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sur 4529 notes
Je ne peux rendre justice au style de ce livre.
Balzac reprend dans ce roman un équivalent du thème du pacte avec le diable : tous vos désirs satisfaits en échange de votre vie - littéralement : à chaque désir exprimé, la vie se raccourcit. Dans un premier temps, Raphaël laisse libre cours à ses désirs et acquiert tout ce que l'argent peut offrir car c'est d'argent avant tout qu'il s'agit. Dans un deuxième temps, effrayé par le rétrécissement de la peau de chagrin qui symbolise ce qui lui reste à vivre, il s'enferme chez lui et tente d'étouffer tout désir. Pour avoir voulu trop avoir, il se condamne à ne plus être car qu'est-ce qu'une vie sans aucun désir?
Balzac a classé ce roman dans ses études philosophiques et, à travers les personnages, il y livre une réflexion sur le Pouvoir et le Vouloir qui nous entraîneraient vers la mort. "Vouloir nous brûle et Pouvoir nous détruit", seul le Savoir pourrait nous convenir car il nous laisse "calmes". L'ataraxie comme but. Cela contraste complètement avec ses personnages furieusement engagés dans mille et un désirs ou émotions, très romantiques par certains côtés. Il y a là comme une dissonance qui se court tout au long du texte.
Autre dissonance moins heureuse pour moi, la façon de parler des femmes ou plutôt de "La Femme", manière de la chosifier et la réduire à des archétypes.
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Roman d'Honoré de Balzac.

Le récit s'ouvre sur la ruine de Raphaël de Valentin. Son dernier sou sacrifié sur une table de jeu, désargenté et solitaire, il songe à mourir, à se jeter tête première dans les eaux froides et sombres de la Seine. Il doit sa survie à un magasin de curiosités dans lequel il acquiert un antique talisman, une peau d'âne légendaire, qui est censée exaucer le moindre de ses souhaits. L'objet magique en poche, il rencontre des amis et se livre à une soirée de débauche. À son ami Émile, il raconte ses trois années de réclusion, consacrées à l'étude et à l'écriture de la Théorie de la Volonté, son chef-d'oeuvre. Il raconte aussi son amour malheureux et non payé de retour pour la froide et insensible comtesse Foedera, à laquelle il sacrifie ses maigres économies et sa santé. Désespéré par cette passion vaine, empli de haine pour cette coquette inaccessible, au terme de cette nuit décadente et vidé par sa confession, il décide de brûler son existence en caprices et excès. La vie de Valentin ne tient désormais qu'à un fil. Chaque souhait exprimé réduit l'existence du jeune homme de quelques jours, de quelques mois ou de quelques années, à mesure que la peau de chagrin rétrécit. Terrifié par le pouvoir du talisman, il tente de vivre en reclus, de se soustraire au monde pour ne plus se laisser tenter par ses attraits. Son amour pour Pauline, la fille de son ancienne logeuse devenue riche, semble lui rendre goût à l'existence, mais la peau de chagrin continue de diminuer, et avec elle les jours de Raphaël.

La première partie du livre, où Raphaël raconte ses misérables années dans sa mansarde puis sa passion fatale pour Foedera, est insupportablement longue. La confession n'en finit pas, et on s'impatiente de découvrir le pouvoir de la peau de chagrin, de voir s'exercer son emprise sur la vie du héros. Mais quand, enfin, il se décide à l'utiliser, il conçoit rapidement le danger qu'elle représente et il n'a de cesse de vouloir le contrer. Ce qui donne un texte frustrant, qui ménage une trop grande attente pour une trop courte satisfaction.

"Vouloir nous brûle et Pouvoir nous détruit." (p. 58), voici les sages paroles du vieux marchand, aux allures de sorcier ou de gourou oriental. le vieux bonhomme enjoint donc à pratiquer l'ataraxie, ce qui est assez illusoire dans un siècle de décadence comme celui où vit Raphaël. J'ai lu avec ironie la description de sa vie studieuse, dans la misérable chambre d'une miteuse pension de famille. le jeune homme se contente de quelques biscuits, de bol de lait et de la contemplation des astres éternels. Pas étonnant qu'il se lance à coeur perdu dans son amour pour Foedera, et plus tard dans une vie au train fastueux.

Et n'est-il pas insupportable cet homme attiré uniquement par les femmes entourée de luxe? La jeune et jolie Pauline lui tend les bras depuis le début, et il s'acharne à ne voir en elle qu'une soeur. Il faut qu'elle soit devenue une riche héritière, vêtue de baptiste, les cheveux ornés de fleurs, pour qu'il lui trouve du charme. L'amour dans la pauvreté lui est inconcevable.

Dans l'ensemble, ce roman m'a agacée. Raphaël est un pleurnicheur insupportable, incapable de savoir ce qu'il veut, et encore plus incapable d'accepter l'échec. L'attrait mystique du roman, la peau de chagrin et ses légendaires pouvoirs, sont réduits à l'état de curiosités. Flirtant avec le fantastique macabre, le texte manque de force et semble plus bouffon que terrifiant.
Lien : http://lililectrice.canalblo..
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La peau de chagrin / Balzac
Raphaël de Valentin vient de perdre son dernier napoléon au casino du Palais-Royal et, ruiné, songe au suicide. Chemin faisant le long de la Seine, il entre chez un antiquaire qui lui montre une « peau de chagrin ». Il faut savoir que le chagrin est un cuir très spécial utilisé en reliure, tiré d'une peau de chèvre. Selon le vieil antiquaire, cette peau aurait le pouvoir d'exaucer tous les voeux de son propriétaire. Mais le vieillard met Raphaël en garde : chaque désir exaucé fera diminuer la taille de cette peau, symbole de sa vie.
le jeune homme qui a vingt-cinq ans, accepte ce pacte diabolique, pensant n'avoir plus rien à perdre et se lance dans des folies sans fin en oubliant la mise en garde. Devenu riche grâce à un héritage avunculaire généré par le pouvoir de la peau, il mène grand train et connait la gloire au cours de soirées mondaines. La soirée chez Taillefer, l'amphitryon du jour qui a promis à Raphaël de surpasser les étroites saturnales des petits Lucullus modernes, est un haut moment du récit. Accompagné de son ami Émile, un journaliste qui avait conquis plus de gloire à ne rien faire que les autres n'en recueillent de leurs succès, il participe à une véritable orgie culinaire et bacchique où les convives se roulent au sein de limbes délicieuses quand les lumières de l'esprit s'éteignent et que le corps s'abandonne aux joies délirantes de la liberté. Mais soudain les jouissances excessives du festin pâlissent devant le chatouillant spectacle que l'amphitryon offre au plus voluptueux de leurs sens : un groupe de femmes aux tuniques modestement provocantes s'avance, de frêles jeunes filles, vierges factices aux jolies chevelures lascivement bouclées et les convives s'abandonnent aux délices d'une voluptueuse extase… S'approchent alors d'Émile et Raphaël, nos deux poètes, deux belles naïades. Elles ont nom Aquilina et Euphrasie, l'air innocent, jolies et gentilles petites créatures. Seize ans peut-être ! Mais souvent ces créatures au visage candide cachent la dépravation la plus profonde, les vices les plus raffinés. L'une est l'âme du vice, l'autre le vice dans l'âme !
La boisson faisant, Raphaël se confie à Émile et lui raconte sa vie avant d'entrer en possession de la peau de chagrin, ses amours vains avec la belle comtesse Foedora dont le fantôme brillant et moqueur le hante encore, et son amitié avec la toute jeunette Pauline, la fille de sa logeuse. C'est alors qu'il envia les anachorètes de la Thébaïde, solitaires dans le désert.
Alors que Raphaël finit de conter ses heurs et malheurs en une orgie de paroles, la nuit enveloppe peu à peu d'un crêpe les longues saturnales de cette soirée.
Il retrouve Pauline qui a toujours été amoureuse de lui et il découvre en elle à présent une femme et il l'aime. Il commence une nouvelle vie en l'épousant Mais pendant ce temps-là, la peau de chagrin rétrécit... de même que le nombre des jours lui restant à vivre.
Emporté par ses passions, Raphaël a le projet d'écrire une grande oeuvre, mais il est rattrapé par la décrépitude, le vieillissement et la maladie. Dès lors il ne songe plus qu'à sa survie, vivant en reclus…
Publié en 1831, ce roman qui fait partie de la Comédie humaine, a donc pour thème central le conflit entre le désir et la longévité, l'opposition entre une vie fulgurante consumée par le désir et la longévité morne que donne le renoncement à tout plaisir. Ainsi la peau de chagrin magique représente la force vitale de son propriétaire et se racornit à chaque satisfaction de son désir. Ne tenant pas compte de la mise en garde de l'antiquaire qui lui offre ce morceau de cuir, le héros s'entoure de richesse mais va se retrouver dans la pire des misères à la fin du roman.
Ce roman fantastique retrouve le thème classique du pacte avec le Diable, dans lequel est offerte au jeune homme la réalisation de tous ses désirs contre sa vie ou son âme. Toute chose a un prix et le bonheur perpétuel n'existe pas. Vivre plus intensément moins longtemps ou moins intensément plus longtemps : il faut choisir ! En somme une réflexion sur le désir : faut-il chercher à satisfaire tous ses désirs pour être heureux ? Une grande question !
Certes l'écriture est riche et ce roman reste aux dires des spécialistes une oeuvre phare de la littérature française. Mais j'ai quand même souffert des longueurs infinies et des digressions multiples qui ont de fait tempéré au fil des pages l'enthousiasme initial du lecteur que je suis.


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Raphaël de Valentin ne supporte plus sa vie misérable, sur le point de se jeter dans la Seine, le hasard le conduit dans une boutique d'antiquaire où l'attend la peau de chagrin. La peau est un Talisman que l'on acquiert au prix d'un pacte maléfique, celui qui la possède verra ses voeux exaucés, mais plus il le sont plus l'existence de son propriétaire rétrécit, à l'image de la superficie de la peau elle-même.

✒️ Balzac et Raphaël, ne font-ils qu'un ?
La peau de chagrin” est le premier roman qui apportera à Balzac succès et reconnaissance et que cherche Raphaël lui-même ? le succès et la richesse. Et par quel moyen ? L'écriture d'une oeuvre. Alors, le désespoir de Raphaël n'est il pas égal à celui De Balzac à l'époque où il écrivait le roman ? Ce n'est d'ailleurs pas la seule similitude. Les dettes, le rapport aux femmes, l'enfance austère, la carrière imposée par les parents, et même leurs routines de travail sont similaire…

✒️ Personnages dissidents
Raphaël m'a rappelé beaucoup Raskolnikov de Crime et Châtiment. Ce sont deux jeunes hommes brillants dont la société ne veut pas car trop miséreux. Cette injustice les torture tellement qu'ils sont prêts à faire le mal pour se faire une place dans le monde. J'ai beaucoup apprécié la dimension philosophique du roman. C'est une thématique que je développerais certainement dans un autre post après avoir lu Faust.

✒️ Où est mon requiem ?
Ce qui m'a frappé et c'est normal à l'entrée dans ce roman, c'est la beauté de la langue, certaines tournures de phrases sont absolument sublimes. Et pourtant, il manque un ingrédient essentiel pour qu'une lecture vous emporte, le rythme du récit.

Pour l'agonie, je rêvais d'un requiem de Mozart avec un rythme effréné comme le “Confutatis” ou le “Dies Irae”, des choeurs, des violons qui rappellent le crépitement des flammes de l'enfer. Au lieu de cela, j'ai contemplé des vaches et un chalet en Savoie. J'ai eu du Salieri au lieu de Mozart. C'est ma seule déception. J'ai adoré le roman jusqu'à l'agonie (c'est le nom du dernier chapitre, pas la mienne 😁).

C'était une lecture exigeante, mais que j'ai beaucoup apprécié dans l'ensemble.
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Relecture de ce livre, près de 25 ans après la première fois.
J'ai un certain nombre de roman De Balzac, mais celui-ci en est un dont je garde de ma première lecture un souvenir d'ennui, que je n'ai que partiellement, retrouvée ici.
En effet, mon intérêt pour ce roman est allé crescendo au fil de mon avancée dans sa lecture.
Autant la première partie m'a paru longue (le récit de la vie de Raphaël à ses amis n'en finit pas), autant on s'intéresse de plus en plus au personnage, à sa manière d'essayer de vivre en oubliant le pacte avec le diable, au combat des sentiments et de la passion sous la carapace qu'il se forge.
Si ce devait être une pièce de théâtre? une tragédie, bien sûr!
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Un grand Balzac. Un bijou de littérature, qui réussit à allier profondeur de la réflexion et histoire prenante.

J'ai retrouvé à mon grand plaisir des traits de Lucien de Rubempré (Illusions perdues du même auteur) chez Raphaël de Valentin, dans la peau d'un jeune aristocrate désargenté venu à Paris pour faire fortune de sa plume, et qui va sombrer dans une course vaine aux plaisirs.

Cependant, ma lecture du personnage de Foedora est radicalement différente de la volonté de l'auteur : là où il souhaitait faire le portrait d'une femme égoïste et sans coeur, je vois une femme libérée de la domination masculine ; cette interprétation féministe est bien sûr anachronique, mais me convient parfaitement, et je n'ai aucune empathie pour Raphaël l'accusant de ne vouloir appartenir à personne.

En tout cas, je crois que La peau de chagrin a toutes les chances de plaire à nombre de Babelionautes qui souhaiteraient en apprendre un peu plus sur le roman à l'origine de cette expression !
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Le monde tel qu'on voudrait qu'il soit.

Roman de maître de la part De Balzac. Après deux lectures du Père Goriot, je n'étais toujours pas convaincu, mais cette Peau de chagrin suffit à me faire voir Balzac tel qu'il est. A l'âge où Hugo se complaisait dans un romantisme vieillissant (avec un talent immense), Balzac rédigeait l'un des plus grands romans de notre littérature.

Pour métaphoriser la métaphore, la Peau de chagrin est un filtre de la vue. Tant qu'elle est à peu près intacte, Raphaël peut la garder devant ses yeux en continuant à voir le monde tel qu'il le souhaite. Lorsqu'elle est réduite à peau de chagrin, Raphaël découvre le monde tel qu'il est. Il ne le supportera pas.

J'ai lu beaucoup de commentaires d'universitaires comme quoi la Peau de chagrin était une métaphore de la vie. Je n'ai pas eu ce sentiment. Mon interprétation est fondée sur les dernières pages du roman.

La peau de chagrin est quasiment réduite à néant et Raphaël ne supporte plus de ne pas voir le monde se plier à ses désirs. Plutôt que de voir le monde tel qu'il est, il préfère ne plus voir le monde : il prend un produit pour s'endormir. Ce faisant, la première question qu'il pose à celui qui le lui administre est de savoir s'il va avoir mal. C'est là que réside la grille d'interprétation permettant d'expliquer le personnage de Raphaël selon moi. Voir le monde tel qu'il est, ça fait mal. Tant qu'il voyait le monde tel qu'il désirait qu'il fût, il était dans sa zone de confort, aucune douleur. Mais quand il voit le monde tel qu'il est, il pourrait aller jusqu'à se crever les yeux pour ne plus voir celui-ci et ne plus avoir mal ; il n'en aura pas l'occasion.

C'est selon moi la perspective adoptée par le narrateur : la critique de la peur du mal de Raphaël. D'où les maximes balayant l'existence de ce dernier d'un revers de main ("Raphaël avait pu tout faire, il n'avait rien fait"). Pour faire de grandes choses, il ne faut pas avoir peur de se faire mal (ne pas avoir peur du mal ?).

On a du Nietzsche dans cette critique. Mais également du Spinoza sur l'injonction à voir le monde tel qu'il est et non pas tel qu'on voudrait qu'il soit. Même si ça fait mal.
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Encore un incontournable que j'avais contourné malgré moi. le hasard des boîtes à livre m'a mis sur le chemin d'une version abrégée (l'école des loisirs) qui m'a permis de profiter de la substantifique moelle de cette oeuvre fondamentale. Résumer ? À quoi bon. D'autres l'ont fait bien mieux que moi. La langue De Balzac se mêle à merveille avec la trame de conte traditionnel qu'il emprunte pour mieux nous faire cogiter sur la condition humaine (et mondaine) via l'autoroute du fantastique. le temps, la futilité, ce qui nous est cher, l'amour, la passion, le coûte de la vie, le calcul... Toutes ces dimensions sont au coeur du récit qui se trouve ainsi sublimé par la facilité de la trame qui nous emporte et par la profondeur de l'écriture, la richesse des descriptions et des dialogues. Un vrai bonheur.
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L'une des rares incursions dans l'oeuvre De Balzac ,l'aventure de Raphaêl de Valentin est un conte centré sur le désir et l'illusion de sa satisfaction .le pacte faustien que matérialise la peau , comme tout pacte diabolique , est un leurre. Mais le roman , que Balzac considère comme très important , met aussi en scène avec un réalisme cru des milieux que l'auteur connaît bien et l'on peut voir en Valentin un avatar de lui-même , affamé insatiable de gloire, de fortune et d'amour
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Qui n'a jamais souhaité posséder un objet, un talisman capable d'exaucer tous nos désirs, sans limites, sans la moindre mesure, et ce, pour notre plus grand plaisir et bonheur ? N'est-ce pas cela, la définition même du bonheur, obtenir tout ce que l'on désire, sans faire le moindre effort, rien qu'en le désirant avec toute la conviction dont nous sommes capables, rien qu'avec la volition la plus puissante dont nous n'ayons jamais été habité ? Schopenhauer lui-même en a fait sa philosophie de vie, affirmant que la vie n'est faite que de désirs que l'on souhaite par-dessus tout réaliser et une suite de quêtes que l'on rêve d'accomplir. Bref, le secret absolu et ancestral de l'épanouissement personnel, la clé du bonheur et de l'extase ! Mais méfiez-vous, il y a toujours un monstre caché, qui guette quelque part...

Il est jeune, plutôt beau garçon, empli d'ambition et de bonne volonté, mais rien ne lui réussit ! Pas d'amour à l'horizon, pas d'éditeur pour son colossal ouvrage, sa fameuse "Théorie de la Volonté", pourtant brillante ; aucune maison d'édition ne souhaitant publier son oeuvre ! Alors il s'acharne, il persévère, mais rien n'y fait ! Pas de fortune pour s'élever socialement, pas de femme sur laquelle s'épauler et avec laquelle se distraire, des amis qui n'en sont pas, des ambitions qui se fanent et des rêves qui se flétrissent... Et voilà que ce vieil antiquaire lui offre le pouvoir de désirer absolument tout sans la moindre mesure ! Sauf que la jeunesse, la naïveté, la cupidité, la vanité de s'attacher à des choses superficielles, emporteront Raphaël dans un cercle vicieux, duquel il ne ressortira pas vivant !

La moralité de ce remarquable roman fantastique, introspectif et philosophique, serait donc que ceux qui périssent sont les gens généreux, naïfs, pleins de génie et d'élan. Car ils épuisent leur énergie vitale à force de tout bonnement profiter de l'existence ! Les autres, les oisifs, ceux qui ne possèdent pas de quêtes, qui ne désirent rien, ceux qui attendent simplement la fin de tout, végètent sur cette Terre. Ils ne vivent donc pas, ils se contentent d'exister, gaspillant cette énergie vitale si précieuse...

Ainsi, libre au lecteur de se rallier à la moralité De Balzac - expliquée à la fin du roman -, qu'il estime être la bonne et la meilleure à ses yeux. Balzac, lui, ne nous donne pas de réponse, il ne fait que nous mettre face à l'une des plus cruciales questions de notre existence, face à l'une des problématiques les plus épineuses, quant à notre dessein sur Terre ! Un roman qui bouleverse véritablement notre entendement, nous fait réfléchir plus que nous le pensons, mais qui laisse un goût amer sur notre langue, aussi ; tandis que nous fermons ce livre et que nous prenons le temps de réfléchir sur nous-même... Car après tout, l'essence de la vie ne se trouve-t-elle pas là, dans ce questionnement si complexe ; entre l'utilisation de l'énergie vitale et son gaspillage ? Sauf qu'en réalité, peu importe le choix que le lecteur prendra à la fin de sa lecture, la finalité est la même. Il n'y a que le chemin que nous empruntons qui diverge, l'un nous assurant la quiétude, l'autre, le désespoir...
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