Les stagiaires

Après mon coup de coeur pour le très, trop, réaliste A durée déterminée de Samantha Bailly, j'avais hâte de découvrir comment Ophélie avait commencé son aventure chez Pyxis, avec la réédition par le Livre de Poche du premier tome de cette trilogie ayant pour cadre le monde du travail : Les stagiaires.

Nous faisons donc un petit saut dans le passé, pour découvrir Ophélie mais aussi Arthur, Hugues, Vincent, Alix et Enissa, tous stagiaires chez Pyxis. Provinciale fraîchement débarquée à Paris, Ophélie est prête à sortir du confort de sa vie rennaise pour concrétiser son rêve et travailler dans la communication. Si l'amitié entre les stagiaires se crée rapidement, une question demeure en suspens : embauchera, embauchera pas ?

J'ai été ravie de retrouver Ophélie, toujours aussi déterminée et motivée par son travail, mais un peu moins usée et désabusée que dans A durée déterminée. Cette fois-ci, c'est avec Arthur qu'elle partage la narration de l'histoire ; Arthur qui est rapidement évoqué dans le tome deux, qui peut se montrer une vraie tête à claques, mais auquel on s'attache malgré tout, parce que derrière ses airs prétentieux, on devine un petit garçon riche et perdu.

Ce qui a été le plus difficile à lire dans ce roman, comme dans le précédent, ce sont les passages traitant du monde du travail, douloureusement réalistes, et qui m'ont rappelé un peu trop de situations connues. Les stagiaires, corvéables à merci, qui arrivent les premiers et partent les derniers, avec un salaire de misère, dans l'espoir de prouver leur valeur et de pouvoir rester, les non-dits et les faux-semblants de la direction, les directeurs de stage indifférents, tout cela paraît bien familier !



Familière aussi, la situation d'Ophélie ; choisir entre supporter ce que l'on connaît et choisir la facilité, ou prendre le risque de tout plaquer, et peut-être de tout perdre, pour toucher son rêve du doigt. Il y a aussi d'autres choix, plus difficiles, ceux que font les couples qui s'aiment ou croient s'aimer mais dont les ambitions et les chemins diffèrent. Tout cela appuie bien là où ça fait mal, pour le pire mais aussi pour le meilleur.

En revanche, ce qui n'est pas douloureux mais a trouvé également un écho en moi, c'est de voir cette petite bande se former, avec des personnalités différentes mais liées par les mêmes galères. J'ai été touchée de découvrir les prémices de l'amitié sincère qui lie Hugues et Ophélie, mais également celle qu'elle noue avec Vincent, j'ai aimé la passion d'Alix et la manière dont elle assume sa personnalité ; Enissa m'a malheureusement rappelé un peu trop de jeunes femmes avec lesquelles j'ai travaillé, et que j'aurais haïes si elles ne m'avaient pas inspiré de la pitié. Enfin, j'ai mieux compris ce qui s'est réellement joué entre Arthur et Ophélie, et qui n'est que sous-entendu dans A durée déterminée.

C'était une expérience assez étrange de lire à l'envers, en sachant déjà ce qui allait se passer pour les stagiaires dans le futur. Étrange, mais rassurant aussi, de savoir que, malgré les galères et les coups bas, ils s'en sortiraient, et que l'avenir leur réserve le meilleur, du moins à certains !

Dans ce roman, Samantha Bailly dresse un portrait à la fois acide et tendre des stagiaires, dans un domaine qu'elle connaît bien, l'édition. Avec bienveillance, mais sans faux-semblants, elle offre à ses personnages des moments de félicité et des déconvenues, et nous rappelle par la même occasion que le monde du travail est injuste, exigeant et impitoyable. Un tome aussi réussi que A durée déterminée, et qui laisse présager du meilleur, mais également du pire, pour le dernier tome à paraître.
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Acheté au salon du livre parce que je trouvais la couverture sympa!
je n'ai pas été deçue!
lecture permettant de passer un bon moment