Steglitz

« Folie : la désertion à l'intérieur ».
Pierre Véron

J'ai refermé ce livre il y a quelques jours et malgré son côté énigmatique, je l'ai aimé. Inès Bayard décrit très bien l'antre d'un esprit confus, torturé aux confins de la folie. Elle met le doigt sur les traumatismes de l'enfance qui peuvent abimer à jamais un être de chair et de sang.

Leni, une jeune femme allemande est mariée à Ivan. C'est une femme que rien n'anime ni n'exalte. Elle existe et c'est tout. Elle passe des heures à errer dans les rues de Steglitz sans but. Elle aime la routine, la monotonie et un rien perturbe sa sérénité comme ce jour où le lieutenant Ziegler l'interroge pour une enquête de voisinage. On sent très vite que quelque chose ne tourne pas rond chez cette femme. Ses réactions sont interpellantes, avec son regard vide, ses mains sur ses oreilles, sa façon de parler aux gens comme s'ils étaient morts.

Peu après, Leni est abandonnée par son mari. Elle se retrouve prise en charge par son frère Émile et sa vie continue. Sans Ivan, sans exaltation, sans émotion, sans rien. Leni existe.

Inès Bayard remarquée par le sulfureux le malheur du bas signe ici un second roman des plus mystérieux, où les contours sont obscurs, presque ténébreux. L'histoire se passe en hiver, la neige s'immisce par les fenêtres, il fait si froid. On nage dans un brouillard latent ne sachant que penser de cette femme qui accepte tout sans se plaindre, qui semble avoir perdu la raison.

Leni passera un moment avec chaque membre de sa famille. Rosa sa mère, Christian son père puis Émile. Tous, ils semblent confus, irréels presque.

J'ai aimé cette écriture fine, ciselée, cotonneuse d'Ines Bayard. Cette ambiance obscure, irréelle qui frémit dans une semi folie, dans l'antre d'une femme qui s'est emmurée dans un entre deux monde pour se tenir debout. Il y a un malaise évident dans cette histoire. Qui est Leni? Quelle est son histoire pour que rien n'ait de sens si ce n'est celui d'exister sans savoir ni comment ni pourquoi.

Un livre troublant que j'ai aimé. Qui mériterait une seconde lecture pour en disséquer toute la profondeur. Ou de laisser passer quelques jours comme moi pour en comprendre toutes les clés.

La folie et les problèmes mentaux sont toujours des sujets qui m'attirent et Steglitz c'est ça, un aller sans retour en enfer, où la réalité devient trop lourde à gérer pour rester éveillé dedans.

Leni vit à Berlin une existence très (trop?) tranquille et bien réglée avec son époux Ivan. Une rencontre avec un inspecteur qui semble la connaître, va faire basculer cet équilibre fragile. Inès Bayard (auteur de le malheur du bas publié en 2018) nous emporte dans les affres du subconscient d'une jeune femme qui semble traumatisée par un événement de son enfance. On en profite pour visiter le quartier commerçant de Steglitz que je connais bien pour y avoir travaillé il y a quelques années et dont la description est extrêmement fidèle. Un roman noir très bien écrit.

Steglitz, un quartier de Berlin aujourd'hui. Leni vit avec Ivan, une vie calme, monotone, insipide. Elle ne travaille pas, sort peu, ne voit personne. Un jour son mari part en voyage d'affaires et ne revient pas. C'est le frère de Leni qui vient la prévenir et la somme de quitter l'appartement, et puisqu'elle est seule et démunie, il l'emmène dans un cloaque où elle sera logée et nourrie contre du travail. Elle y est maltraitée, humiliée mais reste (par inertie, soumission).

Un roman curieux qui nous entraîne pas à pas dans l'esprit dérangé de Leni. On suit son errance psychologique jusqu'à s'y perdre aussi un peu ; qui est Ziegler, l'homme qui la suit ? d'ailleurs existe-t-il vraiment ? et ces silhouettes ? des fantômes que Leni croise dans ses égarements ?

Un roman déroutant, mystérieux à l'ambiance très particulière, c'est un peu Emma Bovary chez les Thénardier avec un grain de folie en plus. J'ai bien aimé ♥
Lien : http://www.levoyagedelola.com/

Je retrouve la talentueuse Inès Bayard qui m'avait bouleversée avec son premier roman "Le malheur du bas".
 Steglitz est ma première lecture de l'année 2022.

Cette fois-ci, Inès Bayard nous emmène à Berlin. Leni Müller et son mari Ivan habitaient au dernier étage d'un immeuble dans le quartier Steglitz. Ils menaient une vie sans surprise et presque silencieuse.
Ivan est sur des gros chantiers, il est architecte et Leni vit une routine quotidienne, tout est réglé comme du papier à musique. 
Leni aime la vie qu'elle mène jusqu'au jour où un inconnu sonne à sa porte. Le lieutenant Ziegler mène une enquête de voisinage et vient les interroger à leur domicile.
 Le lieutenant parle de coups de feu…
Son mari Ivan, doit partir pour Rügen, car il est en charge d'un chantier durant ce temps Leni va mener sa routine quotidienne.
Pourquoi son univers va-t-il basculer, pourquoi son monde va-t-il s'écrouler ? Est-ce un rêve ou la réalité ?
 
J'ai lu ce roman d'une traite. L'auteure nous captive, nous décrit les moindres détails de la vie des Müller, la vie de Leni qui se met à l'écart du monde. Leni va faire des rencontres étranges et mystérieuses. On défile les pages et on a l'impression de vivre au côté de Leni. Les descriptions sont parfaitement détaillées. Rien n'échappe au lecteur.
La plume d'Inès Bayard est fine, délicate et poétique avec de belles thématiques.
 
« le monde t'attend, Leni. La liberté ne se gagne qu'au courage. »
 
Ce roman est rempli de mélancolie, de mystères et de suspense avec des personnages étranges, d'autres attachants.
Inès Bayard nous livre une plume complètement différente de son premier roman "Les malheurs du bas" et nous confirme son talent pour l'écriture ! Pour moi, ça fonctionne et ce roman est une jolie réussite. Mon année démarre bien 🤩

Et vous, avez-vous envie d'aller à Berlin et de rencontrer les Müller ?

Leni vit à, l'écart du monde, une existence tranquille et faite de silence avec son mari Yvan. Mais voici que le lieutenant Ziegler mène une enquête sur des coups de feu entendus dans le quartier de Steglitz à Berlin. du coup, la vie de Leni bascule et ses promenades n'ont plus le même sens. Elle y fait des rencontres énigmatiques qui, on l'apprendra au fil du roman, semblent tout droits sortis de son imagination et de son enfance et suscitent à la fois la crainte et le désarroi. Nous nous promenons dans l'intériorité de cette femme déroutante et un peu perdue. L'oeuvre est mystérieuse et nous amène à nous interroger sans cesse sur le sens de toutes ces rencontres. Heureusement, le dénouement nous donne de bonnes pistes de compréhension, mais il faut avoir la patience d'attendre même si c'est ce qui nous pousse à lire et à lire pour trouver le fin mot de l'énigme. L'écriture est fine et poétique par moments, toute belle dans ses paysages de neige. Un roman donc qui, une fois refermé, nous habite encore un temps. J'ai beaucoup aimé et je retiens le nom de cette auteure.

Leni aime sa vie, son mari Ivan. Elle mène une vie banale, dénuée de surprises, chargée de routine. Elle passe ses journées à errer dans les rues de son quartier berlinois : Steglitz.
C'est dans une ambiance austère et quasi clinique qu'un homme va un jour sonner à sa porte et sa vie va prendre un nouveau sens…

Cet homme lui dit quelque chose, il reste difficile pour Leni de mettre des mots sur ses bribes de souvenirs tant elle est composée d'un silence religieux quotidien. Elle oscille entre rêve et réalité, ne sachant plus où est la jonction…et nous non plus.

C'est dans cette ambiance rêve / réalité qu'on avance sur les pas de Leni, un personnage bien particulier que l'auteure place dans des situations complexes, au rang de victime. Victime même de sa propre vie tellement elle est lestée de courage et d'espoir.
« La liberté ne se gagne qu'au courage ».

Inès Bayard et son écriture fine nous transporte dans des réflexions profondes sur la notion d'espoir qu'elle confronte volontiers avec le principe de liberté : l'espoir n'est-il pas le meurtrier de la liberté ? A trop espérer, oublions-nous de prendre des libertés grâce au courage pour avancer?

Un roman surprenant qui nous sort de notre zone de confort et nous confronte à des questionnements palpitants !