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4,25

sur 1130 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Une réussite.
Ce deuxième livre de Morgan Audic est remarquable, à double titre : son intrigue et son décor.
Il s'agit d'un polar qui s'attache aux pas de deux personnages principaux, tous les deux flics "cabossés par la vie" selon une expression devenue cliché. Un Russe recruté comme détective privé et un ex-milicien Ukrainien, qui cherchent à élucider un horrible assassinat, puis deux, puis trois... Ils se croisent vaguement, rencontrent successivement les même personnages et avancent tous les deux parallèlement vers la clef de l'énigme, laquelle trouve son origine dans la catastrophe de la centrale de Tchernobyl. Celle-ci mérite bien son nom dans la mesure où cette zone désolée et théoriquement désertée, sert de décor - lugubre - à l'intrigue. On y trouve des HLM dévastés par les pillards, des vieux paysans revenus clandestinement dans leur masures, des ONG écologistes, des trafiquants locaux, des maffieux puissants et des policiers clochardisés ou plus ou moins corrompus. En toile de fond le conflit du Donbass - le roman a été publié en 2019.
On y croit. On aimerait d'ailleurs savoir comment l'auteur s'est documenté, combien de fois il s'est rendu sur place, qui il a rencontré pour réussir à livrer une description aussi saisissante de la réalité locale, des rapports particuliers entre les deux populations, faits de mépris réciproque et de détestation larvée.
Bref, Audic donne l'impression de savoir de quoi il parle et c'est peu fréquent dans la littérature policière française.
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Un thriller palpitant, même si j'ai trouvé le démarrage à peine long. Mais finalement indispensable pour la suite de l'intrigue !

L'histoire se déroule en Ukraine, dans la zone contaminée par la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, un thème que je trouve passionnant.
Un policier local mène l'enquête après qu'un corps ait été retrouvé à Pripiat, tout près du réacteur numéro 4.
Un autre, russe, est embauché par le père de la victime pour se rendre sur les lieux et lever le voile sur le meurtre plus rapidement.
Au cours de leurs enquêtes, d'abord indépendantes, on revient sur l'histoire de ce pays qui faisait autrefois partie de l'URSS, et sur les événements du 26 avril 1986, auxquels le meurtre est intimement lié.

J'ai beaucoup aimé ces deux personnages, traînant chacun leurs casseroles.
L'enquête est saisissante, j'ai eu beaucoup de mal à lâcher le livre, l'auteur nous réserve des surprises jusqu'à la fin !
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« de bonnes raisons de mourir » de Morgan Audic - La chronique qui n'est pas pressée d'en trouver une ! Roman de l'été !

C'est une voix atypique qui s'élève dans le paysage du thriller français. Une voix aux relents toxiques et radioactifs qui va contaminer quiconque pose les doigts sur ce roman. Car vous l'avez deviné, ce bouquin est hautement contagieux !

On y retrouve la même excitation qu'à la lecture du premier « Yeruldelgger » de Ian Manook, cette sensation de défricher des territoires vierges, d'explorer des contrées jusqu'alors peu ou pas exploitées dans le polar. Manook situait le sien dans la Mongolie, proposant un voyage picaresque et étendu, alors qu'ici c'est à Pripriat en Ukraine, terre aride et désolée, que vous allez promener vos guêtres, lecteurs et lectrices en goguette.
L'histoire démarre d'ailleurs le 26 avril 1986, jour de l'explosion du réacteur de la célèbre centrale nucléaire qui va enclencher inexorablement la plupart des actions et ramifications du roman qui se passe de nos jours.

Au-delà d'un scénario impeccable, on sent un vrai travail de recherche sans que ce soit roboratif. Néophytes des événements autour de Tchernobyl, pas de panique, l'auteur vulgarise le propos. Audic détaille, Audic explique, Audic passionne. Si vous couplez votre lecture à la vision de la mini-série HBO « Chernobyl » (disponible sur OCS) qui relate les événements funestes de manière quasi-documentaire autour de l'explosion de la dite centrale, vous aurez le panorama complet et une promesse d'immersion complète.

Comme le rappelle la quatrième de couverture, c'est un meurtre bien crade aux relents de « Seven » (le film) qui lance l'un des personnages principaux en Ukraine, tel un pitbull enragé, sur la piste du tueur. Et puisqu'on parle des personnages, l'auteur s'y entend pour nous les personnifier et les rendre attachants. Ses flics ont un supplément d'âme que d'autres n'ont pas, une fêlure dans leur cuirasse, un éclair brisé dans leur regard…

« de bonnes raisons de mourir » est un thriller haletant au rythme trépidant, un page-turner éblouissant dans une ambiance délétère de fin du monde. de fausses pistes en fausses pistes, Audic joue avec nos nerfs, la marque d'une écriture maîtrisée, solide.

C'est un aussi un roman sur les mecs paumés. Paumés sans les femmes car même si Audic dépeint une ambiance de vrais durs et de tatoués et que l'intrigue suit deux flics mâles, ce sont les femmes qui sont la clé de voûte du roman. Des femmes qui occupent une place centrale dans l'équilibre ou pas de tous ces hommes en perdition ou en quête de rédemption. D'ailleurs, à chaque instant on recherche une femme : une femme morte, une femme perdue, une femme qu'on aimerait retrouver, une femme avec qui on se verrait bien poursuivre son chemin…

Le final est un enchevêtrement de poupées russes, tant les réponses sont à l'intérieur de réponses qui elles-mêmes sont à l'intérieur de réponses... et sans qu'on y décèle la moindre incohérence. On saluera la puissance du storytelling de l'auteur !

Morgan Audic est assurément un auteur à suivre, Albin Michel a eu du nez en le signant. A vous d'en avoir en vous jetant dessus pour en faire un succès public et nous assurer du retour rapide du sieur Audic pour un prochain roman !

De bonnes raisons de mourir certes mais surtout de bonnes raisons de lire ce bouquin.

Lien : https://cestcontagieux.com/2..
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De bonnes raisons de mourir est un roman captivant et prenant, non pas par son originalité, l'auteur reprenant les grands ressorts d'un bon thriller, mais par le lieu de l'action, l'Ukraine, et plus particulièrement, la ville fantôme de Pripiat vidée de ses habitants à la suite de l'incident nucléaire de Tchernobyl.

La date du 26 avril 1986 est profondément ancrée dans la mémoire collective, mais les personnes non directement impactées ont depuis repris le cours de leur vie sans autre désagrément qu'une éventuelle crainte relayée dans un coin de leur cerveau. La situation est bien différente pour toutes ces personnes qui vivent, elles, avec le fantôme de Tchernobyl qui hante leur histoire familiale, mais aussi leur vie actuelle. Entre les enfants nés avec des infirmités, les cancers qui continuent à se déclarer plus de trente ans après le drame et ces radiations qui font partie de la vie des individus condamnés à vivre près d'un monstre toujours aussi menaçant, la page Tchernobyl n'est définitivement pas tournée pour tout le monde…

Et ce n'est pas l'inspecteur Melnyk et sa jeune collègue, Galina Novak, fraîchement sortie de l'académie de police, qui diront le contraire, tous les deux ne rêvant que d'une chose : s'éloigner de Pripiat et de toutes ces radiations dont il est bien difficile de véritablement se prémunir. Mais pour cela, ils vont devoir retrouver un terrifiant meurtrier qui n'a pas hésité à mutiler et exposer sa victime, un citoyen russe du nom de Léonid Sokolov, sur la façade d'un immeuble. L'enquête, déjà intrigante, va prendre de l'ampleur quand on établira un lien avec le meurtre de la mère de Léonid assassinée en même temps que sa voisine, trente ans plus tôt, lors de la terrible nuit où la centrale a explosé. Difficile alors de ne pas être pétri de curiosité quant à l'identité de ce tueur fou qui signe ses crimes d'une hirondelle !

Léonid Sokolov s'est-il brûlé les ailes en s'approchant trop près de l'identité du tueur de sa mère ? Son père, Vektor Sokolov, un homme puissant et fortuné, en est convaincu, et est bien décidé à arrêter une bonne fois pour toutes cet assassin qui s'acharne sur sa famille. Déplorant l'inefficacité des autorités locales, il engage alors un policier russe, Alexandre Rybalko né à Pripiat, pour mener à bien sa vendetta. le policier s'était promis de ne jamais retourner dans la ville de son enfance, mais ses jours étant comptés, il finit par accepter la proposition afin de pouvoir offrir, grâce à la promesse d'une énorme somme d'argent une fois sa mission accomplie, une vie meilleure à sa fille. Un dernier cadeau d'un père négligent qui n'a pas toujours fait les meilleurs choix dans sa vie…

Nous suivons donc alternativement le policier ukrainien aidé de sa collègue, et le policier russe qui agit à titre personnel et, bien souvent, en dehors des clous. Les deux enquêteurs se rapprochent, d'abord séparément puis en collaborant, de ce tueur répugnant qui se plaît à mettre en scène ses méfaits de manière particulièrement macabre. Prend-il un malin plaisir à mutiler les corps de ses victimes ou ses actes suivent-ils des motivations plus profondes ? Une question, parmi d'autres, qui vous tiendra en haleine et qui vous fera tourner avec avidité ces presque cinq cents pages que je n'ai, pour ma part, pas vu défiler. Il faut dire que l'action est au rendez-vous, les révélations fracassantes et bouleversantes, et les péripéties s'enchaînent sans vous laisser le temps de reprendre votre souffle !

En plus du rythme, j'ai beaucoup aimé la manière dont l'auteur a su construire des personnages complexes dont on découvre, petit à petit, les faiblesses, les qualités, les attentes, les espoirs… Bien qu'imparfaits, les deux policiers se révèlent donc profondément humains et touchants. Melnyk essaie de composer avec cette Ukraine dans la tourmente et en proie à la corruption, la misère, la violence, la guerre... Honnête dans une société malade qui fait de cette qualité une excentricité, il reste droit quoi que cela puisse lui en coûter que ce soit dans sa vie professionnelle ou familiale. C'est ainsi qu'en travaillant dans des zones à risque, il devient paria auprès de sa propre femme, et qu'en refusant de participer aux magouilles, petites ou grandes, il ne peut apporter à son fils l'aide matérielle dont il aurait tellement besoin…

Ce policier m'a beaucoup touchée, mais c'est bien Rybalko qui apporte la plus grande densité dramatique à l'histoire. En choisissant quelqu'un qui n'a rien à perdre, Vektor Sokolov s'est assuré le support d'une machine de guerre qui nous apparaît pourtant vulnérable. Devant le peu de temps qu'il lui reste à vivre, Rybalko en vient à faire le point sur son passé, le traumatisme de Tchernobyl, son engagement en Tchétchénie qui l'a profondément marqué, et ses nombreux manquements en tant que père et mari. Une introspection tardive sans complaisance qui, en plus d'être touchante, ajoute au sentiment d'urgence que l'on ressent tout au long de la lecture, un peu comme si un compte à rebours était enclenché et qu'on en percevait le tic-tac ininterrompu. Rybalko permet également à l'auteur d'évoquer le racisme en Ukraine et auprès de certains groupes d'individus qui ne voient pas d'un bon oeil qu'un métis ose s'immiscer dans leurs affaires…

Grâce à un style entraînant, vif et immersif, Morgan Audic arrive, en outre, à retranscrire à la perfection l'ambiance sordide et mortifère de Tchernobyl et de ses environs. Au passage, attestant d'un travail de recherche pointilleux, il en profite pour donner des informations qui sont tellement surréalistes qu'on en vient à espérer qu'elles ne soient que le fruit de son imagination : des visites guidées des environs de la centrale d'une indécence folle, des zones protégées qui sont des paniers percés, des objets contaminés qui font le tour du globe…

En conclusion, de bonnes raisons de mourir est un thriller captivant et intelligemment construit qui nous immerge dans une Ukraine en proie à la tourmente et sur laquelle plane le fantôme de Tchernobyl qui se révèle peut-être finalement le plus terrible meurtrier de ce récit. Entre corruption et violence, Morgan Audic nous offre une enquête palpitante portée par deux enquêteurs complexes et complémentaires dont on suit chaque mouvement avec intérêt et appréhension. Voici donc un thriller à l'ambiance aussi sombre et glauque qu'immersive que je vous conseille si vous avez envie d'une histoire rythmée mêlant habilement fiction et réalité.
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Comment ne pas lire ce roman policier, sorti en 2019, avec l'éclairage actuel de la guerre entre la Russie et l'Ukraine ? Parce ce que roman est passionnant pour son contexte : il se situe à Pripiat, une ville dans l'entourage de Tchernobyl, en zone totalement irradiée et donc l'auteur nous reparle de cette catastrophe d'avril 1986, de l'oubli de l'Europe, de l'oubli de ce qui s'est passé et de ce qui s'y passe toujours et à jamais. C'est bien plus terrifiant que l'histoire du crime, pourtant bien glauque, un homme torturé retrouvé suspendu par des câbles à la façade d'un immeuble, visible par les cars de touristes qui viennent visiter cette ville fantôme. Car, il y a des touristes ! j'en suis tombée de ma chaise ! le monde est fou, on en a des preuves à chaque seconde.
Donc une enquête avec un vieux flic Ukrainien et qui travaille dans la zone irradiée, espérant gagner assez d'argent pour payer un gilet pare balle à son fils parti au Donbass et quitter cette région qui traumatise à juste titre sa femme. Et puis un flic Russe, engagé par le père richissime de la victime pour trouver l'assassin, et lui accepte car il a un cancer et veut avoir suffisamment d'argent pour que sa fille soit opérée. Donc deux hommes qui sont motivés par de bonnes intentions. Bon…
Ce qui compte ce sont les images qui sortent de ces pages, le silence, les bâtiments abandonnés, les pillages, les animaux, les gens qui y vivent encore, ces métaux récupérés pour être revendus, irradiés, en Europe, toute cette angoisse sourde qui nait de cet endroit maléfique. Mais aussi, tous ces héros oubliés, qui se sont sacrifiés pour murer la centrale, empêcher que le nuage passe la frontière… grrr. Tchernobyl est un monstre qu'il ne faut pas oublier parce qu'il existe toujours.
Et puis ces Russes qui sont aussi Ukrainiens, ses Ukrainiens qui ne se sentent pas Russe, etc…
Donc beaucoup de chose dans ce roman qui en font bien plus qu'un roman policier.
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Après que l'on me l'ai conseillé à de nombreuses reprises, j'ai fini par découvrir "de bonnes raisons de mourir" de Morgan Audic aux éditions le livre de poche qui dormait dans ma PAL depuis sa parution.

Un homme est retrouvé assassiné à Pripiat, ville fantôme irradiée depuis l'explosion de Tchernobyl. Nous allons suivre d'un côté l'enquête de Joseph, policier ukrainien, et de l'autre celle d'Alexandre policier russe, qui a été recruté par le père de la victime.

Quelle originalité d'avoir posé son décor en pleine zone d'exclusion irradiée ! le récit est immersif et je n'ai eu aucun mal à imaginer le climat de désolation qui y règne. Mais l'auteur n'a pas fait les choses à moitié, car si les radiations ainsi que le tueur sont la principale menace, les personnages vont aussi être confrontés à bien d'autres difficultés.

Je me suis rapidement attaché aux personnages, avec une préférence pour Alexandre, pour lequel j'ai eu un petit coup de coeur. L'empathie est forcément présente puisque certains ne vont pas être épargnés.

L'intrigue est crédible et addictive puisqu'une fois commencé, il est difficile de lâcher ce roman. le récit nous offre quelques surprises et fait partie de ceux auxquels on pense lorsque l'on ne peut pas bouquiner.

Côté dénouement, si j'ai rapidement deviné le coupable, cela ne m'a pas empêchée de rester ébahie face à un élément de cette fin que j'ai trouvé machiavélique et émouvant à la fois. Complétement convaincue, j'ai trouvé ce dénouement à la hauteur de l'intrigue.

En résumé, j'ai passé un excellent moment. Un roman à découvrir si ce n'est pas déjà fait !

Lien : https://onparlelecture.wordp..
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Tu le sais, tous les ans, les mecs qui vendent des romans par paquets de douze mille en sortent un nouveau.
Tous les ans.
C'est réglé comme du papier à musique.
Tu vois bien de qui je cause… genre Thil…, Mus…, Min… et tous leurs copains qui écrivent des trucs dont je sais pas exactement sur quelle étagère il faut les classer. Ni non plus dans quelle cuvette de chiottes il faut les déposer délicatement, pour certains, en tout cas.
Je déconne. Un peu.
Et puis à côté, il y a des écriveurs qui te balancent des romans, moins fréquemment, mais quand tu tombes dessus, il peut t'arriver de te dire « Ah, c'est pas mal, ça ! ».
Ce roman, dont il va être question, c'est 500 pages. C'est beaucoup. Quand tu te fais suer, c'est même trop. C'était pas gagné quand je l'ai commencé, parce que je suis pas un garçon facile…
Ça se passe à Tchernobyl, en plus. C'est pas vraiment la région que j'ai envie de fréquenter… Depuis 1986, on n'est d'ailleurs pas très nombreux à vouloir y passer des vacances, mis à part quelques crétins qui vont y faire des selfies. Quand je dis crétins, je pèse mes mots. Faut quand même pas oublier que s'il y a des enfants qui y naissent avec trois bras et une seule jambe, c'est un peu de la faute à ceux qui ont imaginé qu'une centrale nucléaire c'est pas dangereux du tout.
D'ailleurs regarde… Chez nous, en France, qui sommes une nation civilisée, on a plus de centrale nucléaire. Parce qu'on est écolos.
Tu savais pas ?
On a aussi un président qui nous a dit que les centrales nucléaires c'était terminé.
Fini. F. I. N. I.
Elle est pas belle la vie ?
Morgan Audic, il a décidé de nous emmener là-bas, pour y faire une petite virée.
En revanche, si tu écris des histoires et qu'elles doivent parler de Tchernobyl, t'as plutôt intérêt à être grave documenté, sinon, tu vas passer pour un plaisantin.
Si tu fais des copié-collé avec Wikipédia, comme certain que je ne nommerai pas qui vient de sortir un bouquin sur l'intelligence artificielle, ça va se voir. Sûr et certain.
La suite :
Lien : https://leslivresdelie.net/d..
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Morgan Audic est un auteur français né à Saint-Malo. Ni russe, ni ukrainien. C'est pourtant en Ukraine qu'il plante l'intrigue de son second roman, de bonnes raisons de mourir, en pleine zone interdite autour de la centrale de Tchernobyl. Un thriller effrayant et glauque, à la construction assez classique mais aux personnages déchirants, qui vous prennent aux tripes, et dont l'ambiance toxique vous colle à la peau.

Nous sommes à Pripiat. Un cadavre est retrouvé suspendu à la façade d'un immeuble, mutilé. Il s'agit du fils d'un politicien russe dont la femme a été assassinée en 1986, le soir où la centrale a explosé. Serait-il possible qu'il y ait un lien entre les deux meurtres ? Deux enquêteurs : Melnyk, le flic local, et Rybalko, payé par le père de la victime pour faire la lumière sur cette affaire et buter l'assassin de son fils. Atteint d'un cancer inopérable, ce dernier se sait condamné alors aller traîner dans la zone irradiée en échange d'une belle somme pour sa famille, quelle importance ?

Le rythme est lent, chacun des deux protagonistes menant son enquête de son côté, avec des indices et des partenaires qui lui sont propres. L'enquête ne s'accélère que dans le dernier quart du roman, quand ils se rejoignent enfin. Mais le voyage prime sur la destination encore une fois, et quel voyage ! C'est une zone dévastée que l'auteur nous décrit là, cernée de barbelés et dont l'entrée est contrôlée. Pourtant, de nombreux trafics malsains s'y déroulent, dont les conséquences sont désastreuses partout dans le monde. Les gens sont malades, les enfants mutilés, certaines scènes vous prennent à la gorge, c'est dur, c'est sombre, c'est glauque.

Peut-être parce que je ne suis moi-même pas en super forme en ce moment, j'avoue que j'ai eu du mal à avancer. D'autant plus que l'un des deux personnages principaux est lui-même condamné et que le récit est parsemé de ses réflexions sur sa vie, ce qu'il a accompli ou pas, l'acceptation de sa mort annoncée. Il faut avoir le moral pour se lancer dans cette histoire, en fait ! Ce qui n'enlève rien à la qualité du roman, entendons-nous bien. L'intrigue tient parfaitement debout et elle est bien menée. On apprend plein de choses, dont la plupart font vraiment froid dans le dos.

Au final, un roman de qualité, à l'intrigue parfaitement maîtrisée, aux personnages bien construits, dont le gros point fort réside dans l'atmosphère pesante qu'il dégage. Impossible de parler d'un bon moment de lecture, cela m'a trop secouée, mais des qualités indéniables et un auteur à suivre, assurément.
Lien : http://etemporel.blogspot.co..
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Un cadavre est retrouvé suspendu sur un immeuble en ruine d'une cité proche de Tchernobyl. La piste du meurtre crapuleux est de suite écartée car le corps a subi de nombreux outrages. Deux policiers, l'un ukrainien et l'autre russe vont se lancer séparément à la poursuite du meurtrier. On apprend vite que ce crime est relié à un double homicide perpétré en 1986, la nuit de la triste explosion nucléaire. le seul indice visible laissé par le criminel sur les lieux du crime est une hirondelle empaillée. Une enquête qui s'avère ardue et cela même sans les radiations.

Morgan Audic propose un thriller classique : un serial killer froid, possédant son rituel –original, il faut l'avouer-, des retournements de situation, des pistes alternatives, des enquêteurs marqués, le tout sur fond de vengeance.

Bon ok, j'en vois certains se dirent : il est où l'intérêt ? Minute, j'y viens !
La force de ce livre réside dans sa localisation. L'auteur, suite très certainement à un énorme travail de recherches, fournit un tableau géographique et géopolitique tout à fait remarquable de l'Ukraine post-apocalypse : les différents avec le voisin russe, la pollution, les conséquences des radiations…
Ce n'est pas un simple étalage, Morgan intègre tout cela dans l'intrigue, il crée une ambiance particulière et pesante, glaçante parfois en exposant simplement les effets sur l'humain. Ce décor peut se révéler être une menace à chaque instant, sans espoir de secours puisque vidé de ses âmes. Cette population résignée et déracinée d'où émerge aussi bien un système mafieux que de la débrouillardise à risque létal. La mort rode à plus ou moins long terme partout dans cet univers.
Ce désenchantement se retrouve dans les deux limiers, issus eux aussi de cette zone interdite, ainsi qu'une féroce volonté de découvrir l'assassin. Mais les motivations sont différentes, l'un est droit et veut boucler de belle manière l'enquête à des fins familial. L'autre est un vieux baroudeur du système, il a trop souvent joué avec les lignes et profité des opportunités offertes. Il n'a plus rien à perdre, quitte à pactiser avec la lie locale, et espère laver son honneur perdu auprès des siens. Des personnages secondaires complexes parsèment ce récit et passent pour certains du rôle de victime à celui de bourreau.

En conclusion, un thriller conventionnel dans son approche mais dont l'auteur, grâce au contexte particulier, a su tirer la quintessence pour en faire une oeuvre agréable qui se lit avec plaisir et même intérêt pour cette lointaine Ukraine trop souvent passée sous silence par nos médias.
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Coucou mes Mystigris 😉

J'ai lu de bonnes raisons de mourir de @morganaudic des éditions @albinmichel pour la sélection août du prix des lecteurs @livredepoche 2020. J'ai voté pour ce thriller 😊

🅲🅷🆁🅾🅽🅸🆀🆄🅴 Pripiat. Un cadavre affreusement mutilé est retrouvé suspendu par des câbles sur la façade d'un immeuble. Deux hommes que tout oppose, l'un policier ukrainien honnête et droit, l'autre flic russe recruté par le père de la victime vont enquêter chacun de leur côté. Un crime commis en 1986 semble relier les deux affaires. Ils vont devoir affronter un tueur dont la signature est une hirondelle empaillée.

🄼🄾🄽 🄰🅅🄸🅂 Dans un thriller j'aime être surprise et ça été le cas ! le suspense est au rendez-vous, la tension palpable et l'intrigue époustouflante avec tous ces éléments de preuves qui s'entrelacent. Que ce roman se situe à Pripiat, ville confinée et inhabitée depuis 30 ans m'a tout de suite attiré, j'ai appris beaucoup de choses dans ce livre, j'ai aimé le côté historique.
Je me suis attaché aux différents personnages, surtout ces deux flics. Joseph Melnyk travaille depuis 7 ans dans une zone irradiée et dangereuse, c'est un honnête homme qui est très attaché à sa famille. Alexandre Rybalko, flic depuis 18 ans, il est divorcé. C'est un homme indépendant et rebelle. Son enfance a été détruite par la catastrophe de Tchernobyl et il ferait tout pour sa fille Anastassia.

🄲🄾🄽🄲🄻🅄🅂🄸🄾🄽 une excellente lecture, un twist final et un dénouement renversant !
Du thriller à la hauteur de mes attentes, bravo Mr Audic !
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