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Marina Bellezza est une jeune femme blessée par une enfance gâchée par des parents bien trop jeunes pour assurer une éducation convenable. En ressort une femme colérique, insolente, en révolte constante, d'un égoïsme terrifiant. Marina rêve de devenir une star de la chanson et est prête à tout pour réussir.
Andrea lui, n'a pas connu la même enfance, fils d'un notable, il l'a pourtant vécue comme une souffrance jaloux de son frère ainé, modèle à suivre pour ces parents. Au grand dam de son père, il décide de reprendre le métier de fermier de son grand-père. Andrea n'a pas n'ont plus oublié son histoire d'amour avec la belle Marina, qu'il retrouve un soir après une rupture qu'il n'a jamais digérée. Sa dépendance à la jeune femme se réveille comme au premier jour. Mais leur rêve respectif et le caractère de la jeune femme semble insurmontable pour une vie à deux. On plaint le pauvre Andrea tellement Marina joue avec ses sentiments. La jeune femme est ingérable et en constante rébellion. Mais sous ce caractère explosif, il y a une évidente souffrance.
Pour son nouveau roman , Silvia Avallone s'attache comme pour « D'acier » a ausculté une génération (la sienne) en perte de repères dans une Italie durement touchée par la crise et les années « Berlusconi ». Difficile de se construire un avenir. Ces portraits sont touchants, ces personnages torturés par leurs démons intérieurs. le livre parle aussi du choix de quitter une région rurale pour les feux de la ville. Et l'envie pour certains de refaire le chemin inverse.
Silvia Avallone confirme avec talent la qualité de sa plume. Un très bon roman.
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Au coeur de la vallée de Biella, dans le Piémont rural et montagneux. Dans ce village comme dans beaucoup d'autres, la crise est passée par là. Les magasins fermés, les enseignes éteintes, les rues désertes et le village est devenu silencieux. Andrea, le fils de l'ancien maire, ne voudrait pour rien au monde quitter cette vallée qui l'a vu naître. Ne pas faire comme son frère, Ermanno, qui s'est exilé aux Etats-Unis. Quitte à décevoir, encore une fois, ses parents. Il a bien d'autres projets en tête. Mais sa rencontre avec Marina, son ex petite amie dont il s'est séparé il y a 3 ans, risque bien de le chambouler. Marina, cette magnifique jeune fille aux formes généreuses et à la chevelure d'or, l'attire toujours autant. Marina, depuis qu'elle a chanté dans une pub pour un artisan local, rêve de gloire, de renommée et plus que tout veut prendre sa revanche. Elle, petite fille abandonnée par son père et élevée par une mère alcoolique, veut réussir et devenir quelqu'un. La participation à un télé-crochet est une chance pour elle. Mais, leur amour, aussi profond soit-il, peut-il survivre à leurs rêves ?

Un amour entre une bimbo, belle à damner, revancharde et prête à tout pour réussir et un fermier, fils de bonne famille, désireux de renouer avec la terre, peut-il durer et surtout survivre aux rêves et aux espoirs de chacun ? Sylvia Avallone nous dresse le portrait de deux jeunes pleins de vie, et à laquelle ils croient encore, avides de liberté et de gloire. Autour d'eux gravitent leurs amis, terriblement attachants, tous issus du milieu de la terre dans laquelle ils restent ancrés; de jeunes hommes et femmes résignés qui n'espèrent rien mais tous touchants et émouvants. L'auteur dépeint un monde bancal et précaire, touché de plein fouet par la crise. Seule Marina veut en échapper, bercée d'illusions mais plus que jamais déterminée. On l'aime tout autant qu'on la déteste. Tellement insaisissable, frivole mais si fragile. Ce roman dense, profondément humain et riche, est à la fois sombre et sensible.

Marina Bellezza... du tempérament !

Merci Cécile...
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L'histoire de Marina Bellezza est prenante.
Dans cette vallée qui se désertifie, où les usines et mes magasins ferment les uns après les autres, où les maisons sont abandonnées, la plupart des jeunes adultes est partie, d'autres s'obstinent à rester. Parmi eux, Andrea, fils du maire, et Marina qui commence à être célèbre dans la chanson.
Silvia Avallone écrit bien.
On sent le désespoir de cette région, la sienne, qui se meurt.
Insupportable, cette Marina, mais si belle et si fragile.
Solitaire et entêté, cet Andrea, mais si seul et si tendre.
Leur destin semble si différent et en même temps si lié.
On a parfois le sentiment de tourner en rond dans cette vallée perdue et dans l'étrange passion de ces deux êtres blessés. Mais c'est cependant une bien belle histoire.
On y retrouve, comme dans « D'acier », le thème d'une jeunesse paumée dans une société en crise où elle a du mal à trouver sa place.
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Après avoir lu - D'acier -, le premier roman à succès de Silvia Avallone, je m'étais promis de revenir un jour vers son oeuvre, mais pas tout de suite, pas trop tôt... "Acciaio" m'avait, disons-le, marqué, et je voulais laisser du temps au temps.
Il y a trois jours, j'ai commencé - Marina Bellezza -, le second roman de cette auteure... et j'ai été immédiatement happé par cette strega (c'est très respectueux et admiratif ) qu'est la Avallone.
Dans cette deuxième oeuvre S.A nous transporte dans le Piémont et plus particulièrement dans la petite ville provinciale de Biella (42 000 habitants), laquelle ville l'a vu naître, et qu'elle connaît et aime d'un amour "inconditionnel".
Ce chef-lieu et tous les villages, hameaux qui l'entourent ont subi l'exode de leur population vers les villes, pourvoyeuses d'emplois et de "rêves", et peu à peu s'enfoncent dans une mort lente aux couleurs de l'oubli.
Pour les uns, c'est une terre en friche. Pour les autres, c'est un Far-West à reconquérir et à rebâtir.
C'est dans ce décor et dans ce contexte que nous faisons la connaissance de Marina et de Andrea, deux jeunes vingténaires qui symbolisent ces deux visions de leur époque
Nous sommes en 2012, au coeur de cette crise où les repères ont été délaissés ou troqués contre de nouvelles illusions aux contours flous et aux lendemains très hypothétiques.
C'est d'un côté l'Italie Berlusconienne du paraître, du fric facile (pas pour tous !), des soirées champagne et bimbos à gogo, l'Italie de la globalisation, du capitalisme fou, des réseaux sociaux, des émissions de télé réalité pour lesquelles une partie de la jeunesse est prête à vendre son âme et tout le reste pour le fameux "quart d'heure de célébrité" cher à Andy Warhol.
Et de l'autre côté, c'est l'Italie de ceux qui ont compris depuis un moment déjà que les lumières de la ville n'étaient qu'un leurre pour les jeunes papillons qui n'y trouvaient rien d'autre qu'un prétexte à s'y brûler les ailes et que leur salut résidait dans un monde à réinventer... quitte à revenir à leurs racines : la terre, les animaux, la nature. Bref, à l'authentique et au vrai, lesquels s'opposent aux mirages urbains qui, à leur tour, ont commencé leur déclin.
Andrea et Marina sont au coeur de cette histoire contemporaine où pendant que l'on rebat les cartes, on se demande à quel jeu nouveau elles vont pouvoir servir.
Mais Andrea et Marina, c'est aussi une grande histoire d'amour ( j'aurais dû écrire cela avec des majuscules...), l'Amour avec un grand A, l'amour unique, d'une vie... deux amants tragiques, deux amants magnifiques, deux amants maudits et inoubliables.
Deux jeunes blessés par leur enfance, par L Histoire... deux jeunes qui ont une revanche à prendre sur la vie, mais en empruntant des chemins différents...
Le souffle romanesque que Silvia Avallone insuffle à cette histoire, sa vision très générationnelle de notre monde et de notre époque, sa lucidité, son punch, son talent impressionnants ne peuvent que séduire le lecteur... qu'il appartienne à la génération de l'auteure ou à la mienne n'a aucune importance.
L'histoire est prenante, touchante, grave souvent, légère parfois, mais le premier mot ne peut que vous obliger à chercher votre salut (?) dans le dernier.
Cette boucle qui s'ouvre sur un cerf qui traverse imprudemment la route pour se refermer sur un cerf qui s'enfuit, mu par des instincts qui le dominent sans qu'ils les comprennent, cette boucle... je vous conseille vivement de la découvrir à travers un peu plus de 500 pages d'une lecture captivante.
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Elle, c'est Marina.
Qui veut vraiment grimper vers les étoiles, devenir une star, chanter à la télé et avoir des milliers d'amis sur Facebook. Marina, belle, rageuse et conquérante, comme un défi à la galère de l'enfance et de ses parents impossibles. C'est une Bimbo d'opérette, candidate au radio-crochets musicaux, aguicheuse et fantasque, impossible à vivre et si difficile à aimer.

Lui, c'est Andrea.
Utopiste raté, fils et frère mal aimé et mal aimant, éternel étudiant sans projet et bibliothécaire par nécessité, avec le rêve modeste de se faire éleveur dans les alpages. Andrea amoureux depuis l'enfance, éreinté par cette attirance sauvage dont il ne peut se défaire et qui lui fait vivre une vie de maladie d'amour.

Il la cherche, la supporte, la vire, la retrouve. Elle l'évite, l'engueule, le rattrape et le plaque avant mariage par texto...

Cette histoire d'amour-haine est loin d'être une bluette! On est épuisé avec eux par ces sentiments dévastateurs, la puissance du désir, irrépressible, et la violence née de la frustration. On salue la volonté, la persévérance en dépit du manque d'argent, de la rupture familiale, et de l'horizon si lointain de la réussite ...

Dans les villages montagnards des Alpes piémontaises, c'est un décor de banalités qui illustre en creux l'Italie de la crise économique, revenue des mirages douteux et du bling-bling, le pays des années Berlusconi où les jeunes adultes ne trouvent aucun travail et où les régions se paupérisent.

Le savoir faire en écriture est indéniable mais j'ai fait quelques montagnes russes entre sentiment diffus d'ennui et attraction à suivre cette improbable histoire d'amour absolu, violente et destructrice. le scénario est parfois un peu léger mais n'est sauvé que par une étude de caractères fouillée, deux personnages extrêmement attachants et extrêmement énervants!
C'est un roman très "italien", très latin, qui ne craint pas la surenchère et le ton un peu appuyé.

Je pense me souvenir longtemps de la starlette et de son montagnard...
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Marina et Andrea se sont aimés pendant six ans, ils étaient très jeunes au début de leur liaison, elle avait treize ans, lui dix-huit. Trois ans après leur séparation inattendue, Andrea est encore mordu. Marina, elle, s'est employée sans relâche à échapper à un destin de misère : elle sera chanteuse, elle sera célèbre, elle sera aimée, elle sera riche. Et elle est sur la bonne voie. Grâce à la TV-réalité, son talent est confirmé, reconnu. Adieu la gamine qui ramassait sa mère alcoolique à la petite cuiller, qui attendait en vain des visites et des gestes d'amour de son père. Place à LA star qui cartonne sur scène, qui déchaîne les passions.

Silvia Avallone reprend un décor semblable à celui de son précédent roman 'D'Acier' : une petite ville italienne étouffée par la crise, sans avenir, où les jeunes rêvent d'Eldorado. Ailleurs, c'est forcément mieux, ailleurs on échappe à la vie minable qu'ont subie les parents.
On retrouve également ici quelques thèmes du précédent roman : les familles chaotiques, les pères absents ou violents, les mères dépassées, les filles prêtes à tout pour fuir ces ambiances délétères.

L'ambition démesurée de Marina est au coeur de l'intrigue, mais ce qui rend ce récit si désespérant, c'est l'amour que lui porte Andrea. Un amour dont il ne parvient pas à se libérer et qui le rend dingue, littéralement. Leur histoire est bouleversante, triste à hurler. On y côtoie la folie et ses ravages sur les proches. « Une fille comme Marina ne peut que tout détruire, y compris elle-même ». Femme enfant, d'une beauté insolente et animale, colérique, excessive, égoïste, violente, capricieuse, agressive, cruelle, vulgaire, immature, effrayante, insupportable, dangereuse, explosive. Mais tellement bouleversante lorsqu'elle retourne sa souffrance et sa violence contre elle-même. Sa folie brûle et lamine ceux qui l'approchent, ceux qui ont le malheur de l'aimer. Une démence d'autant plus redoutable et nocive que dans les accalmies, l'espoir renaît de plus belle - la chute n'en est que plus rude lorsque l'orage éclate, accru.

Ce récit est de la même trempe que 'D'Acier', aussi réussi. Sombre, intense. Portrait bouleversant d'un homme torturé. Portrait d'une femme en détresse, aussi saisissant et dérangeant que ceux d'Eliane/Elle (Isabelle Adjani dans « L'été meurtrier ») et de Betty (Béatrice Dalle dans « 37°2 »).

- un grand merci aux éditions Liana Levi et à Babelio
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Sur une petite scène de province, une graine d'artiste s'apprête à faire une apparition qui va marquer les esprits par sa performance vocale, sa beauté époustouflante et son style vestimentaire un tantinet vulgaire. Cette artiste en devenir c'est Marina Bellezza. Et dans le public, à son grand regret, ce ne sont pas ses parents qui l'admirent et l'encouragent, mais parmi eux se trouve Andrea, un jeune homme qu'elle a aimé et qui l'a passionnément aimé. Elle chante "Dreams" des Cranberries, une chanson qu'il lui avait fait découvrir pendant leur idylle. Il n'en faut pas plus pour que le coeur d'Andrea s'embrase à nouveau.
Mais si Marina est une "vraie" fille de son temps qui aspire à sortir de son trou provincial grâce à la télé réalité - et qu'elle ne reculera devant rien pour arriver à son but - Andrea , lui, rêve d'un retour à la terre, dans la ferme de son grand-père, loin de la dure réalité socio-économique d'une Italie en crise qui n'offre plus ni travail ni rêve aux jeunes générations.

C'est un roman vraiment très fort , que j'ai dévoré en quelques jours. le personnage de Marina est certes foncièrement détestable, mais Silvia Avallone réussit la prouesse d'écrire un roman qui pourrait être un étendard pour toute une génération. Pas seulement en Italie, mais une génération européenne déçue par les promesses des gouvernements qui ne parvient pas à construire sa vie même après avoir fait des études et dont la vie reste précaire faute de trouver des gouvernements capables de créer un marché qui leur permette de s'épanouir en tant qu'individu - et consommateurs.
Avec l'histoire d'amour et les motifs utilisés par l'auteur, difficile de résister à la tentation de dire que l'auteur a écrit (peut-être malgré elle) un conte de fée moderne dans lequel la pauvre jeune fille veut devenir une princesse et son prince un fermier. Merci la télé réalité et la société du spectacle ! Merci à ces gens qui veulent oublier leur médiocre quotidien et qui avec leur "complicité" permettent à la jeune fille de rêver.

Un roman à lire assurément, même si je n'ai pas du tout adhéré à la fin (les 100 dernières pages quand même !) mais cela reste un beau roman sur les rêves que l'on garde envers et contre tout et ceux qui s'envolent sans espoir de retour, sur un amour impossible, sur les blessures que l'on garde et dont on ne se défait pas ou mal et sur la vie moderne dans le contexte économique de la crise depuis les subprimes.
L'écriture à la fois riche , enragée et pleine de vitalité de Silvia Avallone a su me transporter dans un ailleurs tout de même familier. le renouveau de la scène littéraire italienne est assurée - leur progression sur le marché de l'édition n'est pas prêt de s'arrêter, le gouvernement devrait sans doute prendre exemple sur eux.

Je remercie donc Babelio et les éditions J'ai Lu pour ce partenariat Masse Critique
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Pour qui rêve de l'Italie, de la beauté de ses villes et du charme de son art de vivre, ce roman "générationnel" d'une jeune femme de trente ans, Silvia Avallone, déjà connue pour le succès de son premier opus "D'acier", nous donne à voir un pays bien différent, celui de la crise et des perspectives bouchées pour une majorité de jeunes sans avenir.

Avec une grande habileté, après avoir posé le décor de ses Alpes piémontaises natales et de leurs vallées qui se meurent, elle imagine un couple mal assorti, qui s'est connu au lycée, elle, Marina Bellezza, à la beauté éclatante (comme son nom le suggère), attirée par le monde des paillettes télévisées et les succès foudroyants des starlettes de la chanson, qui va tenter de percer dans le monde du show biz, capricieuse, spontanée, incontrôlable, irrésistible... Lui, Andrea, ex-étudiant timide, rebelle, réfractaire, mal aimé de ses parents fiers de leurs ascension sociale, indécis sur son avenir et la voie à prendre, qui va choisir de retrouver les racines agricoles familiales et de monter sa ferme et son troupeau de transhumance composé de quinze vaches grises alpines. Quoi de commun entre ces deux-là ? Pourtant ils s'aiment de façon déraisonnable, ne se quittant de façon orageuse que pour se retrouver, trois jours, trois mois ou trois ans plus tard.

Ils représentent bien le dilemme insoluble d'une génération de jeunes adultes qui, en Italie, en Espagne, en France ou ailleurs, voit la difficulté d'entrer dans une vie active aux accès bouchés par la crise et le chômage de masse des jeunes. Pris entre le miroir aux alouettes de la société du spectacle télévisé et de ses valeurs frelatées, ou la tentation de la "décroissance", du refus de la société de consommation, du retour à l'essentiel, au prix de sacrifices incompris de leurs proches. Vers lequel de ces pôles ce couple improbable va-t-il basculer ? Comment imaginer la futile Marina dans une étable, à traire des vaches ?

Mais à ce thème d'incertitude de l'avenir s'ajoute celui du difficile passage à l'âge adulte et du malaise existentiel de jeunes que leurs parents n'ont pas su aimer et rendre heureux et mûrs. Marina est la fille de parents encore adolescents à sa naissance, dont l'immaturité a pesé sur son enfance, avec un père absent, jouer, flambeur et infidèle et une mère bientôt entraînée dans une dérive alcoolique, cela pèse sur elle comme une blessure inguérissable, une faille, une fragilité qui l'amène à des comportements de rupture. Andrea, enfant non désiré, à été confronté toute sa jeunesse à la préférence injuste de ses parents pour son frère ainé, Ermanno, qu'il n'a cessé de jalouser.

Reste le thème de l'amour irrésistible et irréfléchi et du trio amoureux avec la discrète Elsa, la colocataire de Marina, et condisciple d'Andréa, qui peine à finir sa thèse sur Gramsci, mais espère se faire aimer un jour de son ex-camarade de fac.
Le décor des Alpes bielloises, de cette vallée piémontaise du Cervo, avec la rudesse et la beauté de ses paysages et de ses coutumes, reste le cadre qui donne son unité au roman, le lieu où il s'enracine et prend tout son sens.

Au total un intrigue habilement menée où le suspense n'a rien d'artificiel, mais correspond non seulement aux atermoiements d'un couple, mais aussi à un difficile choix d'avenir et de société, et à la conquête de la maturité. L'écriture laisse la part belle aux dialogues mais sait aussi se faire discrètement lyrique pour évoquer l'impalpable beauté des montagnes du Piémont et le caractère sauvage et insaisissable de leurs êtres, cerf de la forêt ou figure féminine "qui ne peut appartenir à personne, parce qu'elle ne réussit même pas à s'appartenir".

Un roman important pour qui veut comprendre ce que les sociétés européennes en crise ont à offrir à leurs enfants, comment cette génération conçoit le monde et quels combats elle est prête à livrer. Et un beau moment de lecture.

Merci à l'opération Masse Critique de Babelio et aux éditions Liana Levi, qui m'ont permis de découvrir cet ouvrage.
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Roman initiatique, road-movie fracassant aux allures de western, "Marina Bellezza" est un récit flamboyant capable de vous prendre aux tripes dès les premières pages.

Dans une vallée de l'Italie du nord, la blonde Marina Bellezza, étoile filante de la chanson qui a atomisé ses concurrentes lors d'un concours local, part à la conquête de la télévision nationale. du haut de « ses vingt-deux ans magnifiques bourrés de rancoeur jusqu'à la gueule », la Bellezza semble prête à tout pour devenir célèbre. Mais c'est sans compter sur les démons du passé…

Le roman de Silvia Avallone m'a séduite par ses personnages forts et à la dérive. Trois ans après leur rupture, Marina retombe par hasard sur Andrea, 27 ans, avec qui elle vécut son premier amour, passionnel et chaotique. En théorie, tout les oppose : elle n'a jamais ouvert un livre tandis que lui est pétri de poésie et de littérature ; elle est issue d'un milieu populaire, il est fils de notable… Mais en réalité, ces deux écorchés vifs ont beaucoup en commun.
Tout d'abord, le sentiment d'être en marge. Marina à cause de sa mère alcoolique et d'une histoire familiale assez sordide révélée à la fin du livre. Andrea par complexe vis-à-vis de son frère aîné, « celui qui a réussi », vit en Arizona et travaille pour la NASA, alors que lui-même n'a pas fini ses études et ne rêve que d'élever des vaches.
Et surtout leur soif de reconnaissance paternelle. Andrea aimerait que son père, le riche et puissant avocat Caucino, arrête de le mépriser et accepte son retour à la terre au lieu d'en avoir honte. Quant à Marina, elle a tellement idéalisé son père, le séduisant, volage et insaisissable Raimondo Bellezza, que son absence à chacun ses spectacles est une blessure à l'âme, de plus en plus profonde.

Fière de sa région d'origine, Silvia Avallone décrit en filigrane le coeur déserté de l'Italie rurale qui palpite d'un sang nouveau. Celui des jeunes de sa génération qui, à l'inverse de leurs parents, reviennent s'installer dans les villages de leurs ancêtres pour fuir la crise, la ville, le système et revenir aux sources de la nature. Une voie symbolisée par le choix d'Andrea de pratiquer la transhumance et de fabriquer du fromage comme son grand-père. Et aussi par l'opiniâtre Elsa, la colocataire de Marina et ancienne camarade de classe d'Andrea — victime collatérale de leur passion — qui s'engage en politique pour défendre sa région et ce nouveau mode de vie. Un monde à l'opposé de l'univers superficiel et clinquant qui attire Marina, au risque de s'y brûler les ailes. La vie leur apprendra que, quel que soit le chemin choisi, la liberté se paie au prix fort.

*** Livre sélectionné pour le prix Libraires en Seine 2015 ; prix décerné à Jacob, Jacob ***
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Je n'avais rien lu de Silvia Avallone auparavant, et j'ai plongé dans ce roman par curiosité pour la littérature italienne que je connais, somme toute, assez peu.

En premier lieu, l'idée de découvrir un pays à travers le regard d'une romancière m'avait séduite.

Si, au départ, les descriptions géographiques de cette région du Piémont m'ont un peu embrouillée pour suivre le cours de la narration, j'ai vite fini par adopter ces montagnes et ces petites villes et villages accrochés à leurs flancs. Premier pari réussi, donc, d'autant plus que la note de l'auteur à la fin du livre montre bien son réel souhait de parler de cette région qui lui tient à coeur car ancrée dans son histoire familiale.

Ensuite, cette histoire d'amour entre une starlette et un fils d'avocat m'a intriguée. le personnage de Marina est terriblement agaçant tout au long du livre, parfois un peu trop caricatural en starlette capricieuse au passé difficile. le personnage d'Andrea m'a semblé beaucoup plus réaliste et plus profond, plus attachant aussi.

Et puis me voilà embringuée dans cette relation amoureuse compliquée, tordue, peut-être impossible et je me suis justement laissée prendre au jeu de l'intrigue : comment tout cela allait donc finir ? L'auteur sème non pas des indices, mais des pistes, des options de fin, au fil des pages : mais j'ai beau être devenue un fin limier à force de lire des polars, je ne pas réussi à deviner la scène finale. Deuxième pari réussi.

Ce n'est finalement pas tant l'ancrage de ce roman dans une Italie en crise (un point important pour l'auteur) qui m'a le plus marquée, mais bel et bien cet imbroglio amoureux et les relations des deux protagonistes avec leur famille respective, ces vieilles casseroles que l'on traîne tous, plus ou moins ou, comme l'exprime si bien mon expression fétiche, “des rats crevés sous le tapis” que l'on finit par découvrir un jour ou l'autre.

Certes, Marina Bellezza n'est pas le roman de l'année, mais l'écriture, savoureuse et intrigante, donne irrésistiblement envie de le dévorer. Pari gagné !
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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