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3,7

sur 261 notes
Retirée dans la petite ville canadienne où elle vécut son enfance, une vieille femme raconte son quotidien alors que se retrace, de coupures du journaux en récits à tiroirs, l'histoire cruelle de sa vie.
L'histoire d'une riche famille industrielle et de sa décadence, au début du XXe siècle. L'histoire d'une jeune fille sacrifiée à des intérêts dépassant celui-là même qui ordonna le sacrifice. L'histoire de deux soeurs élevées hors du monde, dans une villa Belle Epoque, par un père traumatisé de guerre et sombrant peu à peu. Iris et Laura : la petite soeur est au coeur de l'affaire, avec ses humeurs étranges et le roman qu'elle écrivit avant de se jeter du haut d'un pont, il y a bien longtemps de ça. Et le roman lui-même, les rendez-vous hasardeux de deux amants clandestins, suggère une histoire bien plus intime, celle-là même qui noua le drame autrefois.

Difficile de résumer de manière convaincante ce roman où les histoires s'imbriquent, où plusieurs niveaux de fiction se répondent avec une grande habileté pour tisser le réel, jusqu'à semer des symboles essentiels dans un roman de science-fiction raconté par un personnage du roman transcrit dans le roman.

Le Tueur Aveugle est un texte très lent, dans lequel il faut prendre le temps de s'immerger, mais qui possède un réel pouvoir hypnotique une fois qu'on est entré dedans.
Un texte très beau et très sombre, d'une belle finesse psychologique, avec quelque chose d'une tragédie grecque dans ce destin inexorable qui entraîne, écorche ou brise une poignée de personnages imparfaits et touchants. le père des deux soeurs, si fragile et impuissant, plein de bonnes intentions mais trop abîmé pour savoir encore aimer correctement, m'a particulièrement bouleversée – peut-être d'autant plus que se concentre en lui ce thème de la splendeur déchue, qui me fascine toujours.

Mais la tragédie est ici relevée par le ton sarcastique de la vieille dame, qui ne s'épargne pas elle-même et moins encore ceux qui l'entourent, joue de l'humour noir pour dompter la vieillesse et le poids des souvenirs. Et puis, surtout, la construction de l'ensemble est remarquable. Tortueuse, semée d'allusions, d'indices et de symboles, elle crée un effet de suspense insidieux, laissant très vite soupçonner quelque chose en plus, un coup de théatre qu'on peut flairer peut-être, mais dont l'essentiel, au fond, n'est pas exactement où on l'attend.

Le résultat donne très vite des envies de relecture, pour pleinement en savourer la richesse et la complexité !
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Après avoir émis des éloges dithyrambiques sur « La servante écarlate » puis l'édition plusieurs années plus tard avec « les testaments », de Margaret Atwood, je dois reconnaître que la lecture de cet imposant roman, m'a laissé perplexe de prime abord. Mais il faut de la patience pour venir à bout de ce roman de plus de 650 pages et surtout pour obtenir les explications des différents événements, qui bien sûr ne se dévoilent qu'avec l'épilogue.

Un sentiment subi, parfois, par beaucoup de digressions, par des chapitres courts, certains narratifs d'autres de pure science-fiction et parfois d'articles de journaux apportant des éclaircissements aux faits. Un exercice de style très fécond, une trame des actions fortement imbriquées, nécessitent une attention et une ferveur irréprochable pour en tirer la quintessence.

Toronto, une profonde histoire familiale qui réunira la famille des Chase et des Griffen, avec surtout la connivence entre les deux soeurs Chase. Donc, une vieille dame, Iris Chase Griffen va relater au fil des décennies les amours vrais ou factices, la crise financière avant 1945, les relations mondaines mais surtout, et il n'y a rien de nouveau dans ce monde, des secrets de famille et des non-dits ! Elle souffrira des actions humaines, des trahisons, où on lui fera comprendre qu'elle n'a pas son mot à dire mais juste à subir ! Et qui bien des années plus tard, après réflexion, justifiera qu'elle apportera une vengeance à ses difficiles souvenirs.

On peut se noyer quelquefois dans les parallèles des chapitres ou dans l'extrême description de ses états d'âme, mais une ténacité de lecture permettra à chacun du roman « le tueur aveugle » de savourer le bienfondé de l'analyse de notre société.

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C'est une tresse en osier, un ouvrage en rotin écrit par Margaret Atwood.
Au début, les bases de l'histoire paraissent éparses et décousues.
Puis l'intrigue se resserre, les fils commencent à se croiser, on croit comprendre le travail du montage.
Les branches s'entrecroisent, il parait impossible que ce qu'on avait cru deviner s'emboîte, et c'est alors que l'autrice fait oeuvre de sons savoir-faire pour rendre cohérent, évident, limpide et fascinant le fondement du suspense.

MArgaret StriAtwood.

Le récit des femmes-pêches est merveilleux.
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Un vrai coup de coeur.

Si j'avais apprécié Alias Grace du même auteur (Captive en français? ), j'ai tout simplement adoré The blind assassin.

On retrouve la plume de l'auteur, tour à tour légère et profonde, avec des pointes d'un humour parfois noir mais toujours savoureux, et avec ses analogies et expressions qui frappent l'imagination.

On retrouve aussi une intrigue superbement ficelée, pleine d'ombre et de lumière et d'humanité.

Car les personnages de cette histoire, comme le pouvait celui de Grace Marks, nous fascinent et nous troublent, en particulier celui de Laura qui demeure insaisissable du début à la fin.

L'histoire dialogue avec L Histoire, cette vieille femme exaltée et menteuse pour nous offrir un mystère que seule la fin nous permet de résoudre, du moins en partie.

Les petits articles de presse qui saupoudrent le récit comme des parenthèses nous permette aussi de se dégagé quelques instants de l'angoisse de nos héros et d'avoir un aperçu sur la société qui continue de vivre, indifférente au drame qui se noue.

bref une vraie pépite que je recommande vivement.
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Trois histoires s'imbriquent dans ce long et beau roman.
Iris Chase, une vieille dame qui a traversé la majeure partie du vingtième siècle, raconte l'histoire de sa famille et surtout les souvenirs de sa jeunesse, à l'époque où sa petite-sœur Laura était encore en vie. Car Laura s'est suicidée il y a bien longtemps, laissant derrière elle un roman posthume, devenu culte.
Le roman de Laura Chase, que l'on découvre extrait par extrait, évoque les rencontres clandestines de deux amants, de milieux différents, dans une situation impossible. Lui vivote en écrivant de la science-fiction, et invente pour la séduire une histoire qu'elle suit avidement : celle du tueur aveugle.
Ce récit de fantasy/SF décrit un peuple aujourd'hui disparu, à la civilisation très avancée, aux mœurs cruelles et fascinantes. Cette histoire est aussi passionnante que le reste, même si les deux premières se répondent bien plus intimement.

C'est un roman fort, charnu, émouvant, écrit d'une belle plume, aux personnages attachants, notamment cette vieille dame à la santé déclinante qui raconte ses promenades et s'agace d'être traitée comme une impotente. Les époques que l'on traverse avec la famille Chase sont dépeintes de manière vivante et nostalgique. Au fil des pages, le besoin de raccrocher le second récit au premier et d'avoir le fin mot de l'histoire se fait de plus en plus urgent, si bien que je n'ai pas été capable de lâcher le livre pour le dernier tiers, que je me suis avalé en une journée.
Si je ne devais mentionner qu'un regret, ce serai celui-ci : il y a deux personnages antipathiques dans ce roman, et ce sont les seuls qui ne soient pas écrits avec finesse, d'où un résultat manichéen en désaccord avec le reste.
À ce détail près, ce livre, bien différent de ce que j'avais l'habitude de lire, aura été un bon gros coup de cœur.
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The Blind Assassin
Traduction : Michèle Albaret-Maatsch.

« le Tueur Aveugle », de la Canadienne Margaret Atwood, est une forme de récit à trois voix racontant bien entendu la même histoire mais selon des angles différents et aboutissant à un livre plutôt épais – plus de 650 pages chez 10/18.
Vous me direz que ce n'est pas là un procédé très original. le thème du roman, qui pourrait être grandeur et décadence de la famille Chase, n'est pas non plus réellement nouveau. Mais le traitement qui en est fait et la magie avec laquelle l'auteur accroche son lecteur, eux, valent le détour.
Au point de départ, à la fin du XIXème siècle, les Chase constituaient l'une des familles les plus en vue de Toronto. Mais la Grande guerre va faucher trois des fils et renvoyer au logis un cadet fracassé. Celui-ci n'aura à son tour que deux filles, Iris et Laura. La mère des petites mourra des suites d'une fausse couche et les deux enfants grandiront dans un monde un peu à part, la résidence d'Avalon - nom choisi par leur grand-mère paternelle - entre un père neurasthénique et une servante-gouvernante dévouée : Reenie.
Si Iris garde toujours les pieds sur terre, Laura est plus évanescente, plus lunaire. C'est l'originale, l'excentrique, la fragile de la famille, pour laquelle son père ne cessera de s'inquiéter. Comme la fortune familiale n'est plus qu'un souvenir et qu'il redoute de voir ses filles - et surtout la cadette - affronter un monde peu charitable aux déclassés, Norval Chase demande à Iris d'épouser Richard Prior, un nouveau riche pesant et sûr de lui. En se dévouant, Iris assure non seulement sa propre sécurité mais aussi celle de sa soeur. En outre, Richard a fait la promesse de ressusciter les usines Chase. Il ne la tiendra évidemment pas ... Encore un lâche : le monde en est plein ...
Voilà pour les bases de l'intrigue. Voyons maintenant la façon dont tout cela est traité.
Le récit principal est le fait d'Iris, désormais octogénaire et qui entreprend de rédiger d'officieux mémoires dans l'espoir que sa petite-fille, Sabrina, les lise un jour et apprenne ainsi toute la vérité et rien que la vérité sur sa famille. La vieille dame prend son temps : sa mémoire est intacte et, en attendant la mort, elle goûte une certaine satisfaction à mettre par écrit toute cette histoire.
Le deuxième récit nous relate les rencontres amoureuses de deux amants dont on ne connaîtra l'identité qu'à la fin. Lors de la première rencontre qui nous est rapportée, l'amant entreprend de conter à sa maîtresse une étrange histoire de science-fiction qui prendra un jour, faute de mieux, le titre de « le Tueur Aveugle. » de rencontre en rencontre, l'histoire et ses personnages gagnent en épaisseur et en sensibilité. Mais, par l'imbrication des deux fils, on finit par conclure que l'histoire en question a été éditée sous le nom de Laura Chase, après le suicide de celle-ci à 25 ans. Et l'amant, dant tout ça, alors ? ... Qu'est-il devenu ? ...
Enfin, le troisième fil intercale entre les deux autres des articles de presse, très souvent issus de la chronique mondaine des quotidiens locaux et qui présentent, eux aussi, une certaine vision de la famille Chase et de ses malheurs.
Avec « Captive », Margaret Atwood réussissait le tour de force de dévoiler son coup de théâtre final sans que le lecteur, si averti qu'il pût être, ne soupçonnât où elle voulait l'emmener. Avec « le Tueur Aveugle », on flaire la vérité un peu plus tôt mais ce roman n'en présente pas moins quelque chose d'envoûtant et d'impitoyable. le destin fait à Iris au nom du devoir familial est en effet épouvantable – je vous rassure, il n'a rien de misérabiliste : c'est l'absence d'amour dont elle pâtit que je trouve intolérable. le style est alerte et, peu à peu, on finit par devenir prisonnier de l'intrigue et par vouloir, comme dans un bon roman policier, savoir comment elle se dénoue. Pour ma part, je n'ai pas été déçue. ;o)
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Superbe
A mettre dans les chefs d oeuvre de la littérature mondiale.
(le terme Chef d 'oeuvre n'étant ici pas galvaudé comme parfois (souvent) )
La littérature ce n'est finalement pas compliqué : une histoire, des personnages, un Ecrivain et son Style... Style, et des lecteurs emportés, conquis, enthousiasmés, émus.......
Un livre noir et lumineux
merci Margaret Atwood pour ce sublime temps de lecture
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Le tueur aveugle est semble-t-il un classique de la littérature canadienne. Des critiques élogieuses composent la 4e de couverture, telles que "Du Jane Austen en très noir. Superbe." (International Herald Tribune). C'est donc avec beaucoup d'attentes que j'ai entamé de pavé de 600 pages...

En ce qui concerne Jane Austen, je n'ai pas du tout vu où se trouve la ressemblance. Toute famille a des secrets, plus ou moins noirs, plutôt noirs en ce qui concerne la famille Chase. Iris Chase, une vieille femme qui sent la fin venir, nous raconte l'histoire de sa famille au travers de ce XXe siècle chargé en crises sociales et financières, et en guerres meurtrières. Nous suivons ainsi l'histoire des Chase, depuis les grand-parents d'Iris, à l'origine de la richesse et de la puissance de la famille, à sa soeur, Laura, une jeune fille perdue, ballotée par les événements, jusqu'à sa mort dans un accident de voiture à 25 ans. Des événements qui prennent sens peu à peu pour le lecteur...

J'ai eu beaucoup de mal à entrer dans l'histoire. On a ici une véritable "poupée russe". Il y a l'histoire des derniers mois d'Iris. Puis l'histoire qu'elle nous relate au fil des pages, celle de sa famille. Mais il y a, parallèlement à tout ça, le roman posthume de Laura Chase, qui comporte une histoire entre un homme et une femme, mais également une histoire totalement différente que cet homme invente au fur et à mesure, de la pure science-fiction. Les chapitres se suivent et ne parlent pas de la même chose, c'est assez déroutant. Mais au final, on se prend d'affection pour Iris et Laura, et on s'habitue à ces différentes histoires, on finit par se poser tellement de questions qu'on attend impatiemment la suite afin d'en connaitre enfin les réponses.

Malgré cette construction bizarre et quelques longueurs, surtout vers la fin de l'ouvrage qui tarde à venir, j'ai passé un bon moment avec ce Tueur aveugle. Alors certes je m'attendais à mieux, mais je ne suis pas déçue pour autant.
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Une vieille dame revient sur le drame de sa vie, lorsque sa soeur s'est jetée d'un pont en automobile, quelques jours après la fin de la Seconde guerre mondiale. Lui laissant pour tout testament un roman. Un roman où un couple illégitime imagine un sombre récit de science-fiction.

Dès la mort de leur mère, Iris et Laura entretiennent une relation fusionnelle. L'aînée acceptant la responsabilité de gérer la personnalité fragile de la benjamine. Leur père est un patron paternaliste d'une usine de boutons qui ne survivra pas à la Grande dépression et la Seconde guerre mondiale. Pour sauver ce qui peut l'être, Iris accepte un mariage arrangé avec un homme qu'elle n'aime pas, lui-même industriel. Laura ne l'accepte pas et se brise en mille morceaux.

Lâcheté d'Iris qui refuse de voir sa soeur se détruire ? Aveuglement ? Jalousie de Laura ? En tout cas, tous les éléments sont là pour amener au drame que l'on connait.

Si le début du roman peut paraître nébuleux, avec notamment des articles de presse et surtout des extraits du roman de Laura, le tueur aveugle (avec notamment la planète Sakiel-Nom, des Snilfards et des enfants tueurs aveugles !), Margaret Atwood apporte peu à peu les pièces du puzzle, permettant au lecteur de reconstituer le déclin d'une famille, ses secrets, ses drames, mais aussi le contexte d'une époque, la crise d'avant-guerre, l'hypocrisie d'une société corsetée, la corruption par l'argent. Et même si le suspense est rapidement éventé, on a plaisir à tourner les pages et accompagner les personnages de ce drame. Tout cela raconté par une vieille dame de caractère (ou indigne, au choix), caustique (pauvre Myra qui s'occupe si bien d'elle !), à tel point qu'on ne la quitte qu'avec regret.
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Vous connaissez les gâteaux que les anglo saxons appellent "layer cake" : un coeur fondant avec plusieurs couches aux parfums différents tous plus bons les uns que les autres .
Ce livre est construit de la même façon , et je me suis régalée !
Au coeur du livre un conte fantastique ,puis une histoire d'amour , englobée d'une histoire familiale pleines de secrets le tout dans la grande Histoire du vingtième siècle .
Le suspense est maîtrisé à la perfection , la condition des femmes est également le thème principal de ce roman sur fond de vengeance .
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