Après m'être spoilée comme une débutante sur l'un des éléments pivots du second tome de King of scars, j'avoue avoir repoussé ma lecture… Mais l'envie de découvrir comment aller se finir cette duologie a fini par me persuader de me lancer. En plus, j'étais plus ou moins préparée psychologique…
La guerre est donc aux portes de Ravka. Nikolai et ses amis ont beau se démener depuis plusieurs années déjà, l'inévitable est sur le point de se produire, et le retour d'Aleksander ajoute une angoisse supplémentaire. le règne des loups n'est donc pas une petite promenade au milieu d'un champ de fleurs. Loin de là. Mais encore une fois,
Leigh Bardugo sait totalement magner intrigues, politique, espionnage et escapades périlleuses.
J'aurais presque envie de vous dire qu'on ne s'ennuie pas une seconde mais… si une grande partie du roman est bien rythmée, il y a tout de même des longueurs. J'avoue, quand certains protagonistes entraient en action, je lisais parfois en diagonale. Car ici, nous avons de nombreux points de vue : Nikolaï, Zoya, Nina, Aleksander, Mayu… Et si j'adore cela en règle générale, car cela nous permet d'avoir une vision beaucoup plus globale de l'histoire, ici, j'ai trouvé qu'à certains moments l'histoire s'étalait et perdait de son rythme. C'était intéressant, je ne le nie pas, mais arriver à une conclusion aussi prenante et avec des enjeux si capitaux… Les états d'âme de certains alourdissaient le tout. Chacun des protagonistes apportait cependant un point crucial quant à la conclusion de la duologie, mais je reste persuadée que l'on aurait pu arriver à la même fin avec moins de détails parfois pompeux et répétitifs.
Deux exemples : Nina et Ehri. Depuis le premier tome de King of scars, Nina a perdu pour moi tout son charme. J'ai eu beaucoup de mal à adhérer à sa relation avec Hanne qui pour moi tombe un peu comme un cheveu sur la soupe. La voir aller de l'avant était réjouissant, mais il manquait l'étincelle que Matthias avait. Et puis, la plupart du temps, Nina nous répète combien elle veut voir Brum disparaître, combien il est facile pour une cruche de passer inaperçue, et qu'elle donnerait sa vie pour Hanne et sa cause. C'était assez mou pour moi. Pas bien palpitant. Pour Ehri on retrouve aussi le même schéma. Tête de mule sans grand panache, la princesse est aussi soumise à des répétitions dans son histoire. Mayu récupère aussi ce schéma étant liée à la princesse. Et c'est dommage, car ici, nous avions quatre personnages féminins qui auraient pu avoir plus de panache et de mordant.
Pour moi, Zoya et Nikolaï étaient mes bols d'air. La respiration qui faisait avancer l'histoire du Règne des loups. Toujours au coeur de l'action, les deux personnages sont en plus liés par un lien que l'on voit de plus en plus grandir. Ils évoluent beaucoup tous les deux ici, car ils prennent conscience de qui ils sont vraiment et combien leurs aventures les ont poussés sur une nouvelle voie. Avec la guerre qui se joue, c'était un réel plaisir de les suivre autant sur le plan personnel et émotionnel que dans leurs rôles de leaders.
La guerre d'ailleurs.
Leigh Bardugo la traite avec finesse. On y voit vraiment un jeu politique des plus intéressants. Les alliances comme les retournements de vestes sont complexes car il y a toujours en jeu beaucoup d'éléments. L'auteur prend aussi le temps de traiter l'aspect psychologique, les retombées, mais également la course à l'armement. On y voit d'un côté comme de l'autre l'utilisation d'armes mais aussi de stratagèmes qui poussent nos héros à aller contre les convictions et leurs désirs. David en est l'exemple même. Depuis qu'il est entré dans l'armée, il n'a cessé de construire des armes, et pourtant il rêve de créer autre chose. Mais son pays en a besoin. le problème étant qu'à pousser la science, on bascule parfois dans l'horreur. le parallèle avec Einstein et sa bombe atomique était une piqûre de rappel très intéressante.
Mais si j'aime le Grishaverse, c'est avant tout pour ses relations humaines. Et je n'ai pas été déçue. Les liens que chacun tisse et même si la vie challenge parfois nos héros sont un pur bonheur pour moi. Quand on voit combien ces personnages ont grandi et évolué… c'est assez magique. Et ces amitiés diverses que l'on voit sont un vrai bonheur pour moi. Les scènes où l'on voit Nikolaï et Zoya assis autour d'un feu avec leurs amis pour discuter de l'avenir de leur pays. Kaz, Jesper et Wylan qui se taquinent à leur manière. Les mots échangés, la confiance, les petits gestes, les silences qui parlent d'eux-mêmes… et les pertes tellement douloureuses quand on sait combien ces jeunes gens ont déjà perdu… C'est toujours un point qui m'est cher dans n'importe quelle oeuvre et ici
Leigh Bardugo sait mettre en valeur ces relations d'amitiés.
Quant à la fin, j'avoue que je la trouve à la hauteur de l'univers. Elle a ce côté parfait, et en même temps le poids de tous les événements passés pèsent sur elle. On y voit aussi une ouverture pour une nouvelle aventure avec nos Crows préférés. Je suis plutôt enthousiaste par l'idée et en même temps, je me dis que cela permettrait à
Leigh Bardugo de tuer encore quelques-uns de ses personnages… Et étant totalement satisfaite de la fin du Règne des loups… j'ai cette peur sourde qui me dit que tout peut encore basculer. Donc, une certaine appréhension et en même temps une envie de voir le Grishaverse se poursuivre.
Leigh Bardugo a sous la main tellement de personnages intéressants et riches que voir s'étendre les aventures de nos héros serait un plaisir certain.