survivante d'un récit
qu'on ne raconte pas
J’offre des émotions
à une table desservie
Je ne retiens qu’une larme
apeurée
d’avoir saigné une terre sacrée
qu’on me confia
Pourvu que restent ces regards
qui l’ont vue.
Nipatshitinen nimitunenitshikan
miam neshtunamani mitshishuakan
Muk peik maunapui
nikanueniten
usham nishetshishin
nin la minikauian
tshetshi nakatuenitaman assi
Nipakushueniten
tshetshi tat auen
anu tshe minu-tshitapatak
Nous sommes rares
nous sommes riches
comme la terre
nous rêvons.
Ninan apu mitshetiat
nuenutishinan
miam assi
nipuamunan.
Ils marchent
sans courbure,
attentifs
aux sons de la neige
sous la raquette
des bâtons
à message
les attendent
au milieu du lac gelé.
Pimuteuat
Shutshi-pimeteuat
natutamuat
tshikashameuat tshetshi
mamakushkahk
tshissinuatshitakana
pakushenitamuat
tekushinitaui
taushkam
Où sont passés les arbres
qui poussaient quand
je grandissais ?
L'intérieur des terres
a été vidé
je pleure, je vide
mon âme
de souffle court,
assez pour respirer
La vrai terre
la forêt
qui m'appelle
je m'assois
pour trouver
la paix.
Mon fils,
tu es rejeté,
tu as de la peine
de ne pas savoir
qui tu es.
Quand tu rentres chez nous,
le kamanitushit raconte
avoir rêvé de toi
une âme voit
un fils se tue,
une fille se perd
aveugles
au clair de lune
qui les habite.
Fille du Nord,
mon grand-père
dit, sans colère :
" Le fils du sud
appelle le vent d'Est
pour réveiller la tourmente de l'Ouest "
Sûr que les sons
les chants et les danses
sentent le battement
des coeurs assemblés
au creux du tambour.
Tue-moi
si je manque de respect à ma terre
Tue-moi
si je manque de respect à mes animaux
Tue-moi
si je reste silencieuse
quand on manque de respect
à mon peuple
À Cloé et à Gilles
Dessine-moi l'arbre
que tu es
Dessine-moi la rivière
que tu as racontée
Dessine-moi le vent
qui t'a fait voyager
Dessine-moi le feu
qui brûle en nous
Dis-moi que je suis ton au-delà
toi, l'animal blessé,
tes ancêtres m'ont conduit à moi
pour me raconter les images
de tes rêves
Reste un peu dans ma mémoire
toi, l'homme, l'animal blessé,
reste un peu dans ma mémoire.
Tes murmures sonnent
la sagesse d'une vie vécue,
ton regard devine la paix ,
ton coeur bat au rythme
des battements d'ailes de l'aigle
On semble m'appeler
à monter dans le bois,
là-bas, à l'intérieur des terres ,
notre terre.
Il y a si longtemps
que je n'ai pas vu l'Innu
passer en traîneau,
semble-t-il me dire.
Il y a si longtemps
que je n'ai entendu
le son du tambour,
semble-t-il me dire.
Où sont donc passés
les Innus ?