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sur 4508 notes
Un conte fantastique, un roman réaliste et une réflexion philosophique tout à la fois !

En complément de l'oeuvre intégrale, cette édition propose un dossier pédagogique, conçu pour les élèves de 1re, avec des explications linéaires, des points de grammaire pour préparer l'oral du bac mais aussi des études thématiques et des dissertations pour préparer l'épreuve écrite. Des prolongements culturels et artistiques permettent d'aborder l'oeuvre sous tous les angles et de croiser les disciplines. Des illustrations et une iconographie riche (le tout en couleurs !) rendent cet ouvrage agréable à lire !
Lien : https://www.lelivrescolaire...
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Mise en place très longue à mon goût ( les cents premières pages environ) mais belle façon d'écrire, se dévore très facilement et rapidement + gros bonus pour la fin très touchante je recommande pour ceux qui recherchent des écrits poussés. Ce fut un plaisir
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Je n'ai pas foncé sur du Balzac par plaisir, mais plutôt car j'en avais besoin pour mes cours, et vu la réputation qu'on m'a faite du livre, je n'y allais pas avec envie, mais…
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On entre dans le livre, Raphaël de Valentin est un homme désargenté qui vient de perdre son dernier sou et aspire à se jeter dans la Seine.
Mais bon, il ne fait pas encore assez nuit, voyez-vous donc, il décide d'aller jeter un oeil chez l'antiquaire. Et, la fameuse description de la boutique de l'antiquaire, qu'on m'a vendu comme interminable (20 pages en même temps !), est passée toute seule. Si vous voulez vous y mettre, je vous donne mon astuce : je me suis imaginé une pièce vide que je remplissais au fur et à mesure, et grâce à ce petit jeu, je ne me suis pas ennuyée :). Bref, Raphaël y trouve une peau de chagrin, capable d'exaucer n'importe lequel de ses voeux. Mais à chaque souhait, elle se réduit, et la mort de son propriétaire se rapproche…
Raphaël n'y croit pas, mais essaie un premier voeu : un banquet fastueux. Et… c'est ce qu'il se passe ensuite. Cette scène « du banquet » est plutôt contestée pour sa longueur à l'époque de la parution de l'ouvrage. Pour ma part, je me suis juste un peu perdue entre les références aux gens de l'époque et au contexte historique. Il faut donc vraiment être calé en histoire du XIXᵉ/ XXᵉ siècle (et la politique à l'époque n'est vraiment pas évidente) pour être bien dedans, mais sinon, ça se lit toujours ;).
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J'avoue, après, j'ai commencé à un peu m'ennuyer : la partie « La Femme sans coeur », qui est en réalité un monologue de Raphaël où il fait une rétrospective sur toute sa vie à son ami, est plutôt longue. Sa vie d'avant est contrastée entre sa jeunesse, plongée dans l'étude (énergie créatrice) puis la débauche qu'il entreprend avec son ami Rastignac (énergie destructrice). Il rencontre alors deux femmes : Pauline, belle, mais… pauvre, fille de la femme à qui Raphaël loue sa chambre et Foedora, riche, séduisante, mais qui ne compte offrir son coeur à personne. Foedora est une femme très importante dans l'histoire. Elle est aussi un miroir de la société, se montrant toujours éclatante mais… sans coeur. Bon en revanche, le regard porté sur les femmes... il est important de se remettre dans le contexte de l'époque, on va dire…
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Lorsqu'on retrouve l'histoire en elle-même, dans la troisième et dernière partie « L'Agonie », Raphaël fait le voeu de devenir éminemment riche, voeu aussitôt exaucé. Mais quand il voit la peau se réduire, il décide de redevenir sage, s'achète un incroyable hôtel particulier et vit une vie monotone et redondante, presque cloitré.
Sauf que bon, ce serait trop facile si on s'arrêtait là… L'ancien précepteur de Raphaël (lui est d'ailleurs devenu marquis de Valentin), lui rend visite et, par politesse, Raphaël lui souhaite le succès… Aie. Deuxième événement, il sort à l'Opéra un soir et y croise Pauline. Celle-ci est devenue riche… et les deux jeunes gens décident de se revoir. Ensuite, par colère, Raphaël va jeter la peau dans un puits et, s'en croyant débarrassé, vit une vie passionnée avec Pauline. Mais un jour, la peau resurgit, grandement diminuée… Il décide alors de quitter Pauline, et d'aller voir les scientifiques afin de comprendre le pouvoir de la peau… les scientifiques sont démunis. Même la science la plus pointue ne peut rien contre ce talisman. La notion d'irréel où le fantastique côtoie le réalisme est ici très présente. Finalement, Raphaël commence à tomber malade. Il va consulter des médecins ; encore une fois, ils n'y peuvent rien, mais lui conseille une cure dans les bains des montagnes. Finalement, il ne trouve là-bas que des gens n'ayant aucune pitié. Il va végéter quelques jours chez des paysans avant de retourner à Paris. Là, il retrouve Pauline, lui explique le pouvoir de la peau (alors pas plus grande qu'une « feuille de pervenche »). Quand elle comprend que c'est elle qui va le tuer, par les désirs qu'elle provoque chez lui, elle tente de se suicider, mais c'est trop tard… Une fin digne des héros romantiques dans un roman fantastique d'un auteur chef de fil des réalistes…
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Le dilemme entre vie intense, mais éphémère ou longue, mais monotone, est présent, cependant pas beaucoup intellectualisé comme je m'y attendais… Finalement, ce sont plus les thèmes de l'Énergie (créatrice, destructrice) qui sont réfléchis et mis en scène.
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Je n'ai pas l'habitude de lire une écriture aussi travaillée, aussi détaillée, mais il est incontestable que c'est très très bien écrit… C'est vrai, la plume est chargée, mais le résultat est impressionnant ! Cependant, il faut de la patience pour observer et apprécier tous les détails :)
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Bref, certes, c'est lourd et long à lire, mais ça vaut le détour !
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Il s'agit d'une lecture pour les cours et, en le commençant, je savais qu'il serait réellement difficile de réellement me plonger dans l'histoire.
L'écriture demeure belle, bien que difficile à lire. Il y a beaucoup de descriptions, beaucoup de choses "pour ne rien dire" et il est parfois difficile de suivre l'intrigue.
J'ai tout de même apprécié la lecture lorsque j'étais vraiment dedans et je trouvais sa plume tout de même assez belle.
Je ne pense pas le relire, mais je reste contente de l'avoir lu.
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La peau de chagrin est l'oeuvre d'un ogre vorace autant que celle d'un peintre aux touches délicates et nuancées. C'est ainsi que j'imagine Balzac, devant sa table de travail, écrivant inlassablement, buvant café sur café pour reculer au plus loin au plus tard le déferlement du sommeil et ses rivages. Ici c'est une oeuvre de jeunesse mais on devine déjà l'appétit insatiable qu'il s'apprête à délivrer de son imagination fertile et gigantesque.
Mon enthousiasme devant cette oeuvre énorme, non pas par sa taille mais par ses méandres insoupçonnés, a failli cependant se réduire en peau de chagrin...
Au bord du vertige et de l'écoeurement, dans cette ivresse foisonnante des mots et des bavardages des personnages, j'ai failli me perdre et renoncer à aller jusqu'au bout du voyage, tant certaines pages me résistaient.
Et puis je me suis remis en selle par je ne sais quel miracle dont seuls nous autres lecteurs avons parfois le secret, faisant le voeu de trouver la porte étroite par où je pourrais de nouveau entrer dans cette oeuvre, me faufiler à travers les pages, entrer dans son histoire et m'enrouler dans ses sortilèges.
Parfois il est dangereux de faire des voeux inconsidérés comme celui que je viens de vous partager, le personnage principal de ce roman l'a découvert à ses dépens. Mais ici il faut croire que pour moi, ce n'en était pas un, que tout ceci en vérité devait s'accomplir : ma rencontre avec ce roman... Et je vous assure n'avoir traité aucun contrat sordide avec quelque mauvais génie.
Second roman De Balzac, la peau de chagrin est le récit de l'amour impossible et du désir inassouvi. Ah ! Comme j'aime ces thèmes dont est friande notre littérature, qu'elle soit classique ou contemporaine !
Dès les premières pages, nous faisons la connaissance de Raphaël de Valentin, jeune étudiant qui vient de se ruiner au jeu en une seule soirée. À présent c'est la nuit. Nous le suivons dans les rues de Paris, sur les bords de la Seine, jusqu'au quai Voltaire. Est-ce pour cette seule raison qu'il veut se suicider ?
Attiré par les lumières d'une boutique d'antiquité, il y entre et c'est bien autre chose qu'il découvre en franchissant la porte, c'est l'antre d' un cabinet de curiosités, un labyrinthe envoûtant peuplé d'objets rares, d'oeuvres qui s'agitent sous ses yeux, vestiges de civilisations passées, disparues peut-être à jamais, ce n'est peut-être pas encore les entrailles de l'Enfer mais presque...
Il découvre alors un morceau de cuir avec un texte en sanscrit : « Si tu me possèdes, tu possèderas tout. Mais ta vie m'appartiendra, Dieu l'a voulu ainsi. - Désire, et tes désirs seront accomplis. Mais règle tes souhaits sur ta vie. Elle est là. A chaque vouloir je décroîtrai comme tes jours. Me veux-tu? Prends. Dieu t'exaucera. »
La magie, - il n'y a pas d'autres mots, s'invite dans ce lieu insolite et c'est sans doute pour moi l'un des plus beaux passages du roman, celui qui m'a emporté, celui qui hameçonne aussi la rencontre étrange du jeune homme avec ce fameux talisman qui va désormais bousculer et bouleverser son existence, décider de son sort. Celui qui scelle son destin à jamais...
J'ai été emporté par cette atmosphère fantastique digne de la rencontre du Faust de Goethe avec Méphistophélès, là où la lumière joue avec les ténèbres, là où ses pas sont aimantés par cette peau de chagrin dont la singularité l'attire, là où ce vieillard marchand s'apprête à lui proposer un pacte diabolique qui va décider de son destin à l'aide de ce talisman censé le préserver du malheur.
« Votre suicide n'est que retardé ». Après tout, quelques instants plus tôt, Raphaël de Valentin n'était-il pas prêt à vouloir mourir... ? Alors, mourir tout de suite, mourir plus tard... Quel risque, au fond ?
Détachée du mur, remise dans les mains de Raphaël de Valentin, la peau de chagrin est déjà de l'autre côté du versant, dans la vie du jeune homme, ou du moins, ce qu'il en reste à cet instant-là.
Le vieillard lui souhaite alors de tomber amoureux d'une jeune danseuse et aussitôt la peau de chagrin s'amenuise. Son sort à venir est déjà écrit...
Jusqu'au bout, le mystérieux talisman sera le symbole de la passion ardente du pouvoir et du désir qui dévore les chairs ; mes rêves éveillés de lecteur m'ont accompagné dans ce dédale de lumières et de ténèbres.
L'intrigue est avant tout fantastique, le surnaturel déborde la réalité, mais j'ai senti que Balzac s'essayait déjà ici dans ce dessein réaliste de peindre la grande fresque sociale qui le fera boire du café jour et nuit, sans répit.
Ici, c'est déjà aussi une manière pour l'écrivain d'esquisser avec cynisme les ambitions, les illusions, les faux-semblants de la société, cette comédie humaine qui lui est déjà si chère.
Le jeune homme décide alors d'arrêter ses études pour entrer dans une vie de débauche.
Le roi Louis-Philippe vient d'arriver au pouvoir. Dans cette société en pleine mutation, c'est un roman historique, forcément, un basculement entre l'ancien et le nouveau monde.
C'est un monde qui s'effondre et de ses gravats surgit une tentative de renaissance. Balzac fait la satire d'un univers qui paradoxalement le fascine en même temps. La débauche décrite tient lieu de la dénonciation de ce monde.
Et les femmes de ce roman, me demanderez-vous ? Hé bien je vais vous répondre....
Les personnages féminins de ce roman sont tantôt des femmes sans coeur, tantôt des femmes légères aux destins tragiques, tantôt des femmes innocentes et un peu sottes. Est-ce là le regard porté par un Balzac encore jeune sur le genre féminin ?
Ainsi la comtesse Foedora incarne à la fois le désir inassouvi de la femme toujours fuyante mais aussi cette société que dénonce Balzac, dominée par l'ambition et l'argent.
Et l'amour ? me demanderez-vous. L'amour ? Vous en avez de ces questions... Il ressemble ici à l'expression d'un souhait irréaliste. C'est peut-être le personnage de Pauline qui sauve ici le sentiment amoureux, malgré sa personnalité un peu simplette à mon goût. Mais sa sincérité est touchante.
C'est peut-être le passage du roman que j'ai trouvé le plus émouvant, lorsque Raphaël émet le voeu d'être aimé d'elle, jetant alors un regard anxieux vers la peau de chagrin, il s'aperçoit que celle-ci ne rétrécit pas : l'amour de Pauline était bien réel...
Jusqu'à quel point cette peau de chagrin exauce-t-elle des voeux qui pourraient par ailleurs pu se réaliser sans y avoir recours ?
Plus tard, la scène qui convie des médecins pour tenter par tous les moyens de freiner le rétrécissement inexorable de la peau de chagrin est digne d'une comédie de Molière.
Balzac apparaît dans ce roman en très fin portraitiste d'une société, de ces personnages et forcément de lui-même aussi se reflétant dans ce miroir vertigineux qui lui renvoie l'image d'un certain Raphaël de Valentin. J'aime Balzac dans ces instants-là, bien plus inspirant selon moi que dans ses bavardages et digressions philosophiques interminables...
Pourtant la portée philosophique de ce texte n'est pas dénuée d'intérêt. La peau de chagrin représenterait le dilemme de la vie humaine, le choix impossible entre la vie et la durée. Ici la dimension fantastique sert doublement le texte, un propos philosophique sur le thème du déterminisme et une satire féroce de la société de l'époque.
Et puis j'ai fini par laisser traîner à mon tour mes pas du côté du quai Voltaire, tenter de redonner souffle à mes dernières illusions perdues. La nuit s'était posée sur la Seine et ses quartiers périphériques. Je suis entré dans la boutique de l'antiquaire. Depuis le fond de la boutique surgit un vieillard éclairé d'une lampe.
« Que cherchez-vous, mon bon monsieur? » fit-il d'un air faussement affable.
- L'imagination.
- L'imagination ? Voyez-vous cela... répondit-il d'un rire un peu moqueur.
- Oui je viens de lire un roman De Balzac, La peau de chagrin et je n'arrive pas écrire un billet sur ce livre pour exprimer parfaitement mon ressenti. Je fais le voeu de trouver l'imagination, les mots qui consentiront à me laisser en paix avec ce roman.
- Un voeu ? Tiens-donc... Vous cherchez quelque chose qui pourrait faciliter votre inspiration, une sorte de talisman en quelque sorte, n'est-ce pas ? Suivez-moi, j'ai peut-être ce qu'il vous faut. »
Il m'invita à le suivre au premier étage...
« J'ai bien connu Balzac. Il fréquentait cette boutique lorsqu'il était jeune. Il n'avait pas besoin de talisman, lui, pour trouver l'imagination, il n'avait pas besoin de pactiser avec le diable... Il était le diable lui-même. »
Il se mit à rire d'un rire démoniaque. J'étais aux portes de l'Enfer. Je m'apprêtais à y entrer en le suivant dans l'escalier et je savais que si j'accédais à l'étage, mon coeur serait happé dans une nasse sans retour. J'ai eu ce vertige insoutenable, celui des pages d'un livre qui imitent brusquement le battement des ailes d'une nuée de corbeaux dans un ciel livide.
Alors je suis revenu sur mes pas, tandis que ceux du vieil antiquaire continuaient inlassablement à gravir les marches vers l'autre côté de la nuit.
Dans la rue éprise par l'effervescence du soir, je me suis souvenu de cette phrase du livre :
« Tout ce qui n'était n'est plu, tout ce qui sera n'est pas encore. »

L'un des multiples plaisirs de cette lecture ne fut-il pas aussi de lire ce roman en compagnie d'amis de Babelio et de croiser avec jubilation nos ressentis parfois disparates mais si complémentaires... ? Un grand merci à eux !
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Honoré de Balzac fait partie de ses auteurs que j'affectionnais lorsque, adolescente, je devais lire ces grands auteurs classiques. Je n'ai gardé que peu de souvenirs de ce roman fantastique lu il y a très longtemps et j'ai donc décidé de le redécouvrir en lecture commune.

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« La Peau de Chagrin », publié en 1831, raconte l'histoire d'un jeune homme, Raphaël de Valentin, qui, seul, ruiné, déçu par sa vie, décide de se suicider. Avant de passer à l'acte, il entre dans un mystérieux magasin d'antiquités et découvre par hasard, au milieu d'un véritable bric-à-brac d'objets en tous genres, une peau d'âne sauvage qui a le pouvoir, selon le vieux vendeur à l'air étrange, d'assouvir tous les souhaits de son propriétaire.
Mais malheureusement, il y a une contrepartie à cela : à chaque voeu, la taille de la peau diminue, entraînant le jeune homme vers la vieillesse, la maladie et finalement la mort.

« Si tu me possèdes, tu posséderas tout. Mais ta vie m'appartiendra. Dieu l'a voulu ainsi. Désire, et tes désirs seront accomplis. Mais règle tes souhaits sur ta vie. Elle est là. À chaque vouloir je décroîtrai comme tes jours. Me veux-tu ? »

Cette peau devient pour lui une obsession, une torture qui l'emprisonne dans le carcan de la solitude et de l'angoisse. Elle le prive de rêves et d'espoirs.

« Vouloir nous brûle et Pouvoir nous détruit … »

Comment peut-il vivre, profiter, aimer, être heureux, sans que la peau de chagrin ne rétrécisse et ne le condamne à mourir ?

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Cette histoire nous montre, dans les premiers temps du récit, un jeune homme assez narcissique, cupide et prétentieux. Comment ne pas trouver insipide, ennuyeux, et même affligeant, cet homme seulement attiré par le luxe et les femmes riches et superficielles ?

Il ne conçoit pas l'amour sans la richesse.
Et pourtant, l'amour et le bonheur sont à portée de main, il a tout pour être heureux mais il est comme un papillon de nuit attiré par la lumière. Aveuglé par la beauté chatoyante de la flamme, il est indifférent, aveugle à ses propres sentiments et ceux d'autrui.

« Ne sais-tu pas que nous avons tous la prétention de souffrir beaucoup plus que les autres ? »

Mais au fur à mesure que la peau se rétrécit, il prend conscience de la frivolité de ses désirs et des conséquences sur son existence, de la valeur de la vie et de son inéluctabilité. C'est à ce moment-là que mon regard a un peu évolué et que je me suis prise à avoir de l'empathie pour cet homme jeune qui tente vainement de retarder sa mort, mais qui néanmoins, s'y dirige. C'est effrayant de voir sa déchéance.
L'auteur nous fait entrer dans son esprit et on perce le secret de ses pensées, de ses émotions, de ses sentiments, de ses désirs irréfléchis, de ses peurs.

« La vie simple et mécanique conduit à quelque sagesse insensée en étouffant notre intelligence par le travail ; tandis que la vie passée dans le vide des abstractions ou dans les abîmes du monde moral mène à quelque folle sagesse. En un mot, tuer les sentiments pour vivre vieux, ou mourir jeune en acceptant le martyre des passions, voilà notre arrêt. »

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La peau magique est, d'après moi, une métaphore, celle de l'argent, du pouvoir, de la frivolité, de la vanité, de l'ambition et des femmes belles mais sans coeur. Elle imprègne les pages de peur, de souffrance morale et physique.
Avec ce texte, Honoré de Balzac explore, avec beaucoup d'acuité et de gravité, les thèmes de l'amour et du bonheur, du matérialisme et de la recherche d'une satisfaction immédiate des désirs, de la richesse et de l'ambition, de la crainte de vieillir et de l'acceptation de la mort.

« … l'amour est comme le vent, nous ne savons d'où il vient.

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Ce roman est considéré comme l'un des chefs-d'oeuvre De Balzac. Aimant cet auteur, son style, son regard acéré sur la société de son temps, sa finesse dans l'analyse du comportement humain et sa perspicacité psychologique, je pensais vraiment que ce roman me plairait.

« Depuis la mollesse d'une éponge mouillée jusqu'à la dureté d'une pierre ponce, il y a des nuances infinies. Voilà l'homme. »

L'histoire est intéressante, originale. L'écriture De Balzac est très belle, élégante, doucement ironique, c'est indéniable, mais, malgré tout, je dois bien l'avouer, je me suis plusieurs fois désintéressée du récit : les descriptions trop détaillées, les pensées philosophiques et les digressions interminables m'ont ennuyée. Cela m'a souvent demandé des efforts pour me remettre dans l'ambiance de l'histoire.

« Ton enthousiasme s'est réduit en peau de chagrin. »
Berni_29

Et même si les dernières pages du récit, plus centré sur Raphaël et cette peau magique, ont relancé mon intérêt, ma vision globale du roman a cependant été gâchée par trop de longueurs.

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Balzac est un très grand écrivain français, cela ne fait aucun doute. Cependant, cette histoire n'a pas été à la hauteur de mes attentes. Je m'attendais à un roman fantastique avec plus de mystère autour de cette peau d'onagre, plus d'émotions, mais c'est davantage une analyse psychologique de la nature humaine et de ses défauts.

Bien entendu, ce billet ne reflète que mon point de vue, il n'engage que moi et je vous encourage à vous faire votre propre avis en le lisant. J'espère que les inconditionnels de l'auteur ne m'en voudront pas trop d'être passée à côté de ma lecture. Ça arrive parfois.

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Merci à tous mes amis Babeliotes, ce fut un plaisir de partager avec vous tous nos ressentis et nos émotions sur ce texte. Je suis contente de l'avoir lu, malgré ma petite déception. Sans vous, je l'aurais peut-être piteusement abandonné.
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Honoré de Balzac est un véritable peintre de l'écriture, c'est aussi un auteur prolifique et comme je le dis souvent, qui aime s'entendre écrire. La peau de chagrin nous raconte l'histoire de Raphaël de Valentin, jeune écrivain (double De Balzac ?) qui désire réussir dans sa vie en gagnant rapidement de l'argent. Pour le jeune Raphaël, la réussite sociale comme le bonheur passe par l'accumulation de richesse à tout prix. Au risque même de pactiser avec le diable au point de dire à qui veut l'entendre : « Vouloir nous brûle et Pouvoir nous détruit ».

Balzac aborde dans ce roman une multitude de thème : le temps, l'argent, le bonheur, l'amour, la nature, la mort avec au centre la place de l'homme et son existence. En suivant le jeune Raphaël dans ce tourbillon de sentiments et de sensations, on rencontre aussi une foultitude de personnages aussi différents et complexes les uns des autres. de l'antiquaire au médecin, du créancier au paysan, de la prostituée à la femme du monde, ils nous proposent tous à leur niveau une définition du bonheur qui interroge Raphaël mais qui nous interpelle aussi.

Balzac écrit à la vitesse de la pensée et c'est ce qui nous perd de temps à temps…il faut souvent faire un effort pour rester avec lui et c'est là le problème. Mais une fois accepté cette difficulté, on commence à apprécier cet auteur. Son écriture reste malgré tout fluide et agréable à parcourir même s'il nous noie de temps en temps en temps dans les détails. Ce sont d'abord les lieux qui bénéficient de cette minutie et de cette précision. L'auteur nous offre ainsi une surprenante déambulation dans un commerce parisien d'antiquités où nous finirons par découvrir la fameuse peau de chagrin qui est au centre de ce roman.

Mais ce sont surtout les personnages féminins qui bénéficient le mieux de l'art du portrait chez Balzac. de la vaniteuse au sans coeur Foedora, aux irrévérencieuses mais sculpturales Acquelina et Euphrasie, en passant par la virginale et amoureuse Pauline, toutes possèdent une description proche de la réalité. Une vraie peinture physique qui leur donne une existence au sein du récit. Cette maitrise de l'auteur ce fait souvent au dépend de l'action. Mais Il les décrit de si belle manière que l'on peut tout lui pardonner.

Enfin un petit mot sur cette fameuse peau de chagrin que reçoit Valentin du vieil antiquaire. Celle-ci peut satisfaire tous les désirs du jeune homme. Mais sa superficie, liée par un charme mystérieux à la durée de la vie de son possesseur, rétrécit à chaque souhait exaucé. Elle le fait vieillir prématurément, lui vole sa vie en créant un conflit entre le désir et la longévité. le temps devient alors un concurrent redoutable. Un choix est indispensable entre vivre plus intensément moins longtemps, et moins intensément plus longtemps. Et enfin, seul face à sa mort, dont il peut chaque jour en calculer l'échéance, il finit par délaisser la société des hommes en renonçant à la jouissance du monde.

Il faut déguster cet auteur avec lenteur. On ne peut pas se permettre d'être gourmand sous peine d'indigestion. On lui reproche souvent ses descriptions interminables mais il est avant tout un bavard de l'écriture. On sait qu'il manifeste une certaine jouissance personnelle à en faire trop. Mais lorsque l'on voit la stature du personnage, on comprend mieux la monstruosité de son style. le grouillement de ses mots correspond parfaitement à son ossature. Les mots De Balzac débordent souvent du cadre romanesque et nous emportent dans un torrent de bavardage qui risque de noyer le lecteur imprudent. Je suis devenu avec le temps un grand insatiable du style balzacien. Après Eugene de Rastignac dans le Père Goriot et Raphaël de Valentin dans la Peau de Chagrin, il me restera peut-être à découvrir Félix de Vandenesse du Lys dans la vallée pour terminer la liste des personnages les plus autobiographiques De Balzac.
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Dans cet ouvrage, Balzac dépeint le Paris de 1830. Cette période est particulièrement marquante sur le plan historique. Mais qui gouvernait la France en 1830 ? La période des Trois Glorieuses, ou révolution de Juillet, est une révolution qui s'est déroulée à Paris du 27 au 29 juillet 1830.

Durant cette période, une partie des parisiens s'est opposée à la politique très réactionnaire du gouvernement du roi Charles X. Louis-Philippe, « un prince dévoué à la cause de la révolution » devient alors « roi des Français » le 9 août 1830. C'est le début de la Monarchie de Juillet. Il rompt ainsi, par ce titre, avec les 68 « rois de France » qui l'ont précédé. le duc d'Orléans succède à son cousin Charles X, renversé par l'émeute. Il règnera pendant dix-huit ans.

Balzac dépeint les travers d'une société portée par l'argent et le pouvoir. Il décrit particulièrement la cupidité des plus hautes classes de la société de l'époque.
Lien : https://lapetiteredac.com/20..
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Un jeune homme inconnu perd sa dernière pièce d'or au jeu. Désespéré, il est sur le point de se jeter dans la Seine quand il entre dans la boutique d'un brocanteur et en ressort avec un talisman qui lui permettra d'exaucer ses voeux en échange d'un temps de sa vie.
Quand il comprend que sa vie se raccourcit, il s'effraie.

C'est le mythe d'Achille revisité : vaut-il mieux avoir une vie longue ou misérable ou une vie brève, mais intense ? Les deux, répond Raphaël, notre héros balzacien. La peau de chagrin n'est, hélas, pas d'accord.

Si la description du milieu social de l'époque ne m'a pas touchée, sans doute une période trop éloignée de la nôtre, la peinture des médecins essayant de diagnostiquer un malade et les querelles des savants m'ont plutôt amusée… et horrifiée. le rejet d'une personne malade est aussi très bien dépeint.

Longues descriptions, longues digressions pas forcément passionnantes, du moins pour un lecteur du XXIe siècle. Je me suis beaucoup ennuyée lors de la scène chez le brocanteur. En revanche, les scènes qui comportent des médecins sont prenantes. Bref, une alternance de longueurs et de scènes fascinantes. Impossible de sauter des pages donc.

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Raphael, jeune homme de petite noblesse, dont les parents sont morts le laissant totalement désargenté dans une société où l'argent est roi tente de s'en sortir par un travail littéraire qui malgré des efforts intenses ne débouche sur rien.
Le roman débute par l'idée de suicide de Raphael qui est au bout de ses illusions littéraires et amoureuses. Avant de mettre son projet à exécution, il pénètre chez un vieil antiquaire qui lui propose un objet extraordinaire, à savoir une peau de chagrin (en fait une peau d'onagre) doué du pouvoir de répondre à tous les désirs.
Ce pouvoir a un prix, tout désir réalisé diminue l'espérance de vie.
Raphael prend possession de l'objet (avec quel argent ?) malgré les mises en garde du vieil homme sur les risques du vouloir (qui nous brule) pouvoir(qui nous détruit) .
Bizarrement son premier souhait est pour l' antiquaire, vieil homme sage, bourré de connaissances mais ignorant des joies de l'amour et de la sensualité. Il lui souhaite de tomber amoureux d'une jeune danseuse.

Cela nous fait penser au Faust de Goethe ou de façon plus ancienne celui de Christopher Marlowe, personnage au savoir encyclopédique, admiré de tous mais qui réalise le caractère vain de son savoir, il arrive au bout de son existence sans avoir gouté aux jouissances terrestres et surtout au plaisir de l'amour, il est prêt à vendre son âme au diable pour un retour vers la jeunesse.
Raphael désire alors assister à un banquet, ce désir est aussitôt réalisé au prix d'un rétrécissement de la peau de chagrin.
Au cours de ce banquet, Raphael raconte sa vie passée et toutes les vicissitudes l'ayant conduit à l'idée de suicide.
2 femmes traversent sa vie, Fédora qui symbolise la société avide de jouissance et étrangère à tout idéal, elle n'aime qu'elle-même et le rejette, puis Pauline, serviable, belle intelligente, discrète qui est folle de lui.
A partir de ce moment Raphael possède un pouvoir exceptionnel, il peut obtenir tout ce qu'il désire, à commencer par la fortune dont il rêvait dans une société où il n'est pas bon d'être démuni, surtout au moment de l'échec de la révolution de 1830 .Mais paradoxalement ce pouvoir le réduit à une tragique impuissance puisque chaque désir réalisé se traduit par la réduction de la peau de chagrin c'est-à-dire la baisse de son espérance de vie.
Balzac nous fait partager ses connaissances sur les données de la science de l'époque, Raphael consulte les plus grands scientifiques pour stabiliser cette fameuse peau qui se rétrécit à vue d'oeil.
Il aurait pu simplement souhaiter qu'elle se maintienne en l'état, mais si le voeu se réalise elle doit forcément se rétrécir, c'est donc le seul désir non réalisable.
La visite d'un ancien professeur venu l'importuner à qui il souhaite de façon polie le meilleur possible, lui fait rétrécir la peau de chagrin et le réduit à un immobilisme mortifère
Il en arrive à s'isoler au maximum pour ne pas avoir un désir réflexe, il va jusqu'à s'isoler au mont Dore où il fait tout pour ne rien désirer.
La fin tragique est prévisible, Pauline vient le voir, et son désir sexuel sur lequel il ne peut rien le conduit à sa perte.
Balzac qui travaillait 18 heures par jour, toujours en manque d'argent face à ses créanciers, a été gâté par la nature lui ayant donné des capacités exceptionnelles, d'imagination, de créativité de mémoire et de propension aux jouissances terrestres, il a produit en quantité, brulant sa vie par le travail et les innombrables occupations annexes (nombreuses maitresses, déménagements, nourritures et boissons en excès) , c'est en quelque sorte sa peau de chagrin donnée par la nature, dont il s'est servi sans restriction aucune le conduisant à mourir épuisé à 51 ans et totalement ruiné, dans une demeure luxueuse rue Fortunée !!
C'est un roman parfois très lourd en descriptions, avec une chronologie un peu abscond, qui nous entraine dans une réflexion philosophique sur le sens à donner à notre vie.
Vaut -il mieux vivre intensément en consommant au maximum notre énergie vitale avec pour pendant la réduction de notre espérance de vie, ou opter pour une vie fade en s'économisant au maximum afin de prolonger le plus possible notre existence ?
Je pense à ces alpinistes dopés par l'accession aux plus hauts sommets qui en pleine conscience acceptent le prix à payer pour assouvir leur passion si dangereuse.
Attention, la lecture peut se révéler fastidieuse, mais la richesse Balzacienne sur la nature humaine nous sert de fil conducteur vers des allégories magnifiques qui jalonnent ce roman.


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