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Citations sur Le roman de l'énergie nationale, tome 1 : Les Déracinés (45)

C’est oiseux de discuter si l’on doit se conduire d’après telle théorie. Fût-elle juste, il ne s’ensuit pas qu’elle soit une vérité qui nous influence. Ce qui détermine nos actes est plus profond, antérieur à nos acquisitions d’étudiants. Quand il s’agit de prendre une décision, ce que nous appelons « la vérité », c’est une façon de voir que nous tenons de nos parents, de notre petite enfance, de notre maîtresse, et qui par là possède une telle force sentimentale que nous lui attribuons le caractère d’évidence.
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Pour moi, répondit Sturel, voici comment je me suis décidé à épargner Mouchefrin. C’était, tu te le rappelles, la nuit qui précéda l’enterrement de Victor-Hugo. En suivant toutes les cérémonies de ces imposantes funérailles, j’ai été amené à penser que si l’on voulait transformer l’humanité et, par exemple, faire avec des petits Lorrains, avec des enfants de la tradition, des citoyens de l’univers, des hommes selon la raison pure, une telle opération comportait des risques. Un potier, un verrier perdent dans la cuisson un tant pour cent de leurs pièces, et le pourcentage s’élève quand il s’agit de réussir de très belles pièces. Dans l’essai de notre petite bande pour se hausser, il était certain qu’il y aurait du déchet. Racadot, Mouchefrin, sont notre rançon, le prix de notre perfectionnement. Je hais leur crime, mais je persiste à les tenir, par rapport à moi, comme des sacrifiés. Voilà, Rœmerspacher, pourquoi j’ai refusé de témoigner contre ces deux misérables
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Hugo gît désormais sur l’Ararat du classicisme national. Il exhausse ce refuge. Il devient un des éléments de la montagne sainte qui nous donnerait le salut alors même que les parties basses de notre territoire ou de notre esprit seraient envahies par les Barbares. Appliquons-nous à considérer chaque jour la patrie dans les réserves de ses forces, et facilitons-lui de les déployer. Songeons que toute grandeur de la France est due à ces hommes qui sont ensevelis dans sa terre. Rendons-leur un culte qui nous augmentera.
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M. Hugo était de plus en plus pris de pitié pour les milliers d’êtres que la nature immole à ce qu’elle fait de grand.
ernest renan. — Mai 1885.
Le grand amnistieur ! C’est sous ce nom et avec ce caractère que le souvenir de Victor Hugo restera vivant parmi le peuple.
henri rochefort. — Mai 1885.
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Les bureaux, c’est-à-dire l’ensemble de l’administration, où il faut bien faire rentrer l’armée. — Qu’on aime ou blâme leur fonctionnement, c’est eux qui supportent tout le pays, et, s’ils ont contribué pour une part principale à détruire l’initiative, la vie en France, il n’en est pas moins exact qu’aujourd’hui ils sont la France même. Il faut bien les respecter et les appuyer, quoi qu’on en ait : car, après avoir diminué la patrie par des actes qui n’ont plus de remèdes, ils demeurent seuls capables de la maintenir.
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Voilà donc qu’un jeune garçon qui, de Kant, croyait ne pouvoir utiliser que la dialectique destructive, brusquement, par un très simple accident de la vie, sent jaillir de sa conscience l’acte de foi nécessaire aux opérations élevées de l’esprit. Il dépasse le point de vue rationnel qui, dans l’étude des hauts problèmes, nous fournit seulement des probabilités ; il affirme le vrai, le bien, le beau, comme les aliments qui lui sont nécessaires et vers lesquels aspirent les curiosités de sa raison et les effusions de son cœur. À cette âme de bonne volonté, il faudrait seulement qu’on proposât une formule religieuse acceptable.
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Ainsi M. Taine s’abstient de compliments. Et Rœmerspacher est assez délicat pour sentir que ce maître, en voulant bien venir jusqu’à sa chambre, puis, en le pressant de questions, lui donne le plus précieux des témoignages. Mais, où le jeune homme fut ému, c’est quand le philosophe parla de soi-même :

— Jusqu’au bout, disait-il, j’espère pouvoir travailler.

Ce beau mot, vivant et fort, « travailler », prononcé avec simplicité, prenait dans cette bouche un son grave qui fascina le jeune homme. Un être qui pressent la mort, s’il nous disait : « J’espère, jusqu’au bout, marcher, voir la lumière, entendre la voix des miens », déjà nous émouvrait par ce mélange de faiblesse, de résignation, mais ceci : « Jusqu’au bout j’espère pouvoir travailler ! » Quelle superbe expression de l’unité d’une vie composée toute pour qu’un homme se consacre à la vérité ! et soudain, relié à cet étranger par un sentiment saint, oui, par un lien religieux, Rœmerspacher sentit dans toutes ses veines un sang chaud que lui envoyait le cœur de ce vieillard.
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Respectons chez les autres la dignité humaine et comprenons qu’elle varie pour une part importante selon les milieux, les professions, les circonstances. Voilà ce que sait l’homme sociable, et c’est aussi ce que nous enseigne l’observation de la nature. Si vous formez un groupement, vous serez amené à considérer et à écouter tantôt celui-ci et tantôt celui-là, selon les intérêts que vous examinerez : car ce ne sont pas les mêmes hommes qui sont les plus capables en tout.
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Le philosophe resta quelques instants à méditer sur le nihilisme ou plutôt sur le vide dénoncé en termes si simples par un jeune homme qui ne semblait ni bas ni médiocre. Tout en marchant, il avait le plus souvent tenu la tête baissée, puis soudain il la relevait pour fixer le ciel. Son regard presque jamais n’allait à hauteur de Rœmerspacher ; évidemment, il suivait exclusivement les idées émises sans les vérifier sur la physionomie de son jeune interlocuteur. Il causait avec une espèce plutôt qu’avec un individu. Tout au moins, était-il tombé sur un excellent spécimen. Rœmerspacher est en voie d’acquérir par ses études la conception rationnelle du monde qui nous est imposée dans l’état actuel des sciences ; mais il révèle autre chose que les besoins logiques de son jugement : les besoins moraux de ses sentiments.
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Bouteiller a déposé en ces jeunes recrues des impressions qui contredisent sa doctrine en même temps qu’elles obligent leur intelligence et leur volonté. « Comme il est beau ! pensaient-ils, et qu’il fait bon aimer un maître !… Si nous pouvions l’égaler !… À Paris et tout jeune ! Par son mérite il est digne de commander à la France. »

Son image seule, sa domination de César les a groupés et spontanément les forme à sa ressemblance, ces jeunes Césarions. Déliés du sol, de toute société, de leurs familles, d’où sentiraient-ils la convenance d’agir pour l’intérêt général ? ils ne valent que pour être des grands hommes, comme le maître dont l’admiration est leur seul sentiment social.
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