Les Exilées de Troie

L'histoire reprend quelques temps après la fin du premier tome. Nous sommes dans le camp des grecs, au pied de Troie. La ville a été conquise, des ruines partout… Les éléments sont déchaînés et empêchent les vainqueurs de prendre la mer pour rentrer chez eux après la victoire. Briséis, enceinte, a été ‘'donnée'' a un ami d'Achille, après la mort de celui-ci. Elle nous raconte la façon horrible dont les grecs passent leur temps en attendant de pouvoir naviguer vers chez eux. Violence quotidienne, mépris des femmes troyennes, considérées par beaucoup comme des objets, tensions, trahisons aussi… Bref, le temps est long et dur. Un récit qui fait mal à notre coeur de femme. Je connaissais peu ce temps passé entre la victoire et le retour à la maison. Barker nous le livre avec précision, et justesse, peut-être. Et puis, deux personnages sont plus présents dans ce tome : Hécube et Cassandre. Reine devenue sans âme et princesse condamnée à se faire considérer folle à cause de ses visions. Bref, une excellente lecture, qui se déguste, mais qui heurte…

Retournement de veste pour moi. J'avais été sévère avec le premier tome de la saga : le silence des vaincues, car je n'avais pu m'empêcher de le comparer à l'excellent Chant d'Achille de Madeline Miller qui avait été un énorme coup de coeur. La comparaison ne tenant plus la route ici, j'ai largement pu apprécier la plume et les propos de Pat Barker sur ce qui se passe après la chute de Troie.

En effet, on entre ici avec cette suite dans une partie de l'histoire que je connais bien moins et l'interprétation offerte par Pat Barker m'a beaucoup plu. Pourquoi ? Parce qu'elle s'intéresse sobrement à la nouvelle vie dans le camp grecque après la chute de Troie, la mort d'Achille et Patrocle et la victoire d'Agamemnon de Pyrrhus. C'est un nouveau temps sombre, lourd et pesant, vu ici à travers toujours le même regard, celui d'une femme autrefois vaincue : Briséis, mais qui tente de survivre au milieu de tous ces drames, en protégeant également ses congénères troyennes devenues esclaves après la chute de la ville. Passionnant et déchirant.

La plume tout en sobriété de Pat Barker qui m'avait semblé étrange et déstabilisante dans le premier tome, a pris toute sa mesure ici. Elle est parfaite pour raconter cette histoire particulièrement dure de femmes qu'on cherche à briser, à humilier, qu'on ne considère même plus comme des femmes mais comme des trophées, des objets, voire rien du tout. L'auteur en dit beaucoup sur le statut des esclaves et des prisonniers de guerre sous l'Antiquité. C'est aussi atroce que passionnant à lire car il a vraiment donné vie à tout ce camp.

On suit la vie de Briséis, désormais enceinte et mariée à un ami d'Achille, proche de Pyrrhus qui règne en tyran. On sent à ses côtés tout le mal être et le désoeuvrement de ce camp laissé à l'abandon après cette victoire qui a connu tant de pertes. On sent aussi le malaise face à ce que les guerriers considèrent comme des Dieux en colère contre eux. Ainsi, entre les histoires de femmes qui sont ici mises aux premières loges se dessine également celle d'un peuple très croyant et très fragile, qui ne sait plus où aller après tout ça et que faire. On parle beaucoup de leurs croyances autour de la mort, des dieux, des sacrilèges de la guerre... c'est rude et fascinant car un tout autre monde pour nous et l'ambiance créée par l'auteur comme si le temps s'était arrêté y contribue magistralement.

J'ai beaucoup cet aspect très historique de l'histoire appuyé par des personnages mythologiques qu'on connaît bien. L'auteur revient régulièrement avec une sombre nostalgie sur Achille, Hector et Priam. Il parle du destin d'Hélène et Ménélas. Il s'attarde surtout sur ce Pyrrhus qu'on ne sait si on doit le plaindre ou le détester. Mais il parle aussi beaucoup des femmes, le coeur de son histoire, que ce soit la reine déchue Hécube, sa fille Cassandre, sa belle-fille Andromaque, et bien d'autres qui étaient inconnues de moi avant tant leur nom ne sont pas restés dans L Histoire ou la mythologie. Mais c'est une vraie société qui est décrite ici, une société de femmes qui vivotent et se serrent les coudes au besoin pour survivre.

Les exilées de Troie est ainsi un texte passionnant et fascinant, qui relate du point de vue des femmes vaincues mais pas que, puisqu'on entend aussi parfois la voix désoeuvrée de ce pauvre Pyrrhus, un moment peu brillant de l'Histoire, celui d'après la chute de Troie, un moment terrible où le malaise est partout. Mais voir ses femmes se soutenir, faire face et avancer, au milieu d'un camp en ruine où la tristesse et la peur sont partout est très puissant et je remercie l'auteur d'avoir écrit ce texte pour nous faire revivre ce moment par trop méconnu.

Merci à Babelio et Charleston pour cette lecture. J'espère bien que nous aurons un troisième tome pour voir ce qu'il va advenir de Briséis ensuite.
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Ce roman est la suite du Silence des vaincues. Après la ruse du cheval de Troie et la mort de Priam, Briséis est à nouveau la narratrice du récit. C'est donc par ses yeux de femme troyenne que nous voyons le camp des Grecs qui ne peuvent quitter les rives de Troie en raison d'un vent contraire qui souffle de la mer. Mais Briséis n'est plus tout à fait une captive comme les autres, elle porte l'enfant d'Achille et depuis la mort de ce dernier, elle est l'épouse d'Alcimos.
Si le premier volume était une réécriture au féminin de L'Iliade, ce deuxième volet semble disposer de moins de sources antiques (ou alors c'est moi qui les connais moins bien) et cela lui permet une création plus libre. On y retrouve les personnages d'Hécube, de Cassandre et bien sûr d'Hélène chez les femmes, ainsi qu'une certaine Amina très proche de l'Antigone antique. du côté des hommes, tous les rois grecs sont là, et Pyrrhus y est dépeint sous un jour particulièrement peu flatteur.
L'auteure redonne ainsi un souffle épique à ses héroïnes, Troyennes parmi les Grecs, esclaves parmi les guerriers, et pourtant tout à fait capables de se poser en égales face à eux.

L'auteure réecrit la mythologie, ici la guerre de Troie vue par les femmes. du coup, ça change d'avoir le côté féminin de la mythologie. le rythme est rapide et l'intrigue simple.
Ce qui m'a déplu c'est l'écriture, ou la traduction, trop moderne. Ça nous est trop familier, je n'ai pas retrouvé le style d'écriture au temps d'Homère.
Page 13 par exemple -> "Et si je me chie dessus? (Chier sérieusement!). Son estomac semble un peu moins douloureux. Tout ira peut-être bien." de 1 Impossible que ça aille bien si ça vient de l'estomac et de 2 il parlait plus d'entrailles que d'organes spécifiques, dont ils ne connaissaient pas encore les noms.

Je regrette, donc, que l'écriture ne soit pas assez d'époque, mais le sujet étant intéressant, je recommande ce roman.

Nous retrouvons Briseis dans ce second tome de Pat Barker. Elle est devenue l'épouse d'Alcimos et porte le rejeton d'Achille. Les captives tentent de continuer à survivre du mieux qu'elles le peuvent mais l'après Troie est très difficile pour elles, notamment Andromaque, Cassandre et Hecube. Hélène est également présente parmi les butins de guerre et son mari Menelas l'accuse de tous les maux. En même temps, à qui la faute ? Briseis, elle n'est plus là maîtresse de chaque nuit depuis la mort d'Achille mais elle sait qu'elle restera liée à lui. Quant à Pyrrhus, il n'arrivera jamais à égaler son père, que ce soit dans le charisme comme l'intelligence. le récit de Briseis, par sa violence et son réalisme, aurait pu se dérouler à n'importe quelle époque et je n'ai eu aucun mal à m'identifier à elle et tout ce dont elle est témoin. Comme dans le premier tome, la survie reste le thème central et nous permet d'une certaine manière de mieux soutenir ces femmes dans leur lutte contre ces hommes qui veulent les asservir. Je mets 4 étoiles à cette suite.

J'avais un avis mitigé sur le premier volume et j'ai le même avis sur le deuxième de cette trilogie.
De nouveau, je déplore:
- le langage vulgaire qui m'a particulièrement irritée
- la traduction trop moderne pour la période évoquée
- les longueurs, le rythme lent parfois très lent de la narration
- une histoire manquant de consistance. Amina rappelle bien trop Antigone sans en avoir l'envergure. Il ne se passe hormis cela pas grand 'chose ni comme événements ni dans l'évolution des personnages....
Cependant, j'apprécie l'exercice : le choix de confier la narration de la guerre aux femmes, de donner le point de vue des vaincues, de s'intéresser à leur sort, dans un récit épique et mythique qui met en valeur les figures masculines.
L'autrice a fait des choix, a pris des partis quant à l'histoire, pour combler des ellipses, etc. Dans la mesure où ça ne me semble pas changer l'histoire, pourquoi pas ...
Je lirai probablement le tome 3, même si je n'en attendrai pas forcément grand'chose.

Le Silence des Vaincues m'avait particulièrement plu, alors j'avais beaucoup d'attentes concernant la suite, Les Exilées de Troie. Si globalement j'ai été une nouvelle fois conquise par la plume de Pat Barker, certains aspects m'ont déplu voire contrarié.

Pour rappel, l'autrice s'est intéressée dans son premier tome à a guerre de Troie du point de vue des femmes, notamment celui de Briséis, reine qui se retrouve esclave-trophée du guerrier Achille, alors que ce dernier à tué son époux, ses frères, réduit sa vie à néant. Dans Les Exilées de Troie, nous retrouvons Briséis après la chute de Troie. Priam et ses fils sont morts. Toutes les reines, princesses, femmes de haut rang, sont désormais des esclaves. C'est alors la vie au camp et le quotidien de toutes ces femmes devenues esclaves que Pat Barker prend le parti de narrer, sobrement, après la mort d'Achille, de Patrocle, la victoire de Pyrrhus. La vie dans le camp Grec est toujours aussi difficile pour ces femmes qui ne sont à peine considérées comme des êtres humains.

Briséis est enceinte d'Achille. Elle a été mariée (ou plutôt donnée) à Alcimos après la mort d'Achille, dont il était proche. Elle a un désormais un statut respectable parmi les Grecs et va user de ce statut pour servir les femmes et les aider du mieux qu'elle peut au camp, tant que les Grecs ne décideront pas de partir. Car ils craignent les dieux et les vents ne leur sont pas favorables. Et pourtant, ces mêmes hommes qui craignent les dieux se sont eux-mêmes attiré leur courroux en violant Cassandre, prêtresse d'Athéna, dans le temple sous le regard de la déesse. Et alors que tous vénèrent l'enfant à naître de Briséis, le fils d'Achille, Pyrrhus est pris de jalousie envers ce frère pas encore né, marchant dans l'ombre de la légende de son père.

Pat Barker s'affranchit totalement des récits mythologiques d'Homère en proposant une relecture moderne d'une des guerres les plus célèbres de l'épopée homérique. le style de l'autrice est affirmé mais parfois un peu trop familier et en décalage avec l'époque où se déroulent les événements, ce qui a tendance à entacher le récit. Mais c'est un parti pris que semble avoir pris l'autrice de donner un aspect contemporain à la narration pour l'enraciner dans notre époque et lui donner une résonance plus actuelle, en lien avec les thématiques féministes de notre temps.

Ce roman reste une ode à la sororité, il est profondément féministe et permet de nous offrir un point de vue de la condition des femmes dans notre société grâce au personnage de Briséis, qui se fait la porte-voix de tout une génération de femmes. Elle redonne leur voix aux aux Vaincues et aux Exilées.
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La mythologie au féminin, ou comment revivre le mythe de Troie à travers les yeux de celles qui ne comptent plus : les femmes troyennes.
Vaincues, possession des grecs vainqueurs, elles sont esclaves ou trophées.

Les exilées de Troie raconte la longue période d'attente entre la victoire sur Troie et le départ des grecs pour rentrer enfin chez eux.
Un vent violent les empêche de quitter Troie, le même qui les empêchait de prendre les voiles pour partir à la guerre quelques années auparavant.

A travers Briseis, la femme qu'a gagné puis aimé Achille, on redécouvre le l'Iliade. Les héros adulés - Ulysse, Achille, Agamemnon, Menelas … - deviennent des hommes brutaux et ambitieux, égoïstes et sans considération autre que le pouvoir et la gloire.
Les femmes sont détruites mais restent dignes. Andromaque, Hecube, Cassandre et les autres sont fascinantes. On leur dit malheureusement adieu à la fin de ce tome, chacune prenant une direction différente en fonction de leur attribution aux grecs.

J'ai toujours été très intriguée par Briseis, qui en fonction des réécritures apparaît comme amie ou amante. Dans le roman de Barker, elle est en colère mais lucide sur sa condition. L'autrice l'a marié à un ami d'Achille qui veille sur elle, j'ai hâte de lire le troisième tome pour découvrir l'évolution de ce personnage.

Il y a cependant quelques points qui m'ont dérangé : l'écriture de l'autrice ne m'a pas convaincu. Elle souffre malheureusement de la comparaison inévitable avec Madeline Miller qui a rendu la vie d'Achille si poétique …
Néanmoins la vulgarité des propos ainsi que certaines tournures de phrases très familières paraissent parfois totalement inadaptées à la réécriture d'un mythe, imaginant que l'expression « réveille toi mec » n'était pas utilisée telle qu'elle un millénaire avant notre ère !

Enfin, la référence à Antigone m'a paru un peu grossière.

Quoi qu'il en soit, pour les passionnés de mythologie dont je fais partie, ce roman assure un bon moment et permet d'enrichir encore l'imaginaire autour de l'oeuvre d'Homere.

J'avais lu et adoré le Silence des vaincues, le précédent roman de Pat Barker revisitant la guerre de Troie, j'étais donc très intéressée par l'idée de lire la suite, Les Exilées de Troie. J'ai une nouvelle fois été sous le charme du talent de l'autrice pour nous raconter de façon novatrice cet épisode si célèbre de la mythologie grecque.

Comme beaucoup de réécritures mythologiques, Les Exilées de Troie est avant tout un roman aux accents féministes : même si on suit parfois certains hommes (notamment Pyrrhus, fils d'Achille et jeune homme imbu de lui-même, capricieux et franchement détestable), le roman s'attache surtout aux femmes victimes de cette guerre, aux violences qu'elles ont subi ou dont elles ont été témoins, à leur condition d'esclaves après avoir été des femmes libres (parfois même de haut rang) et surtout à la vision qu'elles ont de leur sort et de leurs geôliers. Tout cela est vraiment passionnant à lire et suscite de nombreuses réflexions.
La figure de Briséis est très intéressante, un peu entre deux eaux : Troyenne mais épouse d'un Grec, donc mieux lotie en apparence que ses compatriotes mais pas vraiment acceptée que ce soit d'un camp ou de l'autre. Sa situation personnelle (je n'en dirais pas plus) lui donne également un statut particulier et même vis-à-vis d'elle-même, elle a du mal à accepter la situation : j'ai vraiment eu beaucoup d'affection et d'admiration pour cette femme qui a eu sa vie détruite par cette guerre mais qui pense quand même aux autres avant de penser à elle, qui s'efforce d'apporter soutien et réconfort aux différentes femmes croisées au fil de l'intrigue quel que soit leur origine sociale.
Enfin, comme dans toute réécriture mythologique, j'ai grandement apprécié la manière dont Pat Barker revisite la fin de la guerre de Troie et la manière dont elle dépeint des femmes célèbres comme Hécube, Andromaque ou Cassandre. Même en connaissant leur histoire, on a hâte de savoir ce qu'il va leur arriver et de découvrir comment l'autrice les présente. Je dirais même que le seul reproche que je ferais au livre est de ne pas avoir quelques chapitres de plus car je serais volontiers restée plus longtemps aux côtés de ces femmes et voir ce qu'il leur arrive par la suite.

Après le Silence des vaincues, Pat Barker prouve une nouvelle fois avec Les Exilées de Troie son talent pour revisiter la mythologie grecque et donner une voix aux femmes de ces histoires.

Après le succès du Silence des vaincues vient l'avis mitigé sur les Exilées de Troie.
Nous retrouvons Briséis, butin de guerre du légendaire Achille, dans le camp Grec au bord de la plage de Troie. Elle est alors mariée à Alcimos selon le souhait d'Achille qui pour la protéger après sa mort avait tout arrangé afin éviter son retour à l'esclavage. Mais en est-elle vraiment loin de cet esclavage ?
C'est elle qui nous raconte la suite de son histoire, elle porte l'enfant du héros, de celui qui a décimé sa famille, ravagé sa ville. Bien seule et impuissante face à son destin, elle erre dans ce huis clos donnant une image pseudo libre de sa nouvelle vie. Mais qui trompe-t-elle ? … Nul n'est à l'abri de la jalousie d'Agamemnon, de la colère de Pyrrhus fils d'Achille. Sa position n'est pas simple, elle veut aider les autres Troyennes, enfermées dans leur enclos, attendant d'aller servir le vin ou d'assouvir les besoins sexuels de tel ou tel soldat. Il faut protéger Maïra, cette force de la nature qui donne naissance en cachette à un garçon, un troyen mâle, voué à l'exécution s'il est trouvé par un Grec !
Il faut surveiller Amina qui n'a qu'en tête de donner une sépulture décente à la dépouille de son roi Priam malgré les menaces de mort à qui oserait déplacer le cadavre.
Elle essaie d'apporter réconfort à toutes ces femmes, Hécube, la veuve du roi, Cassandre dont personne n'écoute les prédiction, Andromaque qui doit partager la couche de Pyrrhus après qu'il ait jeté son fils du haut des remparts de Troie ...
Le temps passe, le vent souffle et tout le monde est coincé sur cette plage, même moi parfois je me suis sentie captive là à attendre la délivrance.
Bien que le roman soit bon, il m'a beaucoup moins touchée que son précédent opus, néanmoins, sur la fin j'aurais souhaité savoir ce que l'avenir réserve à Briséis et l'enfant qu'elle porte, alors je serai peut-être au rendez-vous d'un troisième et dernier récit.