Paul est un homme comblé avec une femme qui l'aime et un bébé à naitre. Mais quand le jour de son mariage parmi les invités surprise il retrouve Joseph, son copain de collège, ses certitudes s'effondrent et il est replongé dans l'été de ses 15 ans. Nous sommes au coeur des années 80, dans une famille bourgeoise de province, une famille où tout n'est que faux-semblant et où des parents en plein désamour creusent le sillon de la détresse de leurs enfants. Paul, témoin impuissant de ce couple à la dérive, est un adolescence triste et solitaire, un garçon avec le sentiment « d'avoir une mère sans jamais avoir été tout à fait un fils » tant celle-ci les néglige lui et sa soeur, noyant son désarroi dans l'alcool, pour oublier le mépris du père, trop occupé à fuir le foyer. Il voit son univers s'éclaircir le jour où Joseph emménage dans la petite ville. Pour le meilleur. Et pour le pire…
Après m'avoir bouleversée il y a 2 ans avec ‘
Les corps conjugaux',
Sophie de Baere m'a laissée encore une fois le coeur chaviré. Qu'elle emprunte la voix d'une femme en proie à un amour impossible ou qu'elle se glisse dans les pensées d'un jeune adolescent perdu, elle a l'art et la manière de décrire les amours malheureux, de nous plonger au coeur des sentiments et nous faire partager un torrent d'émotions. Qu'il est touchant Paul dans sa solitude et sa maladresse. Qu'il est émouvant dans sa quête d'attention de ses parents mal aimants. Comme il est attendrissant à l'aube de ses premiers émois. Et ô combien il est bouleversant dans sa souffrance, sa résignation, son abnégation. C'est poignant et c'est dur, c'est tendre et triste, mais c'est la vie, dans sa douceur et dans sa violence. Avec délicatesse,
Sophie de Baere décrit la difficulté de grandir quand on est jugé différent, avec tendresse elle dit combien il est difficile d'aimer quand on est mal aimé. Elle conte avec pudeur les amitiés adolescentes dans ce qu'elles ont de plus pur et de plus cruel aussi. Avec colère, elle dit la lâcheté des adultes qui accusent et l'intolérance qui détruit. Elle nous dit enfin la complexité des sentiments, la difficulté à les exprimer, mettant en lumière le désastre qu'il résulte du manque de mots, les blessures indélébiles des silences parfois plus dévastateurs que les paroles, qu'ils viennent d'un parent, d'un ami ou de la personne qu'on aime.
Un livre que j'ai quitté à regret. Un live pour ouvrir les esprits, pour ouvrir les coeurs et laisser place à l'amour. Triste et beau. Et on en redemande !