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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
À 16 ans, Jbara, bergère, n'a rien connu d'autre que Tafafilt. Dans ce petit village marocain perdu au coeur des montagnes, la jeune fille vit très modestement avec sa maman qui s'occupe d'elle et de ses sept frères et soeurs, de son père qu'elle n'aime pas et de ses brebis. Dans ce trou perdu, elle se dit qu'Allah ne voit pas les parties de jambes en l'air qu'elle s'octroie en échange de quelques yaourts, biscuits ou chewing-gum. Jbara, bien qu'elle ne le sache pas, est une très belle jeune fille. Priant souvent Allah, elle lui supplie qu'il se passe quelque chose dans sa vie. Tous les mercredis et les samedis, elle guette le car de Belsouss. Ce jour arrive enfin où une valise en tombe. Une belle valise rose avec de magnifiques vêtements de jeune fille et de l'argent. Heureuse qu'il lui arrive enfin quelque chose. Malheureusement, Jbara se découvre enceinte. Aussitôt, ses parents, déshonorés, lui ordonne de partir. La jeune fille va devoir dorénavant faire ses propres choix...

Adapté du roman éponyme de Saphia Azzeddine, cet album dresse le portrait saisissant et étonnant de Jbara, une jeune bergère qui, dans un pays aux fortes traditions, refuse de se soumettre à celles-ci et rêve d'une certaine liberté. Sans tabou, dans un langage le plus souvent cru et sur un ton assez léger, Jbara s'adresse à Allah, dans un monologue en voix-off. de sa bergerie de Tafafilt aux riches demeures de Belsouss, cette jeune fille au fort caractère mène sa vie comme elle l'entend, disposant librement de son corps. Un album original, surprenant et un brin amoral. Graphiquement, Marie Avril magnifie ce portrait de femme libertine, décomplexée et émouvante : un trait subtil et de superbes couleurs orientales.
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Jbara rêve d'une vie meilleure, mais comme la majorité des femmes dans ce coin reculé du Maroc, l'autorité des hommes impose soumission et silence. Mais le jour, ou la jeune femme est rejetée par les siens, elle est bien décidée à vivre comme elle l'espère. En ayant à rendre compte de ces choix qu'à Allah. Et si la route de Jbara est cruelle et difficile, c'est celle qu'elle assume. Très belle adaptation du roman de Saphia Azzedine, avec un portrait saisissant à la fois dur et cru d'une femme prête à assumer ces choix, quitte à heurter les consciences, à remettre en cause un patriarcat intransigeant. Les dessins magnifiques de Marie Avril renforcent le parcours tumultueux de la jeune femme, et la rende à la fois charismatique et terriblement émouvante. Au coeur d'une religion qui suscite beaucoup de débats, le livre comme la BD apportent un regard intéressant et difficile sur nos croyances. Une belle réussite.
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Jbara ne doit jurer que par Rebelle, le délicat et sensuel parfum de Rihanna.
D'ailleurs Riri, si tu me lis, merci pour les royalties, eu égard à la pub gratos susmentionnée.

Née dans un bled, destinée à y mourir aussi pauvre et inéduquée que ses parents sous le regard d'Allah visiblement hermétique à la moindre de ses prières.
Qu'à cela ne tienne, le changement, c'est maintenant, qu'elle s'est dit la gamine de seize printemps attirée par le brillant de la ville.
Foi en Allah avec qui elle converse journalièrement, ok, mais surtout foi en ses courbes affriolantes susceptibles de lui faire changer de tranche d'imposition en quelques coups de reins grassement rétribués.

La mode est au support BD dès lors qu'un bouquin a plutôt bien marché.
Pourquoi pas, au regard de la qualité indéniable de ce récit sublimé par un graphisme léché, forcément, aux couleurs diaprées.

Joli portrait de femme qui aura choisi de jouir de la vie plutôt que de la subir, au risque de s'aliéner quelques esprits chagrins, fervents adeptes d'un conservatisme séculaire.
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Après le théâtre c'est au tour de la bande dessinée de proposer son adaptation du roman de Saphia Azzeddine qui nous relate dans « Confidences à Allah » le destin de la belle Jbara. Née dans un petit village miséreux et presque totalement coupé du monde, la jeune bergère âgée de seize ans se désespère de son quotidien et de ses perspectives d'avenir limitées. Un désespoir dont elle parle régulièrement à Allah à l'occasion de monologues crus mais néanmoins touchants lors desquels la jeune fille n'hésite pas à entretenir son Dieu des détails les plus intimes de son existence : « Pardon Allah de te parler aussi crûment, mais comme tu entends tout ce qu'on pense au profond de nous, ce n'est pas un mot déplacé ou deux qui vont t'offusquer, n'est-ce pas ? ». le dégoût que lui inspire son père et les religieux du coin, ses expériences sexuelles, son goût pour le luxe, ses envies de liberté..., autant de sujets que Jbara aborde sans aucun tabou, confiante dans l'amour de son Dieu, quand bien même elle avoue avoir pleinement conscience que certaines de ses décisions risque de le décevoir. Car en dépit de ses croyances et de sa stricte éducation, la jeune fille n'entend pas se laisser enfermer par les carcans définis par la religion et la société. L'héroïne de Saphia Azzedine est bouleversante d'humanité et de sincérité et on s'attache sans mal à cette magnifique jeune femme au tempérament déterminé et volontiers joyeux qui évoluera au fil du récit d'une confiante et touchante naïveté à un nécessaire pragmatisme qui se transformera en une forme de cynisme résigné.

Il faut dire que Jabara accumule les coups durs, notamment à cause des convoitises qu'elles ne manquent pas d'attiser chez les hommes. Que ce soit pour payer son loyer, se nourrir, garder son travail, voire seulement pour continuer à recevoir les petites friandises dont elle raffole, l'héroïne comprend vite qu'il lui faudra abandonner son corps. Ce qui n'est d'abord qu'une question de survie va peu à peu se transformer en ce qu'elle considère comme une formidable occasion de pouvoir s'élever au dessus de sa « condition ». Si les hommes sont prêts à payer pour son corps, pourquoi, après tout, ne pas en profiter pour avoir accès à tout ce dont elle a été privé la majeure partie de sa vie ? Les scènes de sexe sont ainsi très nombreuses et, si elles font bien souvent naître une certaine mélancolie chez Jbara, celle-ci se garde toutefois de s'apitoyer sur son sort. Les dessins de Marie Avril ne sont pour leur part jamais voyeurs ou gênants pour le lecteur qui ne manquera pas, comme la plupart des personnages, de rester admiratif devant la beauté qui se dégage de l'héroïne. Outre la qualité des graphismes, l'ouvrage séduit aussi et surtout par l'originalité et le culot avec lesquels sont abordés des sujets pourtant peu évidents à traiter. A l'heure où des fanatiques n'hésitent pas à tuer et détruire au nom d'Allah, on découvre notamment par les yeux de Jbara un Dieu tolérant, bienveillant et aimant, à mille lieues de l'image que beaucoup s'en font aujourd'hui. La question du statut de la femme est également au coeur de l'ouvrage même si l'histoire de la jeune fille ne laisse cette fois guère de place à l'optimisme.

Marie Avril et Eddy Simon signent avec cette adaptation du texte de Saphia Azzedine un très bel ouvrage mettant en scène une héroïne décomplexée cherchant par tous les moyens à s'émanciper et qui tirera l'essentiel de sa force de son amour pour Allah. Une histoire difficile mais touchante et finalement porteuse d'espoir. A découvrir.
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Jbara habite à Tafafilt. Personne ne connait par ce que Tafafilt c'est la mort. Pour une jeune fille de 16 ans il n'y a rien. Elle s'occupe de ses chèvres et donne son corps pour quelques friandises. Elle parle à Allah, aussi, beaucoup, passionnément. C'est le seul qui l'écoute alors qu'elle est jetée sur les routes, qu'elle se prostitue pour survivre et même un peu plus.

Cette bande dessinée est une jolie intrusion dans l'intimité d'une jeune arabe que la vie n'épargne pas. Elle se confie à Dieu dans un monologue en voix off. Elle lui raconte sa vie, ses hontes, ses envies de liberté. Elle lui pose beaucoup de questions, lui envoies ses doutes, ses prières. Il ne répond jamais mais elle sait qu'il l'écoute malgré tout. A travers ses paroles, on peut suivre le cheminement de ses pensées et comme dans un journal intime connaitre les moments où elles se sent libre, femme, ou au contraire les moments de honte, de manque de foi.

Les dessins contiennent eux aussi cette émotion que l'on retrouve dans le récit. Ils contiennent presque une certaine pudeur malgré les cènes crues qu'ils peuvent montrer. Plus en douceur qu'en violence alors que la vie de Jbara n'a pas été un long fleuve tranquille.

Une très belle adaptation du roman de Saphia Azzeddine.
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J'avais vu la pièce de théâtre, il y a quelques années, Confidences à Allah. Le récit de Saphia Azzedine et la prestation de la comédienne m'avaient époustouflés. Tout naturellement, lorsque j'ai vu que le roman et la pièce de théâtre avaient été adaptée en bande dessinée, je me suis jetée dessus!

Au Maroc, une jeune fille pauvre est rejetée par sa famille car elle est tombée enceinte. Se poursuit alors pour Jbara une existence difficile dans laquelle elle tente de survivre. Son seul réconfort est de se confier à Allah en tentant de justifier ses choix.

Les dessins sont vraiment magnifiques en couleur ainsi que ceux en aparté, en noir et blanc. Le récit ainsi illustré devient encore plus cru et difficile mais il permet aussi au lecteur d'avoir plus d'empathie pour le personnage. Bien entendu, cette bande dessinée n'est pas à mettre entre les mains des plus jeunes mais je la conseille.
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Marie Avril & Eddy Simon adaptent le roman de Saphia Azzeddine dans un roman graphique coup de poing.

Suivre Jbara dans son histoire n'est pas facile, malgré une plume fluide. Tant de misère, tant de servitude, tant de violences à l'encontre d'une jeune femme qui subit en espérant que chaque petit morceau de confort gagné lui apportera la liberté... Elle s'émancipe de la religion, de la société, plus généralement des hommes, en s'appropriant son corps et en l'utilisant pour s'émanciper. Elle se confie à Allah, le remerciant, le maudissant, se demandant ce qui pouvait le pousser à mettre des gens dans de telles situations. On sent bien qu'elle est partagée entre une émancipation que certain.e.s jugeront amorale et la volonté de ne plus être seulement un objet de désir. de faire autre chose de sa vie.
C'est une histoire forte, qui ne finit ni bien, ni mal, avec un personnage attachant et réaliste, montrant la noirceur humaine et toutes les contradictions qui nous animent.
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Une BD qui parle avec douceur de la condition de la femme au Maghreb et de la religion.
La narration est faite comme un journal intime. On est plongé dans les pensées de Jbara, une fille simple et pauvre. On se sent du coup très proche d'elle, il n'y a ni jugement ni moralité. Juste une tranche de vie avec beaucoup de difficulté, une façon d'essayer d'avoir une meilleure vie et de s'acclimater pour le vivre au quotidien avec en plus cette relation particulière avec Allah et de vivre avec la religion. Il y a toujours une douceur et une pudeur dans le récit malgré les sujets lourds et intimes. J'ai vraiment aimé le ton de la BD et ce recul qu'a Jbara.
Jbara est très humaine, et même si on ne vit pas la même chose qu'elle, il est facile de s'y retrouver. On la comprends très bien et du coup nous non plus nous n'émettons aucun jugement.
Les dessins sont très agréables et lumineux.
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Jbara, petite bergère des montagnes est pauvre, sans avenir et jeune femme dans un monde ou la religion les classe dans les rangs inférieurs de l'humanité. Mais la petite bergère est libre dans sa tête et dans son corps. Cela ne lui portera pas toujours chance mais ce sera peut-être sa chance. Elle ne sait pas si Dieu existe vraiment mais elle sait que les hommes en font plus une superstition parce qu'ils le craignent plus qu'ils l'aiment. Elle, elle lui parle comme à un simple ami, un copain imaginaire sans doute. Elle ne s'embarrasse pas du protocole que demande la soumission face à un être immanent mais surtout face aux hommes qui nous l'imposent. Peu importe la voie qu'il faut emprunter pour échapper à sa condition de miséreux. Jbara sait que la seule aide de Dieu qu'elle peut recevoir, elle vient de ses décisions à elle et non des prières ou simplement de la formule magique qui excuse tout et autorise à ne pas m'être responsable de ses acte, « Inch'Allah ».

Lire cette bande dessinée juste après le roman que j'ai trouvé si intense était un challenge. le risque d'être déçu était grand. Je dois dire que les illustrations sont très belles, même si l'héroïne ne ressemble pas celle que j'avais imaginé lors de la lectures roman. le scénario, bien que parfois il emprunte des raccourcis, est assez respectueux de l'écrit. L'exploit de l'auteur est sans doute d'avoir su retranscrire en image un roman qui n'est qu'un monologue, une pensée. Même si le résultat est dans l'ensemble moins intense que le roman, c'est plutôt une belle réussite.
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Ne connaissant ni le roman, ni la pièce de théâtre, ce sont la couverture et la 4ème de couverture qui m'ont attiré : le graphisme, les couleurs, les quelques mots.

Jbara vit dans un bled perdu du Maroc, elle donne son corps contre quelques friandises? C'est son univers quel qualifie de trou du cul du monde. Sa grossesse et la découverte d'une valise occidentale avec des objets et de l'argent vont changer son destin immédiat.

Jbara est belle mais elle ne le sait pas encore. Elle fait tourner la tête aux hommes et va améliorer son quotidien en vendant son corps. Jbara dialogue en permanence avec Allah, elle l'interpelle, lui confie ses peines, ses peurs mais aussi ses doutes. Allah ne lui répond pas mais elle interprète certains signes comme des réponses qui l'aident à faire des choix.

Jbara fait la pute comme elle dit mais elle veut gagner de l'argent, rencontrer des hommes influents pour choisir l'homme qu'elle voudra. La vie de Jbara est décrite sans complaisance. Cette jeune femme cherche à s'émanciper et sortir du joug de la tradition et de la religion tout en interpellant Allah en permanence, ce qui n'est pas le moindre des paradoxes.

Les textes sont crus, parfois très crus (cf la technique de Sidi Mohamed pour que ses partenaires restent vierges pour le plus beau jour de leur vie).

Les dessins et les couleurs de Marie Avril sont magnifiques. le corps de Jbara est magnifié comme l'histoire de sa vie. Mais la dessinatrice sait aussi nous montrer Jbara sans fard dans toute sa détresse mais aussi sa simplicité.

L'histoire de Jbara pourrait être un fait divers sordide, les auteurs ont font la lutte d'une femme pour exister pour aimer. Je vais lire le roman de Saphia Azzedine pour retrouver l'atmosphère première et voir si les auteurs de la BD ont respecté le texte original.










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