Je déteste ce genre de films et pourtant j'ai lemprunté cet ouvrage à la bibliothèque. Une aberration ? Pas vraiment, puisque l'un parle de l'autre sans en faire l'apologie. Après une introduction sur l'historique du cannibalisme et le pourquoi de ces moeurs dans certaines régions du monde avant l'arrivée du monothéiste, l'auteur rappelle que lors de circonstancies extrêmes, l'homme a été amené à manger son semblable pour survivre. Je pense au crash du vol 571 Fuerza Aérea Uruguaya dans la cordillère des Andes en 1983 ou à la grande famine qui a frappé la Sibérie au début des années 30. Bien entendu, le présent livre s'intéresse aux films mis en chantier par certains italiens au cours des années 70, avec toujours un pareil schéma : des blancs qui se rendent dans une jungle hostile et qui tombent entre les pattes d'indigènes plutôt voraces. Chaque film est méticuleusement présenté, avec des bouts de dialogue et des commentaires qui rythment l'action. Au fil des chapitres, on voit une série de règles se mettre en place : opposition de deux civilisations, mort réelle d'animaux sauvages (non protégés), nudité, violence et sadisme dans le cadre de scènes de torture. On se situe dans les seventies, où la censure venait de se relâcher complètement. Période qui a vu naître une explosion de films pornographiques et qui s'est vautrée dans un mauvais goût discutable. Je pense à la série "Ilsa" ou à certains longs métrages de
Jess Franco. Pourtant, à mesure que les films de cannibales se sont alignés sur les frontons des cinémas, le rapport avec les autochtones a évolué. de sauvages sans lois, il ont eu affaire à des étrangers venus imposer leur culture, se croyant les maîtres partout. La fin horrible de ces derniers se justifie donc comme étant une juste punition de leurs forfaits. La grande question qui demeure : faut– il dénoncer la violence en l'utilisant ? Il y a malheureusement beaucoup de complaisances dans ces longs métrages faits pour stimuler le voyeurisme et susciter des vomissements. En refusant de juger,
Daniel Bastié garde un regard extérieur, compte les coups et analyse ce qui doit l'être. Sans être convaincue du bien– fondé de ce type de production cinématographique, je comprends maintenant beaucoup mieux dans quel contexte il a vu le jour. de là à acheter les films , c'est un pas que je ne franchirai pas.