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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Une femme africaine parle de la vie dans la période de transition entre la tradition et l'entrée dans la modernité sénégalaises. le témoignage d'une femme qui songe à conserver la relation avec son bien aimé et à devenir émancipée, car émancipée elle devient au fur et à mesure que le masque de la société traditionnelle enrichie de certains avantage colonialistes tombe. Entre la loyauté écrasante envers sa famille et la nostalgie, s'adressant à une femme qui a choisi la liberté, mais loin du continent africain. Ce récit empli de tendresse et de mélancolie nous met face à des contradictions que les femmes africaines de sa génération (autres générations certainement aussi et pas seulement femmes africaines) doivent affronter.
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Un « petit » livre qui est en fait une série de courtes lettres que l'auteur envoie à une amie et où elle raconte sa vie, ses jours de bonheur, le deuxième mariage de son mari et la perte de celui-ci. C'est bien écrit, captivant et plein de tendresse.
C'est un très beau livre sur la condition de la femme au Sénégal et, même si le livre date de la fin des années 70, je pense qu'il n'a pas pris une ride.
Remarquez que si ce livre traite de la condition de la femme au Sénégal, il est aussi généralisable à l'ensemble de l'Afrique, et je pense plus particulièrement au Maghreb.
Bien plus, il s'adapte aussi à l'Occident, où si la loi interdit officiellement la polygamie, les maîtresses sont tolérées et intégrées.
Il montre sur un demi-siècle, un peu avant l'indépendance et après, la montée de la femme dans la société, le poids des pesanteurs sociologiques malgré les lois et le courage et la résilience de celles-ci. Ces pesanteurs sont tout autant celles des hommes que des femmes, et notamment, des belles-mères. Certaines femmes n'hésitent pas à divorcer lors d'un second mariage de leurs époux quand d'autres restent tout en faisant pression et attendant meilleur fortune.
Comme écrit plus haut, les mères avec la pression qu'elles mettent sur leurs fils sont loin d'être neutres et accentuent ces conflits.

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Emouvante lecture sur la place des femmes dans la culture sénégalaise.

Mariama Bâ autrice sénégalaise majeure, relate dans ce récit qui prend la forme d'une confession, la société sénégalaise et ses traditions.

Ramatoulaye, qui vient de perdre son mari, écrit une lettre à son amie d'enfance Aïssatou. Elle est dans cette période de veuvage pendant laquelle la belle famille s'approprie les effets du défunt et espère guider le comportement de la veuve.

L'autrice nous parle de tradition, d'éducation, d'amour, de modernité et d'indépendance.
Elle évoque le poids de la famille au moment du choix du mari. La place de la belle famille. Et aussi la polygamie et l'absence de droits des femmes.
Ramatoulaye se remémore son enfance, ses espoirs, son amour pour ce mari maintenant décédé et cette période de sa vie si douloureuse où elle a découvert que son mari prenait une seconde épouse.


Un court récit raconté avec beaucoup de justesse et d'amour.
Une très belle plume à découvrir.



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Une leçon de vie universelle.

Issue d'une famille aisée, instruite et agissante dans le monde politique, Ramatoulaye a vécu sa jeunesse dans une société sénégalaise en mutation, en pleine accession à l'Indépendance, qui veut se tourner vers la modernité en se délivrant du poids des coutumes et valoriser la femme africaine.
À la maturité de sa vie, alors que mère de 12 enfants devenue veuve, elle doit, selon la coutume, s'isoler pendant 40 jours pour marquer son deuil ; elle écrit à sa meilleure amie de toujours, Aïssatou et évoque leurs vies à toutes deux faites d'espoirs, d'idéaux, de déceptions.

Elle nous narre ce faisant leurs vies depuis leurs années d'études, le choix de leurs époux, leur vie quotidienne dans le monde privilégié dans lequel elles ont évolué.
Elle raconte les manoeuvres perfides des femmes de leur entourage, les trahisons de certains membres de leurs familles dont elle-même et Aïssatou ont été victimes, les enjeux dans une société sans concessions quant aux traditions ; elle raconte les proches (le mari de Ramatoulaye, la belle-mère de Aïssatou) quasi impitoyables commettant des trahisons motivées par l'appât du gain, la haine ou la convoitise sexuelle et l'orgueil.

Ce roman (mais s'agit-il d'une fiction ?) écrit par une Sénégalaise née en 1929, âgée de 50 ans au moment de sa parution en 1979, militante contre les castes et la polygamie, mère de 9 enfants nous montre les arcanes d'une certaine société africaine, les ambitions, les jeux de pouvoirs en sous-sol, les manipulations, les traîtrises, les vanités, mais aussi la droiture, les concessions nécessaires, le respect, et l'infinitude de l'amour maternel.

Les dernières pages nous laissent imprégnés de respect pour cette héroïne et d'un formidable espoir, inattendu après tant de noirceur.

Une leçon de vie universelle.
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Confinée pendant la traditionnelle quarantaine imposée par son veuvage, Ramatoulaye adresse une longue lettre à son amie Aïssatou. Elle y fait le bilan de son existence, se remémorant les rêves de sa jeunesse, le bonheur de ses années conjugales, puis la douleur de la solitude quand son mari la délaissa pour prendre une seconde épouse.


Si les confidences que, sur un ton juste et posé, cette femme aligne avec sincérité dans une prise de recul sur sa vie passée, sont devenues un immense classique de la littérature africaine et ont classé Mariama Bâ parmi les écrivains les plus célèbres de son pays, c'est parce qu'elles constituent un manifeste, pionnier lors de sa parution à la fin des années soixante-dix, pour la condition féminine au Sénégal. Au travers de deux amies confrontées malgré leur éducation, leur aisance et leur accès à une activité professionnelle, aux limitations imposées aux femmes dans leur rapport aux hommes, c'est toute la société sénégalaise, avec son système de castes et surtout la pratique de la polygamie, que questionne Mariama Bâ.


Comme son amie avant elle, Ramatoulaye découvre après tout le monde les tortueuses intrigues familiales et le remariage de son mari au bout de vingt-cinq ans de vie commune. Contrairement à Aïssatou qui opte pour le divorce et s'exile, elle prend le parti de plier devant le fait accompli, mais en s'effaçant dans une solitude consacrée à son métier d'enseignante et à ses douze enfants : un choix qui, au-delà d'être humiliant, l'isole péniblement. Comble de ce qui n'est pourtant pas de l'ironie, au décès du mari, des années plus tard, il faudra encore que Ramatoulaye bouscule les traditions pour envisager de recouvrer un droit sur sa propre vie. Car, une fois passé l'obligatoire confinement du veuvage, c'est son beau-frère qui est désormais en droit d'en faire une seconde épouse.


Roman militant, Une si longue lettre s'inscrit avec force dans cet élan, qui, dans les années soixante et soixante-dix, fit s'élever la première génération de Sénégalaises instruites contre la polygamie. Aujourd'hui, plus d'un tiers des ménages sénégalais se déclarent encore polygames : un chiffre en lente érosion, qui masque toutefois une recrudescence… dans les milieux aisés et intellectuels justement ! Les filles instruites suscitant une certaine méfiance, elles restent plus longtemps célibataires et finissent par accepter d'épouser un homme déjà marié pour entrer dans la norme sociale du mariage et de la famille.


Cette oeuvre majeure dans l'histoire du féminisme sénégalais, dont Mariama Bâ est devenue un emblème, se découvre donc avec d'autant plus d'intérêt, que, plus de quarante ans après sa première édition, elle est toujours d'actualité.

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Un roman impressionnant, écrit dans un français parfait mais parfois difficile à comprendre
ce roman nous interpelle sur la condition de la femme sénégalaise alors qu'il a été écrit il y a plusieurs dizaines d'années. On ne peut que saluer le courage de l'auteur
quelle est la part d'autobiographie ?

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Comme son titre l'indique, ce roman est la transcription d'une longue lettre que Ramatoulaye, femme sénégalaise, écrit à son amie Aïssatou, en réponse au mot que cette dernière lui a adressé en apprenant son récent veuvage.
Le défunt a laissé la narratrice démunie, endettée, ayant mené grand train durant les dernières années de sa vie avec sa deuxième femme, une ancienne camarade de classe de sa fille aînée, qu'il a couverte de cadeaux, et dont il a luxueusement entretenu la mère.

Institutrice passionnée par son métier, Ramatoulaye a dû se débrouiller pour subvenir à ses besoins et à ceux de ses douze enfants, mais c'est surtout la solitude occasionnée par cette trahison qui l'a faite souffrir. Bien sûr, aux yeux de la loi, son mari ne l'a pas trahie, puisque la polygamie est admise par le droit sénégalais. Peu importent la douleur subie par l'épouse, l'affront qui lui est fait.
C'est avec beaucoup de force et d'émotion -l'écriture de Mariama Bâ est très belle- que l'héroïne exprime le chagrin qu'elle a éprouvé lorsque vingt-cinq années d'amour et de vie commune ont été balayés pour la fraîcheur et la docilité d'une jeune fille qui allait gâcher ses perspectives d'avenir et d'indépendance en abandonnant ses études pour contenter le démon de midi d'un père de famille vieillissant.
Car Ramatoulaye ne montre aucun ressentiment pour sa remplaçante, consciente qu'elle est aussi une victime d'un système où les femmes n'ont quasiment aucun droit, hormis celui de comprendre l'homme, le pardonner, lui permettre d'assouvir ses instincts. D'ailleurs, le seul fait d'aller au cinéma sans être accompagnée lui vaut des regards réprobateurs...

Et pourtant... elle se souvient avec nostalgie de ses années d'étudiante. L'accession à l'indépendance permettait tous les espoirs, la jeune génération instruite pensait révolutionner le monde. Ramatoulaye est bien un peu amère face au constat du chemin qui reste à faire pour que la femme sénégalaise se libère du joug d'une société patriarcale qui n'a finalement pas vraiment évolué. Mais surtout, elle garde la tête haute. Et puis, sa sensibilité et la combativité de sa fille aînée incitent à espérer cette héroïne qui force l'admiration par son courage et l'amour qu'elle a su garder en elle malgré les déceptions et les difficultés de l'existence.

Un très beau roman, avec lequel Mariama Bâ nous livre de touchants portraits de femmes.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Une si longue lettre est, comme le dit le titre, une longue lettre écrite par une femme sénégalaise, en période de veuvage, à une amie. Cette lettre est très puissante, féministe, et interroge les traditions présentes en Afrique et qui oppressent la femme. La polygamie par exemple est beaucoup évoquée dans le roman, et on comprend la différence de destin entre celles qui acceptent et subissent la polygamie, et celles qui la refusent. Les thèmes de l'éducation, l'amitié, l'amour, les chocs entre tradition et modernité, etc. sont également abordés. C'est un livre bien écrit, très intéressant, qui se lit très rapidement. Je recommande fortement
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Est ce une lettre, envoyée à sa meilleure amie partie aux Etats Unis parce qu'elle n'acceptait pas les jeux malsains de sa belle famille , et l'intrusion d'une nouvelle épouse, plus jeune, bien plus jeune qu'elle ?Non.
Comment peut on raconter dans une lettre ce drame à celle qui l'a vécu ? Non, ce n'est pas du tout une lettre, ni courte, ni longue, c'est un récit.
L'héroïne, celle qui, supposons le, écrit une lettre à cette absente, nous raconte en fait à nous : le fait qu'après vingt cinq ans d'amour, son mari, aussi, s'est fait piéger par une amie de sa fille. Cela il y a 5 ans.

Bon, entre la polygamie séculaire des femmes des campagnes du Sénégal, et d'Afrique en général, qui s'entraidaient aux champs, qui avaient chacune « un jour »de visite du mari dans leur lit et chacune une case, qui élevaient leurs enfants ensemble, même si souvent les jalousies éclataient au grand jour, coutume séculaire et compréhensible vu les conditions difficiles de vie, entre donc cette polygamie et la polygamie vécue par les citadines de Dakar en 1979, ayant étudié, travaillant au dehors, trouvant un beau jour qu' une petite s'est adjugé le mari, il y a une vraie différence.

Lorsque ce mari abandonne la femme et les 12 enfants, pour vivre avec cette petite, que cette petite porte beau avec ses robes couteuses et ses voitures, et que de plus la légitime continue à financer les dépenses communes de son « couple » qui pourtant n'existe plus, lorsqu'elle se rend compte de l'argent dépensé pour l'autre, lorsqu'en plus elle doit partager l'héritage en part inégales, pas besoin de le préciser, nous serions les premiers à applaudir au divorce, comme l'a fait sa meilleure amie à laquelle elle « écrit », et comme ses enfants le lui conseillent.

Eh bien, non, et si ce livre a été considéré comme le drapeau du féminisme, là, je ne vois pas. S'il s'est « imposé comme une voix incontournable de la littérature africaine », je ne saisis pas non plus.
Quant au rejet de la polygamie, c'est comme si on demandait aux femmes d'aujourd'hui si elles ne voyaient pas d'inconvénient à ce que leur mari entretienne des jeunettes avec leur argent, parce que c'est d'argent dont il s'agit, pas des plaisirs partagés.

Donc, s'élever contre la polygamie ainsi que Mariama Ba nous la présente, paraît un peu enfantin. Car elle ne part pas, son héroïne, elle partage le deuil avec celle qui lui a capté son mari, comme une bécasse elle a même peur de se faire complètement plumer, et elle paye durant le deuil sa belle famille et celle de l'autre, elle paye, avec des phrases d'un autre monde « le meilleur d'une femme, c'est la propreté », donc, nous sommes tous d'accord, elle n'a rien à se reprocher, elle a nettoyé la maison, reçu la famille large de son mari, elle continue à élever ses enfants dont le dernier a 5 ans. Elle vit en réalité sans mari, mais ne pouvant se remarier. Bien sûr, mais il y a pire, dit elle : des maris alcooliques, violents, joueurs, et on peut aussi avoir une jambe de bois…..

Et puis j'ai relevé quelques incohérences dans une même phrase, peut être due à mon ignorance des coutumes de l'islam : son mari doit être inhumé dans le seul tissu permis, 7 mètres de percale blanche… puis ils le recouvrent de pagnes riches et sombres.
Elle refuse les propositions du frère du mari « mort et bien mort » dit elle, (comme si on pouvait être à moitié mort, mais passons) : « Ma maison ne sera jamais pour toi l'oasis convoitée »… et ajoute : « tu seras ici dans la propreté et le luxe, dans l'abondance et le calme. » Drôle de manière d'évincer un prétendant qui en veut à son argent.

Donc ceci n'est pas une lettre, n'est pas un pamphlet contre la polygamie, ni non plus une image un peu moderne de la femme libérée, c'est selon moi une réflexion sur les finances d'un couple, aggravé lorsque les vieilles coutumes machistes sont mélangées à la société de consommation. C'est de l'argent dont parle Mariama Ba.

Ce livre a été écrit presque 20 ans après l'indépendance, alors que le Sénégal n'était pas une colonie, mais une partie de la France, envoyant des intellectuels à l'Assemblée nationale( Blaise Diagne, Senghor)pays développé certainement , avec des écoles et des Universités crées 3 ans avant l'indépendance en 1960. En cherchant « polygamie au Sénégal », je vois que beaucoup d'intellectuelles choisissent, ou acceptent, d'être seconde épouse, bien sûr, comme ça on n'a pas à se mettre aux fourneaux chaque jour, on partage les assauts si assauts il y a ( permettez moi de douter, car toute cette sarabande repose sur la surpuissance des hommes. Bon, d'accord., je ne vais pas m'en plaindre.

Pour rester dans un climat positif, disons quand même que le seul intérêt d'« une si longue lettre » est d'être un des premiers à être écrit par une femme africaine. Et puis Mariama Ba a, elle, divorcé 2 fois, ouf !
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Modou décède. Sa première épouse Ramatoulaye sonde sa vie et fait part de ses ressentis, à travers un récit épistolaire à son amie Aïssatou, exilée aux Etats-Unis. Cette dernière avait préféré divorcer plutôt que d'être engagée dans un mariage polygame.

Même contexte, mais des choix de vie différents en fonction des limites et des valeurs de chacune. Les thèmes se bousculent dans cette oeuvre dense mais accessible : amitié, polygamie, condition de la femme, hypocrisie d'une certaine bourgeoisie sénégalaise…

Ainsi, la narratrice confesse sa foi en la famille, déclarant qu'elle est le socle de la nation. Un point de vue survolé mais qui n'enlève rien à la force du propos.
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