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Critique de 4bis


4bis
25 février 2023
Je me réjouissais de retrouver, au hasard des bacs de mon bouquiniste préféré, Kate Atkinson. Je m'étais délectée de Une vie après l'autre et de L'homme est un dieu en ruine. La narration de Transcription s'ancrant pour partie dans les années 1940, je pensais retrouver le même plaisir à voir s'entremêler les fils de destins individuels avec le cours de la grande histoire. C'est effectivement ce que fait encore une fois, et plutôt astucieusement, le roman. Mais il faut croire que l'univers de l'espionnage me porte moins que celui du front armé. Ou qu'à force d'être utilisée la recette s'est un peu émoussée. Juliette Armstrong, une jeune et sympathique orpheline, est contrainte de voir ses ambitions rabattues par l'infortune et de travailler, en temps de guerre, à retranscrire les échanges clandestins que mènent certains de ses compatriotes secrètement affiliés au Reich et désireux d'aider l'ennemi à pénétrer sur le territoire anglais. Infiltré par les services secrets anglais, ce réseau, plutôt que d'être démantelé, est capté et utilisé, entre autres, à la désinformation de l'ennemi. Juliette est un minuscule rouage de cette grande machinerie idéologique qui perdura bien après l'armistice et se verra compliquée des enjeux de la guerre froide.
Alors, qu'est-ce qui n'a pas pris ? Peut-être que le dosage entre romanesque et faits historiques a trop penché, à mon sens, en faveur des seconds ? La vie de Juliette Armstrong est bien austère mais surtout la manière dont elle nous est contée est très parcimonieuse. Je lui aurais bien ajouté un peu de l'épaisseur des héroïnes de Anna Hope dans le Chagrin des vivants (même s'il s'agit d'une autre guerre) ou deViolet Speedwell, la discrète et timorée brodeuse de Winchester de Tracy Chevalier. Les personnages masculins sont également très à distance du lecteur. Si le contexte d'espionnage et de contre-espionnage le justifie tout à fait, ça n'empêche que j'ai un peu mélangé tout le monde et ne me suis attachée à personne. L'image du brouillard structure le roman, des faux-semblants et des demi-vérités aussi. Au point même qu'elle infuse l'expérience de lecture et me laisse dans la même incertitude cotonneuse et vaine que cette pauvre Juliette. Si la réalité est bien cette toile de lin rêche et usée jusqu'à la trame que l'on ne perçoit qu'à travers l'épais nuage d'une incertitude moite et humide, eh bien le tableau est réussi. Mais serait-ce trop espérer que de chercher une autre manière de vivre le monde ?
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