Citations sur La Peau de César (41)
Je vais le tuer.
Je ne suis pas un assassin : je dois faire la justice, à cause du mal qu'il a fait, et qu'il continuera de faire, s'il reste vivant.
Je vais le tuer. Dans quelques minutes.
Et la justice veut qu'il n'y ait pas de coupable, que personne ne soit puni pour cet acte de purification. Si je réussis, si je ne suis pas pris, personne ne pourra être accusé à ma place. Si je suis pris je paierai sans regret, mais ce serait dommage.
A quatre heures, les charmantes Nîmoises chargées de la vente des billets en avaient vendu deux mille de plus que les Arènes ne pouvaient contenir de spectateurs comprimés. Et tout autant de retardataires se trouvèrent sans billets quand elles fermèrent définitivement les guichets. Profitant du samedi, la clientèle habituelle des corridas était accourue de toute la région, partageant la conviction du Cissi : c'était pas fini ! ça allait saigner ce soir ! On était venu à la fête par famille entières. On avait apporté le casse-croûte. On s'installa pour pique-niquer sur la Place des Arènes et sur l'Esplanade, on alluma des feux pour faire griller les saucisses, on déboucha des litres de rouge, on commença à chanter.
– Ah oui ! Brutus !… « Toi aussi, Brutus ? » il était surpris, César ! Il l'aimait bien son Brutus ! Pauvre cloche !… on peut être le roi du monde et connard en ce qui concerne ses proches… Et le brutus lui a filé un bon coup de lame…
Le succès nourrit les acteurs mieux que le pain.
L'homme colla sur le papier la dernière lettre de son message. C'était un R, qui terminait le mot César.
Puis il plia la feuille et l'introduisit dans une enveloppe qui portait déjà une adresse, également constitué de syllabes et de lettres collées.
Je vous jure que ça fait quelque chose de voir une furie de vingt ans incarner Phèdre, qui est généralement interprétée par de vieilles momies molles... Et qu'elle était belle! On se disait qu'Hippolyte était vraiment un pauvre con de pas se la taper tout de suite, là, hop!... Remarquez qu'il se la tapait après, derrière les abricots, ça traînait pas... Celui-là aussi j'aurais du le tuer?
Je le tuerai ce soir.
Ou bien je serai découvert à l’instant même où je le frapperai, ou bien je resterai définitivement impuni. J’ai choisi mon arme, répété mon geste de façon à réduire au maximum le risque. Il n’en existe pas moins. J’accepte de le courir.
Je le tuerai ce soir.
Circonstances sublimes, environnement glorieux, mon acte sera parfait. Je me refuse à l’appeler crime. C’est la destruction nécessaire d’un monstre.
- Vous croyez ça ! Si vous l'aviez secoué, vous auriez vu qu'il aurait retrouvé des forces pour vous injurier ! Vous ne ferez jamais un bon flic, Mary ! Vous oubliez tout ce qui ne vous plaît pas, et vous êtes sensible comme une fille !... Enfin comme les hommes s'imaginent qu'elles sont... Je vous parie que vous avez pleuré quand vous avez vu E.T.
- C'est vrai...
- Vous voyez !... Moi aussi d'ailleurs... Mais moi j'ai eu honte... Vous pas !...
Christine Touret habitait un quartier de la vieille ville qui n'avait pas encore été rasé. Dans une rue d'immeubles bourgeois modestes et de villas de meulière avec jardins, une sorte de pavillon biscornu, défoulement de quelque artiste pompier du début du siècle. Les murs semblaient être en train de souffler une bulle en gomme à mâcher : un vaste atelier de verre en rotonde mangeait la moitié du premier étage et tout l'étage supérieur.
Gobelin avait fait emmener tous les suspects au commissariat, tels qu'ils étaient, en romains, sans leur laisser une minute pour se démaquiller.Il les fit fouiller minutieusement. Ils étaient trop fatigués et assommés par la mort de Faucon pour avoir la force de protester. Casca et Ligarius, déjà interrogés et fouillés, avaient reçu l'autorisation de rentrer à l'hôtel. Un policier montait la garde devant chaque chambre. Brutus avait fini par s'endormir sur le divan de sa loge...