo, situé au 63, rue de Monceau, Paris XVIII, il faut commencer par l'arrivée en France d'Abraham de Camondo, en 1872, et l'achat par son neveu, Moïse de Camondo (1860-1935) de l'hôtel Violet en 1910. Celles et ceux qui ont lu le tome 2 des Rougon-Macquart, "La Curée" se souviendront de cet hôtel qu'Émile Zola avait baptisé l'hôtel Saccard.

À part la façade sur rue, ce bâtiment pas très vieux pourtant, car seulement de 1864, fût totalement reconstruit par l'architecte René Sergent, selon les voeux du 2e baron de Camondo de 1911 à 1914. Un bâtiment certes impressionnant mais pas tap à l'oeil comme celui de James de Rothschild que le grand Heinrich Heine avait poétiquement qualifié comme "le Versailles de la ploutocratie parisienne".

Moïse de Camondo a été avant tout un collectionneur rare au goût précis et judicieux qui avait coutume d'enrichir sa collection par des acquisitions lors des ventes ou chez les antiquaires réputés. Elle comportait des meubles, éléments de décoration et oeuvres d'art particulièrement recherchés et exclusifs. Sa bibliothèque recelait des rarissimes exemplaires De Voltaire, Cervantes, Lamartine, Molière, Rousseau etc. Sans oublier les 35 volumes reliés somptueusement de l'Encyclopédie d'Alembert et de Diderot.

Si sa collection allait bon train, sa vie personnelle, au contraire, n'avait rien de resplendissant. Moïse avait épousé la fille d'une autre famille juive richissime, Irène Cahen d'Anvers (1872-1963), qui après lui avoir donné 2 enfants, Nissim et Béatrice, a fui le domicile conjugal avec son amant. le divorce fut prononcé en 1901, le grand argentier avait 41 ans et était un homme seul.
Cette Irène avait été peint, enfant, par le grand peintre Auguste Renoir et le tableau "La petite fille au ruban bleu" se trouve actuellement à la Fondation Bührle à Zurich.

Moïse adorait son fils et en était particulièrement fier, malheureusement, Nissim fût abattu dans son avion à Remoncourt dans les Vosges en septembre 1917, à l'âge de 25 ans. le jeune homme était un casse-cou, qui photographiait pour l'armée les champs de bataille, tels Verdun et la Marne. Un héros récompensé par 5 citations, la croix de guerre et la Légion d'honneur à titre posthume.

La mort de son fils était pour Moïse une tragédie, car il n'y avait plus de successeur mâle pour continuer le nom. Après le mariage de sa fille avec Léon Reinach, Il se retirait petit à petit des affaires, pour s'occuper désormais quasi uniquement de l'enrichissement de sa collection. Comme, en plus, sa surdité s'empirait, il passa le plus clair de son temps dans sa magnifique bibliothèque.

C'est dans cet état d'esprit que le baron de Camondo, en janvier 1924, faisait un testament par lequel il offrait sa demeure et sa fabuleuse collection à la République française, à certaines conditions bien précises afin de la sauvegarder dans l'état qu'elle était, c-à-d de ne rien enlever, ajouter où prêter pour des expositions. Une certaine somme fût prévue pour couvrir les frais d'entretien.
Moïse de Camondo mourut le 14 novembre 1935, à l'âge de 75 ans.

La 2e guerre mondiale a signifié l'extermination des Camondo à Auschwitz, après un passage à Drancy. Y sont décédés la fille de Moïse. Béatrice, 50 ans, ainsi que son mari, Léon Reinach, tout comme ses petits-enfants Fanny, 23 ans, et Bertrand, 20 ans.

Le Musée avec sa superbe collection fût miraculeusement sauvé de la fureur nazie. L'auteur conclu par ce remarquable paragraphe : "Le dernier des Camondo avait échoué à perpétuer la dynastie. Mais en inventant sa maison... et en s'inscrivant avec force dans le patrimoine artistique de la France, il avait réussi à immortaliser le nom de tous les siens. " (page 263).

Avec ce "dernier des Camondo" Pierre Assouline a signé une oeuvre qui m'a émerveillé du début jusqu'au dernier alinéa et il a, en passant, parfaitement rappelé le monde de Marcel Proust, un voisin et relation de Moïse de Camondo.
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Pierre Assouline, avec ce roman historique, rend un très bel hommage à la famille : les Camondo.
Son livre est passionnant car il nous permet de connaître ou découvrir l'histoire des juifs à travers les Camondo.
Ces juifs d'Orient , prenant comme terre d'asile toute une succession de lieux comme Venise qui nous permet de connaître comment le ghetto est né, d'autres villes comme TRIESTE, Vienne et Istambul. C'est un voyage passionnant qui s'accomplit à travers la lecture de ce roman.
Beaucoup d' informations nous sont données comme l'intéressante naissance des noms de famille. A l'instar du nom des Rotschill, " une vieille maison de famille dans la Judengasse de Francfort, bâtisse à l'enseigne rouge("rot" pour " rouge" et " schild" pour " enseigne".
Pierre Assouline est littéralement passionnant dans la reconstitution de l'histoire de la famille des Camondo qu'il mène comme une enquête
Toujours balisée par la grande Histoire, nous expliquant les différences et les dissensions au sein du monde juif.
Les allusions et les emprunts à la Recherche du temps perdu nous montre à quel point Proust avait perçu tout ce Golgotha vivant entre le faubourg Saint-Germain, le quartier St-Honoré et la plaine Monceau.
La plaine Monceau, c'est précisément au 63 de la rue Monceau que Moïse de Camondo va faire construire un hôtel particulier, consacré par une collection d'objets, de mobilier du XVIII siècle qui était sa passion.
Cet homme va connaître une vie tragique malgré sa richesse, ses collections. Il se marie et aura deux enfants : Nissim et Béatrice.
Sa femme l'abandonne, son unique fils meurt pour la France en 1917, sa fille Béatrice et ses enfants, à peine vingt ans plus tard sont emportés dans la tourmente de l'Histoire seront déportés , et gazés à Auschwitz.
De cette famille, il ne reste plus qu'une maison au coeur de la plaine Monceau, dans le VIII arrondissement de Paris. C'est un musée qui a été décidé et offert par Moïse de Camondo.
Je ne peux que vous conseiller sa visite où le temps est suspendu, un temps retrouvé...
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La biographie du comte de Camondo est riche en histoire. L'itinérance de Juifs d'Espagne au cours depuis le XVème siècle, puis l'histoire de Paris et de France à partir de Napoleon III . Beaucoup de dates de noms, d'alliances sont cités, mais le livre n'est pas un catalogue, car Pierre Assouline a su par son écriture créer les liens.
La construction du livre est aussi très intéressantes à partir du Musée du 63 rue de Monceau , Pierre Assouline s'est intéressé à la famille Camondo, depuis l'origine, pour nous faire comprendre l'origine de la collection de Moïse Camondo.
C'est une biographie triste, car Pierre Assouline ne cache pas son affliction pour le destin de Moïse Camando.
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Il y a quelques années, j'ai moi aussi poussé la porte du musée Camondo, au 63 de la rue de Monceau. J'ai été fascinée par la splendeur de ce (faux) hôtel du XVIIIème conçu comme un écrin particulier pour y abriter une prestigieuse collection de (vrais) chefs d'oeuvres.

Mais surtout j'ai été bouleversée de savoir que cet hôtel particulier avait été légué à l'état français en 1934, un an avant sa mort, par le vieux comte Moïse de Camondo à condition qu'on ne changeât rien à la disposition ni aux objets présents, qu'on ne fît jamais de prêt à d'autres musées ou galeries et que tout y restât en l'état comme une maison que ses maîtres viendraient juste de quitter.

La France ne s'est pas contentée de ce don: elle a aussi reçu le sacrifice courageux de Nissim ,le fils, mort aux commandes de son avion en 1917.

Puis, l'état français de Laval et Pétain a aussi pris la fille, le gendre, les deux petits-enfants du généreux donateur du musée Camondo: ils étaient citoyens français, furent arrêtés en France comme Juifs et moururent à Auschwitz.

Issus de la diaspora espagnole, naturalisés italiens, célébrés comme des dignitaires du cru par les Turcs, français par amour des Lumières, les frères Camondo, Moïse et Isaac, ont donné aux pays qui les ont accueillis leur bien le plus précieux: leurs collections (Isaac a légué au Louvre une collection inestimable de toiles impressionnistes).

David Assouline retrace la vie de ces séfarades levantins, aussi cultivés et passionnés d'art que généreux et désireux de s'intégrer sans jamais renier leurs origines.

Le livre est passionnant, très renseigné, très bien écrit. Mais je l'ai refermé avec le même sentiment de honte qu'en quittant le musée Camondo: de quelle cruelle ingratitude l'Etat français n' a-t-il pas fait preuve à l' égard de ses bienfaiteurs!!...
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En 1982, pendant les vacances de Noël, j'ai, en compagnie de Dominique Servais, franchi la porte cochère du Musée Nissim de Camondo (Paris, 63 rue de Monceau, XVIIIe arrondissement). Et depuis cette date, j'ai conseillé à un grand nombre de connaissances de visiter l'endroit, tant il est inoubliable. Si bien que, quand j'ai reçu le livre de Pierre Assouline en cadeau, j'étais à la fête d'en apprendre plus sur cette famille de banquiers, les Camondo, souvent surnommés « les Rotschild de l'Orient ».
Bien évidemment, j'ai visité les collections conservées sous l'aile du Musée des Arts décoratifs bien avant l'importance campagne de restauration commencée en 1985. Mais, à la lecture des descriptions des différentes pièces avec leur mobilier, je me souviens parfaitement de cet hôtel particulier, à un jet de pierre du parc Monceau. Il me serait bien fastidieux d'énumérer ici tous les chefs-d'oeuvre réunis par Moïse de Camondo, riche amateur, passionné et rigoureux. Toute la crème des ébénistes du XVIIIe siècle est ici présente : Bernard van Riesen Burgh, Martin Carlin, Nicolas-Quinibert Foliot, Jean-François Oeben, Jean-Henri Riesener, Adam Weisweiler, pour ne citer que les plus célèbres. Mais surtout, le bâtiment (architecte : René Sergent) est un petit temple entièrement dédié à l'âge d'or des arts décoratifs français, à savoir le XVIIIe siècle. Si bien qu'après le Salon bleu et le Petit bureau, vous découvrez le salon Huet avec ses boiseries, ses tapis, le mobilier de Jean-Baptiste Sené, le lustre en cristal de riche et améthystes, l'inattendu paravent du Salon des Jeux de Louis XVI à Versailles et les panneaux peints de pastorales par Jean-Baptiste Huet. Dans la salle à manger, se trouve le service Orloff ayant appartenu à Catherine II de Russie. La surprise vient d'une petite pièce adjacente, sans lambris, mais saturée de vitrines remplies de porcelaines de Sèvres et de Meissen. Puis le grand salon, où arrêter le regard ? Peut-être sur ce portrait peint par Elisabeth de Vigée-Lebrun, daté de 1788. Seule la bibliothèque ne trouve guère grâce aux yeux de Pierre Assouline, reflet d'un esprit de l'époque, aux lectures sélectives.
Un autre intérêt de ce livre est de nous renseigner sur les origines de cette famille. Moïse de Camondo est le descendant des grands argentiers de la Sublime Porte, à Constantinople, siège du gouvernement du sultan de l'Empire ottoman. En dépit de leurs assertions comme étant d'origine vénitienne (Camondo = Ca'Mondo, la maison du monde). En effet, Moïse est né le long du Bosphore en 1860 et est arrivé à Paris en 1870. Il est donc, selon Assouline, bien un sépharade (et tout un chapitre, un peu fastidieux, nous éclaire sur l'histoire de cette branche du judaïsme). Sa vie, tournée vers les métiers d'argent, plus par tradition que par réelle vocation, ne prend son sens que quand il peut s'occuper de sa collection d'objets d'arts décoratifs. Celle-ci semble être un écho de son divorce avec Irène Cahen d'Anvers, elle-même fille de banquier, la femme aimée mais définitivement absente. le drame survient plus tard. Nissim, son jeune fils, meurt en septembre 1917 lors d'un combat aérien en Lorraine. Moïse est dévasté par la nouvelle. A sa mort, en 1935, il lègue son hôtel particulier et tout son contenu au musée des Arts décoratifs de Paris. Aujourd'hui, le lieu est ouvert au public et il demeure le témoignage de la passion d'un homme pour l'art de vivre du XVIIIe siècle.
Je me dois de souligner qu'Isaac de Camondo (1851-1911), son cousin, est également bien connu des conservateurs de musées et des historiens d'art car il a légué au Louvre quelques-unes des oeuvres majeures de l'impressionnisme français. Aujourd'hui, au Musée d'Orsay, des millions de visiteurs admirent ces tableaux sans s'en douter : « le Fifre » d'Edouard Manet, « les Joueurs de Cartes » de Cézanne, « l'Absinthe » de Degas. Et la première oeuvre de Vincent van Gogh au Louvre, « Fritillaires couronne impériale dans un vase de cuivre » (1887), c'est grâce à lui. Une famille de banquiers mais également une famille de mécènes, qui ne se souciait guère de sa visibilité lors de ses dons.
Mais au-delà de cette famille en particulier, Pierre Assouline nous décrit un mode de vie, pas loin d'un lieu de promenade très couru, dans un quartier où vit toute une partie de la noblesse et de la haute bourgeoisie parisienne. Si bien que Marcel Proust se rappelle à notre bon souvenir, lui, le chantre de cette société de la IIIe république française. N'écrit-il pas : « Seule une immense fortune a donné à quelques-uns le droit de voir les frondaisons du parc Monceau de leur fenêtre» ?
A l'instar de Pierre Assouline, je suis tombé sous les charmes du lieu, de ce voyage dans le temps (sans aucune machine). Et je reste très ému par le destin de ceux à qui tout souriait.
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critiques presse (1)
LeFigaro
08 janvier 2022
L’auteur livre un récit superbe, passionnant de bout en bout.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (33) Voir plus Ajouter une citation
Famille Cahen d'Anvers - pages 155/156

Mais c'est à Renoir, rencontré à une réception chez les Charles Ephrussi, qu'il échut d'exécuter (les portraits) ceux de leurs filles.

Après avoir peint la vénérable Mme Eugène Fould et le petit Fernand Halphen, il se rendit donc chez les Cahen d'Anvers qui vivaient alors avenue Montaigne, en attendant que soit achevée la construction de leur hôtel de la rue Bassano. (cet Hôtel particulier dit "Bassano" fut saisi par les nazis dont ils firent l'un des camps parisiens avec "Lévitan, et Austerlitz).

D'abord Élisabeth et Alice, "Rose et Bleue" représentait les deux adolescentes, debout de face, dans leurs plus beaux atours mais sans grâce et sans mystère. Elles avaient l'air d'être posées là. Puis "Mademoiselle Irène Cahen d'Anvers", autre huile sur toile de 64 x 54 cm. En deux séances de pose, le peintre avait su restituer toute la délicatesse de son modèle. Saisie en buste de demi-profil, robe à jabot et volants de dentelle, les mains sereinement posées sur les genoux, sa belle chevelure rousse sagement étalée de dos, un petit nez retroussé dans le prolongement d'une lèvre supérieure joliment ourlée, cette petite fille qui n'avait pas dix ans était déjà entièrement contenue dans ses grands yeux clairs. Son regard, perdu dans le vague, hésitait entre l'ennui et la mélancolie. ON voudrait y déchiffrer son secret. Peu d'œuvres ont réussi comme celle-ci à capter tout ce qui nous demeure inaccessible du monde intérieur d'un enfant.
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A bien des égards, la saga des Fould était passionnante à observer. Son patriarche avait eu le génie d'asseoir la cohésion familiale autour de sa personne en répartissant les tâches: à Benoît les affaires, à Achille la politique, à Louis l'art. Or, le déclin de leur maison de banque alla de pair avec la réussite sociale de la famille. Plus ils s'anoblissaient, se déjudaïsaient et s'assimilaient, moins ils s'imposaient par le succès de leurs affaires. En abandonnant progressivement leur qualité de juif, ils perdaient leur ciment. Il n'y avait plus que la philanthropie pour les relier encore à la chaîne de la tradition. La famille volait en éclats, et avec elle ses solidarités, pour laisser la place à des individus. Balzac, qui avait été fasciné par le destion des Fould, était mort trop tôt pour constater ce qu'il était advenu de la lignée.
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La chasse était dans le prolongement naturel de l'univers équestre, lequel était indissociable du monde des hôtels et châteaux. Mais il ne suffisait pas d'en exprimer les velléités, encore fallait-il être admis dans l'un des quelques deux cents équipages dénombrés à la fin du siècle. Certains se seraient damnés pour jouir d'un tel privilège. Il avait une portée symbolique qui dépassait les limites traditionnelles de l'influence. Considérée comme la plus aristocratique des activités, la chasse à courre était une éthique. La partager impliquait plus de devoirs que de droits.
Le milieu de la vénerie était une caste, indifférente au temps et à la durée tels qu'ils avaient cours chez leurs contemporains. Il s'agissait de se retrouver entre semblables pour un cérémonial, et de sacrifier à des rituels que d'aucuns tenaient volontiers pour sacrés. Ceux qui n'imaginaient qu'une promenade mondaine repartaient déçus. Il fallait avoir de la tenue, ne pas paraître vantard, observer les valeurs de la chevalerie au premier rang desquelles la loyauté, le courage, la persévérance et la courtoisie.
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Mais avec les juifs, le temps prend vite une dimension proustienne. " Un peu d'éternité, ou tout au moins de durable, était entré dans la composition de cet éphémère..."
Ils se croient dans l'immortalité, mais se retrouvent vite dans le fugace. L'histoire est impitoyable. Seuls ne seront jamais désenchantés, ceux qui ont le sentiment du précaire. Ils savent d'expérience qu'ils ne font que passer., que c'est leur destin, même si chaque fois qu'ils s'installent quelque part, c'est pour toujours, Que sont vingt siècles d'errance pour le seul peuple qui ait survécu à l'Antiquité ?
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S'il est une maison qui se distingue déjà, c'est bien celle du 63. Comme s'il était écrit qu'elle aurait un destin. En effet, avant de devenir l'hôtel Camondo, l'hôtel Violet eut une autre vie. Une existence de papier, de rêve et de fiction. Par la grâce d'un grand roman, ilm était passé à la postérité. Et ce n'est pas un hazard s'il s'agissait de roman de la spéculation foncière. De cette maison, Emile Zola avait fait un symbole. Pour des centaines de milliers de lecteurs à travers le monde, l'hôtel Saccard existe bel et bien. Il est pour ainsi dire le personnage principal de La Curée (1872), le deuxième volume des Rougeon-Macquart.
Note du copiste: le lieu cité: parc Monceau- Paris
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- Table Ronde "Sous l'invocation de saint Jérôme : traduire les Écritures en 2023, entre Jérusalem et Paris". Échange entre Pierre Assouline, de l'Académie Goncourt, pour la littérature, le professeur Olivier Munnich (professeur émérite à l'Université Paris – Sorbonne) pour la philologie et l'histoire et Olivier-Thomas Venard pour l'exégèse et la théologie.
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