La cadence des films de cannibales (des vrais, de ceux qui se passent sur les berges de l'Amazone et pas des émules d'Hannibal Lecter et autres tarés sous testostérone !) ne se sont pas succédé à la cadence attendue. le genre est né en Italie dans le sillage du mondo, destiné à faire sortir les gens de chez eux et à leur offrir du gore et du sexe pour pas cher. Présentés au début comme étant de (faux) documentaires, ils ont bien vite acquis leur grammaire propre, avec une série de scènes incontournables (massacre d'animaux sauvages, viol et bien sûr barbecue de chair humaine. Jouant sans cesse sur l'ambiguïté, les différents cinéastes qui se sont emparé de ce cinéma ont construit une oeuvre pas si veine que çà, faisant évoluer le regard sur les indigènes, d'abord présentés comme des sauvages (sorte de tribu rescapée de la préhistoire) à un peuple civilisé possédant des rites et des coutumes, un accès à l'art et des rites funéraires. Puis, de méchants anthropophages, ils sont devenus victimes de la civilisation blanche intrusive, avec des explorateurs qui se croient partout chez eux et qui agissent avec un sans-gêne éhonté. Bien entendu, après plusieurs vexations, les opprimés se vengent. du coup, il est impossible de réduire ce cinéma à une simple succession d'images sanglantes. Tout un contexte social le balise, avec une analyse parfois cynique du racisme des Européens et Américains qui se basent sur la supériorité du mode de vie et qui croient que le bonheur passe obligatoirement par l'exemple qu'ils apportent dans leur bagage. Un sujet fort peu traité au cinéma (parce que restreint à cause du cadre géographique et sans mille variations possibles) et que cet ouvrage s'emploie à expliquer d'une manière à la fois simple et bien documentée, sans jouer sur la corde sensible ni la surenchère.
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Dès ses débuts, le film de cannibales se révèle être un sous-genre cinématographique bien codé avec du sang, du sexe et une tribu d'indigènes. C'est ce modèle que reprendront grand nombre de films de cannibales plus ou moins nanardesques allant de « Cannibal Holocaust » à « Cannibal Ferox ». Une recette miracle qui a pour vocation d'appâter un public toujours plus large : de l'amateur de gore à l'amateur de fesses. Mais l'ingrédient principal semble la présence de l'Autre en guise de répulsion. L'Autre, le membre d'une tribu sauvage aux moeurs peu civilisées. le cannibal movie a donc engendré le sentiment que l'horreur se trouve ailleurs : dans l'inconnu, dans un mode de vie et des traditions différentes des nôtres. Une théorie en cohésion tout un temps avec les avis de grands anthropologues. Puis, le genre va progressivement être appelé à se moderniser pour survivre, faisant sortir les anthropophages de la jungle pour s'intégrer dans nos sociétés modernes. Résultat ; un nouveau µmodèle de criminels tels que Hannibal Lecter. Oui, le cannibal movie était foncièrement raciste, misogyne et atrocement violent. Toute une époque !
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Voilà l'exemple de films parfaitement rédhibitoires. de ceux qu'on ne se vante pas d'avoir réalisés et qui pourtant ont été commercialisés. Venus principalement d'Italie, ils ont surfé sur la veine du mondo, en se parant d'actes sexuels simulés et en poussant la violence à un degré rarement atteint. L'idée de départ était de faire passer « Cannibal Holocaust », « Cannibal Ferox » et quelques autres pour des reportages ou des récits inspirés d'histoires vécues. Avec de faibles moyens, les cinéastes qui s'y sont abonnés n'ont pas cherché à ménager les esprits sensibles. En concurrence directe avec la télévision, le cinéma devait trouver un moyen pour faire sortir les gens et les pousser à acheter un ticket. Les films de cannibales, de même que le naziporn et la nunsploitation, sont nés dans ce contexte précis. Maintenant, la question se pose de la pertinence de ce livre. Faut-il réveiller la mémoire en ce qui concerne cette marchandise ou la laisser dans les méandres du passé, en veillant peut-être à ne pas l'exhumer trop rapidement ? Aujourd'hui, Internet permet de tout visionner (ou presque) et les années qui se sont écoulées donnent un éclairage neuf sur ces produits mal ficelés, provocateurs et finalement moyennement intéressants. Cet essai revient sur le cannibal movie en collant aux stéréotypes du genre, en les expliquant et en montrant que ce type de films était fatalement voué à mourir de sa belle mort, car soumis à des limites trop restrictives. Impossible en effet de faire sortir les anthropophages de leur jungle pour les confronter à la ville, sinon on passe à autre chose ! Comme toujours, les fans des premières heures ont déchanté et ont eu envie de chanter une autre musique. Chaque film est expliqué en suivant une chronologie rigoureuse et remis dans son époque. Un reproche : l'absence de photographies.
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Bien que le genre soit typiquement italien, les films de cannibales ne se passent pas en Italie, mais souvent sur des îles tropicales. Ces films ont souvent été condamnés pour leur racisme, leur misogynie, mais aussi parce qu'ils prétendent dénoncer ce qu'ils exploitent eux-mêmes : la représentation de la violence. La souffrance parfois infligée aux animaux a aussi été dénoncée. le succès de ce genre est probablement dû au courage des réalisateurs italiens qui dirigent des scènes d'une violence inouïe qui, malgré les avis négatifs de la critique, les procès, mise sous scellés de pellicules et censure, a réussi à attirer un public toujours plus nombreux. Toutefois, pour des raisons d'exportation à l'international, les producteurs ont souvent pris soin de cacher les origines transalpines de ces longs métrages, faisant également appel à quelques acteurs américains et à des figurants locaux. Plus de quarante ans après leur mise sur le marché, ces films sont toujours aussi infâmes et ne se justifient aucunement. Cet ouvrage est un des rares qui leur soit consacré. Il revient sur les codes mis en place, sur la polémique qu'ils ont suscité, sur leur origine tirée du mondo et surtout pourquoi ils n'ont guère perduré dans les salles, affichant très vite des limites et un cadre difficile à respecter. Aujourd'hui, les cannibales du cinéma se prénomment Hannibal, sont les dégénérés du film « Détour mortel » ou de « Massacre à la tronçonneuse » mais n'ont plus rien à voir avec les anthropophages d'Umberto Lenzi et de Ruggero Deodaro !
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Je ne suis pas particulièrement fan de ce genre de films, pourtant un ami m'a offert cet ouvrage. Je me suis mis à le lire davantage par respect pour celui qui me l'a acheté. Juste pour voir, le sachant grand fan de films d'horreur et de séries bis. Je ne savais même pas que les cannibales avaient été les vedettes d'une série de longs métrages au cours des années 70 en Italie. le seul cannibale du cinéma reste pour moi Hannibal Lecter, un serial-killer campé par Anthony Hopkins. Après un premier chapitre qui replace l'anthropophagie dans son contexte tribal et qui le définit, le livre commence. Chaque film est présenté par ordre chronologique sous la forme de récits qui s'apparentent à des nouvelles. du coup, le ton est facile, même agréable et j'ai été plutôt surprise. Bien entendu, pour rien au monde, je n'achèterais ces films en DVD. Comme l'auteur le laisse entendre, ils sont bonnement gore à souhait, voire racistes et misogynes. Reflet aussi d'une époque ?
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Un bel essai sur ce sous-genre du film d'horreur, avec à peine une poignée de films distribués au cours des années 70 dans les salles de seconde zone. Des films rédhibitoires faits pour vendre des tickets, avec une exacerbation du mauvais goût, du sexe (simulé), de la violence et de l'anthropophagie. Après une riche introduction, l'auteur nous plonge dans les réalisations transalpines en mettant en avant les codes de ceux-ci et en nous invitant à suivre leur lente évolution jusqu'à leur déclin. L'analyse est rigoureuse, appuyée par les scripts des susdits films, émaillés d'exemples. Des longs métrages qu'on ne referait plus de la même manière, faute d'être taxé de laxisme, d'encourager le film et les pulsions humaines les plus avilisantes.
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