On se retrouve une fois de plus autour d'un roman qui va traiter de la seconde guerre mondiale. Mais attention, si la période a eu son lot de bouquins, ici, vous allez rencontrer un peu d'originalité dans son traitement.
On va en effet suivre Alice, une toute petite fille au début du roman. C'est à travers ses yeux, d'abord sous l'occupation puis dans les années post-guerre que l'on va découvrir la portée de ce texte.
Ignorante de son histoire, sans souvenirs de sa famille, Alice vit avec sa nourrice dans la campagne française. La guerre, c'est loin, d'ailleurs, ce n'est plus vraiment la guerre. Alice a donc des amies, une scolarité, une vie tout à fait normales. Et cette mère fantasmée, idéale. Elle serait grande, élégante, intelligente, et bientôt, tout bientôt, elle viendrait la chercher. Elles iraient habiter Paris, elles découvriraient le monde.
Quelques années après la guerre, quand une femme décharnée, murée dans son silence et au regard perdu vient la chercher, c'est un monde qui s'écroule pour Alice.
Comment apprendre à connaître cette femme qui se dit sa mère ? Comment apprendre à l'aimer ? À la comprendre ?
Alice va donc grandir, bon gré mal gré, entourée de silences, de secrets et de non-dits, que ce soit d'abord chez sa nourrice où son identité ne doit pas être dévoilée, plus tard avec sa mère à Paris où le dialogue est coupé, ou encore après, de l'autre côté de l'océan où elle ne comprend pas la raison de sa présence.
Comment comprendre un passé traumatique, comment se construire ?
Cela va être tout le thème de ce livre, et les épreuves qu'Alice va traverser vont l'accompagner dans ce questionnement. Toute l'ingéniosité d'une petite fille ne saurait y suffire si les adultes qui l'entourent ne répondent à aucune question. C'est ce qui va peser le plus dans ce roman : le silence et les secrets. On ne peut s'empêcher de se demander ce qui se serait passé si les mots avaient été plus présents.
Le lecteur, bien sûr, va comprendre et décoder davantage que l'enfant, avec tout le recul et les connaissances qu'il peut avoir pour cette période, et cela va rendre la petite Alice plus attachante encore, elle qui se démène, qui suppose, qui invente, qui comble les trous de son histoire. On assiste, impuissant, à sa lutte pour se faire aimer des adultes qui l'entourent.
Le regard sur
L Histoire est hyper intéressant, puisque jusqu'à présent, j'avais pour ma part assez peu lu sur ces années post-guerre. Or, tout n'est pas rose, loin de là. Si le terme de stress post-traumatique est encore assez récent à cette époque, et s'il n'est pas posé clairement dans le livre, c'est bien à cela que certains des adultes de la vie d'Alice sont confrontés. Mais on va également parler du rationnement, des listes, des maladies qui ont suivi la fin de la guerre. Il faut bien avouer que ce n'est pas la partie dont on entend le plus parler à l'école, et j'ai trouvé les mots de l'auteure très justes.
Il faut savoir aussi que j'ai souvent du mal avec les enfants dans les romans, quand on se place de leur point de vue. Si la première partie est parfois un peu agaçante avec des passages des pensées d'Alice parfois sans queue ni tête, la suite est vraiment bien construite et crédible, sans tomber dans le "parler-bébé".
D'ailleurs, le style de l'auteure se marie parfaitement aux thèmes abordés : simple (dans le bon sens du terme), plein de pudeur et de retenue, et très agréable de manière générale. Il s'agit là d'un premier roman, et je dois bien avouer que je suis curieuse de pouvoir lire d'autres ouvrages de l'auteure.
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