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Citations sur Je voudrais qu'on m'efface (19)

Roxane rentre de l'école.
Sac à dos lourd.
Porte gelée, sonnette pétée.
Sonne une fois. Deux.
Passe par l'arrière.
Roxane sait à peine ses jours de la semaine, mais le jour du chèque, elle le reconnait facile. C'est aujourd'hui. Y a une deux trois bières sur le comptoir. La télé joue fort. Trop. Sa mère boit dans le salon.
Une gorgée. Un allô mouillé. Roxane, les yeux inquiets, cherche ce qui reste de sa mère.
Des arches noires sous les yeux, des trous dans le sourire, la robe de chambre grise ouverte sur son cou plissé, souffrance évachée dans le sofa.
- ... Allô, maman.
Un temps.
Sa mère face à la télé. Roxane face à sa mère. Roxane voudrait qu'elle la regarde.
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Hostie... comme du vent entre ses lèvres sèches.
Louise, debout devant le miroir. Immobile. comme un fantôme.
Blême. Des trous de tristesse sous les yeux.
Elle se regarde pis maudit qu'a s'trouve laide.
Elle a rien pour cacher sa face, ça fait longtemps qu'elle a arrêté d'se maquiller. Ça fait longtemps.
Elle braillerait ben mais y reste pu rien.
Elle boirait ben mais à soir elle a décidé qu'elle s'tiendrait.
Elle s'mouille les cheveux. Un peu, avec ses doigts seulement. Pis la tête tout au complet en dessous du robinet.
Elle se regarde. Se sourit faux. Part à rire. Claque la porte.
"Bon. Qu'est-ce que j'mets ?" Elle a pu rien qui fait. Est rendue grosse. Gros cul.
Elle sort une jupe. Y a l'air de faire froid dehors. Le vent froid sur ses joues - y m'semble que ça lui rappellerait qu'est en vie. Elle marcherait avec sa jupe pis un beau manteau - pis a dirait bonjour monsieur Gingras au voisin qui déblaye son char, salut madame Vigneault à sa voisine qui ramasse son courrier - pis aux putes elle dirait rien mais elle les regarderait parce qu'y fait crissement froid pis qu'entre femmes on s'soutient.
Elle marcherait d'même, d'un bon pas, jusqu'à l'école. Quand elle arriverait là-bas, elle sourirait au monde, même pas forcé. Elle dirait "maudit qu'y fait frette", comme tout l'monde dit, pis les gens d'l'école y s'diraient "ah ben, c'est elle la mère à Roxane", pis y seraient ben étonnés parce qu'elle aurait d'l'allure en maudit la mère à Roxane.
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Chostakovitch, début du disque. Roxane met ses écouteurs et s’étend sur son lit. Elle se perd dans Moscou, grande ville blanche où s’enlignent les toits couverts de neige. « Sur l’espla-na-de du Kremlin, le pano-rama de Moscou dé-ve-loppé devant soi, on se sent vrai-ment ail-leurs… »
BANG ! La porte s’ouvre, la lumière tombe sur Roxane, sa mère gueule, mais Chostakovitch reste là, entre eux et elle. Il la protège. Le beau-père derrière l’attrape par les cheveux, Roxane devine un cri sous l’archet voluptueux. Roxane, prisonnière de la scène. Avale l’absurde chorégraphie.
Sa mère, par terre, le visage déformé, peine à se relever. Lui la tient par le cou. Elle mord, il frappe, elle crie.
Roxane pétrifiée.
La musique.
Le visage de sa mère.
La musique.
Sa mère par terre qui se relève.
Lui part vers la cuisine.
Elle, en criant, le suit.
Dans la cuisine, les couteaux.
Chostakovitch ne peut rien contre les couteaux.
Roxane s’enfuit.
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- Tu t’es évanouie ?
- C’est le mal de mère.
- Pour avoir le mal de mer faut être sur l’eau, Roxane.
- Non.
- Non ?
- J’ai toute l’eau du monde en dedans. Tu l’savais pas ?

(BQ, p.82)
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Roxane ferme sa porte. Des cris. Des cris. Des mots. Des coups. Son nom. Sa mère qui crie son nom. Roxane ouvre son tiroir. Cherche ses écouteurs, trouve ses écouteurs.
Chostakovitch, les violons. Plus fort, plus fort encore. Les violons la fenêtre la neige snieg qui tombe comme des lignes du ciel à l’eau comme des lianes pour s’agripper, pour monter très haut, jusqu’en haut, les flocons tombent en lianes du sol au ciel, le violon de Chostakovitch coule sur elle, puis coule en elle. Roxane est une corde, stridente sous l’archet, Roxane vibre, Roxane explose, vole par-dessus la rue, par-dessus les corps morts, par-dessus la marde, jusqu’aux bateaux, jusqu’au fleuve, jusqu’en Russie. Roxane est une symphonie.
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Steve marche toujours sur Ontario. Traverse un noyau de putes. Sont déjà toutes là. Doit approcher cinq heures. Les putes sont l'horloge de l'est d'la ville, qu'y se dit. Eastern time. C'pas toujours fixe, mais c'est toujours là. Ça le fait sourire.
Elles lui donneraient bien un peu d'chaleur mais ça ferait encore plus mal de retrouver l'frette après. Y l'sait trop ben... Un corps de fille, lui, ça le chavire.
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Un héros qui pleure, ça se peut pas.
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En pyjama dans la tempête, Roxane passe devant les putes.
Une ou deux seulement, c'est tempête pour tout le monde.
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Melissa a douze ans, pis à partir de maintenant faut qu'a kicke la petite fille. Faut qu'a la batte, faut qu'a la tue. Faut qu'a soit plus adulte que les adultes, pis est capable en crisse.
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Un bateau ! C’est beau…
-Pour te rappeler la Gaspésie.
-…Merci. Merci, ma belle… J’oublierai pas. J’oublierai pas, promis.
Il la serre dans ses bras forts.
Faut qu’tu t’rappelles de tes rêves pour pas t’noyer dedans
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