AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,91

sur 16 notes
5
4 avis
4
1 avis
3
1 avis
2
0 avis
1
0 avis
Pour une fois, c'est le titre du livre qui m'a attiré dans cette Masse Critique : Guerre aux hommes. Un petit pamphlet féministe du XIXe mêlant réflexion et ironie, cela me semblait plaisant ; à la lecture, il ne l'est pas tant que ça. Il y a dedans un côté féminisme de dame patronnesse qui m'est parfaitement étranger : Olympe Audouard plaint par exemple les putains mais celles-ci restent à ses yeux honteusement coupables, vicieuses et bien justement méprisées. Quand à ses arguments « théologiques » pour défendre la femme, ils sont eux parfaitement grotesques.

La second texte du livre, Quelques vilains types d'hommes, est une suite de portraits façon caractères de la Bruyère, certains sont assez réussis. L'homme caméléon, M. Crapaudas, L'homme moustique, le bon et le mauvais égoiste, etc., ce sont tous des portraits d'hommes, mais, espèce humaine oblige, la majorité fonctionnerait aussi parfaitement pour des femmes.

Ce livre se laisse lire et est intéressant pour qui veut avoir un aperçu du féminisme au XIXe siècle.
Commenter  J’apprécie          120
Commençons cette critique par quelques remerciements: merci à Babelio pour l'organisation de Masse Critique et merci à Espaces & Signes d'avoir eu la bonne, la très bonne idée de rééditer ce texte, ou plutôt ce recueil de textes. C'est étonnant de se rendre compte que finalement, si je devais lister des grandes féministes, j'arriverai à citer plus de noms anglo-saxons que français! Quelque chose à corriger, donc, et à moi aussi de réorienter un peu mes sources! Et ma foi, Olympe Audouard est un excellent début. Il faut dire que lorsqu'on s'appelle Olympe, comment ne pas penser à l'une des premières mères du féminisme dans l'Hexagone? Et comment ne pas marcher sur ses traces?
Ici, donc, un recueil constitué de Guerre aux hommes et d'une galerie de portraits masculins nommée Quelques vilains types d'hommes. le premier est une charge contre différents sujets à reprocher aux hommes, et le plus déprimant est que certains seraient toujours d'actualité! L'hypocrisie masculine face aux femmes "séduites", les difficultés pour une femme à trouver un travail quand toutes les branches leur sont fermées à cause de leur sexe, la façon dont toute femme s'élevant au dessus du lot se doit d'être non pas aussi douée mais vingt fois plus douée qu'un homme....même l'inégalité salariale pour même travail est déjà dénoncée par Olympe Audouard. de tous les griefs énoncés ici, le fait que la femme ne soit plus une éternelle mineure aux yeux de la loi est à peu près le seul qui ne soit plus d'actualité!
La seconde partie est une série de caractères masculins, là aussi toujours au goût du jour. A signaler une ou deux allusions qui sont sans doute des références voilées à des personnes connues à l'époque, mais qui aujourd'hui échappent totalement au lecteur.
Une excellente petite découverte!
Commenter  J’apprécie          70
Que dire de Guerre aux hommes sans évoquer son titre plus que polémique ? On ne peut passer outre. Il attire le regard, exaltant les unes et enrageant les autres.

Si l'autrice déclare la guerre aux hommes, ce n'est que par pure justice, par pure égalité, non par simple vengeance. Dès le début de l'ouvrage, elle nous prévient mais surtout, elle avertie ses lecteurs masculins : "je veux vous prouver ma profonde gratitude en essayant de vous rendre la pareille". En effet, si elle s'insurge contre les hommes, c'est surtout contre toutes leurs médisances à l'encontre des femmes. Comme une porte-parole de la voix féminine, elle s'évertue, par les subtilités de langage, par des images métaphoriques et par une intelligence acérée, de rendre aux hommes ce qu'ils ont semé.

Au total, elle nous offre quinze portraits caricaturaux (ou non, d'ailleurs) de ce que l'on peut trouver chez les hommes. Des incompris à l'homme papillon, en passant par les célibataires et, l'un de mes préférés "le Don Juan doublé de Tartuffe", elle y dépeint avec beaucoup d'humour ces types d'hommes visibles dans le paysage de la fin du XIXème siècle.

Mais ce qu'il y a de fort et même d'extraordinaire dans ces portraits, ce sont la véracité et même leur exactitude parce qu'ils n'ont pas l'air d'avoir grandement évolué. En effet, j'ai été particulièrement choquée et tout à la fois amusée de découvrir ces portraits d'hommes qui restent foncièrement similaires à ceux que l'on rencontre aujourd'hui. Plus d'un siècle nous sépare et pourtant, rien a véritablement changé !

À travers sa plume, on goûte avec délectation aux caractère impétueux et déterminé de cette féministe du XIXème siècle. On ne s'en lasse pas et on en redemande !

Seul bémol, elle considère que certaines femmes en valent mieux que d'autres. Que celles qui restent dans la vertu sont celles qui méritent le respect le plus digne. Si elle s'insurge contre les hommes, elle n'en reste pas moins victime de la misogynie de son siècle.


Je remercie les éditions Espaces et Signes pour l'envoi de ce livre. Cela m'a permis de faire une belle découverte !
Commenter  J’apprécie          50
Le titre n'avait rien pour me plaire (je me méfie de ces provocations qui éloignent du propos parfois plus modéré qu'elles enveloppent, sachant qu'elles permettront aux adversaires d'avoir la part belle en se victimisant) mais quelques lignes m'ont permis de comprendre d'où il partait. Olympe Audouard (journaliste, éditrice et autrice à Marseille, à la fin XIXème siècle) s'amuse à imiter les interminables "vitupérations des femmes", un genre littéraire à la mode depuis le Moyen-Âge jusqu'au XIXème siècle dans la clergie masculine (cf. l'ouvrage d'Éliane VIENNOT que j'ai récemment blogué). Tous les arguments y passaient, de la théologie à la physiologie, en passant par la morale, puis par des typologies à charge des femmes ; Audouard fait passer les hommes par le même tamis, sans essayer d'être modérée mais aussi caricaturale et parfois malhonnête que ses prédécesseurs. L'idée, c'est qu'il n'y a pas de raison de faire oeuvre raisonnable quand face à soi tous les coups sont permis.

Il faut dire aussi qu'elle n'avait pas été épargnée, attaquée ad feminam et tout talent dénié, voire activités refusées à partir du moment où elle était une femme, à partir du moment où elle s'est mariée, où elle a divorcé, où elle a prétendu sortir de tout ce qui était censément son lot de femme. Barbey d'Aurevilly s'était montré particulièrement odieux et avait concentré sur elle tous les poncifs des vitupérations de femmes à travers les siècles.

La notice précise qu'elle paiera très cher son pastiche, par un boycott absolu, alors qu'autrice et journaliste reconnue, elle aurait pu passer à la postérité.

Outre quelques planches intéressantes (l'ouvrage est destiné à des Lycéens), Clara Lodewick, dessinatrice et déjà autrice d'une bande-dessinée féministe, Mérel, réinterprète agréablement quelques-uns des différents types d'hommes dans une planche liminaire.
Lien : http://aufildesimages.canalb..
Commenter  J’apprécie          20
On comprend aisément pourquoi on a invisibilisé cette femme. Elle a tout dit et avec une plume brillante autant qu' incisive. Enfin un livre inscrit au programme de seconde, qui pourra peut-être faire réfléchir et changer les sexistes en devenir à défaut de changer ceux qui le sont depuis longtemps !
Commenter  J’apprécie          20
Olympe Audouard peut être considérée comme le parangon des autrices invisibilisées. Essayiste et romancière à succès née en 1832, elle a fondé cinq revues dans lesquelles ont écrit, entre autres, Théophile Gautier, Stéphane Mallarmé ou Théodore de Banville, autant de noms bien placés dans l'histoire littéraire quand celui d'Olympe Audouard en a totalement disparu. Il a même été consciencieusement sali et effacé, par des hommes tels Barbey d'Aurevilly qui la poursuivit de sa haine et à qui elle répondit par des conférences, par ce livre et même par une provocation en duel ! Car Guerre aux hommes n'est pas une déclaration de guerre mais une riposte aux attaques subies par les femmes. C'est une réponse vive et intrépide aux arguments immémoriaux destinés à discréditer l'intelligence des femmes et à annihiler leurs oeuvres.
Ce qui frappe dans ce texte, et désespère un peu, aussi, c'est son incroyable actualité. "Boy's club", "backlash", "féminicide", "mansplaining", "masculinisme", "slutshaming", "tone policing", tous ces mots et expressions créés depuis la fin du XXème siècle pour penser les rapports de domination liés au genre correspondent parfaitement à ce qu'Olympe Audouard dénonce ici, plus d'un siècle auparavant. Les mots ont changé, les mécanismes, eux, sont les mêmes. La réédition de ce texte enlevé permet de prendre conscience de la permanence de ces mécanismes et d'annuler leur effet d'effacement de l'oeuvre d'Olympe Audouard.
Commenter  J’apprécie          20


Lecteurs (50) Voir plus



Quiz Voir plus

Philosophes au cinéma

Ce film réalisé par Derek Jarman en 1993 retrace la vie d'un philosophe autrichien né à Vienne en 1889 et mort à Cambridge en 1951. Quel est son nom?

Ludwig Wittgenstein
Stephen Zweig
Martin Heidegger

8 questions
157 lecteurs ont répondu
Thèmes : philosophie , philosophes , sociologie , culture générale , cinema , adapté au cinéma , adaptation , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}