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Citations sur Une bonne intention (74)

— Pardon, Nico, je n’aurais pas dû parler de Karine comme ça, excuse-moi. Mais je me fais du souci. Mati a mûri trop vite et elle s’inquiète pour toi. Je ne te demande pas une réponse tout de suite, je te demande juste d’y réfléchir. Rien n’oblige Mati à changer d’école avant le collège. Tu pourrais la déposer le matin, ton père ou moi irions la récupérer le soir. Tu vois, pour elle, ça ne changerait pas grand-chose.
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Nicolas aurait pu rentrer depuis une bonne demi-heure déjà, mais il a besoin d’un sas de décompression, avant de retrouver le pavillon perforé de ses deux Velux, la façade qui pleure sur leur ancien bonheur et le jardin qu’ils ne termineront jamais. Tous les jours, à la même heure, il bavarde avec son épouse. Au début, quand tout a commencé, il était seul, il le savait. Il se sentait vaguement couillon de s’adresser à sa boîte à gants, Tu divagues, mon grand, qu’il se disait. Mais les choses ont changé : Karine lui répond, il en est persuadé, c’est un dialogue qui s’opère. Bien sûr, il perçoit les regards inquisiteurs des passants, ces imbéciles pensent que sa lucidité s’est fait la malle, mais il n’est pas dingue.
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Éliane prend une bouffée d’air qu’elle accompagne d’un imperceptible gémissement. Cette maison respire la douleur. Comment se reconstruire quand les souvenirs sont partout, agrippés aux murs dans des cadres de bois clair ? Son fils n’a même pas encore débarrassé ses affaires alors qu’un an a passé. Tout est figé, le temps s’est arrêté. Ce n’est pas une habitation, c’est une sépulture.
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— Ma chérie, tu viens ? Ton goûter t’attend…
Éliane sent bien que sa petite-fille a le moral dans les chaussettes.
— Qu’est-ce que tu regardes de beau ?
À son tour, elle laisse aller ses yeux sur le gris du ciel, elle tombe avec l’eau qui brouille le teint du paysage, elle vogue sur la désespérante platitude des terrains adjacents. Là, une silhouette sur la route départementale attire son attention. Une jeune femme aux cheveux longs dégoulinants de flotte. Elle charrie une poussette dont la capote a été rabattue, elle presse le pas. À la vue de ce spectacle si ordinaire, les cœurs de la fillette et de l’aïeule se serrent à l’unisson.
Éliane caresse délicatement l’épaule de Mathilde et s’efforce de sourire.
— Allez, viens, lui murmure-t-elle, on descend.
L’enfant acquiesce et se détache de la jeune maman. Elle se lève, dépasse Éliane en traînant ses chaussons mauves et passe la porte de la chambre. Maintenant, c’est la grand-mère qui s’attarde dans l’encadrement de la fenêtre.
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Chère Maman,

La maîtresse m’a conseillé d’écrire chaque fois que quelque chose me fait trop souffrir. Elle dit qu’écrire permet de réduire le mal quand il est là.
Je me suis dit que, quitte à écrire, autant que ce soit à toi. Mais ça me fait tout drôle, parce que ça me donne l’impression que tu es encore en vie, quelque part, et que cette lettre, tu vas la lire, et que tu vas me répondre.
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Si le destin nous précède, l’existence n’est qu’un puzzle : aucune pièce n’est laissée au hasard, rien ne manque à l’illustration finale.
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Nicolas n’est plus qu’un estomac troué par la bile et un nez qui saigne.
Sa femme est morte. Elle est décédée. C’est terminé. Ta femme est morte. Elle est décédée, c’est terminé. Ma femme est morte, décédée, tout est terminé.
Il se cramponne comme il peut : parfois il sait, d’autres fois il oublie et, tel un forcené amnésique, il appelle : Karine.
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Devant, il y a cet homme inquiet, étourdi, qui s’agace en jetant un œil sur sa montre et déplore, tandis qu’il souffle bruyamment, C’est quand même dommage de commencer sans Karine.
Le prêtre prononce le prénom de la morte. Il le martèle. À plusieurs reprises. S’en délecte, on dirait. Karine. Karine. Karine. Dans la nef du petit édifice mal rénové, ça résonne, ça rebondit sur les faces vertes et jaunes de l’assistance, ça se catapulte sur les vitraux et ça s’écrase sur les dalles. « Karine », « Karine », répète le curé. Et le regard de Nicolas subitement se cerne et s’affole, il cherche, hagard, à confisquer dans la foule un haussement d’épaules, l’assurance qu’il se trompe, qu’il a mal entendu, que Karine, sa Karine, va surgir d’une minute à l’autre au milieu de l’allée, en sueur, gênée d’arriver comme un cheveu sur la soupe, confuse, merdeuse même, n’ayons pas peur des mots. Les joues roses d’avoir trop couru, elle s’installera dans une travée éloignée, aussi discrètement que possible, et lui adressera un petit signe, un hochement de tête, un clignement de paupière, On se retrouve à la sortie, hein, dès que c’est fini. Mais il ne récolte que des sourires compatissants, des lèvres pincées, des têtes baissées, Désolé mon vieux, c’est dur ce qui t’arrive, mais ça va aller.
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Aujourd’hui, c’est l’enterrement. Une assemblée de chapeaux et de costumes gris s’est massée dans l’église. La voix du prêtre déclame, lancinante, sa mélopée, ce prêtre qui ne l’a pas connue et qui pourtant retrace, sans pudeur, les grandes étapes de son existence. Mais sans doute faut-il poser des jalons pour mesurer le chemin parcouru et provoquer l’empathie.
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Il doit bien y avoir un terrain d'entente entre une mère atrophiée et une gosse dézinguée, une possibilité de s'apprivoiser pour deux êtres meurtris.
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