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Citations sur Une bonne intention (74)

Si le doute était l'unique horizon ? Si l'angoisse, aidée par le temps, se changeait en manque, et le manque en soupçon ? Soupçonner vaut-il mieux que savoir ? Se perdre en conjectures ou se rouler dans la fange de la vérité ? Subodorer, c'est encore avoir le droit d'espérer. Mais l'espoir perpétuel, qui peut se muer en crainte éternelle de la sentence qui pourrait bien arriver à tout moment, n'est-il pas une prison plus cruelle ?
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--Enleve ton manteau et installe-toi,je vais te préparer un chocolat chaud.
Mathilde détaille la cuisine.Tout est modeste ici,ça sent l'ancien et la poussière, il y a des fleurs en plastique,des assiettes en porcelaine sur des socles pour les maintenir debout,des torchons avec la carte du Portugal et de l'Espagne, des boîtes en plastique orange.
D'un trait ,elle boit son chocolat.Jeanine avalé une Ricorée tiède. Elle pourrait questionner l'enfant .C'est inutile.Elle attend.
Mati parle et pleure en même temps,entraînant les larmes de la mère. Entre deux bouquets,elle dit que Rémi était une bonne personne ,que le monde est sourd et aveugle,les gens fous. En silence,dans le coeur de la mère brisée, surgit un flot de reconnaissance.
Elles ne se quitteront plus,c'est une évidence.
Dehors ,des flocons ont entamés leur lente descente .Dans quelques heures ,la banlieue sera changée en pays blanc.(Page 368/369).
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Rémi tient dans ses mains la raison du silence des derniers mois.À travers la lecture de ces lignes,il assiste ,impuissant,à la souffrance de l'enfant.Chaque phrase est un coup.Le pays blanc à désormais une autre saveur ,plus lointaine ,plus inaccessible, plus glauque. Ce qu'il prenait pour une lueur immaculée revêt des airs de fantôme. Rémi se laisse embarquer par la petite main ,mais les cinqs doigts grelottent;ils se recroquevillent dans sa paume.Dans sa tête ,les interrogations se bousculent,car s'il perçoit l 'affliction de Mati,il n'est pas certain d'en comprendre les raisons.La seule chose dont il est sûr, c'est que sa mère est partie pour de bon.Enfermé dans les toilettes,sans interférence avec la réalité qui meuble son quotidien,il murmure,les yeux mouillés de larmes: --Pauvre petite fille.Je suis là ,moi,ne t'inquiète pas.
Et,dans sa tête ,la petite acquiesce. (Page 180).
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Aujourd'hui,c'est l'enterrement. Une assemblée de chapeaux et de costumes gris s'est massée dans l'église. La voix du prêtre déclame, lancinante,sa mélopée,ce prêtre qui ne l'a pas connue et qui pourtant retrace ,sans pudeur ,les grandes étapes de son existence. Mais sans doute faut -il poser des jalons pour mesurer le chemin parcouru et provoquer l'empathie.( Page 11).
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La rumeur a recouvert la cour, ça ne joue plus, ça ne bouge plus, ça commente, ça débine, ça dézingue, ça toise, ça glapit, ça pouffe, ça frémit, ça juge, ça invente, ça comble les vides. Bras, index, voix, tout est rivé vers la petite fille qui, la gorge nouée, accélère le pas pour tenter d'échapper à cette foule de lutins bavards, méchants et ignorants.
page 305
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Un courant d’air froid frôle sa nuque ; aussitôt, Éliane se raidit. Elle n’est pas seule dans cette maison qui s’entête dans le sordide. Elle se sent observée. C’est une gamine à présent, qui refuse de jeter un œil sous son lit et dans les placards, terrorisée par ses propres frayeurs. Dans l’obscurité, par un regard coulé de biais, elle croit percevoir un être évanescent, une nitescence bleutée qu’elle imagine danser en volutes. Appeler, elle doit parler à quelqu’un. Mais qui ? Les flics ? Nicolas ?
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Accaparé par la recherche de sa fillette dans cet amas d’herbes, d’arbres, de parterres fleuris et de jeunes gens puant le bonheur, Nicolas ne voit pas le rose crépusculaire qui, peu à peu, colore le ciel. Même la pluie qui, d’ailleurs, ne paraît mouiller que lui, il ne la sent plus. Évidemment, certains se retournent sur son passage. Un homme titubant, dont la tempe et l’arcade sont imbibées de brun, ça ne passe pas inaperçu. Mais il s’en fout, il poursuit son chemin, sonde le jardin, appelle son enfant, mais d’une voix si faible que personne ne l’entend.
De nouveau, la tête lui tourne, le sol, sous ses pieds, tangue. Il s’appuie un instant sur un banc avant de repartir, chavirant de plus belle sous les yeux incrédules des passants.
— Mati ! Mati !
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— Dieu n’y est pour rien, lance son fils avant de raccrocher.
Éliane a entendu, elle a perçu le reproche, le rejet, le dégoût. Tout son être vacille. Est-ce là un nouvel indice ? Dans sa main, le combiné ne porte plus aucune voix. Seule, debout au beau milieu de la pièce dans cette maison de malheur, la grand-mère demeure immobile.
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— Lâche-moi, Karine… ou reviens pour de bon. Mais c’est non ! NOOOON !!!
Glacée d’effroi, l’enfant observe la scène.
— Papa ?
Nicolas, surpris, lève sur sa fille un regard glacial, acéré.
— Retourne te coucher, prononce-t-il d’une voix blanche.
— Mais Papa…
— Pas de mais ! vocifère-t-il. Retourne immédiatement dans ton lit ! Et toi, Karine, tu pourrais pas être un peu de mon côté, pour une fois ?
La fillette détale, déboussolée. Ses pieds nus frappent le carrelage. Elle se jette dans son lit, enfouit son visage sous son oreiller et se noie dans ses larmes. Au bout d’un moment, épuisée, elle se relève, allume sa lampe, s’assied à son bureau et se met à écrire sa douleur, fébrile et amère.
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Cette nuit, Mathilde s’agite dans son lit. Des cauchemars succèdent à d’autres cauchemars, tous plus ou moins identiques. Elle se voit tomber au fond d’un puits, au fond d’une crevasse, au fond d’un océan, et elle tombe et elle tombe, sa chute ne cesse jamais. De temps à autre, sa mère lui tend la main mais, au moment où leurs doigts se touchent, ils glissent, se ratent, et la chute se poursuit, inexorablement. Puis c’est son père qui tend la main, puis sa grand-mère, puis Magali, mais chaque fois c’est pareil, personne ne la rattrape. Apeurée et résignée, Mathilde s’enfonce dans l’immensité triste.
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