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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Habitant cet endroit, me voilà sauvé ! :‐)))

D'après son éditeur, Alexandre Houssiaux, Charles Furne (1794-1859) de son vrai nom, Honoré de Balzac a décidé, en 1845, de mettre l'ensemble de ses écrits sous le titre : "La Comédie Humaine".

Lorsque ce géant de la littérature française et mondiale mourut soudainement le 18 août 1950 à Paris, à seulement 51 ans, il restait 3 de ses 91 oeuvres à préparer pour la superbe collection de 20 bandes en cuir magnifique. Et il restait encore une cinquantaine de projets inachevés.

Et parmi ces projets, "Jésus Christ en Flandre". Une nouvelle écrite probablement en 1831 et envoyée en 1846 à la poétesse Marceline Desbordes‐Valmore (1766-1859).

Pour être honnête, lorsque j'ai écrit, le 12 juin 2018, mon billet de la biographie De Balzac par Stefan Zweig "Balzac ; le roman de sa vie", j'ignorais totalement la visite du Christ au plat pays qui est mien que chantait un certain Brel.

Je n'entends pas résumer cette nouvelle de 40 pages bien sûr, mais je suis incapable de ne pas en distraire quelques éléments isolés.

Ainsi, j'apprends que la ville d'Ostende était "peuplée par quelques pêcheurs, par de pauvres négociants et par des corsaires impunis". Qui régnait vraiment la Belgique à cette époque est pour Balzac un mystère.
Maintenant, on a un Roi, une Constitution, 4 gouvernements (Fédéral, Flamand, Wallon et Bruxellois), toutes sortes d'assemblées et où réside le réel pouvoir reste toujours aussi mystérieux.

Ce qui est étrange, ce sont les circonstances dans lesquelles Balzac transforma en un panégyrique de l'Église une rêverie fantastique qui exprimait une conception très désenchantée de la religion, comme cette nouvelle a été parfaitement caractérisée sur le site "Balzac dans l'histoire".

À lire, pas pour la Belgique, mais pour Honoré de Balzac. Évidemment !

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Cette nouvelle assez brève est pour le moins déroutante, en ce qu'elle se compose de plusieurs fragments, assemblés les uns aux autres à différents moments entre 1830 et 1831, moyennant quelques phrases de transition.

La partie rapportant la légende flamande du Christ, embarqué incognito avec d'autres passagers pour passer le canal entre l'île de Cadzant et Ostende, est marquante. Nous sommes en présence d'un batelier, marin fier et chevronné, et de ses rameurs, à l'arrière se tiennent divers personnages nobles ou bourgeois, mais tous suffisants et égoïstes ; devant sont assis de pauvres gens, qui représentent les couches les plus laborieuses de la société. Avec eux s'assoit spontanément l'inconnu qui était en retard, lequel offre au départ une peu reluisante apparence. Lorsque le bateau s'avance sur les flots, Ostende n'est pas loin, mais une terrible tempête se lève…

Balzac nous permet par sa science de l'observation d'assister aux différentes réactions des personnes en présence face au danger, et peut-être à la mort. Seul le commandant du bateau reste imperturbable, habitué qu'il est à lutter contre les éléments. L'inconnu garde également un calme notable, encourage certains ou certaines. La scène est campée à grands traits, avec des effets de contrastes et de couleurs qui rappellent fortement la peinture flamande. le croirez-vous ? Un tableau de Jan Brueghel l'Ancien s'intitule justement le Christ dans la tempête sur la mer de Galilée, scène également représentée par Rembrandt. Ce n'est guère étonnant, on connaît la forte appétence De Balzac pour l'art pictural.

La suite du texte nous ramène à un narrateur fictif qui s'apparente peu ou prou à l'auteur, et dérive vers une fantasmagorie : tout d'abord, il entre dans une église au bord de la mer, et assiste à une « danse des pierres », c'est-à-dire que les colonnes et sculptures de l'église s'animent et le plongent dans un état second, au bord du délire. Puis une vieille femme l'entraîne dans une sombre soupente, où il conçoit une allégorie de l'Église pervertie par ses richesses, avec une morale toute chrétienne, qui en un sens, bien que cela soit fort décousu, donne une clé de lecture plus approfondie de la légende. Une idée couramment répandue, qui a inspiré L'Idiot de Féodor Dostoïevski, est que si Jésus-Christ revenait parmi les hommes nul ne le reconnaîtrait ; peut-être même le tuerions-nous une seconde fois. Idée à méditer…
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En 1831, Balzac ne s'était pas remis de la chute du roi Charles X. le narrateur - mais c'est l'auteur lui-même qui se confie - est explicite sur ce point. Deux, voire trois brèves nouvelles fusionnées permettent ainsi au génie tourangeau de juxtaposer légende et surnaturel d'une part, allégorie à valeur politique et religieuse d'autre part. A l'issue de la Révolution de 1830, Balzac avait clairement choisi son camp, celui du Trône et de l'Autel.
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