Citations sur La servante écarlate (855)
Comme d’autres choses maintenant, la pensée doit être rationnée. Il y a beaucoup de choses auxquelles il n’est pas supportable de penser. Penser peut nuire à nos chances, et j’ai l’intention de durer. Je sais pourquoi il n’y a pas de verre sur l’aquarelle aux iris bleus, pourquoi la fenêtre ne s’ouvre qu’en partie, et pourquoi la vitre est en verre incassable. Ce n’est pas la fuite qu’ils craignent. Nous n’irions pas loin. Ce sont ces autres évasions, celles que l’on peut ouvrir en soi-même, si l’on dispose d’un objet tranchant.
Chapitre 2 - P10
Elle avait alors les cheveux gris, bien sûr. Elle refusait de les teindre. Pourquoi faire semblant? disait-elle. De toute façon, à quoi bon, je ne veux pas d'un homme chez moi, à quoi servent-ils en dehors des dix secondes qu'il faut pour faire la moitié d'un bébé? Un homme, c'est juste une stratégie de femme pour fabriquer d'autres femmes.
Ignorer n’est pas la même chose que l’ignorance, il faut se donner de la peine pour y arriver.
La nuit tombe. Ou est tombée. Comment se fait-il que la nuit tombe au lieu de se lever, comme l'aube? Et pourtant si l'on regarde vers l'est, au coucher du soleil, on peut voir la nuit se lever, et non pas tomber, l'obscurité monter dans le ciel depuis l'horizon, comme un soleil noir, derrière une couverture de nuages.
" Que la femme apprenne en silence et en totale soumission. Ici son regard parcourt notre assemblée. " Totale", répète-t-il.
" mais je ne tolère pas qu'une femme donne des leçons à un homme, ni usurpe sur son autorité; qu'elle demeure dans le silence.
" Car Adam fut créé le premier, puis Eve.
" Et Adam ne fut pas trompé, mais la femme qui le fut était dans le péché.
On ne peut pas commander à ses sentiments, disait un jour Moira, mais on peut commander à son comportement.
Ce qui est fort bien dit.
Tout est affaire de contexte; ou est-ce de maturité ? l'un ou l'autre.
Mieux ne veut jamais dire mieux pour tout le monde, dit-il. Cela veut toujours dire pire, pour certains.
Je me disais, je me suis organisé une vie, ici, qui est ce qu'elle est.
C'est probablement ce que pensaient les femmes des colons, et les femmes qui avaient survécu aux guerres, quand elles avaient encore un homme.
L'humanité est tellement adaptable, disait ma mère. C'est vraiment renversant de voir à quoi les gens peuvent s'habituer, pourvu qu'ils aient quelques compensations.
Il vous faudra me pardonner. Je suis une réfugiée du passé, et comme les autres réfugiés, je passe en revue les coutumes et les façons d’etre que j’ai quittées ou que j’ai été forcée de laisser derrière moi, et tout semble tout aussi bizarre, vu d’ici, et j’en reste tout autant obsédée. Comme un Russe blanc qui boit du thé à Paris, égaré dans le XXe siècle, je vagabonde vers le passé, je tente de regagner ces sentiers lointains. Je deviens trop sentimentale, je me perds. Je larmoie. Larmoyer, c’est cela, et non pas pleurer.
Je ne m'appelle pas Defred, j'ai un autre nom, dont personne ne se sert maintenant parce que c'est interdit. Je me dis que ça n'a pas d'importance, un prénom, c'est un comme son propre numéro de téléphone, cela ne sert qu'aux autres.