Il faut que j'entreprenne d'autres lectures, sinon je ne pourrai plus parler le langage humain, perdue comme je le suis dans ma mer des Sargasses intérieure, sans paroles.
Comment rompre par la langue le lien que la langue a tissé ? Ou encore : Comment réinventer sa propre langue au sein de la langue maternelle?
Je cherche à comprendre ce que, par l'écriture, elle a sauvé de la vie et ce qui, de l'écriture, l'a sauvée elle aussi. Je crois qu'elle a été violemment, excessivement vivante, que de la vie elle a tout embrassé, mort incluse. Et je crois que l'écriture nait de ça : de la sensation ( effroi et emerveillement) d'un excès de la vie sur elle-meme que la vie ne suffit pas à combler.
On ne sait jamais à quoi, à qui l'on survit : à ceux que l'on a perdue, à l'enfant que l'on a été, aux possibles que l'on n'a pas choisis, à ceux qui se sont pétrifiés?