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Citations sur Juliette Pomerleau (10)

- Vous ne deviez pas beaucoup aimer le maire Drapeau...
- Humm... est-ce que c'était réellement un maire ? Je le vois plutôt comme une sorte de contracteur spécialisé dans le cubage. Mais fin politicien : un vrai virtuose en relations publiques. Et puis, il faut admettre que son métro est une excellente idée : il est très beau et diablement pratique, sans compter que dans l'état actuel de la ville, on a plutôt envie de circuler sous terre! (...) Si Montréal avait perdu d'un seul coup dans un bombardement tous les édifices qu'on a démolis sous son règne, poursuivit Pagé, on en parlerait encore avec des frissons. Des quartiers complets ont été rasés, et non les moindres ! Montréal a perdu une bonne partie de sa beauté... et de sa mémoire. Mais il ne faut tout lui mettre sur le dos, le pauvre homme : nous sommes en Amérique. Depuis soixante ans, l'Amérique vomit son héritage européen. C'est ça le progrès, paraît-il. Nous commençons tout juste à comprendre qu'il est important d'avoir un passé, si nous voulons que l'avenir ait du sens.
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Et cela se produisit de nouveau, au moment où il déposait son verre vide sur le lavabo. Depuis quelques mois, cela lui venait presque chaque fois qu'il prenait un coup. Comme une huile nauséabonde, le cafard s'infiltrait peu à peu sous sa peau, diluant ses tripes, liquéfiant ses muscles et le plongeant dans un état proche du désespoir. Il retourna au fauteuil, s'y laissa choir, bras et jambes écartées, et fixa le tapis d'un air stupide. Sa vie lui apparut de nouveau comme une longue traînée d'ordures qui puait l'ennui.
- Rien, rien ! J'ai rien fait de bon en trente-huit ans. Juste écœuré tout le monde ! songea-t-il en s'efforçant de pleurer.
Mais il n'y parvenait même pas. C'était un cafard insoulageable, une rage de dents sans médicaments ni dentiste, un mal de ventre comme s'il venait d'avaler une bûche.
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Vous savez, mes amis, la musique, la vraie, celle qui parle au cœur de l'homme et qui ne craint pas de lui dire ses vérités, même les plus cruelles, est une chose d'une importance inouïe, que bien des gens sous-estiment, hélas. Elle nous aide pourtant à refaire nos forces... et notre bonté. Si jamais elle venait à disparaître, nous serions foutus. Regardez Chostakovitch : c'est par lui que la Russie crie au monde sa souffrance et son angoisse. Sans Chostakovitch, moi, je prétends que l'âme de la Russie se dessécherait et finirait par mourir.
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Ma tante,
Je sais que vous aller me juger très sévèrement. Je sais que j'agis très mal et que je mérite les plus grand blâmes. Vous êtes la seule personne qui pouvez m aidez, voilà pourquoi je me suis adressé à vous. L'enfant que vous avez devant vous, c'est le mien. Il est né à Chicoutimi le 8 mai de l'an passé; c'est un garçon, il s'appelle Denis et je l'ai fait baptisé dans la paroisse de la Cathédrale. je ne suis pas sûre qui est son père (oui, je sais bien ce que vous êtes en train de penser de moi, mais je n'y peux rien). De toutes façons, avec les hommes que j'ai connu, il est mieux sans père.
J'ai essayée jusqu'ici de m'en occuper de mon mieux, mais là, je n'en ai plus la force. Avant de devenir une mauvaise mère, je préfère le confier à quelqu'un d'autre. J'espère que se sera vous qui en prendrez soin (car je connais votre bon cœur depuis longtemps), sinon, je vous demanderais de surveiller la personne qui en aura soin.
Je vous laisse deux boites qui contiennent tout son linge. Dans la boite la plus grosse (dans un petit gilet de laine bleu), vous trouverez 205 $ c'est tout l'argent que je possède actuellement. je vous en enverrai d'autre aussitôt que possible. N'essayez pas de me rejoindre, vous ne pourrez pas. De toute façon, ma décision est prise, je ne reviendrai pas là-dessus, on ne peut pas refaire sa vie, pas moi, en tout cas.
Je sais, vous devez vous dire, elle aurait pu venir me le remettre elle-même dans mes bras, la sans cœur. Mais justement, je sais que vous ne me croirez pas, mais j'ai du cœur, trop de cœur. J'avais trop honte de vous voir, ce qui fait que j'ai mieux aimé vous parlé par lettre. Et je me suis dit que c'était mieux aussi que de laisser mon enfant à la police. Pardonnez-moi. Faite que mon enfant soit heureux, moi, je n'y arrivais pas.
Pardonnez moi encore une fois.
Adèle
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Dans le silence de la nuit tiédissante, le piano se mit à jouer doucement. Les notes s'égrenaient avec une solennité un peu mélancolique, s'échappant par la fenêtre grande ouverte. La petite cour obscure et déserte aux pavés encore tout chauds se remplit d'une atmosphère grave et recueillie. Soudain, des lentes vagues de la musique qui se succédaient paisiblement et allaient mourir aux abords de la rue, surgit comme un message énigmatique. Quelque chose d'important allait se produire. C'est alors que le violon se joignit au piano:
La douceur de son chant était si poignante que Juliette Pomerleau ouvrit les yeux, souleva sa tête moite de l'oreiller et regarda dehors. À travers le feuillage des framboisiers, on apercevait, au-dessus de la cour minuscule que formait le U de l'édifice, une fenêtre illuminée au premier étage où se découpaient deux silhouettes presque immobiles; l'une était assise et légèrement courbée, l'autre, debout, tenait un violon. "Monsieur Martinek vient de terminer sa sonate", pensa-t-elle.
Se tournant péniblement sur le dos, elle poussa un soupir et se mit à écouter, ravie.
Elle pénétra dans la cuisine, fit de la lumière. L'endroit ne contenait plus qu'une vieille chaise de bois peinte en rose, sur laquelle on avait posé un litre de lait entamé.
Un sombre pressentiment se formait en elle. Traversant la cuisine, puis une autre pièce également vide, elle entra dans une chambre à coucher. Là aussi le plafonnier brillait et le store était tiré. Il n'y avait pour tout meuble qu'une chaise berçante, un lit-cage et une table à langer. Deux grosses boîtes de carton avaient été déposées au milieu de la place. Elles contenaient des vêtements d'enfant.
Juliette se pencha au-dessus du lit, puis recula, désemparée. Écarlate, les yeux contractés, les poings serrés, le bébé hurlait à se faire sortir les entrailles du ventre, sa couche à demi défaite, un biberon vide à ses pieds, dans une pénétrante odeur d'urine amplifiée par la chaleur d'une plinthe électrique réglée au maximum. Elle promena un regard éperdu autour d'elle;
- Mon Dieu, qu'est-ce qui se passe?
Ses yeux s'arrêtèrent sur la table à langer où reposait une enveloppe. Elle s'avança et la prit. Pour ma tante, avait-on écrit dessus.
Affolée par les hurlements du bébé, Juliette la déchira et apprit dans quel chaos sa nièce était tombée.
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Juliette Pomerleau sortit en soupirant de son sac à main une pomme, six raisins verts et un petit contenant de fromage cottage et commença son repas solitaire. La semaine d'avant, trois secrétaires, qui adoraient sa compagnie, l'avaient entraînée au Piémontais (son restaurant favori) où on lui avait servi une superbe lasagne (son mets favori). C 'est après avoir ingéré toutes ces calories traîtresses qui ne faisaient qu'alourdir sa taille et empâter son menton qu'elle avait décidé de se remettre au régime encore une fois.
― Quelle vie, soupira-t-elle. Crever de faim ou gonfler, voilà mon destin.
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Mon pauvre lapin, je suis comme un vieux bateau qui coule de toutes parts. On a beau m'enfoncer des chevilles partout dans la carcasse et me goudronner à tour de bras, je continue d'enfoncer. Il va falloir que tu t'habitues à l'idée que je peux mourir bientôt.
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... Une demi-heure plus tard, attablée devant la télévision, elle attaquait une omelette aux tomates et à l'estragon lorsque, mue tout à coup par un pressentiment ,........ Page563 dans l'édition ISBN - 2-89037-442-4

Édition de 935 pages..
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Dans l'obscurité impénétrable de ses viscères, parcourus de secousses rythmiques, de mouvements capricieux et glougloutants, engagés dans une multitude d'échanges infimes et fondamentaux ; dans ce magma vivant accroché à son squelette, elle sentait avec une acuité effrayante la fabrication minute après minute de son destin.
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Quelle vie, soupira-t-elle. Crever de faim ou gonfler, voilà mon destin.
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