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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Cela fait déjà un paquet d'années que le post-apo a débordé les strictes limites de la SF pour se faire une petite place en littérature blanche. Il y a ainsi eu « le voyage d'Anna Blume » de Paul Auster et « La route » de Cormac McCarthy pour ne citer que les plus célèbres. Mais bien d'autres ont depuis emboîté le pas à ces auteurs reconnus.
Rien de surprenant à cela. le post-apo est un terrain propice aux expérimentations de toutes sortes, une façon de tabula rasa où l'écrivain peut, tout en conservant une part plus ou moins grande de notre réalité quotidienne, affranchir ses personnages des lois et des conventions de la société qu'il fait disparaître. Il peut ainsi les confronter au débordement des passions, tester leurs réactions face à l'inconnu, les laisser, au choix, détruire ou reconstruire, inventer ou régresser. le post-apo, c'est le champ de tous les possibles.
La cause de l'apocalypse est en revanche assez secondaire. Dans « Nous entrerons dans la lumière » c'est une sécheresse exceptionnelle qui a raison de la cohésion de la société française. On ne sait presque rien de son origine. On ne peut qu'en constater les effets : la fuite à l'étranger de ceux qui en ont les moyens, le repli égoïste de ceux qui ont encore quelque chose, le rassemblement en meutes de jeunes loups de ceux qui n'ont plus rien.
Antoine le narrateur n'a lui-même plus grand-chose si ce n'est des responsabilités. Des responsabilités envers sa femme qui le presse de le rejoindre en Amérique ; envers l'oeuvre de documentariste de Sonia son amour de jeunesse ; envers sa fille Chloé, internée dans une institution psychiatrique depuis une dizaine d'années.
Trois femmes donc et trois façons de penser sa vie. Celle de son épouse tout d'abord qui ne pense qu'à l'avenir, à épargner, à prévoir, à se faire une situation fut-ce au détriment de sa famille. Celle de l'assistante de Sonia qui garde les yeux rivés vers le passé, ne pense qu'à conserver ses archives, préserver la mémoire bref qui ne vit que pour et par des souvenirs. Il y a enfin sa fille qui, elle, est profondément ancrée dans le présent. Sans mémoire du passé et sans attente précise de l'avenir, elle ne réclame qu'un peu de temps et d'attention, des moments de partage, joies et peines confondues.
En fait, cette histoire m'a semblé être une parabole non pas sur le sens de l'existence mais sur la façon dont nous choisissons de l'affronter. Et c'est précisément là que cet univers post-apocalyptique retenu par l'auteur prend tout son sens puisque ce sont les évènements qui vont imposer leur choix aux personnages.
La précarité de leur situation va en effet leur imposer de vivre dans l'instant. Par la force des choses, Antoine va se dépouiller de son ancienne vie, de son confort et de toutes les choses qu'il croyait indispensables. Il retrouvera alors la spontanéité qu'il avait perdue et finira par accepter ce présent qui n'est pas nécessairement oubli du passé ni rejet du futur mais qui au contraire se nourrit des expériences vécues tout en demeurant ouvert à la nouveauté.
Cette histoire de relation père/fille dans un monde en pleine transformation est donc particulièrement touchante. J'ai pour ma part beaucoup aimé ce portrait de père qui prend enfin le temps de regarder grandir sa fille et qui finit par se rendre compte que les enfants sont bien plus forts qu'on ne le pense et sans doute plus aptes que nous à affronter le futur. Et d'ailleurs, le futur, n'est-ce pas eux ?

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Dans l’atmosphère post-apocalyptique d’une ville et d’un pays et continent européen ravagés par le réchauffement climatique, tout est figé, craquelé et recouvert de poussière sous l’effet de la sécheresse et des démolitions, les bâtiments publics sont détruits, vestiges d’un temps évanoui, la ville est désertée.

Antoine est un témoin de ce monde qui s’effondre, espérant témoigner de sa reconstruction. Les journées de cet ancien professeur s’articulent autour des visites à sa fille internée dans une institution psychiatrique, des déambulations inlassables dans la ville qu’il photographie et filme, systématiquement, pour lutter contre l’oubli et la disparition, et des séances nocturnes et solitaires pour visionner les films d'une femme qu’il a aimée autrefois, Sonia, devenue une cinéaste documentariste renommée.

Des enfants ensauvagés survivent comme ils le peuvent, dans l’ancien parc de la ville transformé en jungle. Il a toujours tenté en vain de séduire et d’attirer vers l’éducation ces gamins errants, en les approchant doucement, en les photographiant, dans ce parc, lieu du drame qui a frappé sa fille Chloé, perdue de vue dans le parc lorsqu’elle avait huit ans et retrouvée, trop tard, abîmée physiquement et psychologiquement.
Depuis ce jour, onze ans auparavant, elle vit internée dans une institution, avec les yeux vides et la mémoire désertée comme les rues de sa ville. Tandis que la ville s'effondre, inexorablement, l’institution doit fermer. Antoine part sur les routes en compagnie de sa fille transformée hors des murs de ce prétendu asile pour préserver sa vie, les souvenirs de Sonia et peut-être tracer un nouvel avenir dans cet exode.

Dans ce récit classique et linéaire, situé dans un univers post-apocalyptique au contexte très mince, sans réelle inventivité langagière, la plus grande réussite est à mon sens le personnage du père, sauvé par une forme de routine, d’empathie et car par les images il incarne la volonté de mémoire et de réinvention dans un monde en effondrement total.

Ce neuvième livre de Michèle Astrud est paru en janvier 2016 aux éditions Forges de Vulcain.
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Nous entrerons dans la lumière de Michèle Astrud est une sorte de road movie en huis clos. Il est très bien écrit, mais l'ambiance étrange qu'il véhicule m'a semblé pesante. le comportement d'Antoine, le personnage principal, m'a mis mal à l'aise. Un livre à lire si vous vous intéressez à la psychologie des personnages, moins pour le côté post-apocalyptique, qui sert de prétexte au voyage.
Lien : http://booksandme.canalblog...
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La France subit un fort réchauffement climatique, et plonge ses habitants dans la sécheresse et la canicule. Peu à peu, chaque commune devient un territoire hostile, sujet la violence. Vols, maisons saccagées et agressions deviennent le nouveau quotidien de ce pays, que chacun souhaite fuir le plus rapidement possible, par tous les moyens possibles.

C'est d'ailleurs ce qu'a fait Louise, mariée à Antoine et mère de Chloé. Pour survivre, elle part aux Etats-Unis. Désormais citoyenne américaine, elle envoie chaque moi de l'argent à son mari, qui ne quittera pas le pays sans sa fille, vivant depuis neuf ans dans une maison pour enfants malades.

A l'âge de huit ans, Chloé, qui échappe à la surveillance de son père, est agressée. Depuis ce jour, elle n'est plus la même. Chloé a perdu toute son innocence et sa joie de vivre, et a également perdu la mémoire. Antoine refuse catégoriquement de la laisser, et va tout faire pour rendre sa vie moins triste dans cette maison.

Chloé va néanmoins devoir la quitter. La maison des enfants malades doit fermer. Partir lui fait peur, mais elle va être entraînée, avec son père, dans une quête qui va lui permettre de tenter d'oublier son traumatisme. En effet, l'assistante de Sonia, une ancienne petite amie d'Antoine, va faire appel à ce dernier pour un devoir de mémoire. C'est ainsi qu'Antoine et sa fille vont apprendre à se connaître de nouveau, et à se ré-apprivoiser dans cet univers hostile.

"Nous entrerons dans la lumière" est difficile à résumer tant l'histoire est originale. Entre livre aventurier et fantastique, ce roman a également un côté psychologique fort intéressant.

Antoine est une personne assez complexe. Au début du livre, il apparaît comme un homme réservé, parfois faible, et plutôt instable. En effet, il quitte son travail du jour au lendemain, sans se préoccuper des conséquences financières et du mal qu'il peut faire à sa famille. Cependant, nous découvrons petit à petit un battant, qui ne souhaite qu'une chose : que sa fille revienne. Je pense qu'il se sent également très coupable, puisque c'est son inattention qui a plongé Chloé dans les abîmes.

Chloé est un personnage très intéressant. Si elle peut paraître au départ agaçante et dérangée, nous comprenons son comportement au fil des pages. Je l'ai par la suite trouvé attendrissante, et forte. Bien que traumatisée, elle parlera sans tabou de son agression et va également retrouver un peu de lucidité.

Si la première partie du roman est plutôt noire, l'espoir ressort ensuite lors du voyage père-fille, entamé dans le but de rendre hommage à un amour de jeunesse, et de pouvoir mener une nouvelle vie.

On ne parle que très peu de l'assistante de Sonia, et je l'ai regretté. Il aurait été intéressant de développer son personnage. Qui est-elle vraiment ? Que cherche-t-elle ? Ses intentions sont-elles aussi bonnes qu'elle le prétend ? Selon, moi, cette femme très perturbée aurait pu apporter un plus à l'histoire.

La fin m'a laissée pantoise. J'ai toujours tendance à préféré les "happy end" et les fins fermées, mais ici, vous pouvez laisser votre imagination travailler.

Je ne me serai jamais penchée sur ce livre en temps normal, mais ai été contente de pouvoir découvrir la plume addictive de Michèle Astrud, qui m'a rendue curieuse, et que j'ai apprécié.
Lien : http://nuages-de-mots.blogsp..
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