Excusez-moi, cher Raymond Dumay, de brûler le préambule et d'en venir tout de suite à l'action. Elle est toute simple, l'action, et déjà bien connue : en 1952, ou 3, l'Amérique et la Russie, très décidées à ne pas s'atomiser mutuellement, mais obligées par leur politique imbécile à se faire la guerre, déclenchent les hostilités et déversent leurs provisions atomiques sur le territoire français dont, naguère, notre gouvernement vendit aux U.S.A., pour quelques aises ministérielles, la libre disposition.
Tandis que flambent en France la meule et l'atelier, une poignée de héros, parmi lesquels MM. Moque et Choumane, défendent notre chère patrie aux États-Unis où on les a parqués dans une petite ville de l’État du Missouri. Le shérif a reçu l'ordre de les avoir à l’œil.
La guerre dure depuis six mois et il y a quatorze millions de français tués, douze mille russes et sept mille américains. La France libre, dans son petit enclos de l’État de Missouri, se réjouit de ce que l'armement américain soit aussi efficace. Ses membres se succèdent sans interruption à la radio, expliquant aux français asservis que chaque fois que cent mille d'entre eux sont atomisés, c'est une très bonne chose qui avance la fin de la guerre....
(extrait de "la fille du shérif" nouvelle qui a donné son nom au recueil et qui a été publiée pour la première fois le 15.01.1951 dans la "Gazette des lettres")