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Pour Nikki Saint Phalle, l'enfance est un monstre auquel elle tentera toute sa vie d'échapper. Artiste enfant aux sculptures primitives et monumentales.

Artiste enfant qui redonne au visiteur de ses oeuvres un regard innocent mais étrangement inquiet.

Artiste enfant soldat peignant aussi bien au pinceau qu'à la carabine.

Toute l'oeuvre de Nikki Saint Phalle sera monumentale, extra-ordinaire et féminine.

Sculptrice mère abritant son enfance, une enfance morte lorsqu'elle fut violée par son père à l'âge de onze ans. Nikki Saint Phalle qui fait de sa souffrance d'immenses bulles de tendresse protectrices et colorées autant que de géantes puissantes et dévorantes. Nikki Saint Phalle papesse et magicienne surréaliste sera de tous les combats politiques, philosophiques et sociaux de son époque.Gwenaëlle Aubry nous invite à une lecture profonde et ludique de l'oeuvre de Nikki Saint Phalle.

Manuel d'histoire de l'Art, récit d'Histoire tout court, mais aussi tendre autofiction, la romancière explore la vie et les blessures de l'artiste et nous propose un autre regard sur son travail.

En refermant son livre, il nous vient une furieuse envie de Toscane pour musarder et se perdre dans son Jardin des Tarots, au Pays des Merveilles de Nikki...
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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L'autrice retrace la vie et analyse les oeuvres de Nikki de Saint-Phalle, célèbre sculptrice du XXème siècle, féministe avant l'heure, sans pudeur ni complexes.
Il m'a été nécessaire de regarder les photographies de son art sur Internet (un catalogue papier aurait aussi bien fait l'affaire) pour suivre le fil du récit.
Le livre est foisonnant, à l'image des sculptures bariolées de l'artiste, dont l'enfance malheureuse, la vie maritale insatisfaite (elle quittera d'ailleurs mari et enfants pour s'accomplir vraiment), l'amour d'un confrère avec lequel elle travaillera (Jean Tinguely), et les douleurs de la vieillesse ont servi d'inspiration.
Elle créera le "jardin des tarots" en Toscane, aidé par un groupe (une tribu) de maçons italiens dans lequel chaque oeuvre gigantesque - à l'intérieur desquelles il est parfois possible d'entrer - représente une carte du jeu. Gwenaëlle Aubry le visitera avant que la crise sanitaire ne s'immisce dans l'écriture de son livre ; à la fin de celui-ci, la réalité actuelle entre en résonance avec cette biographie fort intéressante.
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Saint Phalle Monter en enfance n'est pas une biographie comme les autres car Gwenaëlle Aubry procède à l'analyse de sa dernière oeuvre, en révèle les liens, les perspectives avec son histoire intime, sa personnalité et ses révoltes.
Gwenaëlle Aubry arpente le Jardin des Tarots pendant sept jours à la recherche de la petite fille, Marie-Agnès, un des véritables prénoms de Niki de Saint Phalle. Cette enfant est marquée par la violence, les conventions et les exigences, notamment de son milieu social, mais aussi de la quête de liberté et de provocation qu'elle a su poursuivre pour affirmer son indépendance.
Le jardin des Tarots
Situé en Toscane, il est l'incarnation du rêve de l'artiste depuis sa jeunesse. En effet, avec son premier mari, Harry Williams, Niki de saint Phalle avait visité l'Europe. Elle était tombée en extase dans le Parc Güell de Gaudi à Barcelone. Elle en avait même ramené la technique de Trencadis associée à la peinture projetée.
Décrite comme une matrice, ce jardin ésotérique s'inspire des vingt-huit figures du Tarot divinatoire. Il est constitué d'immenses sculptures de mosaïque. Elles représentent tour à tour des formes qui font la synthèse de son désir de création, de ses préoccupations de femme, de son histoire et de ses révoltes.
Conçu pour être un lieu où les enfants s'amusent, y éclatent de rire, affolés par ces géants si fragiles qui scintillent au soleil. Ils rappellent les contes et légendes qui font tellement peur qu'on en éclate de rire pour la conjurer. de cette enfance, Gwenaëlle Aubry affirme « sans doute sait-elle que ce ne sont pas les monstres qui pourchassent les enfants, mais que l'enfance est elle-même le monstre auquel on tente, sa vie entière, d'échapper. »!
Ce jardin se découvre par un sentier courant de formes en formes. Gwenaëlle Aubry les décrit, les relie pour en découvrir les détails associant les différents écrits personnels de l'artiste, les événements de sa vie mais aussi ses performances et autres installations. Comme une toile d'araignée, l'écrivaine replace le tout dans l'ensemble de son oeuvre détaillant les influences. L'expérience Dada n'est pas des moindres ( » que chaque homme crie ; il y a un grand travail destructif, négatif à accomplir. Balayer, nettoyer »). Elle y ajoute le Facteur Cheval, l'ami Marcel Duchamp mais aussi Bosch et le Douanier Rousseau.
Mais avec Jean Tinguely, le roi suisse des machines inutiles ou son « Gabin jeune et brun « , Gwenaëlle Aubry raconte cette collision cosmique qui invente ensemble « 3600 façons d'être déséquilibrés ».
Même, l'imposante Impératrice en forme de Sphinx se transforme en appartement – mère protectrice où la chambre se love dans un des seins de la forme. En faisant un parallèle avec Louise Bourgeois, artistes toutes deux nées de violences, la mère protectrice permet de revenir à l'enfance, à l'avant, pour y retrouver l'essence d'un monde où Gwenaëlle Aubry dissèque, suture et recherche comment Niki s'est pansée.
Dans Saint Phalle Monter en enfance, Gwenaëlle Aubry nous invite à lire les signes qui relie la dernière composition à la vie de l'artiste Niki de Saint Phalle pour laquelle elle a travaillé sans relâche pendant plus de vingt ans, presque jours et nuits. L'aide de quelques ouvriers fidèles, attentifs, respectueux devant cette force de création nous permettre d'être ébloui, au sens propre comme au figuré, sous le soleil de Toscane. Pour le plaisir de redécouvrir sous un jour particulier une oeuvre foisonnante !
Chroniques avec photos ici
https://vagabondageautourdesoi.com/2021/09/11/gwenaelle-aubry/
Lien : https://vagabondageautourdes..
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#SaintPhalleMonterenenfance #NetGalleyFrance
Avant tout merci à NetGalley et aux Editions Stock de m'avoir permis de lire ce livre, avant sa parution ( 8 septembre). C'est un livre ardu, mais avec un foisonnement de références. On sent que l'auteure, Gwenaëlle Aubry, connait parfaitement son sujet. le sujet c'est Niki de Saint Phalle, sa vie son oeuvre replacée également dans le contexte des autres artistes de son époque, des différents mouvements littéraires et artistiques qui ont pu influencer ses choix. le titre "monter en enfance" avant tout, en effet on tombe en enfance, mais Niki n'a pas eu réellement d'enfance donc elle a du se la conquérir, et cela lui a permis aussi de s'élever, d'aller vers une résurrection, une catharsis après toutes les choses horribles qu'elle a vécu dans son enfance, et puis après. En analysant son oeuvre, on comprend pourquoi elle a d'abord voulu se protéger avec les Nanas, se défendre et se redonner de la force avec les Tirs, sortir des chemins classiques avec Hon, et finalement accéder encore plus haut avec son jardin des tarots. Avec l'aide et l'émulation de Jean Tinguely, elle va monter en enfance, et monter aussi dans ses capacités artistiques, et surtout pouvoir parler des sujets qui la touchent, le féminisme complet, le racisme, surtout pour des femmes.
Cette fresque est dure, mais elle sonne juste lorsque l'on regarde ses oeuvres, je n'ai vraiment qu'une seule hâte aller d'abord à Bomarzo voir le jardin des monstres, qui avec le palais du facteur cheval et les oeuvres de Gaudi ont été les déclencheurs du Jardin des tarots, et ensuite me laisser submerger en entrant dans le jardin des tarots, et faire réellement connaissance avec Niki, ce sera pour bientôt je pense. Superbe livre.



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Ce livre est un de ceux que j'ai le plus aimé découvrir cette année. J'habite depuis un an près du Cyclop' et si j'ai déjà un peu enquêté sur Nikki de st phalle et Jean Tinguely, j'ai été subjuguée,ce mot n'est pas trop fort,par cette biographie.C'est à la fois un condensé d'émotions, grâce à une écriture très sensible,une recherche historique,psychanalytique,psychologique,sociologique, très poussée et le tout deborde d'une grande tendresse pour cette femme à l'enfance blessée
qui fera de ces traumatismes une force indomptable en les mettant à voir dans ses oeuvres,et non en les cachant. En plus d'être un livre sensible et très respectueux, il est également très documenté sur la société et les prises de position des artistes à l'époque , ainsi si je connaissais le féminisme de Nikki de st phalle, j'ignorais ses prises de position en faveur des Noirs.
Femme qui s'est totalement reconstruite après avoir été détruite , enfant, elle n'était d'aucune école,d'aucun parti,sinon celui du coeur,de la démesure,de la création sans borne,sans frontières.
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Quelle bonne idée cette montée en enfance.
Niki de Saint Phalle n'a fait que remonter en enfance, toute sa vie.
Elle a évacué sa colère et sa rage dans ses oeuvres, à coup de fusil.
Vivre enfin son enfance à l'age adulte parce qu'on l'en a privé dans ses premières années.
Les Nanas, les Mariées, les Accouchées, Hon toutes ses oeuvres sont des étapes de la vie des femmes et un seul cri de victoire sur les violences subies.
Et enfin l'apaisement au Jardin des tarots.
Un beau récit de la vie survoltée de femme unique.
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De Gwenaelle Aubry, je n'ai lu que deux titres : "Lazare mon amour" et "Persephone 2014". C'est un auteur à l'écriture tout à fait singulière, pas toujours évidente, très riche de nombreuses références. J'ai voulu lire "Personne", livre abécédaire qui nous parle de son père, maniaco-dépressif (bipolaire) : je n'ai pas pu, peut être parce que ce sujet est malheureusement trop proche de moi, qu'il me renvoie à un membre de ma famille qui souffre de la même pathologie, je ne sais pas.. J'ai laissé "Personne" comme on rejette un miroir qui vous tend une image déplaisante.
J'ai, malgré mes appréhensions, été tout de suite tentée par le texte "Saint Phalle, Monter en enfance". J'ai aimé ce que l'auteur a "extrait" de Sylvia Plath dans "Lazare mon amour" et je me doutais que son approche De Saint Phalle serait tout sauf conventionnelle : c'est le cas et c'est très intéressant.
Bien sûr, on y retrouve la biographie de l'artiste, mais vraiment dans le fonds de la toile qu'a tissé Aubry autour d'elle. Ici, c'est vraiment le personnage, l'artiste dont nous parle l'auteur au travers de ses oeuvres, ses performances. L'auteur a utilisé comme point de référence le Jardin des Tarots qui se trouve en Toscane, à Garavicchio. Saint Phalle va pouvoir y donner toute sa puissance, sa créativité, Tout au long des arcanes majeurs qui composent le jardin (qui m'a bien sûr rappelé le jardin Guëll à Barcelone de Gaudi), l'auteur livre et délivre le parcours de Niki (avec un seul K) Saint Phalle (alias Catherine de Saint Phalle, née et issue d'un milieu aisé, mariée de façon fort conventionnelle, mannequin, mère de famille de deux enfants) Catherine, comme "la femme gelée" d'Annie Ernaux qui se réveille et qui s'affranchit dans un monde qui attend d'une femme qu'elle soit toujours présente pour ses enfants, mais comment est-ce possible lorsque votre enfance a été fracassée ?
On dit des arcanes majeurs qu'ils représentent les enseignements à partir desquels une personne construit sa personnalité et obtient de l'expérience. En ce sens, le jardin des tarots de St Phalle en est la représentation en 3 D.
Je garde de ce texte, une grande poésie, comme une leçon philosophique, toujours cette étrangeté des mots de l'auteur et sa façon de les agencer, une grande richesse culturelle. le roman est dédiée à sa grand-mère, devenue sénile et décédée durant l'écriture du livre : une grand-mère très aimée semble-t-il, au delà de la maladie, redevenue une enfant, accompagnée par une autre enfant : Gwenaelle Aubry devenue adulte, mais qui a gardé de l'enfance, sa magie.
Merci à Net Galley et au Mercure de France de m'avoir permis de découvrir ce titre.
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Face à la noirceur, une vie de jeu et un jeu de la vie tout en rayonnement solaire – superbement exploré au fil des cartes déjà distribuées ou créées au fur et à mesure.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2024/04/07/note-de-lecture-saint-phalle-monter-en-enfance-gwenaelle-aubry/

J'étais fort curieux de découvrir comment Gwenaëlle Aubry, après les magnifiques échappées romanesques de « Partages » (2012), « Perséphone 2014 » (2016) et « La Folie Elisa » (2018), allait inventer à nouveau une forme distinctive pour revenir presque quinze ans après sur le terrain de la biographie, terrain qu'avait parcouru si fort – au prix d'une douleur intime savamment maîtrisée – son « Personne » de 2009. Publié en 2021 chez Stock, « Saint Phalle – Monter en enfance » ne déçoit pas : pour rendre compte d'une vie complexe, aussi sombre que solaire et ne dédaignant jamais la possibilité d'un paradoxe, elle a su aller chercher dans les cartes à jouer, à penser et à rêver du Jardin des Tarots, en Toscane, oeuvre d'une vie ou presque pour la grande plasticienne, de quoi inventer une approche spécifique, déjouant les pièges du récit linéaire sans se risquer à concurrencer l'exceptionnelle mosaïque construite un an plus tôt par Caroline Deyns dans son « Trencadis ».

Pour appréhender dans sa pleine profondeur de champ une vie aussi oscillante, aussi fureteuse et aussi potentiellement déroutante dans toute sa liberté que celle de Niki de Saint-Phalle, Gwenaëlle Aubry s'est penchée sur le jeu – jeu pratiqué et jeu rêvé, mais aussi jeu créant du jour dans l'épaisseur barricadée de la nuit. Si les cartes de tarot proposaient bien pour cela une forme secrète – et en tout état de cause, à tenter – de fil conducteur, elles étaient aussi, sans aucun doute, une bien tentante invitation à la cryptographie et au décodage, à la divination structurelle capable de donner tout son sens à une vie d'élans et de contrastes. Trouver au bout de ces sentiers ayant maintes fois bifurqué, et malgré la présence potentiellement accablante des traumatismes originels, l'enfant qui joue plutôt que le chameau qui supporte : conduisant avec opiniâtreté – mais sans jamais négliger la beauté qui rayonne souvent comme à l'improviste, son programme d'exploration et de remontée aux sources (forcément multiples, voire travaillées de résurgences secrètes), Gwenaëlle Aubry nous offre un fabuleux voyage esthétique et paradoxalement politique, parfaitement complémentaire de celui, sus-mentionné, entrepris aux côtés de Caroline Deyns, dans les engageants méandres d'une oeuvre et d'une personne aussi célèbres que toujours à découvrir.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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