Ils vont s'entretuer, et nous les laisseront faire.
Leurs vies sont minuscules... mais elles leur appartiennent.
Ceux qui savent à quoi ressemblent les ténèbres sont prêts à tout pour rester dans la lumière
Mon cœur tremble pour lui, mon cœur se protège contre lui.
Il est terrifié.
Une seconde, j'en éprouve de la joie. Puis je me souviens: les monstres sont encore plus dangereux lorsqu'ils ont peur.
Je croyais savoir ce que c’était qu’avoir le cœur brisé. Je croyais que Maven l’avait piétiné. Quand il s’est relevé et m’a laissée à genoux. Quand il m’a avoué que tout ce que je pensais savoir de lui n’était que mensonge. Mais à l’époque, j’étais persuadée que je l’aimais.
Je sais, désormais, que j’ignorais tout de l’amour. Et de la souffrance d’un cœur brisé.
Se tenir face à celui qui est tout pour vous et s’entendre dire que vous n’êtes pas suffisante. Que vous n’êtes pas celle qu’il choisit. Que vous n’êtes qu’une ombre à côté du soleil qu’il continue à représenter à vos yeux.
Aujourd'hui j'ai retenu la leçon : le plus puissant des feux est bleu, et celui qui brille dans le regard de Maven ne fait pas exception à cette règle.
Je décoche des éclairs vers le ciel. Un signal : la faiseuse d'éclairs est libre ( p. 358 ).
-Et vous, Barrow?
En redressant la tête, je constate que Davidson rive sur moi ses yeux impénétrables. Impossible de savoir ce qu'il pense.
-Pouvons-nous aussi compter sur vous ?
Je vois ma famille défiler dans ma tête, mais ça ne dure qu'un instant. Je devrais avoir honte de ma propre colère, de la rage qui couve au fond de mon ventre et dans les recoins de mon cerveau, car elle me les fait oublier. Mes parents me tueront quand ils apprendront que je repars. Et pourtant je suis prête à participer à une autre guerre pour trouver un semblant de paix.
-Oui.
— N’oublie pas qui tu es, murmure-t-il.
Je devine aussitôt de quoi il s’agit : une boucle d’oreille, une minuscule pierre de couleur sertie dans du métal. Un cadeau d’adieu, pour me demander d’être prudente, pour me demander de me souvenir de lui si nous sommes séparés. Une autre tradition du passé. Je serre la pierre dans mon poing, et la petite tige me transperce presque la peau. Ce n’est qu’une fois que Cal s’est assis en face de moi que j’écarte les doigts.
La pierre est rouge, bien sûr. Rouge comme le sang, rouge comme le feu. Rouge comme la colère qui nous ronge tous les deux.
Incapable de me percer l’oreille immédiatement, je range la minuscule boucle en faisant bien attention de ne pas l’égarer. Elle rejoindra bientôt les autres.