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Citations sur L'Amour impossible (49)

Que de fois ils passèrent de longues heures dans la nuit l'un près de l'autre, flanc à flanc, les mains enlacées, couple fait, on l'eût dit du moins, pour toutes les voluptés de la vie, mais trouvant sans cesse l'esprit qui juge où ils avaient appelé la sensation qui enivre : couple superbe et fatal ! réduit à insulter l'objet de ces amours qui ne duraient pas et à rire entre soi des ridicules vus le matin dans le tête-à-tête, affreuse comédie qu'ils se donnaient entre quelque baiser vide, quelque sombre et vaine caresse, par dédommagement du bonheur manqué et de l'enthousiasme impossible !
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Mais la vanité est si près de l'amour dans les femmes du monde, tout cela est si divinement pétri et fondu, qu'intéresser l'un ou l'autre amène souvent aux mêmes résultats. Or c'était précisément le résultat dont M. de Maulévrier était avide. Il était arrivé à ce degré de l'amour, dans les êtres qui n'ont pas le triste et très peu fier honneur d'être poétiques, où la possession la moins délicate parait la meilleure, et où ce qu'il y a de plus adorable dans l'amour même serait sacrifié brutalement à cette diabolique possession.
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Et si elle désira parfois être aimée de l'amant de son amie, c'est qu'elle se trouvait bien à plaindre de se voir privée d'un bonheur qui n'était pas chose si rare, sans doute, puisque Mme d'Engluer, qu'elle jugeait de si haut, l'éprouvait ; et c'était d'ailleurs bien moins de la femme qu'elle était jalouse que de l'amour.
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D'ailleurs, convenons-en sans hypocrisie à l'honneur de la pureté des femmes très belles, souvent on les croit sous l'empire des émotions les plus troublantes qu'elles n'éprouvent que la très immatérielle jouissance de la vue des transports qu'elles excitent. (...) Si bien éprise que soit une femme, il n'en est point qui ne cherche à augmenter par tous les moyens possibles la passion qu'elle a inspirée. C'est le machiavélisme des coeurs les plus tendres. C'est aussi la seule explication qu'il y ait de ces résistances de lionne, sous prétexte de vertu, dans des organisations si bien combinées pour la défaite ; résistance dont la pensée ne viendrait jamais aux filles d'Eve, si elles n'avaient appris de mesdames leurs mères "que se donner, c'est diminuer l'amour".
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Rien ne ressemblant plus à l'amour dans les hommes que les désirs que l'on fait attendre, M. de Maulévrier croyait à la grandeur de son amour par la grandeur de ses impatiences.
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Petit enfantillage égoïste, ordinaire aux personnes spirituelles qui ont la modestie d'ignorer que tout l'esprit du monde ou du diable ne vaut pas le plus léger mouvement d'éventail quand il s'avise d'être gracieux.
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Cependant les choses ne pouvaient pas durer ainsi plus longtemps. L'amour, si grand qu'il soit, ne change pas les habitudes de toute la vie, du moins à Paris.
M. de Maulévrier était un homme du monde, et l'homme du monde se révoltait un peu quand l'amoureux se courbait si bien. ..
...
Quoiqu'il fut terriblement cousu à sa jupe..., il y avait des moments où il fallait quitter cette grande charmeresse qui le lanternait avec ces réserves qu'elle avait l'art et la puissance de lui faire subir. Dans ces moments-là, comme il se retrouvait plus de calme et qu'il pouvait mieux se juger, il convenait, avec une extrême bonne foi, que sa position vis-à-vis de la marquise ne lui faisait pas un honneur immense, et alors il se mettait à lui écrire des lettres pleines d'une passion vraie, et dans lesquelles il revenait toujours à ce vieux refrain de l'amour, à cette éternelle question, ce "m'aimez-vous?" importun parfois, que le scepticisme des coeurs ardents pose encore, même quand on y a répondu. Ces lettres étaient réellement très catégoriques ; elles poussaient la marquise jusque dans ses derniers retranchements. Il n'y avait plus là de main ou de taille laissée sournoisement pour gage du silence qu'on affectait, ou en expiation du rire incrédule dont on arme sa physionomie, traître rire si blessant pour les coeurs épris ! Tous ces moyens du "Traité des Princes" des femmes n'étaient plus de mise contre des lettres auxquelles il n'était vraiment pas possible de répondre autrement que par un aveu. C'est pour cela que Mme de Gèvres n'y répondait pas.
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On change, - ajouta-t-elle avec une tristesse amère qui vengeait bien ceux qui l'avaient vraiment aimée ; - on change parce qu'on aime et qu'on souffre, mais du moins on ne s'ennuie pas !
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[...] ... "Non, je n'ai pas d'amour pour vous, mon ami, et pourtant j'ai besoin et désir de vous voir. Je suis froide, c'est la vérité ; et pourtant vous me faites éprouver une émotion inconnue lorsque vous brûlez ma froideur sous vos transports. Je n'ai jamais été ainsi, même avec la personne que j'ai le plus aimée ... Il n'y a rien de véritablement intime entre nous, dites-vous ; et pourtant j'ai eu tout de suite confiance en votre caractère, si ce n'est dans votre affection que vous m'avez niée si longtemps. Rappelez-vous tout ce que vous m'avez dit ; jugez si je puis avoir la foi qu'il faudrait pour devenir ce que ... je ne suis pas encore. Si vous tenez à ce changement aussi véritablement que vous le dites, ne vous repentez pas de m'avoir ouvert votre coeur. La crainte de vous voir trop souffrir pourrait seule l'emporter sur ma rebelle nature. Si vous saviez comme je vous serais reconnaissante de bannir de mon âme la défiance qui fait ma réserve ! Trompée, toujours trompée, dupe sans cesse ! jugeant toujours les autres d'après ce que j'éprouvais. Et ne m'accusez pas de mensonge ; quand j'ai le plus aimé, j'ai toujours gardé au fond de mon coeur les expressions qui eussent pu faire croire à une exagération que je redoutais plus que tout au monde. Adieu ; voilà de la confiance. J'espère que vous ne vous plaindrez pas ce soir comme hier de ma réserve. Venez, venez, je vous attends.

Bérangère"

En somme, ce billet était digne de la main qui l'avait tracé. Soit instinct, soit calcul, Mme de Gesvres avait exactement mesuré la dose d'espoir qu'il fallait à M. de Maulévrier pour que, fatigué d'une résistance sans terme, il ne s'en allât pas visiter Florence ou Naples, seule manière de se suicider que les gens de bas étage n'aient pas prise encore aux gens comme il faut ! De tels billets, envoyés aux époques critiques d'un amour qu'on redoute de voir expirer, sont de l'élixir de longue vie ; c'est du lait d'ânesse pour la phtisie du coeur. Sans doute, ce billet avait toute la séduction du mensonge ; mais il était vrai cependant comme s'il n'eût pas dû séduire, vrai comme peut l'être la pensée d'une femme, dont les vérités les plus claires ne peuvent jamais avoir, comme l'on sait, une limpidité parfaite. ... [...]
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L'amour devait être la grande préoccupation, la grande affaire, le grand enthousiasme de la vie, et l’amour, dans nos âmes glacées, n’a été qu’une
fantaisie sans émotion ou sans noblesse.
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