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J'ai l'objectif cette année de découvrir des petits éditeurs (entendre par là des éditeurs qui changent des fameux Gallimard, Robert Laffon, etc…). Chose faite ici avec Nous entrerons dans la lumière de Michèle Astrud édité Aux Forges de Vulcain reçu dans le cadre d'une Masse Critique Babelio. Je trouve que la ligne éditoriale de leurs derniers romans est agréable à regarder. Les différentes couvertures et l'édition sont soft et moderne et avec des couleurs plutôt sympathiques.

Dans ce roman, nous suivons le parcours d'Antoine, ancien professeur, et de sa fille, Chloé, internée dans une institution adaptée suite à un événement qui l'a laissé brisé et complètement traumatisé. Chloé est une jeune adolescente qui souffre de troubles de mémoires et a, fréquemment, des comportements autodestructeurs. La mère est peu présente dans le roman, nous la rencontrons seulement via quelques appels téléphoniques. Dans cette famille règne culpabilité et une certaine peur du futur. Pour ne pas améliorer cela, nous suivons nos différents personnages dans un environnement assez particulier. En effet, Nous entrerons dans la lumière est un roman d'anticipation (au futur particulièrement proche). le monde est ravagé. Sans que l'on sache véritablement les causes, nos deux protagonistes vivent dans un monde où la chaleur et la sécheresse sont omniprésentes. Toute institution politique a l'air d'avoir disparu et la loi du plus fort règne.

Antoine est un personnage qui se laisse vivre au jour le jour et ne cherche pas à améliorer ses conditions de vie. Tout le monde autour de lui s'évade vers d'autres continents où la vie semble meilleure, mais lui ne cherche pas à s'échapper. Antoine occupe son temps à prendre des photos des paysages désolés et des habitants, la photographie ayant toujours été sa passion. Ce qui va chambouler un peu cette routine c'est l'appel de Sonia, ancienne amie et amante d'Antoine et documentariste plus ou moins célèbre qui souhaite le revoir en hommage aux années passées ensemble et en vue de faire un documentaire de leurs retrouvailles. En vue de la retrouver, Antoine et Chloé entreprendront un voyage dans cet univers où le danger semble partout et où personne n'inspire confiance.

Ce roman a été une bonne surprise. On découvre les personnages et leurs histoires au fur et à mesure du roman. Les différents personnages que l'on croise lors du voyage sont tout autant énigmatiques que nos deux protagonistes et cela a été agréable d'assembler les différents indices donnés par l'auteur pour comprendre le passé et les volontés de ses différents personnages.

le fait que l'auteur donne peu d'éléments sur le monde dans lequel vivent nos personnages a été assez déconcertant au départ mais finalement j'ai beaucoup aimé l'ambiance que cela donné. Au final, c'est assez difficile de donner un genre à ce roman car j'ai quelques difficultés à le placer en roman d'anticipation (ou en science-fiction) tant on ne retrouve pas du tout l'ambiance des romans de ce genre. Nous entrerons dans la lumière est un roman assez singulier, ce qui fait que l'on a du mal à prévoir ce qu'il peut se passer pour nos personnages. Est-ce une guerre ou une catastrophe naturelle qui a tout chamboulé ? L'auteur nous dissimule quelques indices sans pour autant nous donner de réponse claire et c'est donc au lecteur de faire le détective.

Outre l'ambiance particulière du roman, j'ai beaucoup aimé l'écriture de l'auteure, que j'ai trouvée particulièrement poétique. Nous entrerons dans la lumière est donc une bonne surprise et je n'ai rien à lui reproché tant il est original et ne ressemble à aucun autre roman que j'ai pu lire.
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Cela fait déjà un paquet d'années que le post-apo a débordé les strictes limites de la SF pour se faire une petite place en littérature blanche. Il y a ainsi eu « le voyage d'Anna Blume » de Paul Auster et « La route » de Cormac McCarthy pour ne citer que les plus célèbres. Mais bien d'autres ont depuis emboîté le pas à ces auteurs reconnus.
Rien de surprenant à cela. le post-apo est un terrain propice aux expérimentations de toutes sortes, une façon de tabula rasa où l'écrivain peut, tout en conservant une part plus ou moins grande de notre réalité quotidienne, affranchir ses personnages des lois et des conventions de la société qu'il fait disparaître. Il peut ainsi les confronter au débordement des passions, tester leurs réactions face à l'inconnu, les laisser, au choix, détruire ou reconstruire, inventer ou régresser. le post-apo, c'est le champ de tous les possibles.
La cause de l'apocalypse est en revanche assez secondaire. Dans « Nous entrerons dans la lumière » c'est une sécheresse exceptionnelle qui a raison de la cohésion de la société française. On ne sait presque rien de son origine. On ne peut qu'en constater les effets : la fuite à l'étranger de ceux qui en ont les moyens, le repli égoïste de ceux qui ont encore quelque chose, le rassemblement en meutes de jeunes loups de ceux qui n'ont plus rien.
Antoine le narrateur n'a lui-même plus grand-chose si ce n'est des responsabilités. Des responsabilités envers sa femme qui le presse de le rejoindre en Amérique ; envers l'oeuvre de documentariste de Sonia son amour de jeunesse ; envers sa fille Chloé, internée dans une institution psychiatrique depuis une dizaine d'années.
Trois femmes donc et trois façons de penser sa vie. Celle de son épouse tout d'abord qui ne pense qu'à l'avenir, à épargner, à prévoir, à se faire une situation fut-ce au détriment de sa famille. Celle de l'assistante de Sonia qui garde les yeux rivés vers le passé, ne pense qu'à conserver ses archives, préserver la mémoire bref qui ne vit que pour et par des souvenirs. Il y a enfin sa fille qui, elle, est profondément ancrée dans le présent. Sans mémoire du passé et sans attente précise de l'avenir, elle ne réclame qu'un peu de temps et d'attention, des moments de partage, joies et peines confondues.
En fait, cette histoire m'a semblé être une parabole non pas sur le sens de l'existence mais sur la façon dont nous choisissons de l'affronter. Et c'est précisément là que cet univers post-apocalyptique retenu par l'auteur prend tout son sens puisque ce sont les évènements qui vont imposer leur choix aux personnages.
La précarité de leur situation va en effet leur imposer de vivre dans l'instant. Par la force des choses, Antoine va se dépouiller de son ancienne vie, de son confort et de toutes les choses qu'il croyait indispensables. Il retrouvera alors la spontanéité qu'il avait perdue et finira par accepter ce présent qui n'est pas nécessairement oubli du passé ni rejet du futur mais qui au contraire se nourrit des expériences vécues tout en demeurant ouvert à la nouveauté.
Cette histoire de relation père/fille dans un monde en pleine transformation est donc particulièrement touchante. J'ai pour ma part beaucoup aimé ce portrait de père qui prend enfin le temps de regarder grandir sa fille et qui finit par se rendre compte que les enfants sont bien plus forts qu'on ne le pense et sans doute plus aptes que nous à affronter le futur. Et d'ailleurs, le futur, n'est-ce pas eux ?

Lien : http://sfemoi.canalblog.com/..
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Dans l’atmosphère post-apocalyptique d’une ville et d’un pays et continent européen ravagés par le réchauffement climatique, tout est figé, craquelé et recouvert de poussière sous l’effet de la sécheresse et des démolitions, les bâtiments publics sont détruits, vestiges d’un temps évanoui, la ville est désertée.

Antoine est un témoin de ce monde qui s’effondre, espérant témoigner de sa reconstruction. Les journées de cet ancien professeur s’articulent autour des visites à sa fille internée dans une institution psychiatrique, des déambulations inlassables dans la ville qu’il photographie et filme, systématiquement, pour lutter contre l’oubli et la disparition, et des séances nocturnes et solitaires pour visionner les films d'une femme qu’il a aimée autrefois, Sonia, devenue une cinéaste documentariste renommée.

Des enfants ensauvagés survivent comme ils le peuvent, dans l’ancien parc de la ville transformé en jungle. Il a toujours tenté en vain de séduire et d’attirer vers l’éducation ces gamins errants, en les approchant doucement, en les photographiant, dans ce parc, lieu du drame qui a frappé sa fille Chloé, perdue de vue dans le parc lorsqu’elle avait huit ans et retrouvée, trop tard, abîmée physiquement et psychologiquement.
Depuis ce jour, onze ans auparavant, elle vit internée dans une institution, avec les yeux vides et la mémoire désertée comme les rues de sa ville. Tandis que la ville s'effondre, inexorablement, l’institution doit fermer. Antoine part sur les routes en compagnie de sa fille transformée hors des murs de ce prétendu asile pour préserver sa vie, les souvenirs de Sonia et peut-être tracer un nouvel avenir dans cet exode.

Dans ce récit classique et linéaire, situé dans un univers post-apocalyptique au contexte très mince, sans réelle inventivité langagière, la plus grande réussite est à mon sens le personnage du père, sauvé par une forme de routine, d’empathie et car par les images il incarne la volonté de mémoire et de réinvention dans un monde en effondrement total.

Ce neuvième livre de Michèle Astrud est paru en janvier 2016 aux éditions Forges de Vulcain.
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Un roman déroutant, bouleversant, dérangeant et qui grâce a David des éditions "Aux forges de Vulcain" se classe en tant que coup de coeur du mois de décembre.

Nous sommes aujourd'hui, au XXI ème siècle, en France et le désert avance, le monde tel que nous le connaissons disparait peut a peut, laissant place a des calamités, a la sécheresse, a la famine et a la cruauté ou chaque personne doit se battre pour survivre et exister encore un peut, ne serais-ce que quelques heures et c'est ici que nous vivons la vie d'Antoine, ancien professeur, de sa femme Louise, partie depuis longtemps aux Etats-Unis et de leur fille Chloé, 17 ans et amnésique avec une envie de vivre plus forte que tout, dans son monde a elle d'enfant perdu, elle suis aveuglément son père tel Wendy avec Peter Pan.

Dans cette France aride et dévasté on part en exode avec cette famille sur les traces de deux jeunesses perdus, d'un amour retrouver et aussitôt perdu, ou tout ce que l'on chéri aujourd'hui a totalement disparu des pages du roman de Michèle Astrud.
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Oui, je sais ce que vous allez dire, il a dealé avec Les Forges de Vulcain… vu que j'en ai encore un en stock, je ne nierai pas. Mais il faut dire que cet éditeur est trempé dans un excellent acier… du fer forgé, bien évidemment.

On est ici plutôt dans le roman d'anticipation. Antoine vit seul dans sa maison. Autour de lui, une société exsangue survit dans un environnement desséché où l'eau est un des derniers enjeux avec l'électricité et la préservation des personnes. Des bandes de jeunes, violentes, régentes des parcelles de ville, dominent des zones où il ne fait pas forcément bon s'aventurer. Et pourtant Antoine s'y rend et photographie les lieux et les gens qu'il croise. Il déambule ainsi au milieu des édifices publics laissés à l'abandon, dont l'ancien établissement scolaire où il était professeur avant le drame vécu par sa fille et dont il se sent responsable.

Chloé, 17 ans, est internée depuis l'âge de 8 ans. Que s'est-il exactement passé ? Pourquoi Antoine se sent-il responsable ? Je ne vous le dirai pas même si cela se devine et se sait rapidement. Là n'est pas tant l'intérêt du livre.

Le propos le plus intéressant du livre repose dans la question du souvenir. Chloé ne se souvient de rien ou feint de ne pas se souvenir. Antoine photographie le monde qui l'entoure pour en laisser un témoignage à sa fille. La femme d'Antoine a « abandonné » mari et fille pour aller s'installer aux Etats-Unis et avoir un travail suffisamment lucratif pour pourvoir aux besoins de sa famille : par cette fuite elle marque son besoin d'oublier. Antoine, par un concours de circonstances issues tout droit de son passé, se retrouve à quitter son domicile en emmenant sa fille (dont l'institut psychiatrique doit fermer faute de moyens humains et financiers) pour partir sur les traces de la filmographie de son amour de jeunesse devenu documentariste à succès et décédé brutalement. Là aussi, on retrouve ce besoin d'aller chercher les traces du passé pour les protéger, les sauvegarder.

Mais était-ce vraiment mieux avant ? N'y a-t-il donc rien à sauver dans ce monde qui vit sous la coupe d'un climat déréglé ? N'y a-t-il de survie possible que dans la fuite ? Antoine et Chloé vont devoir s‘inventer un futur : tisser une nouvelle relation entre eux qui passe par le regard extrêmement tendre et pourtant réaliste que porte l'un sur l'autre, refonder une nouvelle société, un nouveau microcosme mais pas seuls… Dans un monde que l'on sent en déclin, c'est finalement l'humain qui prend le dessus et permet de fonder quelque espoir en l'avenir.

La déstructuration du paysage urbain laissé à l'abandon et admirablement décrit par Michèle Astrud force ces néo-pionniers à envisager leur survie en dehors de cet urbanisme, dans une sorte de retour à la terre salvateur.

La lumière symbolise cet espoir en un avenir, nous n'irons pas jusqu'à le qualifier de meilleur, possible. C'est la lumière des phares, c'est la lumière des levers de soleil, c'est la lumière des caméras qui projettent des films sur l'écran. La lumière est symbole de vie, de renouveau. Elle est limpide comme le texte de Michèle Astrud qui demande un temps d'adaptation avant de pouvoir pleinement l'apprivoiser.

Lien : http://wp.me/p2X8E2-Am
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Nous entrerons dans la lumière de Michèle Astrud est une sorte de road movie en huis clos. Il est très bien écrit, mais l'ambiance étrange qu'il véhicule m'a semblé pesante. le comportement d'Antoine, le personnage principal, m'a mis mal à l'aise. Un livre à lire si vous vous intéressez à la psychologie des personnages, moins pour le côté post-apocalyptique, qui sert de prétexte au voyage.
Lien : http://booksandme.canalblog...
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'ai eu très envie de lire ce roman car j'avais beaucoup aimé l'écriture de « le jour de l'affrontement ». C'est un roman post-apo, mais si près de nous que cela s'en est effrayant. On pourrait se dire que si on continue comme ça on verra se produire les catastrophes annoncées. Mais ce n'est pas un roman moralisateur, Michèle Astrud pose juste son histoire dans un contexte dévasté.

Le réchauffement climatique est tel que des infrastructures sont détruites, le sirocco et les tempêtes viennent balayer les villes. Les gens sont contraints à partir. de nos jour l'immigration climatique existe mais elle est loin de chez nous, on ne réalise pas. Mais dans cette histoire c'est ici à notre porte que commence le désastre.

Nous sommes dans un environnement hostile où les gens ont dû partir laissant derrière eux leurs biens matériels. Mais quelques uns restent dans ce chaos. Pour aller où ? Pour faire quoi ?

Dans cette ambiance, on va suivre un personnage qui se débat avec ses propres démons et sa fille de 17 ans qui va devoir affronter l'extérieur et une nouvelle vie.

On a des effets miroirs dans la narration on a des reflets du passé dans le présent et inversement. On a aussi cette relation père/fille, mémoire/ oubli, intérieur/extérieur, culpabilité/rédemption.

Le futur reste obscur, on est dans la survie dans le présent. L'avenir du narrateur est assombri depuis longtemps.

On est à la croisée des chemins. le narrateur vit avec les conséquences des choix passés mais maintenant que sa fille, une adolescente, doit prendre sa vie en main, la vie de son père va être bouleversée. Elle va le forcer à faire tomber la carapace derrière laquelle il se voilait la face.

C'est Chloé, la fille, qui va le mettre au pied du mur et le forcer à ouvrir les yeux et à bouger pour sortir des ténèbres. Mais tout ne va pas aller de soi avec le passif de Chloé.

Le fait qu'Antoine le protagoniste soit un vidéaste/photographe amateur incite le lecteur à regarder au-delà de l'apparence. Reconstruire une réalité. Sa fille lui demande de la regarder directement mais il lui répond qu'il ne peut pas qu'il a besoin du filtre de l'appareil pour vraiment la voir avec le cadre modifié. le lecteur lui aussi mets les personnages dans ce théâtre de marionnette. Je suis incapable de dire si les personnages sont sympathiques où pas. Ils sont trop dans leur bulle.

C'est un roman sur l'absence, absence de repères, de l'épouse/mère, de l'eau, de moyens, de relations avec les autres, d'informations.

Ce roman me fait penser à une poupée Russe on va de l'infiniment intime – au fond de l'âme du narrateur- à l'infiniment général.

Le côté onirique contribue à comprendre les mécanismes mentaux du narrateur.

Je ne vous parle pas des autres personnages qui vont venir influer dans leur trajet afin de vous laisser des surprises.

J'ai beaucoup aimé aussi l'idée d'immobilité et mobilité … physique ou mentale.

Un roman très riche, qui aborde trop de sujets pour les résumer ici en quelques mots. Michèle Astrud a une belle écriture que j'ai eu plaisir à retrouver. On y retrouve bien l'esprit des Forges de Vulcain et leur niveau d'exigences. [...]
Lien : https://latelierderamettes.w..
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Mon résumé :
Il y a Antoine. Il y a Lucie.
Antoine c'est le père de Lucie, ancien professeur de lycée, il a abandonné son métier du jour au lendemain. Il a ressorti ses vieux appareils photos et il s'est remis à son ancienne passion : photographier. Il prend tout en photos, le beau et le laid, les jeunes, les vieux, la nature et les hommes, il veut juste laisser une trace de la réalité.
Lucie, elle, est loin de la réalité. Elle vit dans une institution, depuis qu'à l'âge de 8 ans elle a été agressée dans un parc. Une agression quasiment sous les yeux de son père qui était … en train de prendre des photos. Alors depuis 8 ans elle vit surtout des successions d'instants (un peu comme des photos). Sa mémoire lui joue des tours, au point parfois de ne pas reconnaître son père.
Et puis tout à coup il y a Sonia, ou plutôt sa secrétaire, qui appelle Antoine. Il faudrait qu'il vienne car elle veut tourner un film avec lui. Elle a des images du passé, et elle voudrait y ajouter des images du présent, pour faire une sorte de documentaire (c'est sa spécialité) sur le temps qui passe.
Mais voilà, il y a aussi la France. Et la France de Antoine et Lucie est devenue aride, desséchée. Une sécheresse environnementale (il ne pleut plus depuis longtemps, obligeant un rationnement des denrées et de l'eau). Mais aussi une sécheresse des hommes : plus aucune pitié. Chacun veut sauver sa peau alors on agresse, on blesse, on vole ce que l'on peut. Chacun se barricade, que ce soit physiquement ou dans son coeur : personne n'aide les blessés au bord de la route.

Mon avis :
D'abord je tiens à remercier Babelio et sa « masse critique » pour la découverte de ce livre.
Contrairement au titre, je n'ai pas vu beaucoup de lumière dans ce livre. Il met en exergue l'homme revenu à l'état sauvage. Cet homme qui pense à lui d'abord, à sa survie.
Une sensation de malaise m'a envahi dès le début de ma lecture pour ne plus me quitter. Est-ce parce que ce qu'il expose une situation qui pourrait arriver (la sécheresse, le dérèglement climatique) ? Est-ce parce qu'il met en relief les pires instincts de l'être humain ?
J'ai eu l'impression d'évoluer dans un monde instable. Parfois on ne sait pas si Antoine est dans le « rêve » ou dans la réalité. le personnage de Lucie est instable : passant de la plus grande douceur à la brutalité, en quelques mots. Quid de sa mère qui a pris la fuite et qui semble trouver suffisant un virement mensuel sur le compte en banque du père et un coup de téléphone ?
La seule lumière de ce livre vient pour moi de la relation de Lucie et son père. Il y a des passages vraiment beaux, où transparaît l'amour du père pour sa fille, son envie qu'elle aille mieux. J'ai aimé les moments de complicité entre ces deux personnages, à certains moments de leur épopée….
Mais malgré cela, c'est la sensation de malaise qui demeure après avoir refermé le livre.
J'ai nettement préféré le livre précédent de l'auteur : le jour de l'effondrement
Lien : http://lireetrelire.blogspot..
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La France subit un fort réchauffement climatique, et plonge ses habitants dans la sécheresse et la canicule. Peu à peu, chaque commune devient un territoire hostile, sujet la violence. Vols, maisons saccagées et agressions deviennent le nouveau quotidien de ce pays, que chacun souhaite fuir le plus rapidement possible, par tous les moyens possibles.

C'est d'ailleurs ce qu'a fait Louise, mariée à Antoine et mère de Chloé. Pour survivre, elle part aux Etats-Unis. Désormais citoyenne américaine, elle envoie chaque moi de l'argent à son mari, qui ne quittera pas le pays sans sa fille, vivant depuis neuf ans dans une maison pour enfants malades.

A l'âge de huit ans, Chloé, qui échappe à la surveillance de son père, est agressée. Depuis ce jour, elle n'est plus la même. Chloé a perdu toute son innocence et sa joie de vivre, et a également perdu la mémoire. Antoine refuse catégoriquement de la laisser, et va tout faire pour rendre sa vie moins triste dans cette maison.

Chloé va néanmoins devoir la quitter. La maison des enfants malades doit fermer. Partir lui fait peur, mais elle va être entraînée, avec son père, dans une quête qui va lui permettre de tenter d'oublier son traumatisme. En effet, l'assistante de Sonia, une ancienne petite amie d'Antoine, va faire appel à ce dernier pour un devoir de mémoire. C'est ainsi qu'Antoine et sa fille vont apprendre à se connaître de nouveau, et à se ré-apprivoiser dans cet univers hostile.

"Nous entrerons dans la lumière" est difficile à résumer tant l'histoire est originale. Entre livre aventurier et fantastique, ce roman a également un côté psychologique fort intéressant.

Antoine est une personne assez complexe. Au début du livre, il apparaît comme un homme réservé, parfois faible, et plutôt instable. En effet, il quitte son travail du jour au lendemain, sans se préoccuper des conséquences financières et du mal qu'il peut faire à sa famille. Cependant, nous découvrons petit à petit un battant, qui ne souhaite qu'une chose : que sa fille revienne. Je pense qu'il se sent également très coupable, puisque c'est son inattention qui a plongé Chloé dans les abîmes.

Chloé est un personnage très intéressant. Si elle peut paraître au départ agaçante et dérangée, nous comprenons son comportement au fil des pages. Je l'ai par la suite trouvé attendrissante, et forte. Bien que traumatisée, elle parlera sans tabou de son agression et va également retrouver un peu de lucidité.

Si la première partie du roman est plutôt noire, l'espoir ressort ensuite lors du voyage père-fille, entamé dans le but de rendre hommage à un amour de jeunesse, et de pouvoir mener une nouvelle vie.

On ne parle que très peu de l'assistante de Sonia, et je l'ai regretté. Il aurait été intéressant de développer son personnage. Qui est-elle vraiment ? Que cherche-t-elle ? Ses intentions sont-elles aussi bonnes qu'elle le prétend ? Selon, moi, cette femme très perturbée aurait pu apporter un plus à l'histoire.

La fin m'a laissée pantoise. J'ai toujours tendance à préféré les "happy end" et les fins fermées, mais ici, vous pouvez laisser votre imagination travailler.

Je ne me serai jamais penchée sur ce livre en temps normal, mais ai été contente de pouvoir découvrir la plume addictive de Michèle Astrud, qui m'a rendue curieuse, et que j'ai apprécié.
Lien : http://nuages-de-mots.blogsp..
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Ce roman solaire, brillant, mature, délivre une à une les vagues de souffrance pour atteindre une perfection hors norme. Nous sommes dans la cour des grands. Michèle Astrud maîtrise l'art des mots. Ses protagonistes Antoine et Chloé, père et fille dans cette histoire imprévisible appellent la vie à grands cris. Mais, bien plus que cela Antoine veut délivrer sa fille Chloé de ses vieux démons enfantins.
« Elle tremblait, ses yeux hagards avaient perdu tout leur éclat. Elle ne parlait pas, murmurait quelques mots incompréhensibles. Nous arrivions trop tard. »
Chloé est devenue une enfant brisée par la faute d' un monstre avide de jeunesse. Ce dernier a terrassé à huit ans sa vie et ce pour presque toujours. Recroquevillée dans les affres des folies d'adulte, elle ne devra sa rédemption qu'à l'initiatique pouvoir de son père Antoine.
Plus que sa propre femme il sera pour Chloé son souffle de vie.
Ce roman quasi fantastique appelle l'écho du chant du monde en échange d'une fraternité travaillée avec tendresse et naturel. Les noeuds ne deviendront que voiles au point ultime et final de l'histoire. La clef réside dans le regard vers l'autre dans la puissance d'écoute et d'attention pour son prochain. C'est une belle entrée dans la lumière que nous offre Michèle Astrud. Une histoire sans âge, atypique, parfois grise et lugubre mais les lumières de Michèle Astrud sont courageuses et leurs forces emportent ce roman vers la véritable humanité possible pour Antoine et Chloé. C'est une oeuvre de beauté, un pan de ciel plausible pour qui sait regarder l'horizon avec la force de l'amour filial.
Cette pépite de bonté mérite la plus vive lumière.
Merci à Babelio et à toute l'équipe pour l'envoi de ce beau cadeau grâce à l'opération Masse critique.
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