Le silence s'installe, gras, pesant, brisé de temps à autre par l'éclat de la faïence sur le contreplaqué et par son écho, renvoyé par quatre murs gonflés d'une nostalgie pachydermique.
Si le destin nous précède, l'existence n'est qu'un puzzle : aucune pièce n'est laissé au hasard, rien ne manque à l'illustration finale.
Seul dorénavant. Avec elle. Avec lui-même. Avec la tristesse et l'ennui. Avec le manque, l'absence, le vide, avec sa gorge prête à hurler, avec son coeur qui bat pour rien, sec, son coeur en taule, son coeur en pierre, son coeur en bois, son coeur brisé en des centaines d'éclats poudreux, et il se débat contre la mort hilare qui répète : "Je l'ai prise" quand lui répond, la plupart du temps : "Impossible, elle est là, à côté de moi, regarde". Et puis, juste après, vient l'éclair de lucidité qui, chaque fois, le pulvérise, le gomme, l'anéantit.
Eliane plonge. Dans les abîmes de ce cliché factice, dans les méandres de cette réunion bancale. Tout s’effondre à présent, elle prend conscience qu’il n’y avait rien derrière la cloison, un décor de carton-pâte, des comédiens, un mensonge. Et que c’est elle, la réalisatrice de ce film à la con.
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Elle veut se vautrer dans ses souvenirs pour lutter contre la haine et la fureur qui la rongent, parce que l'amour existe et qu'il gagne toujours.
Les gens n’aiment pas ce qui n’est pas comme eux. Ça leur fait peur. C’est pas toi, c’est eux le problème, faut pas que tu t’inquiètes.
Mathilde, cette chère enfant, est en danger, en danger de rater son enfance, elle doit apprendre à vivre sans sa mère. Il y a un temps pour la douleur, mais là c’est trop long, elle suinte par tous les pores de cette foutue baraque, ça devient intenable. Les vivants doivent survivre à l’absence.
Son sourire pourrait lui redonner envie de sourire à lui aussi, parce que, quand elle sourit, Magali, elle attrape tout le soleil.
L'automne indifférent continue son oeuvre, la saison refroidit les âmes et les bâtiments, la banlieue se recroqueville, on vit en pointillé en attendant des jours meilleurs. Gris le béton, gris les trottoirs, grises les rues, grises les âmes, tout est gris, on s'emmerde à mourir...
Après la mort de sa mère, Mati disparaît. Son père a un grave accident de voiture. Mati réapparaît mais que s'est-il passé et pourquoi...