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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
« L'île de béton », comme les autres oeuvres de Ballard, est classé en science-fiction. Il n'y a pourtant pas véritablement d'ingrédient SF dans le roman. Mais le ton, le traitement et le style du roman le rattachent indéniablement à ce registre. le terme qui me vient pour qualifier cette oeuvre déconcertante et étrange est roman d'anticipation du présent.

« L'île de béton » est une robinsonnade, il propose une variation urbaine autour du roman matriciel de Defoe. Maitland, un homme tout ce qu'il y a de plus banal, petit bourgeois, une femme, une maîtresse… a un accident de voiture et échoue sur un terrain vague à la jonction de plusieurs voies d'autoroute. Il ne parvient pas à attirer l'attention des automobilistes et doit donc subsister sur cet îlot au milieu de la jungle urbaine.
« L'île de béton » reprend bien les quatre temps forts de la structure d'une robinsonnade. Il y a d'abord le naufrage, la prise de possession de l'île, la rencontre avec les autochtones et le sauvetage final. Ballard a une façon très personnelle de traiter ces passages obligés. le résultat est passionnant, riche mais très bizarre. Cette lecture, par son étrangeté, met un tantinet mal à l'aise. A travers l'histoire de cet homme Ballard évoque la déshumanisation de la société, déshumanisation qui trouve son illustration paroxystique dans cet entrelacs de routes sur lesquelles des flots de véhicules ne font que passer. D'ailleurs, ces voitures qui se succèdent sur ces voies semblent conduites par des automates aveugles et sourds à ce qui les entoure, presque sans vie. Ainsi Ballard évoque également subtilement l'indifférence croissante dans nos sociétés modernes. Finalement, les derniers vestiges de la véritable humanité, pas encore totalement lobotomisée ni entièrement asservie au dieu pognon, elle se trouve peut-être là sur ces terrains vagues peuplée de marginaux qui ne peuvent pas, ou ne veulent pas, s'adapter.

Ballard use d'un style réaliste froid mais il y ajoute une bonne dose d'absurde poussé à l'extrême qui emmène le récit vers quelque chose de très étrange et lui donne son côté anticipation. Il n'y a rien qui permet de dire que le récit se passe dans le futur, rien qui permette d'affirmer que ça ne se passe pas de nos jours. Et pourtant, tout au long de ma lecture j'ai ressenti une impression d'irréalité qui se superposait au réalisme de l'oeuvre. Comme si l'auteur disait « ce demain que tu crains, il est déjà là et tu ne le vois pas ».

De Ballard, je n'ai lu que 2 récits, celui-ci et « sauvagerie ». Je connais donc peu cet auteur mais les lectures de ces romans ainsi que l'adaptation de « Crash » par Cronenberg me font dire qu'il est un auteur passionnant qui parvient à évoquer de manière saisissante les sociétés urbaines modernes.
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En une après-midi d'avril 1973, Robert Maitland roulant comme d'habitude comme une brute au volant de sa Jaguar, fait une sortie de route, passe par-dessus le remblai pour venir atterrir en contrebas dans un terrain vague, sorte d'îlot triangulaire entre les voies convergentes de plusieurs autoroutes.

« À peine blessé après avoir frôlé la mort, Maitland demeura prostré sur le volant ; ses vêtements saupoudrés de morceaux de verre étincelaient comme un habit de lumière. »

Naufragé et blessé sur ce qu'il appelle «l'île», il en est prisonnier, se rend compte rapidement qu'il n'arrive pas à attirer l'attention des voitures qui passent en flots incessants, pour avoir du secours. Diminué, affamé et fiévreux, il cherche à survivre, à affronter les conditions de «l'île» qu'il voudrait dominer comme si elle était vivante.

Cette île ambivalente est lieu de perdition et de barbarie, mais aussi un refuge, comme un fragment restant d'un monde disparu. Ce petit morceau de terrain semble beaucoup plus ancien que le réseau de béton qui la cerne, comme une parcelle têtue qui continuera d'être là quand même les autoroutes retomberont en poussière. Les traces du passé dans cet endroit oublié, le terrain ferrailleur, les carcasses de voiture, et ses errances dans l'île renvoient Robert Maitland vers son propre passé, dans une expérience traumatique qui devient libératoire, des pressions de l'enfance, de celles de son milieu, comme une aventure glauque dans un esprit désert, si symptomatique de l'époque moderne.

Cette sortie de route si facile dans un monde où la sauvagerie s'étend aboutit à une déraison totale, un enfermement dans le fantasme, dans ce morceau de terrain qui devient un asile.

Les visions de Ballard provoquent comme une sorte d'ivresse irrésistible ; elles déclenchent en même temps peur et fascination, avec cette sensation d'être déjà dans le gouffre, dans un monde moderne détaché du réel.
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Cela faisait plusieurs années que je possédais ce livre et que je repoussais régulièrement le moment de le lire, craignant d'être déçu. A tort.
Bien qu'écrit en 1974, « l'île de béton » n'a pas pris une ride. J'ai énormément apprécié ce court roman de J.G. Ballard. J'en ai trouvé la lecture facile et prenante. On se laisse rapidement happer par l'absurdité de la situation dans laquelle se trouve un homme suite à un accident de voiture. de la SF ? Pas sûr. Je dirais plutôt une vision assez pessimiste du monde dans lequel on vit et de ses dérives potentielles.
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