C'était là.
Toujours.
Ce perpétuel tiraillement à l'intérieur d'elle. Qui ne la laissait jamais en paix. Qui l'empêchait de vivre pleinement le moment présent. Ruth en arrivait à avoir des maux de tête.
Elle se morigéna : "Ma pauvre Ruth, tu ne sais pas ce que tu veux. Une chose et son contraire !"
Une brillante carrière de journaliste en prise directe avec les événements au sein d'un grand journal américain et le sauvetage de La Voix.
L'exaltation de l'aventure et la paix de Sosua.
La liberté d'agir à ta guise et la douceur de l'abandon à un homme.
Mieux valait vivre intensément, ne fût-ce qu'un instant, quitte à en souffrir, que de ne vivre qu'à demi sans rien risquer.
Markus, connaissait ce genre de regard, angoissé, traqué, inquiet.Le regard aux aguets d'un homme en fuite. Il en avait croisé tant dans une autre vie, en Autriche, quand tous cherchaient à éviter les nazis, leurs humiliations et leurs brutalités.
On ne peut donner que deux choses à ses enfants. Des racines et des ailes.
Ce n'était pas facile d'être la fille de cette femme magnifique et si forte, cette mère qu'elle admirait tant. A côté d'elle, elle se sentait si petite si insignifiante. Une enfant. Avec la meilleure volonté du monde, malgrè tous ses efforts, elle craignait de ne jamais lui arriver à la cheville.
Cuando uno viaja
También viaja con uno
El universo
(Haïkus du poète uruguayen Mario Benedetti
Ensuite je prenais un livre sur l’étagère ou s’étalait l’oeuvre complète de Félix Salten (de son vrai nom Siegmund Salzmann, scénariste de romancier autrichien, père littéraire de Bambi)
Selon sa tante, lire l’histoire du petit faon était un acte militant.
J’avais été sidérée d’apprendre que ce livre considéré comme une allégorie sur le traitement des Juifs en Europe, avait été interdit en Allemagne en 1936.
Avant de partir, j’avais fait un pèlerinage d’adieux aux lieux chéris de mon enfance. Sur la plage, j’avais pataugé jusqu’aux pilotillos et je m’étais hissée sur le haut d’une pile ; le menton sur les genoux remontés contre ma poitrine, j’avais contemplé le coucher du soleil, savourant cet éternel spectacle chaque jour renouvelé, en sachant d’avance à quel point cela allait me manquer. Derrière la poste, j’avais tourné autour du grand tamarinier qu’enfants nous escaladions comme des singes. Dans le parc, avec la complicité de la nuit, j’avais caressé le tronc du vieux flamboyant aux fleurs rouges où le cœur avec nos quatre initiales, FLSR, gravé avec la pointe d’un canif, résistait aux assauts des années. Il était grand temps de tourner la page.
On ne peut savoir qui on est qu'en connaissant ses racines.
J'ai l'impression de faire de l'amateurisme partout où je passe, de rester à la surface des choses et de passer entre les gouttes sans jamais m'investir.