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Citations sur Louis Denfert, tome 5 : Le royaume disparu (23)

- C'est toujours extrêmement perturbant de disséquer au matin quelqu'un avec qui vous avez déjeuné la veille, répliqua le jeune légiste.
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- Tout est faux ici.
- Un homme est pourtant mort pour de vrai.
- Son corps, pas son esprit.
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Louis observa ces hommes et ces femmes de haute stature, bien bâtis, la peau ornée de tatouages en relief pour la plupart. Certains leur adressaient le salut traditionnel, le bras levé trois fois à hauteur du visage.
— Belle race, observa Émile en leur répondant de même. Ils sélectionnent les plus beaux spécimens pour l’exposition. Les grassouillets et les courts sur pattes restent au pays.
Louis désigna la case-mosquée.
— Je croyais que la population était en grande partie animiste.
— Exact, confirma Émile. Mais l’islam gagne du terrain dans le Nord. On voit même des Noirs catholiques s’y convertir, sans doute parce que la foi mahométane permet la polygamie. Le colonel François pense que ce n’est pas une mauvaise chose : n’importe quelle religion plutôt que pas de religion.
— Mais le vodun est une religion, objecta Albert.
— Quoi ? Adorer de vieux bouts de bois et des poupées de paille ?
— D’un point de vue scientifique, il n’y a pas grande différence entre se prosterner devant un fétiche ou devant sainte Rita, s’obstina Albert
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Des Amazones de la garde royale avaient été engagées par Gantois, d’autres se produisaient avec des troupes de danseurs indigènes. Quelle déchéance pour ces guerrières d’élite, impitoyables et insensibles à la douleur, de se retrouver à se trémousser devant un parterre de faces blêmes !
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Couché sur une des tables de marbre noir de la salle d’autopsie reposait le cadavre sans tête. Celle-ci avait été installée dans une panière remplie de glace et, placée sur la paillasse en zinc, semblait les dévisager. Le corps, très musclé, aux pectoraux saillants, ressemblait à une statue grecque en ébène.
— Qui a apporté le défunt ? demanda Albert au commis de salle.
— Un sergent de ville. Le chef de village l’accompagnait. Un grand Noir vêtu à la musulmane. D’après lui, le mort se nommait, attendez que j’prenne sa fiche, ah voilà, Olakonitan Hazoumè. Tu parles d’un blaze !
— Vos commentaires ne sont pas nécessaires.
Le commis s’éloigna en faisant la tête.
— Louis, rendez-vous utile, téléphonez à la Préfecture et demandez qui s’occupe de l’enquête.
— Permettez, je préviens d’abord ma rédaction.
Louis se dirigea vers le téléphone mural récemment installé et appela Le Petit Éclaireur.
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— La nuit a été fructueuse ? demanda Louis en sifflant une gorgée de café bouillant.
— Hélas ! Deux noyés, un enfant battu à mort, un ivrogne poignardé, une défenestrée…
— La routine, marmonna Louis dépité.
— Et ce cadavre décapité ! continua le greffier.
— Quel cadavre décapité ?
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— Ne m’avez-vous pas dit que Camille était la marraine d’un petit Sossa, né au village noir ?
— C’est son imbécile d’Edmond Rostand qui lui a demandé de tenir le rôle. Tout est bon pour se faire de la mousse dans la presse.
— Vous êtes jaloux de l’homme ou du dramaturge ?
— Je ne suis pas jaloux !
— Hum. Maintenant qu’elle est marraine d’un charmant bambin dahoméen, Camille serait sans doute attachée à ce que vous lui rameniez des images de ce beau pays fraîchement conquis à la civilisation.
— Des images ? Je ne suis pas peintre, je suis journaliste.
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Le cœur battant, Bidossessi tendit la main vers le visage familier aux traits réguliers et aux yeux grands ouverts. Un morceau de bois sculpté dépassait de la bouche d’Olakonitan. À l’instant où il allait s’en saisir, une forte voix le fit sursauter :
— Qu’est-ce qui se passe ?
C’était Jean Arimi, le contremaître promu « chef de village ».
Bidossessi se retourna vers le Noir imposant vêtu d’un caftan rayé, qui tenait un fusil et semblait paniqué.
— Non pas moi ! Laisse-moi ! cria Arimi à la vue du masque qui pivotait vers lui.
Alertés par les cris, deux gardiens accoururent et s’arrêtèrent net.
— C’est quoi, c’te blague ? lança le plus vieux, un ancien marin buriné.
— La meule de foin va nous l’expliquer, dit le plus jeune, un chômeur recruté sur place.
Ces imbéciles ne voyaient-ils pas que l’âme d’Olakonitan avait besoin d’aide ?
— Ne bouge pas, répéta le vieux comme Bidossessi faisait un pas, ne touche à rien. Et enlève ce costume. La police française n’aime pas les clowns.
Arimi restait muet. Bidossessi le fixa avec amertume à travers son masque. Il se taisait devant les deux Blancs. Mais comme tous ceux de son peuple, il connaissait la puissance du vodun. Et il avait peur.
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De nouveau cette ombre furtive. Les poings serrés sous le costume sacré, Bidossessi virevolta jusqu’à la halle à palabres, tout près de l’atelier des fabricants de cannes, comme disaient les Blancs. Ils ne comprenaient rien aux kpo, aux bâtons. Ils les utilisaient uniquement comme troisième jambe. Ils ne faisaient pas la distinction entre kpota, la canne-bâton pour assommer un animal, kpoguè, la canne de marche, aligopko, la canne des princes héritiers, aglopko, la canne des joueurs de tambour ou makpo, la plus importante, le bâton de la rage. Et de ce fait, ils ne savaient pas lire les messages que les cannes transmettaient.
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Le destin de la puissance. Bidossessi n’avait pas la prétention de deviner le destin ni surtout de pouvoir l’esquiver. Il n’était qu’un instrument. Le réceptacle de volontés supérieures. Tandis que ses pensées humaines s’entrechoquaient comme des pois dans une calebasse, le regard froid et acéré de sa divinité tutélaire scrutait les ténèbres.
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