L'homme de Kaboul

J'ai soigné deux filles aujourd'hui (...) Une, qui n'a que douze ans, a été vitriolée par les talibans parce qu'elle refusait d'épouser un homme de cinquante ans.
En représailles, ses frères ont enlevé la fille de l'autre famille, lui ont coupé le nez et le bout des seins.
Ces deux filles sont les victimes de la même barbarie ! Au lieu de se battre loyalement, les hommes les ont utilisées. On les a considérées comme rien, comme de la viande, pire que de la viande.

"Nous avons identifié l'exécutant, en fuite, ce n'est pas si mal. Notre mission consiste désormais à trouver qui était le commanditaire et à découvrir ce pour quoi nos poursuivants se donnent autant de mal.
- Qu'est-ce qui vous prouve qu'il reste quelque chose à découvrir ?
- Nos ennemis mettent trop de moyens pour nous empêcher d'avancer. Ils ont peur de nous alors que nous ne savons rien."

- Rétabli l'ordre en réduisant en esclavage les femmes et en ramenant le pays à l'âge de pierre..., répliqua Nick cinglant.
- Ce pays vivait déjà à l'âge de pierre avant que nous y prenions le pouvoir... Depuis que l'empereur Moghol Babur en a été chassé, soit très exactement au XVème siècle de votre calendrier impie. Quant aux excès de notre régime, c'est une révolution... et toutes les révolutions ont leurs excès.
- Pas autant que la vôtre !
- La nôtre a été l'une des moins sanglantes des derniers siècles. Pensez aux Français. Aux trente ou quarante millions de morts de la Révolution culturelle chinoise. Cela n'empêche pas vos gouvernements d'accueillir les dirigeants chinois avec tous les honneurs. Pourtant, les hommes au pouvoir au Chine aujourd'hui sont-ils radicalement différents de ceux d'il y a quarante ans ? Non. Étudiez donc l'Histoire, que vous ignorez, jeune homme, et évitez-moi les discours moralisateurs et simplistes. Ce n'est pas parce que je porte un turban que je suis borné. Les choses sont toujours plus compliquées qu'elles ne semblent l'être, dans ce monde cruel et multipolaire, comme le disent les commentateurs occidentaux... (p. 339)

Il paraît que tu veux une seconde femme, nous serions heureux de t’aider à l’acquérir en échange de tes services. Dans cette enveloppe, il y a mille dollars. Il y en aura quatre mille autres quand tu auras terminé la mission. C’est exactement l’argent dont tu as besoin pour la dot. Avec une somme pareille, tu es certain d’épouser une très belle vierge. C’est une bonne proposition. Une proposition honnête, mais je comprendrais néanmoins que tu ne sois pas assez courageux pour faire ce que nous te demandons.

[…] En tout cas, c’est mon premier suicide d’homme ! Jusqu’ici, je n’ai eu que des suicides de femmes qui refusaient un mariage arrangé.

[…] Le mollah soupira.
— Vous êtes un homme courageux, frère Oussama. Essayez de rester vivant encore quelques jours. Votre enquête m’intéresse.