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Citations sur Les Noirs américains : Des champs de coton à la Maison Bl.. (9)

Le journaliste Alex Kotlowitz a raconté la vie d’une famille noire dans un quartier pauvre de Chicago, et rapporté la réflexion d’un des enfants, qui résume, avec une simplicité glaçante, une éducation reçue au milieu des balles perdues et des règlements de compte : « Si je grandis, je voudrais être chauffeur d’autobus. » « Si je grandis », et non « quand je serai grand ».
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Il [le président H. Bush] adoptait une position militante contre l’action affirmative et niait la responsabilité du gouvernement en matière raciale. Le 4 mai 1991, il prononça à l’université du Michigan un discours qui donnerait le ton de sa campagne électorale pour tenter d’obtenir un second mandat l’année suivante :
« Quand le gouvernement essaie de servir de parent, ou de professeur, ou de guide moral, certains individus peuvent être tentés d’abandonner leur sens des responsabilités, et de croire que seul le gouvernement a la charge de secourir ceux qui sont dans le besoin. Mais s’il y a une chose que nous avons apprise pendant le dernier quart de siècle, c’est que nous ne pouvons pas généraliser la vertu. En réalité en accumulant loi après loi (…), nous avons amoindri la sensibilité morale de la population. Le règne de la loi a été remplacé par celui de l’échappatoire, l’idée que tout ce qui n’est pas illégal doit être acceptable. »
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Les militants noirs avaient trouvé dans le Nord l’appui indispensable pour imposer la loi fédérale aux irréductibles du Dixie. Mais vers quel soutien pourraient-ils se tourner, s’ils remettaient en cause le mode de vie et la bonne conscience du Nord ?
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Présentes en Champagne, en Argonne et sur tout le front de l’est de la France, ces unités venues d’outre-mer convainquirent par leur bravoure et leur fidélité. Beaucoup de soldats reçurent la Croix de Guerre à titre individuel ou collectif. […] La vraie liberté, c’était en France que ces soldats de la démocratie la découvraient. Populaires et bien accueillis, ils s’asseyaient à la terrasse des cafés, prenaient sans arrière-pensée les transports en commun et n’hésitaient plus à inviter quelques Françaises à partager leurs permissions. Ce comportement outrait les autorités américaines qui s’efforçaient vainement de mettre les Français en garde contre la bestialité incontrôlable des Noirs. Robert R. Moon, le successeur de Booker T. Washington à la tête de l’Institut Tuskegee, rendit visite aux troupes de couleur encore stationnées en Europe à la fin de la guerre, et leur laissa entendre que l’égalité entrevue en France ne saurait se prolonger à leur retour au pays.
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Mais King avertit que les marches ne cesseraient pas tant qu'il n'y aurait pas de concessions substantielles. Lors d'une grande réunion du Mouvement, le leader noir ne craignit d'ailleurs pas d'exposer publiquement son état d'esprit. Le visage marqué, s'épongeant fréquemment le front de son mouchoir, il déclara avec force :
"Je suis las de marcher ! Las de marcher pour quelque chose que j'aurais dû avoir depuis ma naissance ! (...) Je suis las de vivre chaque jour sous la menace de la mort ! Je n'ai pas le complexe du martyr. Je veux vivre aussi longtemps que n'importe qui (...) et quelquefois je commence à douter d'y parvenir. J'avoue que je suis fatigué ! (...) Je ne marche pas parce que cela me plaît, je marche parce que je le dois !".
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Jeune citadin venu de Chicago pour passer l'été chez son oncle dans la campagne du Sud, Emmett Till n'avait pas la moindre idée du piège qui l'attendait, il ne connaissait pas la règle du jeu et il se précipita sans comprendre contre le tabou suprême : l'interdit pesant sur la femme blanche. A Chicago, il fréquentait une école intégrée, il avait même une "petite amie" blanche. Du moins s'en vantait-il auprès de ses copains ébaubis de la campagne. L'un d'eux le mit au défi de seulement adresser la parole à une femme blanche. Sans faiblir, Emmett entra dans un magasin, acheta quelques bonbons, et salua la propriétaire d'un rapide : "Salut, chérie !"
Quelques jours plus tard, deux hommes, le mari et le beau-frère de la jeune-femme, vinrent chercher Emmett chez son oncle Mose Wright. On ne devait plus le revoir vivant. Son cadavre défiguré et mutilé fut retrouvé dans un bras du Mississippi, enchaîné au ventilateur d'une égreneuse à coton. Seule sa bague permit de l'identifier. Il n'était ni le premier ni le dernier Noir que l'on retrouvait dans une rivière du Sud, une balle logée dans la tête. Mais Emmett Till venait de Chicago. Sa mère, Mamie Till Bradley, remua ciel et terre pour que le corps fût ramené dans le Nord. Elle exigea que le cercueil demeurât ouvert pendant quatre jours : "pour que le monde entier puisse voir ce qu'ils ont fait à mon fils". La presse s'empara de l'affaire, Jet publia la photo insoutenable du cadavre d'Emmett. Toute une génération de jeunes Noirs ne l'oublia jamais. La mort d'un jeune garçon destinée à "servir d'exemple" exposa à la nation entière l'horreur tranquille du Sud profond.
(...)
Après une petite heure de délibération, le jury rendit son verdict : non coupables ! Carolyn Bryant, qu'Emmett Till avait osé appeler "chérie", et sa belle-soeur se jetèrent avec enthousiasme dans les bras de leurs maris qui avaient si bien défendu leur honneur.
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Le docteur Kenneth Clark avait mis au point une méthode d'investigation pour étudier les attitudes des enfants de couleur fréquentant des écoles ségréguées. Il leur montrait des poupées, certaines noires et d'autres blanches. Quand il les priait de désigner les noires et les blanches, les enfants ne se trompaient jamais. S'il demandait quelle poupée ils préféraient, la majorité des enfants choisissaient une poupée blanche, certains déclarant même que la poupée noire était "vilaine". Quand enfin il posait la question : "Quelle poupée te ressemble le plus ? ", les enfants, acculés à s'identifier à la poupée qu'ils avaient rejetée, se montraient agressifs ou bouleversés, refusaient parfois de répondre, quelques-uns allaient même jusqu'à prétendre se reconnaître dans la poupée blanche. Il était évident que ces enfants, soumis aux contraintes de la ségrégation, étaient dès leur plus jeune âge pénétrés du sentiment de leur infériorité.
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Hommes, femmes et enfants, soigneusement examinés comme un bétail de choix et appréciés selon leur taille, leur jeunesse et leur force physique, recevaient une marque au fer rouge sur la poitrine et partaient, enchainés deux à deux, poignets et chevilles, vers les navires ancrés dans le port. En rangs serrés, ils embarquaient sur les négriers qu'ils emplissaient, allongés, de la cale au pont supérieur, n'ayant la place ni de s'asseoir, ni de se retourner, à peine de respirer.
(...)
La traversée durait entre six et dix semaines. Aucun chiffre, aucune statistique ne peut rendre l'horreur de ces voyages, le climat de folie et de suffocation qui régnait à bord des bâtiments en route vers le Nouveau Monde. Les quelques esclaves qui parvenaient à s'échapper préféraient la noyade à la captivité. Certains sombraient dans la démence. D'autres entamaient des grèves de la faim, et il n'était pas rare qu'on leur brisât les dents pour les nourrir de force. Le scorbut, les épidémies de variole et de dysenterie opéraient des ravages dans les conditions d'entassement et de saleté où l'on maintenait les prisonniers. Les cadavres des suicidés et des victimes de maladies étaient jetés par-dessus bord en si grand nombre que les requins suivaient les navires à la trace depuis la cote africaine jusqu'en Amérique.
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J'ai grandi dans un quartier où toutes les minorités étaient minoritaires.
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