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Citations sur Saint Phalle : Monter en enfance (18)

Elle ne se raconte pas d’histoires, elle ne se bande pas les yeux : elle cherche derrière le crime privé, la loi générale. Cette loi qu’elle énonce, c’est celle de la domination, de la tentation du pouvoir absolu, mais aussi d’une « fausse » révolte et d’une « lamentable rébellion ». Elle n’aura, pour trouver la sienne, qu’à en inverser les termes : créer, au lieu de détruire, passer du côté des dominés, aller vers la « vraie révolte » : « Le viol me rendit à jamais solidaire de tous ceux que la société et la loi excluent et écrasent. » Il faut, pour mener à bien pareille inversion, un sacré courage, et un formidable appétit de vie. De fait, tout se passe comme si elle était étrangère aux passions tristes. « Ne pas rire ; ne pas pleurer, ne pas détester, mais comprendre » : on connait la maxime de Spinoza. Saint Phalle ne pleure pas (ou juste des pierres), elle comprend, mais elle rit – et elle raille, elle déraille, elle déteste, aussi, on y viendra.
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Mais Saint Phalle est une femme, alors on s'autorise à la designer par son prénom, comme on le fait pour les mannequins, les actrices, les autrices.
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(...) je la piste, je pars sur ses traces, j'emmène avec moi l'enfant terrifiée qu'il m'a fallu, pour grandir, laisser dans sa cachette obscure- je suis venue te chercher,tu vois, un peu en retard mais je suis là, allez, viens, n'aie pas peut, on a au jardin.
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Pourquoi s'enfermer dans un rôle ? homme, femme, vieillard, enfant, nous sommes-nous pas tout cela à la fois? on se rend très malheureux en se coupant de ces possibilités.
Être tout, vouloir être tout, ici encore Saint phalle parle comme Sylvia Plath, ou comme la sorcière de Michelet qui a envie du Tout du Grand tout universel et c'est là, plus profond que l'appétit de vengeance, de conquête, ou de domination, le vrai désir, le désire monstre dont naissent des mondes et qui ne satisfait d'aucun empire.
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Des " bricoleurs superlouches" , donc, une tribu de princes-ouvriers et de poètes-artisans, dont les noms, mêlés à ceux de Dieux antiques, sont gravés en caractères grecs sur les allées du jardin.
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Comme de la chambre, comme des musées, elle est sortie du monde. «Il faudrait, écrit Heinrich von Kleist, faire le tour du monde pour voir s’il ne s’y trouverait pas, quelque part derrière, une autre ouverture. » Cette ouverture, elle l’a percée. C’est en Toscane, dans la Maremma : enfoui sous les chênes, les oliviers et les cyprès, épousant la pente d’une colline qui dévale doucement vers la mer, un jardin où reposent, placides, barbares et miroitantes, des figures nommées d’après les arcanes majeurs du tarot : La Force et Le Magicien, La Papesse et Le Fou, L’Empereur et Le Pendu, Le Monde et La Mort, La Justice, L’Impératrice, La Lune, d’autres encore – tous sont là. Leurs flancs pleins, sertis de céramiques et d’éclats de miroirs, leurs lignes frêles de Skinnies, abritent, outre ce jeu du hasard et du destin, des mythes anciens et des rituels naïfs, des gestes de conjuration et des peurs archaïques. À croire que le Jardin des Tarots a toujours existé, que Saint Phalle l’a, non pas créé, mais découvert, caché derrière une porte secrète du monde, enfoui dans un pli du réel.
Ce jardin, elle l’appelle son « destin ». Elle en a eu la révélation très jeune, en 1955, alors qu’elle arpentait l’Espagne avec son premier mari, l’écrivain Harry Mathews. Un jour, elle est entrée dans le Park Güell, construit par Gaudí sur les hauteurs de Barcelone, et elle a su d’évi‐ dence qu’elle devait faire ça : édifier à son tour un « jardin de joie », un « jardin des Dieux ». Ce fut, dit Bloum Cardenas, sa petite‐fille, « son jour Eurêka ». Saint Phalle a fait le tour du monde, détruit, construit, et des années après, en 1978, est venu le temps du Jardin. Pendant près de vingt ans, elle a travaillé à faire surgir des ondulations de la colline ce que Baudelaire nomme le beau bizarre. Modeler des maquettes de terre agrandies ensuite à l’échelle par Tinguely et son « œil médiéval », tresser d’arachnéennes armatures de fer, pulvériser du béton, mouler et cuire des céramiques, tailler et agencer des fragments de miroirs – mais aussi détourner les sources, apprivoiser les pierres, les épineux, le maquis de genêts et de genévriers, les troncs courbes des chênes et des oliviers : travail de pharaonne et de sorcière. Une équipe s’est peu à peu constituée : amis et collaborateurs de toujours, prince et princesse de Grèce, céramistes, maçons et jardiniers, postier et cuisinière, Tinguely, bien sûr, qui détestait le mot « artiste », préférait se dire « poète », au sens ancien, « celui qui fait », c’est tout, ou encore « bricoleur superlouche ». Des bricoleurs superlouches, donc, une tribu de princes‐ouvriers et de poètes‐artisans, dont les noms, mêlés à ceux de dieux antiques, sont gravés en caractères grecs sur les allées du Jardin.
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Les Nanas sont pleines, et elles sont le plein elles n'ont besoin de rien, pas même du monde et encore moins des hommes. Elles sont à elles seules un monde, une sphère paisible, close et autarcique.
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La famille est une arène où l'on s'entredévore. La morale [y] était écrasante comme une canicule
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L' enfance fêlée ouvre au mythe. Pas seulement à l ' art , à la littérature, ni même aux contes et aux légendes, mais au mythe.
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Il n'y a au Tarot , ni vainqueur ni perdant, un mât, certes, mais pas d'échec : c'est soi-même que l'on joue, un soi multiple, kadeidoscopique, dissocié en figures impersonnelles dont les combinaisons offrent un miroir où contempler toujours un nouveau visage, miroir où contempler toujours un nouveau visage, une nouvelle histoire,un nouveau possible.
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