AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Rue de l'Échelle (10)

D'ici, nous avons une vue magnifique. Nous contemplons le coteau qui domine la Loire et une partie de Saumur. Tout habillé de vert, du haut de ses quatre-vingts mètres, il longe la Loire, l'accompagne loin par delà l'horizon. Il veille sur elle...
Veille aussi, le château Majestueux, fier de ses hautes murailles que le soleil inonde de lumière. Et elle, la Loire, lorsque le vent ne frise pas sa surface, se fait le miroir de son imposant seigneur.
Commenter  J’apprécie          230
Le samedi de Pâques était pour nous, une journée harassante. On ouvrait le salon à sept heures du matin et malgré cela ils étaient déjà quatre ou cinq clients à attendre à la porte. À midi, nous ne fermions pas. Chacun notre tour, nous montions manger. Quinze minutes nous suffisaient. À dix-neuf heures, toujours service rapide. Nous terminions notre journée vers minuit, une heure du matin.
C'était la plus forte recette de l'année. Ce soir-là, ou plutôt cette nuit-là, je m'endormis tout habillé sur mon lit. Nous étions très loin de la semaine des trente-cinq heures.
Commenter  J’apprécie          190
Neuf heures. Le soleil est déjà haut, il commence à faire chaud. Léon remonte une bouteille qu'il avait descendue au fond, là où la rivière garde sa fraîcheur.
Le cidre bouché, ça demande du temps avant de le boire. Le plaisir n'en est que plus grand. Le bruit du bouchon qui saute réjouit Léon. Ça mousse, déborde des verres, pétille. Tu en as plein le nez et les yeux. Rotant comme un charretier, Léon se marre. Le ventre plein, désaltérés, on se regarde, complices.
Commenter  J’apprécie          180
Quand on me demande ce qui m'a donné envie d'écrire, je réponds presque invariablement que certains auteurs, quelques livres ou BD et pas mal de films en supportent toute la responsabilité. Ce n'est pas totalement vrai...
En réalité, ce sont les histoires que mon père me racontait qui me faisait le plus rêver. La Loire de son enfance. Le Saumur des années 20à 40. Ces drôles d'univers qu'il décrivait, faits de braconniers sympathiques et de cours d'eau mystérieux abritant des monstres qui devenaient mythiques au fil de ses récits. Ces arrières et arrières-arrières grands-parents dépeints comme des personnages rigolards ou romantiques, mais toujours fascinants. Leurs vies et leurs morts magnifiques. Des aventures grandioses, mais toujours humaines, faites d'amours et d'amitiés, de sourires et de larmes. De vies.
Celles de mes ancêtres.
Commenter  J’apprécie          180
J'avance attentif et silencieux, m'arrêtant au moindre bruit. Je fais tout pour que l'on ignore ma présence, mais il me faudra bientôt passer devant le cimetière et je redoute ce moment. Il fait très chaud. Cette nuit sera favorable aux feux follets, ces petites flammèches incandescentes qui voltigent au gré des vents, disparaissent puis renaissent un peu plus loin.Sautillantes, elles dansent une sarabande effrénée. On raconte que ce sont les âmes de tous les gisants qui viennent jouer à cache-cache profitant de l'air tiède de cette fin d'été. Les vivants prennent bien le frais le soir.
Je suis déjà à mi-chemin. Dans vingt minutes je serai dans mon lit. Quand soudain un cri terrible retentit. Insoutenable. Un cri d'horreur et de désespoir qui me glace le sang. J'écoute pétrifié. Mon cœur bat la chamade... On égorge sûrement !
Commenter  J’apprécie          173
En évoquant le passé, oncles Roger et Auguste, vous m'avez dit des choses si douces à entendre sur mon père, que je vous en remercie pour l'éternité.
Cher papa qui la nuit faisait de terribles cauchemars, principalement les premières années qui suivirent la fin de la guerre. Trempé de sueur, le regard halluciné, il criait se débattait, luttait contre d'invisibles démons qui revenaient sans cesse hanter son sommeil.
*Nettoyeur de tranchées, pour un être normalement constitué... Les souvenirs de cette période devaient être impossibles à assumer.
Heureusement, maman était là pour le réconforter et l'aider à combattre ses fantômes.
Je revois grand-père Benoît et papa assis côte à côte devant un grand feu de cheminée crépitant joyeusement. Et j'entends papa disant à grand-père :
_ Pour rien au monde, je ne voudrais revivre cela. Si nous devions avoir une autre guerre, je n'hésiterais pas à tout laisser. Nous irons vivre en Suisse, s'il le faut...
Commenter  J’apprécie          150
Je fais halte près d'une haie d'aubépine. Des années et des années ont passé, pourtant je n'ai jamais oublié la suave odeur de l'aubépine, celle de mon enfance...
L'abondance de ces minuscules fleurettes blanches se serrant très fort les unes contre les autres, comme craintives, formait de longues barrières virginales tout le long des fossés. Comme elles embaumaient dans ce joli mois de mai ! Aujourd'hui, elles se font rares et, surtout, n'ont plus le parfum de ma jeunesse...
Pardon ? Vous dites ? C'est l'âge ? Peut-être...
Pourtant, approchez-vous, écoutez le doux murmure.
Des milliers et des milliers de moucherons, minuscules, s'affairent autour des fleurettes. Les abeilles aussi sont de la fête. Je pouvais rester ainsi de longues minutes à écouter ce doux bruit. Rehaussant le léger bourdonnement, une petite brise diffuse l'entêtant parfum. Tout est calme. J'ai un peu sommeil. Aubépine, aubépine... Comme ce mot est doux à l'oreille. Magie d'un mot qui soudain devient irremplaçable.
« Coucou ! Coucou ! » Lointain, l'appel retentit, presque mystérieux. Ce chant est à l'unisson de l'instant qui passe. Je respire avec délice l'odeur sucrée qui devient de plus en plus pénétrante à mesure que le soleil prend de la hauteur. Allongé dans l'herbe, presque endormi, j'observe les branches des grands arbres qui s'inclinent au vent, permettant au soleil d'éclairer brièvement l'ombre des fourrés. Ébloui je ferme les yeux. Il est presque midi. Le soleil brille de tout son éclat...
Commenter  J’apprécie          142
Non, non, non et non ! Selon monsieur Paul, seul l'osier semblait devoir répondre aux dures exigences de la traque du gibier en question :
_ Il a l'intelligence souple. C'est un bois hardi, têtu, obstiné. Un bois doué. Il y a des chiens pour uniquement chasser le lapin. L'osier c'est pareil. C'est un bois à bêtes à cornes. Un bois à escargots.
Commenter  J’apprécie          130
Ah, ça bouge... Les algues s'agitent, une grande palme s'incline. Majestueuse, une brème imposante vient folâtrer, se caresser aux tiges des nénuphars, puis disparaît...
C'est comme si je contemplais un immense aquarium. À plat ventre, doucement, je me rapproche. Seuls mes yeux surplombent le bord du muret. Des écrevisses glissent sur le sable, cherchant leur nourriture sous les pierres. Presque en surface , un banc de rotengles évolue paresseusement au soleil qui fait briller leurs nageoires et incendie le corail de celles-ci.
J'observe toujours. Revoici madame la brème, elle batifole, se couche sur le flanc comme pour mieux frotter ses écailles au sable fin. Quelle bête !... Nonchalante, elle joue comme un gros bébé, se prenant pour un miroir. D'une révérence, elle capte un rayon de soleil, éclaboussant de lumière l'ombre des grandes algues.
Lueurs fugitives qui un court instant , embrasent cette sombre et mystérieuse forêt aquatique. Zébrant l'eau d'éclairs rapides, un banc d'ablettes fuse avec à leurs trousses un brochet, sinistre. Raté ! Tout ce petit monde est maintenant planqué dans les herbiers. Pourtant notre redoutable affamé n'abdique pas.
Commenter  J’apprécie          100
Mes enfants, avant de vous quitter, sachez que si un jour vous avez besoin d'un conseil, d'un service, venez me voir, je vous accueillerai comme un père - sa voix s'était soudain altérée. Arrêtez-vous, même si c'est pour me dire un petit bonjour en passant.
Commenter  J’apprécie          10




    Lecteurs (19) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Les écrivains et le suicide

    En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

    Virginia Woolf
    Marguerite Duras
    Sylvia Plath
    Victoria Ocampo

    8 questions
    1718 lecteurs ont répondu
    Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

    {* *}