Citations sur Comment vivre sans lui ? (12)
Boulou Tarpian se fâchait avec tout le monde. S’il s’était croisé dans la rue, il se serait fâché avec lui-même.( Le monde à l'envers)
Dans son esprit, un patron doit afficher, mais en toute simplicité, tout ce que possède le commun des mortels, mais en plus gros : une grosse voiture, une grosse maison, une grosse gourmette, une grosse montre-bracelet, une grosse chevalière. Éventuellement, bien que ce soit un peu passé de mode, une grosse dent en or. (Il en avait une, au fond, qu'il ne dévoilait qu'à ses maîtresses,pour les éblouir, et que les plus avides parvenaient à atteindre du bout de la langue, pour la lécher comme un porte-bonheur.)
Le bel été
Il y a des chagrins dont on ne se remet pas. Ils s'inscrivent sur le visage, comme à coups de couteaux, et dans les yeux comme une profondeur nocturne. Le chagrin de Bluten Ferlock semblait ne jamais devoir rencontrer sa consolation. C'était un homme qui avait perdu son enfant... p 139
....Une fois, aprés une nouvelle journée de recherche infructueuse, en passant sur la berge aménagée d'une petite ville, il s'était dit qu'un tour de pédalo la détendrait. Il aimait beaucoup la proximité de l'eau. p 143
.... Il se contentait d'être bien dans la fraîcheur vaporeuse qui ébrouait des frissons dans le scintillement des arbres inclinés au-dessus de l'eau. Là, dans la quiétude vivante de l'aprè-midi, il ne voyait jamais le temps passer. Les heures étaient à la fois pleines et légères. De temps en temps, tombant des hauteurs invisibles du ciel, le bruit d'un avion traversait, sans le déranger le bleu de l'été. C'était agréable, très doux, comme tout ce qu'on ne perçoit que de loin. p 144
Avec le recul, on n'imagine pas l'extraordinaire popularité de Kevin Push, l'illustre rhumatologue reconverti dans la chanson humanitaire de variété. Sa gloire défiait aussi bien la raison que les statistiques. Pendant vingt ans, ses concerts envoûtèrent des populations entières, des pays, des continents. Il lui suffisait de se déhancher au Brésil pour provoquer un déferlement d'enthousiasme en Finlande, pays pourtant difficile à réchauffer. Son art avait réussi la synthèse du christianisme saint-sulpicien, du bouddhisme d'État, de l'émotion collective et de la rhumatologie cardiaque. Dès qu'on l'entendait, on avait l'impression de n'avoir plus mal nulle part. C'était miraculeux. (nouvelle "Comment vivre sans lui ?" qui donne son nom au recueil p 13)
La vie est un guichet. D'un coté, la foule des hommes qui en espèrent quelque chose. De l'autre personne. Ou bien un fonctionnaire attaché au respect des stagnations réglementaires.
Ils s'étaient dit beaucoup de choses et ce qu'ils s'étaient dit les portait, par effet d'engrenage, à s'en dire beaucoup d'autres.
Il y a des chagrins dont on se remet pas. Ils s'inscrivent sur le visage, comme à coups de couteau, et dans les yeux, comme une profondeur nocturne.
“A cette époque-là, le cas ne s’était présenté, mais s’il avait dû pour une raison ou pour une autre assassiner une des victimes, il n’aurait pas hésité une seconde. Dans l’éventualité d’un couple, il aurait tué les deux. On ne sépare pas des personnes qui ont si longtemps vécu ensemble. C’est sa morale et, à la fois, une espèce d’hommage à la persistance du romantisme dans le cadre de la condition conjugale.”
Il n'avait prêté aux femmes qu'une attention de spectateur. Il les trouvait souvent très réussies. Il aimait leur sourire héroïque. Leur conversation le charmait.
" Le vin constitue une excellente préparation aux engagements de la passion. Le trouble délicat qu'il génère dans l'esprit des amants participe au vertige des sens et à l'ivresse de la luxure."( Nouvelle: Le bon chien)