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Citations sur Mariage arrangé (7)

Sharmila avait pressé sa joue contre la joue ridée du bébé, sur cette peau translucide, délicate tel un papier précieux d'une grande finesse, et m'avait jeté un regard brillant malgré les cernes creusés sous ses yeux. "Je n'aurais jamais cru pouvoir aimer avec cette intensité, cette fulgurance, Mira", avait-elle murmuré. Étonnante confession de la part d'une femme qui avait toujours clamé que ce monde était déjà trop plein de gens pour nous aggravions le problème de la surpopulation ! Preuve que l'amour maternel était une réalité. Une réalité primitive et dangereuse, enfouie quelque part dans les gènes féminins, surtout nos gènes indiens - qui attendaient de passer à l'attaque. J'étais résolue à rester aux aguets.

Une vie parfaite
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Je me réfugiai dans la cuisine avec ses rangée de boîtes rutilantes, ses étagères d'épices toutes soigneusement étiquetées, ses carreaux de céramique et ses robinets étincelants qui me donnaient généralement le sentiment d'être saine et maîtresse de ma vie.

Une liaison (p.239)
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Puis, avec l'égocentrisme des jeunes, je m'envole sur les ailes de l'imagination vers des sujets plus exaltants. Je me vois assister à mon cours sur le roman moderne à l'université, habillée d'une veste écossaise et d'une veste assortie. Mes jambes, élégantes dans des bottes qui montent jusqu’aux genoux comme celles que j'ai vues dans un des shows télévisés de l'après-midi qu'affectionne ma tante, sont croisées avec désinvolture. Mes cheveux coupés au carré se balancent autour de mon visage, tandis que je conteste avec brio l'interprétation de la philosophie de Dreiser du séduisant professeur. Je disserte intelligemment sur le personnage de Sister Carrie jusqu'à le rallier à mon opinion, et après le cours, nous allons dîner dans un petit restaurant français tranquille. La lumière des chandelles illumine les cheveux d'un blond roux du professeur, la monture dorée de ses lunettes. Le bord de nos verres à vin. On passe du Chopin en musique de fond quand il m'avoue son admiration, son amour pour moi. Il me glisse au doigt une bague avec des pierres qui étincellent comme ses yeux et me parle des voyages que nous allons faire autour du monde, des livres que nous allons écrire ensemble quand je serai sa femme. (Pas de mariage arrangé comme celui de Tante pour moi!) Après le dîner, il m'emmène dans son appartement surplombant le lac, où clignotent et frissonnent sur l'eau des lumières enchanteresses. Il m'attire, respectueusement mais ardemment sur le divan. Ses lèvres sont chaudes contre ma gorge, son...
Mais ici se tarit mon imagination, conditionnée par une vie entière de censure maternelle.

Trottoirs d'argent, toits d'or
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Cette année-là, Mère pleurait beaucoup, la nuit. Peut-être avait-elle toujours pleuré, mais c'était la première année où j'étais assez âgée pour m'en apercevoir. Je me réveillais dans l'obscurité chaude de Calcutta et le bruit oppressant de ses pleurs déferlait sur moi, vague après vague, me cernait au point que je n'aurais pu dire d'où il provenait. Les toutes premières fois, je me redressais dans l'étroit lit d'enfant qu'elle s'était mise récemment à partager avec moi et murmurais son nom. Elle m'attirait alors, me tenait serrée contre son corps tremblant et l'odeur humide de talc et d'amidon de son sari m'étouffait si bien que, n'en pouvant plus, au bout d'un moment je commençais à me débattre et à la repousser. Mais elle pleurait de plus belle. Ainsi, j'appris à ne pas bouger et, immobile sous le drap, je m'enfonçais les doigts dans les oreilles pour échapper à ses sanglots. Si je fermais les yeux très fort et les gardais clos assez longtemps, des petits points de lumière apparaissaient sous mes paupières et j'arrivais presque à me persuader que j'étais au milieu des étoiles.

Les chauves-souris
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Puis, soudain, à la manière capricieuse qu'a la pensée de se jouer de nous, apparaît à mes yeux douloureux le beau visage de Bijoy, charmant, rieur, mais - je n'ai jamais admis cela auparavant - implacable. Je me demande si cette histoire ( mais ce n'était pas l'intention de ma tante) est pour moi un avertissement, un aperçu de ce que pourrait être ma propre vie que je croyais avoir façonnée si intelligement, si différement de celle de ma tante, mais qui n'est qu'une répétition, un raga différent, de sa chanson tragique. Peut-être en va-t-il ainsi de toutes les filles, condamnées à choisir pour elles-mêmes, encore et encore, les hommes qui ont détruit leur mères.
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Le sari était étonnamment lourd dans mes mains, la soie glissante, un sari dans lequel marcher avec précaution. Un sari qui pouvait bouleverser votre vie. Un instant, je le tins, immobile, et eus envie de pleurer. Je savais que quand je le porterais, il tomberait jusqu'à mes pieds en formant des plis parfaits et miroiterait à la lumière des lampes du soir. Il éblouirait Somesh et ses parents, et ils me choisiraient pour épouse.

Les Vêtements
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Dans le miroir, mon visage est bouffi, mes yeux gonflés. Je me regarde fixement, avec le sentiment d'être une parfaite ratée. J'ai perdu mon mari et trahi mon amie, et maintenant, pour couronner le tout, j'ai souillé l'évier de mon vomi en présence de mon fils. Je pense que j'ai tout fait pour être l'épouse et la mère idéale, comme les héroïnes de la mythologie de mon enfance - Sita patiente, fidèle, Kunti altruiste. Pour la première fois, je pense avec stupeur que Mahesh avait peut-être lui aussi une image semblable en tête. Qu'il a peut-être fui pour ne pas rater une dernière occasion de ressembler à Arjun le viril, Bhim le fort. Et, un instant, je ressens de la tristesse pour lui, parce qu'il va se rendre compte, lui aussi, assez vite - un matin en se réveillant près de Jessica, ou en lui jetant un regard de côté tout en garant habilement la Mazda dans un parking - que la vie parfaite est une illusion.

Rendez-vous avec Mrinal
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