Lui qui n’avait jamais su s’il serait un bon père, avait désormais la réponse. Rien n’est inéluctable. Le Mal n’est pas héréditaire. Les enfants battus ne deviennent pas forcément des tortionnaires à leur tour.
On peut changer, on doit changer !
C’était ce qui lui avait manqué le plus quand il était détective privé et désespérément seul du matin au soir. Même s’il n’avait rien contre des moments de solitude, il devait s’avouer qu’il n’y avait rien de plus agréable que de retrouver tous les matins ses collègues, son autre famille.
Il se demanda à quoi elle pouvait ressembler. Vingt ans avaient passé. Le temps transforme les corps et les esprits, était-elle toujours aussi voluptueuse et mystérieuse ?
Vingt-cinq ans, sans-gêne, une vraie peste. Elle prétendait être vendeuse dans un Walmart à Los Angeles. Plutôt une pauvre fille qui cherchait à vivre la grande vie avec un type bien plus vieux qu’elle.
-...Vous savez, la famille c’est tout ce qui nous reste quand on a tout perdu.
-Je vous comprends, sans ma femme et mon fils, je ne serais que l’ombre de moi-même.
Il regarda de l’autre côté de la berge. Les loups ne le lâchaient pas des yeux et remontaient la rive opposée en silence à près de cent mètres de distance. Si jamais l’idée leur venait de traverser la rivière, il était fichu. Il frissonna de plus belle. Certes, il y a des morts atroces, mais être dévoré par un animal lui paraissait la plus terrifiante qui soit.
— Laisse-toi imprégner de l’atmosphère. Nous sommes en plein Yukon, il n’y a rien à la ronde sur des centaines de kilomètres. Juste la nature. De la végétation et des animaux qui n’ont jamais vu l’homme ni de près ni de loin. C’est ça la vie.
...le pire n’est pas la mort de ma mère, mais l’arrivée d’une salope dans la vie de mon père.
Comme tu le sais, la vie n’a pas toujours été facile, et j’ai compris que si on veut se faire respecter dans ce monde, il ne suffit pas d’avoir un bon cerveau.
On se dit qu’on devrait appeler et chaque fois, on le fait pas.