- Mais je sais qu’il t’aime. Parce que chaque fois que vous sortiez, pendant votre séjour ici, je cassais un nouveau ressort du canapé, et il ne s’en est jamais plaint.
Ma mère avouait ses méfaits avec une fierté presque malsaine. De mon côté, je ne voyais vraiment pas ce que cela prouvait, mis à part que j’avais une mère complètement givrée.
— Mais c’est horrible ! lui ai-je reproché. À quoi tu joues ? À une crève-la-faim qui joue sa version de Autant en emporte le lit ?
— Je joue à la mère qui prend soin de sa fille !
Je dus me mordre la joue pour ne pas rétorquer que celle qui avait besoin qu’on s’occupe d’elle, c’était la folle dingue qui s’acharnait sur son canapé-lit à coups de ciseaux pour prouver un point de vue complètement improbable.
N’empêche, j’appréciais qu’elle soit prête à sacrifier son mobilier pour s’assurer de mon bonheur.
D'autres personnes auraient fini par dévoiler ces facettes de ma personnalité que Neil illuminait, mais quand j'y réfléchissais, c'était justement ce qu'il y avait de magique dans notre amour. Nous n'avions pas besoin l'un et l'autre pour nous compléter, nous étions déjà deux êtres entiers. En revanche, nous choisissions de nous aimer pour être plus que cela, pour aller plus loin.
Aucun autre homme au monde ne me faisait cet effet, je pouvais donc comprendre qu'il en soit '' terrifié''.
Clignant doucement des yeux, Neil esquissa un sourire qui creusait ses fossettes.