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Critique de Presence


Ce tome regroupe 9 histoires indépendantes de pagination variable (de 4 à 36 pages), initialement parues entre 1989 et 1993. En 1986, Clive Barker publie la nouvelle "The hellbound heart" (rééditée en français dans Hellraiser) dans laquelle apparaissent les Cénobites pour la première fois, ainsi que la dimension Hellraiser. Clive Barker a ensuite écrit et réalisé un film Hellraiser - le pacte (1987) mettant en scène Pinhead. Parallèlement il a développé la franchise Hellraiser sous forme de comics publiés par Epic Comics, la branche adulte de Marvel Comics, pendant que d'autres réalisaient de nombreuses suites cinématographiques. Les histoires contenues dans ce tome sont des rééditions d'histoires parues dans les 20 numéros édités par Epic Comics.

Les auteurs écrivent pour des lecteurs qui connaissent déjà les notions rattachées à Hellraiser : les Cubes, la Configuration des Lamentations, Pinhead, les Cénobites, les chaînes et les crochets de boucher. En particulier, il faut se souvenir du principe de vie des Cénobites : un sadomasochisme paroxystique qui rapproche la douleur la plus intense du plaisir le plus jouissif.

Ce recueil comprend 2 types d'histoires : celles qui servent à développer la mythologie des cénobites et d'Hellraiser en introduisant des personnages ou des concepts qui se retrouvent dans d'autres épisodes, et celles qui s'attache à une obsession pervertie menant à Hellraiser.

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Razing Hell 1 (16 pages, scénario de Larry Wachowski, illustrations de Mark Pacella) - Un vieil homme décharné apparaît dans un asile avec un cube ; il est interné d'office. 4 individus dont un prêtre et une soeur arrivent pour s'occuper du vieil homme. Larry Wahowski (oui le coréalisateur de Matrix) propose la première partie d'un récit qui a pour objectif de développer 4 personnages qui auront des moyens de combattre les cénobites, ou tout du moins de détruire les portes vers Hellraiser. Dans la mesure où il s'agit d'une première partie, le récit se lit comme une introduction, avec un combat et des personnages peu développés. Les illustrations de Pacella ont du mal à dépasser le stade du comics d'horreur peu terrifiant. 2 étoiles.

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Wordsworth (15 pages, scénario de Neil Gaiman, illustrations de Dave McKean) - Un fonctionnaire sans éclat est passionné de mots croisés. Pour améliorer sa capacité à trouver les solutions de ces puzzles de mots, il est amené à effectuer des expériences pour mieux en comprendre la signification. L'accès vers Hellraiser n'est plus très loin.

L'association de Gaiman et McKean engendrent des bandes dessinées exceptionnelles : Signal to Noise et Mr. Punch. Gaiman imagine une trame savoureuse jouant sur les liens entre la réalité et le langage. Il tire son récit vers une horreur racontée, intégrant parfaitement l'aspect obsessionnel, pour une narration pas tout à fait assez intense. Dave McKean utilise un amalgame de plusieurs techniques : dessin, photographie, peinture, infographie, etc. Il n'est pas toujours à l'aise pour certains passages liés à une action (l'ouverture de la porte vers Hellraiser a du mal à convaincre). Par contre, ses collages et rapprochements graphiques provoquent des associations permettant de visualiser la maladie mentale du personnage principal et le coté métaphysique d'Hellraiser. 5 étoiles.

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Writer's lament (4 pages, scénario de Dwayne McDuffie, illustrations de Kevin O'Neill) - Un écrivain présente son chef d'oeuvre à un éditeur qui lui demande quelques petites modifications. McDuffie s'amuse à mettre en scène la tentation de l'auteur devant composer pour pouvoir être publié. L'histoire est courte, la torture mentale est palpable, les illustrations de Kevin O'Neill sont toujours aussi dérangeantes. 5 étoiles.

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The Vault (15 pages, scénario de Marc McLaurin, illustrations de Jorge Zaffino) - le directeur de la prison est d'une efficacité sans égale. Mais un rebelle incarcéré refuse de lui expliquer la signification du cube avec lequel il joue dans sa cellule. McLaurin installe un point de départ dans lequel plusieurs personnages ont une conduite obsessionnelle et où la torture physique est présente comme rapport de force. Les dessins de Zaffino sont mangés par des zones noires, à tel point que les éléments figuratifs semblent avoir été arrachés à la noirceur. le résultat est viscéral et intense. Les visages expriment l'obsession avec force au point de devenir inhumains. 4 étoiles.

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This, I saw (17 pages, scénario de Malcolm Smith, illustrations de Mike McMahon) - En 400 avant JC, un amérindien effectue son rite de passage initiatique : une randonnée qui l'amène à voir un cénobite, et un groupe de personnes qui s'y opposent. Malcolm Smith emmène le lecteur aux cotés de cet amérindien dans une époque ancienne fantasmée, avec un récit à la première personne. Les dessins à l'esthétique particulière de McMahon font ressortir les éléments naturels, les poses hiératiques et les corps appartenant autant au règne humain que minéral. L'ambiance est envoutante, mais le récit dérive à nouveau vers l'installation d'une mythologie complémentaire peu convaincante. 3 étoiles.

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The harrowing 1 (38 pages, scénario de Clive Barker, illustrations d'Alex Ross) - Des années après le voyage de l'amérindien de "This, I saw", de nos jours, un groupe de personnes est choisi pour recevoir le pouvoir de l'opposant aux cénobites. L'histoire de Clive Barker est prise en charge par Anna Miller, Malcolm Smith et Fred Vicarel pour la transformer en un scénario poussif montrant la genèse de 6 individus recevant un pouvoir leur permettant de lutter contre les cénobites. Alex Ross ne maîtrise pas encore son travail sur la couleur (on est loin de Marvels) rendant ses illustrations peu agréables. le lecteur ne peut que prendre son mal en patience en attendant que l'histoire aboutisse à son dénouement couru d'avance (au bout de 38 pages). 1 étoile.

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Dead things rot (15 pages, scénario de Mike Mignola, dialogues de D.G. Chichester, dessins de Mike Mignola, encrage de Mark Nelson) - Un prisonnier d'Hellraiser négocie sa libération contre l'âme d'un tueur en série. Comme Dave McKean et Jorge Zaffino, Mignola réussit à mettre son style au service d'une obsession. Il construit ses dessins de manière à insérer quelques éléments réalistes, des zones d'ombre et des représentations qui évoquent un objet plus qu'elles ne le représentent, des crochets à l'extrémité de chaînes en ombre chinoise par exemple. Ainsi l'horreur naît à la fois de ce qui est représenté et de ce qu'imagine le lecteur. Il sait aussi transmettre au lecteur l'absence d'empathie du tueur en série, son obsession malsaine. 5 étoiles.

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To prepare a face (21 pages, scénario de Jan Strnad, illustrations de Mark Chiarello) - Dans les années 1920, un acteur a trouvé un moyen exceptionnel d'incarner ses personnages. Il s'agit à nouveau d'une histoire dédiée à un comportement obsessionnel qui entraîne le personnage vers ce mariage du plaisir et de la douleur exacerbés. Les aquarelles de Chiarello sont très évocatrices et laissent de la place à l'imagination du lecteur. 5 étoiles. En prime, le lecteur découvre l'origine d'un des cénobites les plus marquants, après Pinhead.

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The devil's absolution (23 pages, scénario de R.J.M. Lofficier, illustrations de Jorge Zaffino) - Un parrain de la mafia s'aperçoit que sa petite fille participe à des cérémonies impliquant un cénobite. Les illustrations de Zaffino sont toujours aussi terrifiantes à contempler car il semble que l'artiste ait lutté pour arracher de la substance aux ténèbres. Lofficier raconte une histoire où la jeune fille est en souffrance psychologique, mais la chute ne sert qu'à faire naître un nouveau cénobite. 3 étoiles.

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Boom Studios s'est lancé dans la réédition de ces histoires à l'occasion d'une nouvelle série Hellraiser, pilotée (co-scénarisée) par Clive Barker, à commencer par Pursuit of the flesh (2011). Ils poursuivent la réédition des histoires publiées par Epic Comics dans Clive Barker's Hellraiser Masterpieces 2, avec encore des grands noms des comics tels que Bernie Wrightson, Mike Zeck, Jan Strnad, Kyle Baker, Scott et Bo Hampton, etc.
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